L’Afrique du Sud

De 1948 à 1991, l’Afrique du Sud vécut sous le régime de l’apartheid ou « développement séparé ». Il s’agissait en fait d’un système de ségrégation raciale où la majorité noire ne disposait d’aucun droit et était dominée par la minorité blanche. Les relations entre blancs et noirs étaient interdites. Les indépendances africaines et la fin de la ségrégation raciale aux États-Unis dans les années 1960 firent de ce régime une anomalie historique inacceptable ; l’Afrique du Sud fut isolée et devint même un État « paria ». Le pays fut exclu du Commonwealth en 1961 et mis sous embargo de l’ONU à partir de 1977, après un boycott sportif décrété dès 1963. Il était néanmoins considéré par les États-Unis comme un allié contre le communisme. Le durcissement des sanctions par les États-Unis, le lâchage sous l’impulsion de l’opinion publique, et notamment des Noirs américains, ainsi que la fin de la guerre froide privaient de toutes perspectives d’avenir l’Afrique du Sud en cas de maintien de l’apartheid. Une partie de la minorité blanche en prit conscience avec M. Deklerk et négocia avec l’ANC (African National Congres), pourtant illégal et dirigé par Nelson Mandela alors emprisonné. Le démantèlement de l’apartheid fut ainsi effectif en juin 1991. Le caractère négocié et paisible de son démantèlement et l’arrivée au pouvoir de Nelson Mandela, élu président en 1994, plus désireux de réconciliation que de vengeance, allaient donner une aura morale à l’Afrique du Sud à l’échelle mondiale. Nelson Mandela étant probablement l’homme politique le plus respecté au monde jusqu’à sa disparition en 2014. Si l’apartheid a été démantelé, les inégalités sociales restent fortes.

Riche et démocratique, l’Afrique
du Sud se veut puissance régionale et modèle pour le Sud

L’Afrique du Sud était enfin en mesure d’utiliser ses atouts, et notamment ses immenses richesses minières et sa base industrielle. L’économie sud-africaine représente 50 % du PNB de l’Afrique subsaharienne, et 90 % des internautes de cette région sont sud-africains, si l’apartheid a été démantelé, de profondes inégalités sociales demeurent. Candidate (comme le Nigeria) à un siège de membre permanent du Conseil de sécurité, l’Afrique du Sud se voit en leader régional africain et en puissance mondiale émergente. Elle s’implique dans différentes opérations de médiation et de maintien de la paix en Afrique où elle préférerait voir les puissances extérieures ne pas intervenir au niveau stratégique, même si elle peut s’accommoder de leur présence en cas d’extrême nécessité pour la stabilité du continent. L’Afrique du Sud entend être un exemple démocratique pour le continent ainsi qu’une locomotive économique. Elle se veut une des principales puissances du Sud, plaidant pour le multilatéralisme, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et l’affirmation économique et stratégique des pays du Sud. Mais l’Afrique du Sud de Jacob Zuma, surévaluée, doit se réinventer un rôle post-démantèlement de l’apartheid, lutter contre la corruption et relancer son économie.