1944. Les communistes et la libération de Paris


Le 18 août 1944, les Francs-Tireurs et Partisans (FTP communistes), les Forces françaises de l’Intérieur (FFI), les élus communistes et les syndicalistes de l’Union parisienne lancent un appel à la mobilisation générale de la population parisienne. L’effet de surprise joue d’abord en faveur de la Résistance. La riposte allemande est relativement faible. La préfecture de police, l’Hôtel de Ville et les mairies d’arrondissement sont prises. Les succès sont tels que l’idée d’une trêve fait son chemin. Elle est obtenue avec les Allemands sur la base d’un partage territorial laissant aux troupes d’occupation une zone de repli. Pour une partie de la Résistance, notamment les communistes, il s’agit là d’une demi-trahison. C’est la raison pour laquelle l’éditorial de L’Humanité du 21 août, dont un extrait suit, appelle au renforcement de la lutte. Les communistes obtiennent gain de cause dans la journée : la trêve est rompue à la suite d’une décision prise par les dirigeants de la Résistance.

 

Au cours des dernières 48 heures d’insurrection des succès ont été obtenus qu’il importe de consolider et d’étendre.

Les organisations de la Résistance, les FFI, ont lancé naguère le mot d’ordre de ne pas laisser les Allemands se replier librement, de les harceler sans arrêt.

Cela implique que le devoir des forces de l’insurrection nationale est de s’accrocher aux positions conquises — si c’est nécessaire à certains moments, se replier, mais pour étendre et intensifier la guérilla.

Toujours disperser l’ennemi. Ne pas le laisser se concentrer autour des bâtiments et positions occupés. Attaquer sans relâche ses arrières. Agir de façon tactique afin d’exterminer le plus d’ennemis avec le moins de pertes possibles pour la Résistance.

Pas de répit pour l’ennemi !

Pour aider dans ce but les FFI, il faut que les millions de Parisiens participent au combat. Il faut aider, informer, soutenir les groupes qui combattent. Il faut grossir leurs rangs en entrant en masse, hommes et femmes, dans les francs-tireurs, groupes francs, milices patriotiques. Tout doit être armé pour qui veut se battre.

La victoire se gagne dans le combat, par le combat acharné, sans compromission. C’est cela qui a permis aux combattants et partisans soviétiques de remporter, sous la direction du maréchal Staline, les victoires retentissantes qui nous ont permis, à nous, d’entrevoir le jour de la libération définitive.

Le général de Gaulle a proclamé : « Français ! Debout. Au combat ! » Il a précisé : « Il faut se battre sur les arrières de l’ennemi et les arrières de l’ennemi, c’est toute la France. »

Paris n’est pas encore libéré.

La France n’est pas encore libérée.

Tous les points de résistance allemands, tous les groupements allemands doivent être détruits pour que l’on puisse parler de libération.

En Normandie, en Bretagne, en Beauce, dans le Midi, les forces alliées et françaises repoussent l’ennemi. Vichy est aux mains des patriotes.

Il ne faut pas laisser aux Allemands la possibilité d’organiser leur départ à leur gré. Ils doivent payer sur le sol de France les souffrances et le sang de la France.

La France soulevée se libère en combattant. Elle gagne aussi sa place d’honneur dans la victoire définitive sur l’Allemagne hitlérienne.

Il faut redoubler d’action intensive pour écraser la tête fasciste.

Tous les Français aptes à porter les armes doivent s’enrôler dans les milices patriotiques pour le combat jusqu’au bout.

L’Humanité, 21 août 1944.