Créé en 1985 en réaction à la montée du Front national et à l’exploitation grandissante des thèmes racistes dans la vie politique française, SOS Racisme remporte vite un grand succès, surtout auprès de la jeunesse. Dotée d’un insigne aisément reconnaissable — une main ouverte — et d’un slogan reprenant les termes d’un langage « jeune » — « Touche pas à mon pote » —, l’association antiraciste profite d’un leader doué d’une aura peu contestable : Harlem Désir (né en 1959). En avril 1990, l’organisation publie un manifeste dans lequel elle formule plusieurs propositions.
Il n’y a pas de fatalité à ce que la réhabilitation des quartiers anciens déplace les habitants vers des banlieues lointaines.
Une réelle priorité à la construction de logements sociaux dans les centres villes doit être mise en œuvre. Elle ne peut se réaliser que si des mesures sont prises, permettant aux offices HLM d’échapper aux contraintes de la spéculation foncière.
Le logement social doit devenir, encore plus qu’aujourd’hui, une priorité budgétaire.
Mais il ne suffit pas de construire, il faut changer la localisation, réintégrer les HLM dans une politique urbaine cohérente. Cela suppose de dépasser les égoïsmes municipaux au profit d’une réelle solidarité intercommunale basée sur la péréquation de la taxe professionnelle. En préalable, il est nécessaire de moduler en l’augmentant la dotation globale de fonctionnement des communes, en fonction des assiettes fiscales.
Il faut également mettre sur le marché locatif social tous les logements vides non loués.
Il faut imposer, lorsque c’est nécessaire, aux collectivités locales la construction de logements sociaux. La répartition des logements doit faire l’objet de décisions au niveau des bassins d’habitat régionaux, articulés avec les politiques de transport et de localisation des activités.
L’action de l’État doit fixer les grandes lignes des règles d’attribution de logement, pour prévenir toute pratique de quota d’attribution.
Un effort particulier doit être consacré au logement des jeunes et des plus démunis, qui sont de plus en plus exclus du secteur HLM.
Il faut dégager des crédits supplémentaires pour le logement social, par le biais d’un grand emprunt. Cela devra s’accompagner de moyens permettant d’accroître l’offre foncière dans les zones où la pénurie se manifeste.
Pour traiter de tout cela, il est nécessaire de réunir des états généraux du logement.
Manifeste pour l’intégration par la ville et l’école, s.l., SOS Racisme, 1990, p. 44-45.