NOTE SUR LE TEXTE

 

Le manuscrit du rouleau a été édité dans l’intention de présenter un texte aussi proche que possible de celui que Kerouac a écrit entre le 2 et le 22 avril 1951.

Le rouleau est dactylographié avec soin, il y a relativement peu de fautes pour un tapuscrit de cette longueur, compte tenu de la vitesse à laquelle Kerouac travaillait. Il a ajouté à la main quelques corrections et révisions qui sont autant de notes pour revoir tout l’ensemble. Dans une lettre à Neal Cassady datée du 22 mai 1951, il écrit : « Bien entendu, depuis le 22 avril, je ne cesse de taper et de réviser. Trente jours à ce rythme. » Même si l’on n’est pas certain qu’il évoque là les corrections effectuées sur le rouleau, dans la mesure où il avait pu commencer à corriger son texte n’importe quand, ce qui est sûr, c’est qu’il corrigeait un texte dactylographié par lui-même. J’ai éliminé ces corrections et ces révisions, et rétabli le texte dactylographié de façon linéaire, sauf dans les endroits où l’ajout manuscrit est de toute évidence le mot qui manque, souvent un connecteur. Je n’ai pas inclus les lignes barrées (xxxxxx) par Kerouac.

J’ai corrigé l’orthographe de Kerouac pour des raisons d’intelligibilité. D’un bout à l’autre du rouleau, il a recours à de nombreuses abréviations ainsi qu’à des mots « soudés » (« premièrefemme », « noc-traverser », etc.). J’ai laissé les abréviations intactes pour rendre la vitesse à laquelle Kerouac tapait. Pour la même raison, et parce que ces mots sont une marque de la musique ludique et inventive qui caractérise la prose de Kerouac, je n’ai séparé que les mots qui me paraissaient fortuitement soudés. Contrairement à ce que dit la légende, le rouleau est pour l’essentiel classiquement ponctué. Les exceptions que j’ai laissées telles quelles concernent cette habitude de Kerouac de ne pas mettre de point d’interrogation à la fin de ses questions, et de ne pas signifier par la ponctuation qu’on a changé de locuteur dans un dialogue rapporté.

Il y a près de quarante ans, Sterling Lord révélait à Kerouac que son manuscrit lui paraissait « friable », et que le papier était déchiré en plusieurs endroits. Comme on pouvait s’y attendre, les déchirures se situent au début du texte, là où la feuille extérieure et les premières volutes du rouleau sont exposées et vulnérables. En général, le mot ou la lettre qui manquent sont évidents. Dans les rares cas où il n’en est pas ainsi, j’ai consulté les versions suivantes et le texte publié.

Et parce que la chose évoque magnifiquement un moteur de voiture qui a des ratés au départ d’un long voyage, j’ai laissé telle quelle la première ligne du manuscrit.

 

HOWARD CUNNELL

Brixton, Londres, 2007