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Bon d’accord, c’était lui qui était revenu vers elle. C’était lui qui était sorti du bois pour aller sur la plage et parcourir la distance qui les séparait. Mais ce n’était pas à sens unique. Il l’avait lu dans ses yeux : elle aussi, elle revenait vers lui.

À la seconde où il avait ouvert l’enveloppe, tous ses doutes s’étaient envolés. Harry avait voulu le mettre en garde, c’était clair. Mais ça avait eu exactement l’effet inverse. Assis dans sa loge, il avait étalé les papiers sur la table : un fatras de recherches Internet et d’archives. Et il avait découvert le passé d’Ellie. Mais ça ne l’avait pas éloigné d’elle. Il se fichait bien qu’elle soit ou non la fille illégitime de ce sénateur qui avait toujours l’air d’avoir avalé un manche à balai. Il se fichait royalement de la mauvaise pub que ça pourrait lui faire et, plus encore, qu’une relation avec quelqu’un comme elle puisse nuire à sa carrière.

Il ne voyait qu’une seule chose : ça expliquait tout. Tout ce qui s’était passé entre eux : cette expression sur son visage quand elle lui avait tourné le dos, ce jour-là, sur le port ; ce mail auquel elle n’avait jamais répondu ; cette distance qu’elle avait gardée ces dernières semaines.

Ce n’était pas parce qu’elle ne voulait pas de lui. C’était pour se protéger elle.

Mais ça n’avait plus aucune importance, maintenant. Ils étaient assis, face à face, sur cet énorme rocher qui surplombait la mer. Le soleil baissait et, bien qu’elle ait entretemps enfilé un short et un tee-shirt, Ellie s’enveloppait toujours étroitement dans sa serviette, comme si c’était une couverture, frissonnant en dépit de la chaleur de cette fin de journée estivale. Elle avait encore les cheveux mouillés et avait pris un petit coup de soleil sur le nez.

Elle avait essayé de parler la première, lui aussi, et leurs mots s’étaient télescopés comme des autotamponneuses. Jusqu’à ce qu’elle le fasse asseoir en face d’elle. Ils avaient alors respiré un bon coup, riant sans raison, hormis ce bonheur incroyable, inespéré, de se retrouver ici, ensemble, enfin réunis. Même sans qu’aucune explication n’ait été donnée, sans qu’aucune excuse n’ait été présentée, c’était comme une seconde chance, un nouveau départ, comme si on avait rembobiné le film. C’était un don du ciel et Graham ne voulait pas tout gâcher. Pourtant, certaines choses devaient être dites. Alors, il s’éclaircit la gorge et se pencha en avant.

— Moi d’abord, annonça-t-il.

Ellie redevint immédiatement sérieuse. Ce n’était pas facile de savoir par où commencer et Graham hésita.

— Je sais ce qui s’est passé, finit-il par déclarer. Je sais que ça n’avait rien à voir avec toi et moi, que c’était à cause de ton père.

Ellie tressaillit.

— Comment tu… ?

— C’est Harry qui a tout découvert. Harry, mon agent. Ne t’inquiète pas, il ne parlera pas. C’est juste qu’il savait que tu comptais pour moi. Il a seulement essayé de me protéger…

— De te protéger ? s’étrangla-t-elle, des éclairs dans les yeux, ses beaux yeux verts.

— C’est son job. Mais là n’est pas la question. Ça n’avait rien à voir avec nous, hein ? Ce qui veut dire que ça n’a plus aucune importance. Vu que, maintenant, je suis au courant.

Ellie fronça les sourcils.

— Bien sûr que si ! C’est important. Ça ne change rien.

— Ça change tout, au contraire. Je me fiche de ton passé, ou de qui est ton père. C’était juste à cause du bruit que ça allait faire, hein ? Des photographes ? (Il haussa les épaules.) Eh bien, on n’aura qu’à les éviter.

— Graham ! Réfléchis deux secondes, le sermonna-t-elle d’un ton sévère. (Un petit frémissement au coin de ses lèvres trahissait pourtant les efforts qu’elle faisait pour réprimer un sourire.) Ce n’est pas si simple de les éviter. Ça fait partie de ce que tu es.

— Ce n’est pas ce que je suis, lui répliqua-t-il, avec une petite pointe d’agacement.

L’expression d’Ellie s’adoucit.

— Ce n’est pas ce que je voulais dire.

Et, à sa grande surprise, elle tendit le bras pour lui caresser la joue. Ô la chaleur de sa main sur sa peau ! Cette douceur incroyable ! Mais, avant qu’il ne puisse réagir, elle l’avait déjà retirée, soudain mal à l’aise.

— Je voulais seulement dire que c’était trop risqué. Je suis contente que tu connaisses toute l’histoire. Je n’ai jamais pu en parler à personne. Mais avec toi… Ça fera trop de battage. Je ne peux tout simplement pas faire ça à ma mère. (Elle marqua un temps. Son regard se perdit sur l’horizon.) Et Harry a certainement raison : ce ne serait sans doute pas une très bonne pub pour toi non plus.

— Ça m’est égal. C’est pas ça qui compte.

— Si ça compte, le reprit-elle, en lui adressant un regard un peu triste. Ça ne vaut pas le coup. Il ne te reste plus que quelques jours à passer ici, de toute façon.

— Justement, lui rétorqua-t-il, en se rapprochant discrètement. On a déjà perdu trois longues semaines.

Elle baissa les yeux.

— Je sais.

— C’est énorme. Je n’ai jamais passé plus de trois heures sans savoir ce que tu faisais depuis qu’on a commencé à se parler.

Elle lui sourit. Mais son sourire s’évanouit aussitôt.

— Il ne faut pas.

— À cause des photographes ?

Elle acquiesça.

— Tu sais très bien qu’à la minute où on mettra les pieds en ville…

— Bon, la coupa Graham, en balayant la plage du regard.

Le soleil avait fini par plonger derrière les arbres, pailletant les vagues de reflets dorés.

— Alors, on n’a qu’à rester ici.

Elle eut un petit rire silencieux.

— Pour toujours ?

— Absolument. Ça me paraît un aussi bon endroit qu’un autre pour s’installer.

— Magnifique panorama.

— De la lumière à ne plus savoir qu’en faire.

— Accès direct à la mer.

— Et pas de photographes.

— Pas de photographes. (Elle lui prit la main, nouant ses doigts aux siens.) On a déjà perdu assez de temps, lâcha-t-elle dans un souffle.

Il se pencha pour l’embrasser. Elle avait les lèvres toutes salées. C’était comme la gravité, ce qui se passait entre eux. Une force aussi irrésistible que la puissance des marées. Il n’avait jamais ressenti une attirance pareille avant. Il avait voulu plaisanter, quand il avait dit qu’il pourrait rester sur cette plage éternellement, mais là, tout à coup, ça devenait une évidence. C’était vrai, il le sentait.

Lorsqu’elle s’écarta, il n’était pas encore prêt à se séparer d’elle. Alors, il passa le bras autour de ses épaules et elle se laissa aller contre son torse, se blottissant contre lui. Ils restèrent ainsi un long moment, à regarder la mer sans rien dire, pendant que, derrière eux, le soleil se couchait.

— C’est d’ici que tu regardes le lever du soleil ? lui demanda-t-il. Difficile de trouver mieux comme point de vue, j’imagine.

Elle se tourna pour lui faire une petite moue de gamine prise en faute.

— Je l’ai jamais vu, en fait.

— Quoi ? Comment c’est possible ?

— Je m’endors toujours avant. Je sais, c’est nul.

— Mais c’était sur ta liste.

— Quelle liste ?

— Ta définition du bonheur.

— Oh ! Bon d’accord. Eh bien, c’était plutôt un vœu pieux, je suppose. Toi aussi, tu as menti, de toute façon.

Il haussa les sourcils.

— Comment ça ?

— Tu as dit que tu aimais rencontrer des gens nouveaux…

Pas la peine qu’elle aille plus loin : il avait compris ce qu’elle voulait dire. Et c’était vrai. Enfin, ça l’avait été jusqu’à ce qu’il la rencontre, du moins. Mais, maintenant, tout avait changé.

— Je ne mentais pas, lui répondit-il, en posant sa tête sur la sienne. Je parlais de toi.

— Tant mieux, lui lança-t-elle, un sourire dans la voix. Parce que, moi aussi, j’ai bien aimé te rencontrer.

— Plus que tu n’aimes les levers de soleil, j’espère.

— Que je n’ai jamais vus.

— Justement. Comment tu peux savoir que ce serait le bonheur puisque tu n’as jamais essayé ?

— Il y a différentes sortes de bonheurs. Certains n’ont pas besoin d’être vérifiés.

— Comme les levers de soleil ?

— Parfaitement. Je ne suis pas assez bête pour ne pas savoir que c’est le bonheur assuré : il n’y a rien de triste dans un lever de soleil.

— Contrairement aux couchers de soleil.

— Je ne trouve pas qu’ils soient spécialement tristes non plus.

— Moi si. Ils annoncent la fin de quelque chose, et c’est toujours triste, une fin.

— Ils annoncent le début de la nuit. Ce n’est pas rien.

— Han han, mais tout le monde sait que la nuit est plus flippante que le jour.

Ellie se marra.

— On ferait peut-être mieux de se retourner alors.

— Comment ça ?

— C’est moins flippant quand tu vois le truc arriver.

Ils ne bougeaient toujours pas, pourtant. Le soleil poursuivait sa course dans leur dos, se faufilant derrière les arbres, les maisons et Henley tout entier, pendant que, devant eux, sur la mer, le trafic s’intensifiait avec les bateaux qui rentraient au port. Ils regardèrent un énorme voilier approcher, ses grandes bannières blanches claquant au vent. Graham ferma les yeux.

— Mes parents ne viennent pas, déclara-t-il.

Il la sentit bouger dans ses bras.

— Pour le 4 Juillet ?

— J’avais cru qu’ils viendraient, soupira-t-il. (Et puis il secoua la tête.) C’est pas tout à fait vrai, je suppose. Ils ne vont jamais nulle part. Enfin, je ne leur ai jamais demandé non plus.

— Vous êtes très proches ?

— On l’était… Avant.

— Avant tout ça ?

Il acquiesça d’un geste. Il voyait ce qu’elle entendait par là. Ils suivirent en silence la trajectoire du grand voilier blanc. Et puis Ellie lui reprit la main.

— Ils ne savent pas ce qu’ils perdent, affirma-t-elle.

— Ils ne comprennent pas. Les films et tout ça.

— Tu crois que tu peux vraiment leur en vouloir ?

— J’imagine que non. Je n’y comprends rien non plus, la plupart du temps.

— Au moins, il te reste Wilbur.

Il éclata de rire.

— C’est vrai.

— Et moi.

Il se pencha pour déposer un baiser sur ses cheveux.

— Aussi.

Le navire avait commencé à jouer les ombres chinoises sur le drap d’or de l’océan. Une brise tiède balaya les cheveux de Graham sur son front.

— Je suis désolé pour ton père, murmura-t-il, bien qu’il soit surtout en train de penser au sien.

Elle mit longtemps avant de réagir.

— Ça ne m’a jamais traumatisée. J’ai carrément été gâtée avec ma mère. Mais, cet été, c’est plus difficile que d’habitude.

— À cause de moi ?

Elle ne répondit pas. Elle s’écarta pour lui faire face, une farouche détermination dans les prunelles.

— Il est à Kennebunkport pour le pont du 4 Juillet.

Graham lui adressa un regard inexpressif. Il se demandait ce que ça venait faire là.

— C’est où ça ?

— Tout près d’ici, un peu plus au nord. Il vient avec toute sa petite famille et, demain, je vais aller le voir, lui annonça-t-elle, d’un air décidé.

— C’était donc ça que tu complotais, tout à l’heure ? Est-ce qu’il le sait ? Que tu viens, je veux dire.

Elle secoua la tête.

— Et tu ne l’as pas revu depuis que tu étais petite ?

— C’est ça, confirma-t-elle avec un coup de menton affirmatif, la mâchoire en avant.

— Et… ta mère est au courant ?

Elle se mordit la lèvre.

— Non.

Graham soupira en se frottant la nuque.

— Tu penses vraiment que c’est une bonne idée ?

— Moi qui croyais les stars de cinéma casse-cou et irresponsables, lui balança-t-elle, en s’essayant au sourire goguenard… qui ne tarda pas à vaciller.

— C’est juste que… ça ne me paraît pas…

— Je m’en fiche, le coupa-t-elle. Ma décision est prise.

Graham hésita deux ou trois secondes. Et puis il hocha la tête.

— Bon. Alors je viens aussi.

Elle eut l’air surprise.

— Certainement pas.

— On a la journée de libre, demain, et je n’ai rien de prévu, de toute façon. On en profitera pour se balader.

— Tu es beaucoup trop voyant.

— Je me fondrai dans la masse.

Elle ne put s’empêcher de pouffer.

— Impossible.

— Je te jure. Je mettrai un chapeau de cow-boy. Et une fausse moustache.

— T’as raison, c’est super discret. Pas du tout mélodramatique.

— Déformation professionnelle, lui rétorqua-t-il avec un petit sourire en coin.

— Tu sais quoi ? lui dit-elle, en se levant, la serviette toujours autour du cou. Je vais réfléchir. La nuit porte conseil.

— D’accord. (Il se leva à son tour.) Mais je vais préparer mon déguisement au cas où.

En remontant la plage, il lui prit la main. Ils ne se parlaient pas, écoutant les galets rouler sous leurs pieds et les vagues se jeter sur la grève derrière eux.

« Encore trois jours », songeait Graham.

Il ne voulait pas en perdre une miette.

— Et alors ? Est-ce que tu as fini pour aujourd’hui ? lui demanda-t-elle, la tête baissée, histoire de voir où elle mettait les pieds.

— Je suis libre comme l’air. Et toi, tu es libre, ce soir ?

— Oh mais oui ! (Il pouvait presque entendre le rire dans sa voix.) J’imagine qu’on pourrait faire un tour en ville, dîner au Casier à Homard, flirter un peu sur la place peut-être…

— Très drôle, ironisa-t-il, tandis qu’ils commençaient à gravir le petit talus qui séparait la crique des bosquets. Et qu’est-ce que tu dirais d’un pique-nique ? On peut se retrouver ici un peu plus tard.

— Ça m’a l’air super.

Il faisait plus sombre sous les arbres. Un crépuscule bleuâtre s’était immiscé entre les troncs et Graham laissa Ellie passer devant, trébuchant à moitié sur le sentier qui les ramenait vers la rue, tandis qu’ils se frayaient un chemin à tâtons dans la pénombre. Ç’avait quelque chose d’onirique, comme s’ils marchaient dans un rêve, avec juste le bruit étouffé de leurs pas et de leurs respirations, sa main, si menue dans la sienne, qui le guidait entre les troncs fantomatiques. La plage n’était encore qu’à quelques mètres derrière eux et la route seulement à quelques mètres devant, mais, là, au milieu des arbres, ils auraient tout aussi bien pu être à des millions de kilomètres, à l’autre bout du monde, loin de tout. Alors, quand il y eut ce premier flash, il lui fallut un petit moment avant de comprendre ce qui se passait.

S’il s’était trouvé à Los Angeles ou à New York, ou même juste un peu plus haut, dans la rue, au beau milieu de Henley, il aurait percuté tout de suite. Mais, là, dans la pénombre du crépuscule, alors qu’il émergeait à peine de la crique déserte, ses neurones mirent un certain temps à faire la connexion et plus encore à mesurer les implications. Devant lui, Ellie s’était arrêtée net, lui lâchant aussitôt la main. Même quand il y eut un deuxième flash éclaboussant la scène : l’éclat métallique d’une moto, une galopade, un autre flash, il resta planté là, clignant des yeux, incapable de la moindre réaction.

Et puis vint le premier cri :

— Graham !

Il sentit Ellie se raidir à côté de lui.

— Allez, Graham, un p’tit sourire ! Et un baiser ? Qu’est-ce que tu dirais d’un baiser ?

Ils n’étaient que trois, mais paraissaient plus nombreux, leur donnant l’impression d’être cernés.

— C’est quoi, ton p’tit nom, ma jolie ? lança l’un d’eux.

C’était un géant au crâne rasé qu’on voyait rôder en ville depuis que l’équipe du film était arrivée. Il s’avança, franchissant la limite de la chaussée. Ils étaient encore cachés par les arbres, mais ils n’avaient nulle part où aller.

— On peut pas en faire une petite ? Juste une ?

Graham mit un certain temps à se ressaisir. Il se tourna alors vers Ellie pour attraper la serviette qu’elle avait encore autour du cou et la lui jeter à la figure. Comprenant ce qu’il cherchait à faire, elle s’en saisit pour se cacher le visage. Elle n’avait plus devant les yeux qu’un voile de tissu éponge imprimé d’hippocampes. Graham lui passa le bras autour des épaules et, bien que la sentant résister, l’entraîna vers l’avant. Trébuchant sur les racines et les cailloux, ils tentèrent de regagner la rue.

Ils s’y mettaient tous les trois, à présent, les mitraillant sans relâche. Et c’était encore pire de les voir rassemblés là, dans ce coin de rue isolé et désert. Ça avait quelque chose d’inquiétant, de sinistre. Quand les pieds de Graham touchèrent enfin le trottoir et qu’il blottit Ellie encore plus étroitement contre lui pour l’entraîner, en courant, sans un mot, dans la direction opposée, ils reculèrent d’abord de quelques pas.

— Allez, Graham ! insista le géant rasé, en faisant un petit jogging pour le doubler, puis en se retournant pour avancer à reculons.

Les deux autres les flanquaient, trottinant sur le bas-côté.

Graham foudroya du regard le type qui les devançait.

— Juste une, plaidait-il. Une bonne photo, une seule, et on vous laisse tranquilles.

— Dégage ! cracha Graham en serrant les dents.

Le photographe abaissa son appareil et, sur le coup, Graham crut que ça s’arrêterait là. Mais, subitement, l’homme se rua sur Ellie et agrippa l’extrémité de la serviette pour la lui arracher des mains. Ellie poussa un petit cri de surprise juste au moment où le flash se déclenchait. Sans réfléchir, Graham se jeta sur le type et envoya valdinguer son appareil photo qui heurta le trottoir. Il y eut un fracas de métal sur le bitume, suivi d’une bordée de jurons étouffés comme, déjà, le photographe se précipitait pour ramasser son matériel.

Le reste de la meute marqua un temps d’arrêt. Juste une seconde. La serviette était tombée par terre et, voyant là une occasion inespérée, l’un des deux autres bondit devant eux. Mais avant qu’il n’ait seulement pu brandir son appareil, Graham se campa devant lui, pratiquement nez à nez.

— Lâche ça, gronda-t-il d’une voix rauque.

L’autre hésita, jetant un coup d’œil derrière Graham au troisième photographe qui levait lentement son appareil, pointant son objectif sur Ellie en train de se baisser pour ramasser sa serviette.

Il y eut alors comme un arrêt sur image. Une seconde. Puis deux. Ils étaient tous là, braquant leurs appareils photo comme une arme dans un duel digne d’un bon vieux western. Juste au moment où Ellie se redressait, un flash fendit l’obscurité, si aveuglant qu’il les laissa tous battant des paupières telles des chouettes éblouies. Et puis, comme si les deux actions étaient liées, comme si la première avait inéluctablement déclenché la seconde, Graham ferma le poing, recula le bras et frappa.