Djibril

– NOUS allons nous scinder en deux, les mecs ! Voilà ce que j’ai dit à mes potes quand j’ai pigé que nous étions pris entre deux feux. Les plus agiles d’entre nous s’élanceraient vers le nord et s’efforceraient de semer les nanodrones et les clebs hybrides sur les toits de terre battue, dans les ruelles obscures du camp, dans le labyrinthe de tunnels qui font de notre terre un vrai gruyère. Mené par Kader, le premier groupe serait composé de Jamal, Emir, Hicham, Saïd et Leïla. Pendant ce temps, les autres marcheraient vers l’est et affronteraient les femmes. Ce n’était pas la première fois que nous avions affaire à elles. Depuis longtemps déjà, des associations de femmes voulaient nous faire revenir dans le droit chemin ; elles étaient les garantes de la sécurité, les gardiennes de la société : elles ne désiraient rien tant que la paix ; elles étaient prêtes à toutes les compromissions avec l’occupant pour obtenir la fin du blocus et la réouverture des frontières. Nous savions pour quelles raisons nos acrobaties ne leur plaisaient guère : elles nous reprochaient de débaucher leurs filles et de mettre en péril la vie de leurs mioches, surtout depuis que le petit Mohamed était tombé dans les pommes suite à une mauvaise chute ; le môme s’était pris pour un vrai voltigeur alors qu’il savait à peine enchaîner les deux trois mouvements de base du traceur, du type lâché ou balancé.

Plus tard, d’autres histoires attiseraient leur colère : des opérations de sabotage éclair qui avaient mal tourné, lorsque les plus radicaux d’entre nous passaient la nuit à attaquer le grand barrage, harcelant les sentinelles, dégommant les capteurs infrarouges, arrachant les corbeaux métalliques, taguant l’œil noir des caméras à coup de bombe, démantelant les barbelés à l’aide de grappins, brisant les vitres d’un mirador ou foutant le feu à un radar. Et si les mecs se faisaient choper, s’ils se retrouvaient à croupir en taule, à quinze ou seize ans, leurs mères ne dormaient plus, s’arrachaient les cheveux, se lamentaient, nous accusaient de les avoir endoctrinés. Mais nous n’avions jamais prêché la violence aveugle, nous n’avions jamais rêvé de mettre le pays à feu et à sang ; notre seule doctrine était celle de l’insurrection à mains nues ; nous obéissions à notre seul instinct, aux règles de notre art et à la devise des Border Angels : we will cross you !

Comme j’avais passé l’âge de jouer les anges rebelles, j’ai pris la tête du second groupe, qui comprenait Omar, Firas, Moussa, Majed, et deux des échappées belles : Tara et Mona. Les femmes ne cessaient de se diriger vers nous, dans la nuit. Je n’avais jamais vu autant de femmes réunies. Elles étaient des centaines, peut-être des milliers. La pleine lune et les feux des réverbères éclairaient leurs visages. Des femmes de toutes les origines et de tous les âges. Des femmes en costume traditionnel. Des femmes voilées ou cagoulées pour garder l’anonymat. Des femmes en décolletés. Des femmes en treillis kaki, en tenue léopard, en uniforme dépareillé. Des femmes armées de pied en cap. Toutes sortes de lames étaient glissées dans leurs ceintures : canifs, crans d’arrêt, dagues, poignards, faucilles, machettes, couteaux de cuisine… Certaines d’entre elles brandissaient des haches ou des faux, comme si elles avaient surgi du XVIIIe siècle, comme si le grand barrage était une forêt à abattre, comme si la terre d’en face était un champ de blé qu’elles s’apprêtaient à moissonner ; d’autres maniaient des sabres ou des cimeterres ; d’autres encore pressaient des kalachnikovs contre leur sein comme si la guerre était depuis toujours leur métier. Tout indiquait qu’elles avaient pillé des musées, des casernes, des commissariats, des armureries, des dépôts de munitions, des boutiques d’antiquités, et coffré tous ceux qui leur résistaient.

Bientôt nous sommes encerclés. Nous regardons autour de nous : pas moyen de leur échapper. Partout, elles forment de longues haies très serrées, tout hérissées de lames qui brillent au clair de lune. Lentement, une première cohorte s’avance à notre rencontre en nous interpellant violemment. Leurs armes pointées vers nous, elles exigent notre reddition. Nous ordonnent de lever les mains en l’air, de retirer nos cagoules et de vider nos poches. Nous font décliner à tour de rôle nom, prénom, âge. Deux d’entre elles s’approchent pour nous fouiller méticuleusement tandis que les autres nous tiennent en joue. Elles nous confisquent nos smartphones et ma minicaméra. Un instant, Tara tente de parlementer, mais elles refusent de l’écouter. Elles demandent qui est le chef de la bande. Annoncent qu’elles ne discuteront qu’avec le chef. Je me désigne. Une grande brune en tenue léopard, avec sur la tête un béret noir duquel dépassent deux nattes qui cinglent l’air autour d’elle, s’avance vers moi :

– Nous sommes l’unité populaire de défense des femmes de l’Archipel. Nous ne vous voulons aucun mal. Nous pensons simplement que vos actions sont contre-productives. Que votre combat est perdu d’avance. Vous êtes pour l’ennemi des cibles toutes désignées. Ils n’auront jamais aucun remords à vous liquider, car vous avez beau porter des cagoules, vous leur offrez le portrait-robot qu’ils veulent voir et qu’ils veulent exhiber dans leurs médias pour justifier la répression : le portrait-robot de la racaille prête à tout, de la racaille passe-partout, celle qui rêve de tout détruire et de plonger la région dans le chaos. Nous voulons au contraire leur montrer un visage humain, rassurant ; nous voulons leur envoyer un message d’amour, c’est le meilleur moyen de tromper leur attente et de les prendre au dépourvu. C’est le seul moyen de faire tomber les murs sans répandre le sang. Par contre nous pensons que vous pouvez nous aider. Mais j’en ai assez dit pour l’instant… Il se fait tard et nous avons d’autres chats à fouetter.

Celle qui s’était exprimée ainsi s’appelait Yasmina. C’était la commandante. Elle était célèbre dans la région : première femme du pays à avoir remporté des élections locales sur la liste du Parti des Femmes, elle s’était retrouvée dans l’opposition suite à sa défaite contre les intégristes ; entrée dans la clandestinité, elle s’était mise à rêver de révolution et avait fondé l’unité populaire de défense des femmes de l’Archipel. À sa droite se tenait Wafa, la mairesse du bled, la daronne de Saïd. Heureusement pour lui, le môme l’avait vue avant qu’il ne soit trop tard, il s’était barré, il ne voulait pas se faire choper, il savait qu’il risquait une belle engueulade. Il était parti rejoindre l’autre groupe et sa daronne n’y avait vu que du feu.

À gauche de la commandante se tenait Nida. Ça faisait bien vingt ans que je ne l’avais pas revue, mais lorsqu’elle a retiré son voile, je l’ai reconnue aussitôt. Elle portait un jean noir moulant, une veste noire, un gilet pare-balles, des baskets noires. Ses longs ongles vernis de rouge tapotaient la culasse de sa kalach. Ses trente-neuf ans, ses oripeaux guerriers, ce noir qui lui allait à ravir, tout cela l’embellissait, la rendait plus désirable encore que dans sa jeunesse ; elle méritait plus que jamais son surnom de Nida l’Inuit : ses pommettes s’étaient affûtées, ses longs cheveux noirs coiffés en tresse couronnaient son front sur lequel apparaissaient les premières rides, son teint était devenu un peu cuivré, ses lèvres murmuraient un chant belliqueux, ses yeux légèrement bridés nous dévisageaient, elle faisait mine de m’ignorer mais elle savait très bien qui j’étais, elle avait reconnu sur ma tête la casquette parisienne de Walid ; si mon cousin était encore en vie, il aurait été complètement dingue de voir sa petite chérie métamorphosée en guérillera. Oui, ça faisait bien vingt ans que je ne l’avais pas revue, Nida ; je me souvenais qu’à la mort de Walid elle avait porté le deuil ostensiblement — deux ados qui se connaissaient à peine et flirtaient sur un terrain vague, dans les anfractuosités des remparts, s’étaient promis l’un à l’autre — mais son barbon de père l’avait séquestrée pendant plusieurs mois. On disait qu’il la battait. Que sous ses coups, elle devenait folle. Plus tard, en l’absence de nouvelles, nous avions fini par la croire morte et enterrée.

Les femmes nous ligotent, puis elles nous font avancer en rang, deux par deux. En chemin, elles libèrent Omar, le môme cabri, le prennent par la main, puis demandent à Tara et Mona de les suivre, en répétant que toutes les filles du pays, de tous les âges, doivent se joindre à elles, ainsi que tous les garçons de moins de seize ans. Elles nous demandent plusieurs fois où se trouve Leïla. Où se trouve Saïd. Où se trouve Hicham. Elles disent que nous resterons prisonniers tant que les trois gamins ne seront pas retrouvés. Majed, qui marchait à mes côtés, tente de se libérer, mais elles le maîtrisent et le menacent en brandissant leurs matraques, manière de nous prouver que nous n’avons pas affaire à des enfants de chœur. Nous ne comprenions plus ce qui nous arrivait, toute cette histoire était complètement folle. Elles nous emmenaient en lieu sûr, disaient-elles, nous promettant que nous y serions à l’abri.

C’était un des milliers de tunnels creusés autrefois par les archéologues de tous les pays, à la recherche des plus vieilles pierres de la ville. Investis par les partisans durant la dernière guérilla, ces tunnels leur servaient de refuge et d’échappatoire ; ils y stockaient leurs armes et leurs munitions ; ils y évacuaient leurs blessés ; ils manœuvraient d’une île à l’autre en évitant les checkpoints et les barrages volants. Vivre sous terre était le seul moyen d’échapper aux drones. Les premiers engins qui s’aventuraient sous terre perdaient le contact avec leur base de lancement. Alors, les partisans les interceptaient ; mais il aurait fallu des gars sacrément doués, des petits génies dans le genre de Walid, pour craquer les codes des machines et les réutiliser contre l’ennemi, les lui renvoyer en pleine gueule comme des boomerangs. Dans une galerie sordide et grillagée qui chlinguait les égouts et me rappelait les pires cachots saroniens, les femmes nous font asseoir par terre, desserrent nos liens, nous apportent des matelas, des coussins, des couvertures. Elles nous distribuent des gamelles, de l’eau et du pain. Nous servent plusieurs rations de soupe, de fèves et de pois chiches.

– Prenez des forces, vous en aurez besoin.

Derrière les grilles, nous pouvions apercevoir des silhouettes masculines qui s’affairaient dans le souterrain. Ils étaient enchaînés. À coups de bêches, de pioches et de piolets, ils creusaient de nouvelles galeries. Ils entassaient les gravats dans des brouettes. De longues barbes hirsutes leur mangeaient le visage ; ceux qui n’étaient pas torse nu portaient des débardeurs tachés de boue, de sueur et de suie qui laissaient dépasser des touffes de poils ; à force de remuer les entrailles de la terre et de ne plus connaître la caresse du soleil, leur peau grise et violacée par endroits avait pris la teinte cendreuse et l’aspect glacé des vers de terre ou des cloportes ; lorsque nous croiserons leur regard vide, ces bagnards du sous-sol nous feront l’effet de mineurs ou de poilus désarmés ; nous les entendrons souffler, mugir, renâcler comme des bêtes sauvages.

– Ne craignez rien, dit l’une de nos geôlières, lorsqu’elle lit sur nos visages la peur de finir nos jours ainsi, à creuser la terre comme des taupes. Vous ne partagerez pas un tel sort. Ceux-là sont des criminels. Ce sont des maris répudiés par leur femme ; accusés de violence conjugale, ils ont été jugés par le tribunal populaire de défense des femmes de l’Archipel et condamnés aux travaux forcés. Lorsqu’ils auront creusé des tunnels assez longs pour nous permettre de regagner nos îles confisquées et nos villages rasés de l’autre côté du grand barrage, nous leur rendrons la liberté.

Après toutes ces péripéties, nous étions exténués. Firas serait le premier de nous quatre à s’endormir, bientôt suivi de Moussa, puis de Majed. Les yeux rivés sur toutes les anfractuosités de la pierre, je ne pensais qu’à mes deux pires ennemis : les rats et les cafards. J’ai toujours eu la frousse des rats et des cafards, la frousse de tous les insectes et de tous les rongeurs. J’ai longtemps lutté contre le sommeil, guettant le moindre bruit, croyant entendre plusieurs fois les petits cris aigus de rongeurs imaginaires, sentant la caresse ou le bourdonnement d’insectes invisibles, et j’ai fini, moi aussi, par m’allonger en chien de fusil, l’esprit confus, le corps fourbu, bras et jambes perclus de courbatures, sur mon matelas, en espérant me réveiller dans le monde réel, loin de cette fable grotesque et terrifiante où des femmes assoiffées de vengeance s’étaient mis en tête de coffrer les hommes et d’ouvrir les murs. Comme la plupart des jeunes du pays, chez les Border Angels, nous avions tous fait un petit détour, plus ou moins long, par la case prison, nous étions tous passés pour des broutilles — de petites actions de sabotage — entre les mains délicates des services secrets saroniens. Personnellement, j’avais aussi goûté de la taule francilienne, à l’époque où je dealais dans le 9-3 ; par conséquent, je pouvais comparer les deux. Mais je n’aurais jamais pensé que je serais un jour séquestré dans mon propre pays, captif d’une armée de femmes.

Des bruits de pas dans le corridor, suivis d’un froissement d’étoffes et d’armes à feu puis du cliquetis d’une clé dans la serrure nous ont réveillés quelques heures plus tard. La porte grillagée de la cellule s’est ouverte sur Yasmina, la commandante. Encadrée par deux femmes en treillis, cagoulées, lourdement armées. Elles avaient capturé Emir le borgne invisible et Saïd l’enfant froussard. Elles desserrent les liens d’Emir et le précipitent vers nous ; quant au petit Saïd, il reste planté là, chialant et se mouchant dans la manche de son sweat à capuche comme un morveux ; puis, tout honteux, sans lever les yeux vers nous, il se réfugie dans les jupes d’une des femmes qui lui prend la main et s’éloigne de nous en le tirant vers elle ; le môme avait dû se prendre une sacrée raclée !

Yasmina prend la parole. Nous écoutons sans broncher son nouveau sermon :

– Nous ne pouvons pas encore vous dire combien de temps nous allons vous garder ici. Nous pensons que nous devons être les premières à franchir la frontière. Votre temps viendra. Si les soldats vous voient en première ligne, ils n’hésiteront pas à tirer dans le tas et ce sera un vrai carnage. Nous croyons encore dans la possibilité d’une révolution non violente. Il s’agit d’une chance historique que nous ne devons pas laisser passer. Nous voulons éviter la guerre et nous pensons que le meilleur moyen de l’éviter, c’est de rendre invisibles les hommes, tous les hommes en âge de la faire. Oui, nous pensons que tous les hommes de plus de seize ans doivent disparaître quelques jours sous terre. Seuls demeureront à la surface les femmes et les enfants. Pendant ce temps, vous poursuivrez la lutte clandestine dans des abris souterrains. Vous y serez à l’abri des clébards hybrides et des criquets tueurs. Privés de signal, ils ne pourront pas retrouver votre trace dans ce labyrinthe.

Là-dessus, Yasmina fait un signe à la femme qui se tient à sa droite. Celle-ci fouille dans ses poches et en sort un objet bizarre, qui ne mesure que cinq ou six centimètres de long et a tout l’air d’une brindille.

– Voici leur dernière trouvaille, les enfants. Ils appellent ça le phasme. De loin et même d’assez près, on croirait une brindille. Tu t’approches, tu la touches, et la brindille se met à remuer. Tu crois alors que c’est un insecte, mais ce n’est pas un insecte, ce n’est pas une brindille, c’est un œil volant, c’est une oreille volante, c’est la plus petite caméra du monde embarquée sur le plus petit ovni du monde. Celui-ci ne bouge plus depuis que nous l’avons capturé car ses batteries sont déchargées. Mais vous voyez, ici, les antennes, et là, le petit œil. Nous l’avons disséqué, et nous savons qu’il s’agit d’un nanodrone espion qui enregistre toutes nos paroles, tous nos faits et gestes. Ah ! Si vous saviez quels sont les moyens en leur possession aujourd’hui, vous nous remercieriez de vous tenir à distance de leur rayon d’action ! Nous ne pouvons plus faire confiance en personne : l’ennemi peut nous traquer partout tant que nous restons à la surface de la terre. Leurs drones ont pris toutes les formes possibles et revêtent désormais des camouflages inégalables. Certains, comme les criquets tueurs, sont des machines autonomes équipées de microcanons qui peuvent naviguer dans des espaces de plus en plus confinés, vous pister jusque dans votre chambre et tirer des balles fléchettes. Il n’y a qu’ici, sous terre, que vous pouvez leur échapper. Mais si vous n’avez pas peur de ces satanées bestioles et si voulez hâter votre libération, vous pouvez nous aider dès maintenant.

– Vvvvous aider à ffffaire quoi ? a bredouillé Moussa, le bègue albinos. À cccreuser des tttunnels comme ces gggalériens, là-bas ?

– Non, vous allez nous aider à franchir le grand barrage.

Majed ajoute alors en souriant :

– Vous voulez qu’on vous apprenne quelques acrobaties ? Salto avant ? salto arrière ? saut du chat ? passe-muraille ? Ou vous voulez peut-être qu’on vous fasse la courte échelle ?

Et disant cela, il enchaîne contre les parois du tunnel quelques figures pour les impressionner. En le voyant faire, nous nous esclaffons de rire.

– Arrête tes pitreries. Non, nous ne voulons pas passer par-dessus mais à travers le mur. Alors vous ouvrirez cette nuit la première brèche. Dès que l’alarme sera déclenchée, vous ferez diversion, vous égarerez les nanodrones dans le dédale de nos ruelles et vous disparaîtrez sous terre, dans le labyrinthe des tunnels ; s’il le faut, vous remonterez la source de la Géhenne, puisque vous aimez tant jouer avec le feu. Pendant ce temps, nous déferlerons d’une seule foulée, depuis toutes les îles et les collines environnantes. Nous sommes convaincues qu’ils n’enverront pas la pluie de sauterelles et la nuée ardente contre nous. Car nous défilerons pacifiquement, à la mémoire de Walid, qui est mort, comme vous le savez, il y a vingt ans. Cependant, cette première brèche sera un piège. L’ennemi concentrera tous ses efforts pour la colmater, mais c’est ailleurs que nous referons surface, c’est depuis ses entrailles que nous retournerons sur la terre qui fut autrefois la nôtre.

Sur ces paroles, Yasmina se retire. Les deux femmes qui l’entouraient tendent à mes camarades des marteaux et des burins. Elles leur disent : désormais, ce seront vos armes. Puis, se tournant vers moi :

– En attendant, toi, tu vas nous suivre. Notre porte-parole, la camarade Nida, veut te parler.