Le tour de passe-passe mis en place par Jess dans le but d’isoler la chambre de Damian s’était estompé depuis déjà plusieurs minutes lorsqu’une infirmière pénétra dans la pièce. Elle n’avait pas la moindre idée de ce qui venait de se dérouler entre ces quatre murs, et pourtant, elle se sentit envahie d’une étrange sensation de malaise. Quelque chose d’indéfinissable flottait dans l’air et la rendait nerveuse. Et puis, il y avait cette odeur florale associée à celle, plus discrète, de la cire fondue. L’atmosphère en était imprégnée.
D’un air suspicieux, l’infirmière parcourut la pièce du regard, puis se concentra de nouveau sur la raison de sa venue : le malade. Elle lui trouva meilleure mine. Ses cernes bleuâtres s’étaient passablement estompés et il était parfaitement réveillé, même si son visage demeurait encore marqué par une intense fatigue. Son drap immaculé remonté jusqu’aux aisselles, Damian lui jeta un coup d’œil furtif avant de se replonger dans une méditation silencieuse. Seven regarda l’infirmière aussi, attendant une éventuelle réaction de sa part. Il n’y en eut aucune.
Il se félicita alors d’avoir dissimulé le linge taché de sang dans son sac. Par chance, Cassie en avait découvert un propre au fond d’un placard de rangement. À présent, comme si de rien n’était, Seven observait le paysage à travers la fenêtre. Jess et Cassie, assises chacune d’un côté du lit, ne semblaient pas plus loquaces. Vingt bonnes minutes s’étaient écoulées depuis le retour à la vie de Damian, mais aucun des occupants de cette pièce n’était parvenu à rompre le silence qui s’était installé entre eux. Damian sentait bien que quelque chose n’allait pas. Il se rappelait seulement avoir eu la vision du spectre de Chelsey avant de sombrer dans un profond sommeil. Il n’avait aucune idée de la raison pour laquelle Cassie et Jess le couvaient du regard.
Dans son coin, Seven aussi essayait de comprendre. Pendant que l’infirmière s’escrimait à détacher la poche de solution vide du goutte-à-goutte, il triait le peu d’informations qu’il était parvenu à engranger dans son esprit. Cependant, il lui manquait des éléments essentiels pour pouvoir trouver des réponses à ses interrogations. Mais il ne se résolvait à parler à Cassie, pas plus qu’aucun d’eux n’avait osé aborder ce sujet avec Damian. Il ne se souvenait visiblement de rien et c’était peut-être mieux ainsi.
L’infirmière accrocha une nouvelle poche et régla la perfusion reliée au bras de Damian. Son attention fut attirée par la jeune fille dont la main restait crispée sur celle du malade. Elle semblait mal en point. Son teint cireux lui donnait l’aspect d’une statue, et ses traits tirés à l’extrême inquiétèrent la femme en blouse blanche.
— Vous devriez vous reposer, mademoiselle.
Les paroles de cette dernière arrachèrent brusquement Cassie à ses rêvasseries. Elle leva la tête vers son interlocutrice et lui adressa un regard glacial.
— J’vous ai demandé votre avis, à vous ? cracha-t-elle.
— Excusez-la, elle est épuisée ! s’empressa de répondre Jess, avant que l’adolescente n’ouvre à nouveau la bouche.
Mais il était trop tard pour rattraper les choses, la mine de l’infirmière indiquait qu’elle avait moyennement apprécié la répartie de cette petite impertinente. Jusque-là d’un aspect plutôt jovial, son visage se mua en un masque de froideur.
Décidément, ce n’est pas ma journée, se dit-elle en repensant que, moins de dix minutes plus tôt, elle s’était fait rabrouer par son supérieur.
Puisqu’on lui avait clairement fait comprendre que les patients et leur famille avaient tous les droits, elle préféra ne pas répliquer malgré son envie de remettre cette sale gamine à sa place. Pourtant, le grand jeune homme et sa sœur, qu’elle avait croisés le matin même au détour d’un couloir, étaient plutôt avenants ; mais cette fille…
Ne t’occupe pas de cette gosse mal élevée et fais ton travail, se sermonna l’infirmière intérieurement.
Elle donna une pichenette dans le tuyau de la perfusion pour s’assurer que le produit s’écoulait correctement, puis regagna la sortie.
— Vous serez bien gentils de laisser le malade se reposer. Trois visiteurs, c’est beaucoup trop, lâcha-t-elle sèchement en ouvrant la porte.
Le visage de Cassie pivota dans sa direction. Elle s’apprêtait à lancer une réplique vitriolée à l’infirmière quand Damian posa une main sur son bras.
— S’il te plaît, pas de scandale… Je suis fatigué, chuchota-t-il.
— Elle a raison, nous allons te laisser récupérer et je pense que Cassie en a aussi grand besoin, ajouta Jess en se levant.
Cassie braqua les yeux sur Damian dans l’espoir qu’il lui demanderait de rester à ses côtés. La façon dont il lui renvoya son regard fut pourtant à la mesure de sa déception. Cassie sentit son cœur s’arrêter de battre une courte seconde. Elle était blessée et frustrée de constater qu’il préférait la solitude à sa présence. Elle voulait s’endormir contre son épaule, voir sa poitrine se soulever au rythme de ses inspirations en même temps qu’elle écouterait les battements de son cœur qui vivait de nouveau. Et au lieu de cela, il lui faisait comprendre qu’elle devait partir !
Alors qu’une onde de colère remontait le long de sa nuque, elle préféra se détourner sans même prendre la peine de l’embrasser. Elle fit pourtant de son mieux pour dissimuler sa déception, mais son visage fermé était plus parlant que tous les mots pouvant exprimer sa détresse. Elle se dirigea vers la sortie, croisa Jess qui se tenait encore dans l’encadrement de la porte, et disparut dans le couloir. Jess se sentit navrée pour la jeune fille. Elle aussi, était surprise que Damian n’essaye pas de la retenir, mais que pouvait-elle y faire ? Sans doute avait-il ses raisons. Peut-être même se souvenait-il de ce moment où Cassie lui avait redonné vie et désirait-il faire le point tout seul. Avec Damian, on ne pouvait jamais être sûr de rien.
— Je reviens te voir demain matin, lui dit-elle.
Il acquiesça d’un hochement de tête, puis reporta son regard sur la fenêtre. Jess resta une longue seconde à contempler son visage exténué. À quoi pouvait-il penser à cet instant précis ? Elle aurait donné cher pour le savoir. Enfin, elle se décida à partir, referma doucement la porte et rejoignit Seven et Cassie dans le corridor qui grouillait de personnel médical.
À peine eurent-ils entamé leur progression en direction de la sortie que Cassie accéléra le pas dans le but de se détacher de leur trio. Les yeux rivés sur l’ascenseur tout au bout du couloir, elle essayait de prendre de la vitesse, mais ses membres ne suivaient pas. La fatigue avait gagné la totalité de son corps, ses jambes pesaient des tonnes et elle peinait à garder une trajectoire rectiligne. Dans son esprit revenait ce profond désir de s’allonger à côté de Damian. Elle rêvait du moment où il l’étreindrait et ferait disparaître toutes ses peurs. Pour que, de nouveau, elle se sente vivre. C’était le seul endroit où elle avait envie de se trouver. Le seul où elle estimait avoir une place : près de lui.
— Cassie, attends ! l’interpella Jess.
— Je me disais bien aussi… grommela la jeune fille en s’immobilisant.
Elle leva les yeux vers le plafond, puis se retourna lentement. Sans un mot, elle regarda Jess s’empresser de la rejoindre. Une fois face à l’adolescente, Jess lui adressa un sourire empli d’une immense douceur. Cassie aimait le visage de cette femme, elle le trouvait si gracieux, si débordant de bonté. Même ses cicatrices semblaient s’effacer derrière tout l’amour qui se dégageait d’elle. Cassie en éprouva un profond vertige. Elle battit des paupières à plusieurs reprises, puis considéra Jess d’un air presque hautain. Jess saisit ses mains avec sa délicatesse habituelle et posa ses yeux d’un bleu limpide dans ceux, sombres et inquiétants, de Cassie.
— Merci, chuchota-t-elle d’une voix altérée par l’émotion.
Ses pupilles brillaient avec intensité ; le désespoir avait fait place à une profonde reconnaissance. Le cœur de Jess débordait de gratitude, mais elle ne savait pas comment le faire comprendre à cette mystérieuse jeune fille qui avait permis à Damian de revenir dans le monde des vivants. Un lien s’était à présent créé entre Cassie et la fratrie Leghert. Quelque chose de fort que rien, désormais, ne pourrait briser. Seven arriva à leur niveau. Comme un enfant intimidé, il fourra ses mains dans les poches de son jean et baissa les yeux sur ses chaussures. Lui aussi se sentait redevable, mais les mots restaient bloqués dans sa gorge. Il dut s’y reprendre à plusieurs fois avant de parvenir à les éjecter de sa bouche.
— Merci… finit-il par murmurer du bout des lèvres.
Les traits de Cassie demeurèrent inexpressifs, même si, intérieurement, elle avait l’impression de se noyer sous le flot d’émotions qu’ils renvoyaient vers elle. Elle ne supportait pas ce déferlement de bons sentiments et d’amour fraternel ; elle n’en avait pas l’habitude. Les puissantes forteresses qu’elle avait érigées dans son esprit pour se protéger se mirent à trembler dangereusement. D’un geste défensif, elle se libéra de l’étreinte de Jess et toisa les deux jeunes gens.
— Oui, bon ben ça va, j’ai compris, répondit-elle.
Elle leur tourna le dos et s’éloigna sans demander son reste. Seven et sa sœur échangèrent un regard étonné. Jess avait beau connaître quelques ficelles de psychologie, elle devait bien l’avouer, le comportement de Cassie manquait parfois de cohérence et la déroutait. Elle était fière, certes, mais pourquoi refuser des remerciements ? Se rendait-elle au moins compte qu’elle avait fait quelque chose qui relevait du miracle dans ce monde ? Jess se demanda ce qu’avait pu vivre cette gamine pour fuir dès qu’il était question de sentiments. Avait-elle, elle aussi, été privée du droit d’exprimer physiquement ses ressentis, tout comme les enfants du clan Leghert ? Possible, mais ça ne justifiait pas cette façon de mépriser les autres. Seven posa une main sur l’épaule de Jess, sans doute dans le but de lui faire comprendre que ça ne servait à rien de se torturer l’esprit.
— Cassie dans toute sa splendeur, conclut-il.
Lui ne cherchait plus à découvrir comment elle fonctionnait. Il avait déjà bien assez à faire pour décrypter les réactions de son frère. La seule chose dont il était certain, c’était qu’elle était fière, trop peut-être. Elle ne voulait pas de remerciements, pas d’amour, juste qu’on la perçoive comme une mauvaise personne pour se faciliter la tâche. Accepter de recevoir de la reconnaissance, surtout de la part de Jess, c’était risquer de se mettre au niveau du commun des mortels, et visiblement, elle avait envie d’être au-dessus du lot. Seven se dit qu’un jour, elle finirait par réaliser combien l’orgueil mal placé pouvait jouer des tours.
Quand il vit Cassie ralentir le pas pour laisser passer un brancard, Seven comprit que c’était le moment ou jamais de la rattraper. Maintenant qu’il avait exprimé sa gratitude, il avait besoin d’explications. La scène à laquelle il avait assisté dans la chambre de Damian ne relevait pas d’un miracle ; c’était plus que cela, et il voulait savoir ce qu’elle avait fait. Il abandonna sa sœur au milieu du couloir et s’empressa de rejoindre Cassie. Quand il arriva à son niveau, elle le fixa un bref instant sans aménité, puis l’ignora.
Évidemment, qu’est-ce que je croyais ? Qu’il allait se contenter de me remercier sans chercher à savoir ? songea-t-elle en poursuivant son chemin.
— Qu’est-ce que tu as fait, Cassie ?
— Je ne vois pas de quoi tu parles.
— Tu sais parfaitement de quoi je parle ! Que s’est-il passé avec Damian ?
Elle fit mine de ne pas l’avoir entendu, s’arrêta devant l’ascenseur et s’apprêta à appuyer sur le bouton d’appel quand il la saisit par le poignet. Elle le considéra d’un œil glacial, alors que Jess venait de les rejoindre, et lui assena un coup de pied dans le tibia.
— Va te faire voir.
Seven la lâcha et recula sous l’effet de la douleur. Cassie enfonça la commande d’appel et regarda les numéros des étages défiler au-dessus des portes de métal.
— On a le droit de savoir, non ? C’est notre frère ! s’exclama Seven en revenant à la charge.
— Je l’ai ramené, ça ne te suffit pas ?
— Non, ça ne me suffit pas. Je veux savoir !
Elle soupira, puis se massa la nuque d’un air exaspéré. Elle se sentait si fatiguée ; elle mourait d’envie de s’allonger par terre, là, tout de suite, et peu importait ce que l’on en penserait. Mais elle n’était pas vraiment motivée par l’idée d’attirer encore plus l’attention sur elle. C’était déjà bien assez humiliant de voir tous ces regards tournés dans leur direction à cause du ton impératif de Seven. Enfin, elle se décida à affronter le visage ulcéré du jeune homme.
— Tu veux savoir ? Très bien, tu vas savoir… J’ai partagé mon sang avec lui.
— Comment, partagé ?
— Tu veux une définition du mot partage ? Y’a pas de dico dans ton monde ?
— Réponds à ma question au lieu de faire ta maline.
— Je lui ai donné de mon sang, de ma force ; voilà, tu es content ?
Restée hors de la conversation jusque-là, Jess regarda alternativement Seven puis l’adolescente, un petit pincement au cœur. Silencieuse, elle s’efforça de comprendre la façon dont les choses s’étaient passées. Cassie avait utilisé, en quelque sorte, la méthode des vases communicants. En unissant sa paume à celle de Damian, elle avait laissé son sang se répandre dans le corps du jeune homme. Et ce sang possédait indéniablement des vertus capables de le faire revenir à la vie. Ce fut, du moins, ce que Jess supposa.
Elle porta tout à coup sa main sur sa bouche, faisant subitement le lien entre la lueur rouge dans les pupilles de Damian et ce que Cassie avait fait. En lui offrant une part d’elle-même, la jeune fille avait, par la même occasion, mélangé son patrimoine génétique qui n’avait rien d’humain, à celui de Damian. Mon Dieu, songea Jess en pensant aux éventuelles conséquences de ce partage.
— Cela implique-t-il un danger pour lui ? demanda-t-elle.
— Non.
— Et pour toi ?
— Non, répliqua Cassie d’un ton cassant.
La porte de l’ascenseur s’ouvrit brusquement, elle en profita pour s’y engouffrer puis se cala dans un coin, la mine renfrognée. Elle aurait voulu se fondre dans ces parois de métal, disparaître pour qu’on lui fiche la paix. Elle avait conscience d’avoir menti à Jess, mais qu’aurait-elle pu faire d’autre ? Son geste pour sauver Damian la contraignait à renoncer à une bonne part de sa puissance, mais aussi à partager toutes les souffrances de son amant, physiques comme morales. Il était elle et elle était lui. Toutes ces terribles images entrevues dans l’esprit de Damian faisaient maintenant partie de ses propres souvenirs. Elle avait éprouvé le même sentiment d’abandon que lui, elle avait senti la ceinture cingler son dos et les larmes couler sur ses joues. Tout. Absolument tout se trouvait dans son âme. Et si, en Damian, coulait à présent le liquide vital d’une personne étrangère à son monde, elle, en contrepartie, avait conscience de ce sang humain qui investissait ses veines, se distillait lentement dans ses artères et la fragilisait dangereusement. C’était un don de soi énorme, le plus important qu’elle avait pu faire dans sa jeune existence.
À vrai dire, c’était d’ailleurs le seul. Cassie avait toujours fait preuve d’égoïsme à l’encontre de ses pairs. Elle ne voulait rien accepter des autres pour ne rien avoir à offrir en échange. Pour Damian, elle avait modifié les règles qu’elle s’était juré de ne jamais transgresser. Elle savait que cela l’affaiblirait, mais elle aurait fait n’importe quoi pour sauver l’homme qu’elle aimait. L’ombre d’une inquiétude passa dans son regard. Et si, par le biais de ce don, Damian avait accès aux souvenirs de la jeune fille ? Elle secoua nerveusement la tête. Après tout, qu’est-ce qu’elle en savait ? Peut-être bien que ça n’arriverait jamais.
Les portes de l’ascenseur se refermèrent sur le trio et Cassie fit son possible pour faire abstraction du regard pesant de Seven et de Jess. Allaient-ils continuer à l’observer comme une bête curieuse jusqu’à la fin des temps ? Encore une fois, depuis qu’elle avait quitté la chambre de Damian, elle s’imagina dans ses bras, loin des jugements.
* * *
Dans sa chambre, Damian écouta un petit moment le va et vient des infirmières dans le couloir, puis il inspira lentement comme s’il voulait profiter au maximum de cet oxygène qui s’infiltrait en lui. Il se sentait enfin libre de ses mouvements. S’il ne l’avait pas montré jusque-là, la présence de Seven et de Jess lui pesait. Mais leur prévenance n’était rien en comparaison du malaise qui l’avait étreint alors que sa petite amie lui maintenait la main. Dans son esprit, de nouvelles images avaient émergé ; malgré son état encore un peu confus, il avait eu le sentiment qu’il s’agissait de réminiscences qui ne lui appartenaient pas. À plusieurs reprises, il avait croisé le regard attendri de Cassie et, à chaque fois, des paysages lointains s’étaient imposés à lui. Rien de commun avec ce qu’il avait pu voir dans toute sa vie, il en était certain. Des fragments de terre déchirés par la sécheresse cohabitaient avec une végétation abondante et artificielle tandis qu’une odeur soufrée flottait au-dessus de lui.
À présent que Cassie avait quitté la pièce, il allait enfin pouvoir faire le point sur toutes ces choses qui polluaient son esprit. Alors qu’il faisait passer sa main derrière son dos pour remonter son oreiller, il se figea. Ses yeux fixèrent le néant devant lui et il prêta une attention accrue aux cris enragés qui résonnaient contre les parois de son crâne. Il perçut des bruits de coups, le choc de corps s’écroulant sur le sol et l’odeur du sang, puis à nouveau cette odeur de soufre. Il secoua la tête, comme pour sortir de la transe dans laquelle il s’était plongé malgré lui.
Dans la pièce, tout était resté silencieux. Il posa un regard brillant sur la fenêtre avant de plaquer ses mains sur ses tempes et de fermer les yeux. Pourquoi avait-il le sentiment que ce qu’il voyait et entendait n’avait rien à voir avec sa propre vie ou son passé ? Pourquoi identifiait-il ce lieu comme celui d’où venait Cassie ? Une dimension parallèle stérile, noyée sous un soleil de plomb. Un ciel irisé de filaments multicolores au travers duquel dominait un jaune éclatant et où voguait l’odeur entêtante, presque enivrante, du soufre. Un monde paradoxal et violent.