Chapitre 5
Le potentiel est aussi dangereux qu’excitant, c’est un enfant très capricieux.
Septern, maître mage
Auum était installé à la vieille table crevassée de la cuisine de la demeure du capitaine du port. Ce dernier avait mis un chaudron d’infusion de guarana et de citronnelle sur les braises, puis posé devant chacun de ses trois invités une tasse fumante remplie de cette boisson revigorante. Après avoir dans un premier temps considéré son breuvage d’un air méfiant, Stein l’avait adopté aussitôt après l’avoir goûté.
Le capitaine du port s’étant ensuite retiré et Ulysan s’étant posté juste à l’extérieur, afin d’éventuellement repousser Takaar, qui avait déclaré vouloir prendre part à la réunion, Auum, Drech et Stein pouvaient s’exprimer sans retenue.
— S’il y a une chose que vous autres humains nous avez apprise, durant ces décennies d’esclavage, c’est que nous ne pouvons pas nous permettre de nous massacrer les uns les autres, dit Auum. Yniss sait que c’est pour nous un combat de chaque jour, mais tout semble enfin prendre corps, depuis que la noirceur de votre passé nous a quittés. Pendant toute la période durant laquelle votre peuple a occupé mon pays, seuls deux d’entre vous ont prouvé que les humains avaient une âme. Garan, dont je reconnais que l’on a mal compris ses relations avec Takaar, et le premier Stein. Vous pourriez bien être le troisième.
Stein hocha la tête mais fut incapable de masquer l’air blessé qui se dévoila sur son visage.
— Je comprends que le souvenir de nos atrocités passées soit encore frais dans votre esprit, mais vous devez comprendre que…
— Je n’ai rien à comprendre. J’éprouve un certain respect à votre égard, cependant je n’engagerai pas le moindre détachement pour vous aider, à moins d’être persuadé que les elfes sont directement menacés. Takaar le croit, et c’est ce qui me préoccupe. À présent, exposez-moi les faits et tâchez de me convaincre.
— Je ne demande pas mieux, dit Stein, les mains levées.
— Parfait. Votre guerre aurait dû se terminer avec les combats datant de l’époque de la Fragmentation, il y a de ça des centaines d’années. Peut-être auriez-vous dû tirer un enseignement de notre cas, non ?
— Certains d’entre nous l’ont fait, croyez-moi. Nous sommes aujourd’hui forcés de conclure des alliances, comme vous l’avez été. (Stein marqua une pause pour avaler une longue gorgée de son infusion, puis il se tourna vers Drech.) Avant que je ne commence, dites-moi ce que vous avez révélé à Auum à propos de nos collèges de magie.
— Je n’ai jamais parlé de magie humaine avec Drech ou Takaar, lâcha sèchement Auum. Cela n’a aucun intérêt.
Stein ouvrit la bouche puis la referma, quelque peu à cran. Bien que conscient de se montrer légèrement agressif, Auum estimait que cela ne faisait pas de mal que l’humain, si bienvenu soit-il, comprenne où et en présence de qui il se trouvait.
— Entendu, dit Stein, qui masqua son angoisse d’un bref sourire. Avec tout le respect qui vous est dû, Auum, il me semble qu’il vaudrait mieux que je vous résume la situation avant de vous décrire précisément l’intensité de la menace que nous – et vous, en conséquence directe – allons devoir affronter.
— Si vous l’estimez nécessaire, dit Auum, haussant les épaules.
— Je ne m’étendrai pas. La Fragmentation fut l’inévitable conséquence de nos approches différentes de la magie, ainsi que de son apprentissage et de la façon de la manier. Quatre collèges de pensée, d’éthique et de morale émergèrent avec le temps, auxquels il faut ajouter vos vieux amis Ystormun et les seigneurs Wytch.
» Je doute qu’il y aurait eu un affrontement, sans parler d’une guerre de magie totale, si les seigneurs Wytch n’avaient pas décidé de s’accrocher à Triverne, ce qui était de toute évidence inacceptable.
— De toute évidence, concéda Auum.
— C’est là que se trouvait la fameuse pierre, l’artefact qui concentrait tous les pouvoirs magiques humains, gloussa Drech.
— « Se trouvait » ? s’étonna Auum, réjoui par l’emploi du passé dans cette phrase.
— Au cours de ce conflit, Triverne et la pierre furent détruites. Cela a fait reculer les recherches et la pratique magiques de… je ne sais pas, peut-être trois cents ans.
Auum réprima un commentaire enfantin, ainsi qu’un sourire.
— Venez-en au fait, sinon, le temps que vous abordiez nos problèmes, vos ennemis débarqueront déjà sur le quai numéro un, dit-il, les mains écartées.
— Comme nous en étions convenus, chaque faction mit sur pied son propre collège, seulement il n’y avait plus de pierre à se partager, si bien que nous avons dû nous en fabriquer chacun une. Ce fut le travail de plusieurs générations. Mais au moins, les seigneurs Wytch avaient été vaincus, diminués et bannis loin à l’ouest, pour creuser dans la terre avec les Ouestiens.
Auum ne releva pas la référence aux Ouestiens.
— Que s’est-il passé, alors ? demanda-t-il. J’ignorais totalement que Takaar avait envoyé des elfes à Julatsa – c’est votre collège, j’imagine ? – mais même lui ne les aurait pas poussés en pleine guerre.
Stein souffla avant de répondre.
— Les premiers acolytes sont arrivés il y a cent ans, bien avant que les premières traces d’un conflit ne se dessinent. Mais les derniers ont débarqué il y a moins de cent jours. À vous de vous faire votre opinion.
— J’aimerais croire qu’il aurait tenu compte des avertissements. Mais l’avez-vous seulement prévenu ?
Le regard froid d’Auum fit tressaillir Stein.
— Bien sûr, mais tout est allé si vite. Les seigneurs Wytch ont renouvelé leur arsenal de magie et d’armes de l’autre côté des monts Noirépine. Nous aurions dû prévoir le moment qu’ils choisiraient pour passer à l’attaque.
— Il nous arrive à tous d’être coupables de ne pas voir l’évidence, dit Auum, ce à quoi Stein inclina la tête. Qu’est-ce qui a tout déclenché ?
— Septern, notre plus grand mage, a créé un sort en vue de prouver une théorie. Quand il a annoncé son succès lors d’une réunion des quatre collèges, il est très vite devenu clair que chacun d’entre eux ferait tout pour s’en emparer.
— Ce doit être un sacré sort.
— En effet. C’est AubeMort.
— C’est censé vouloir dire quelque chose, j’imagine ?
— AubeMort, répéta Stein. C’est une création extraordinaire. Septern a rendu possible l’impossible. Il a démontré qu’en théorie la magie peut absolument tout faire.
— C’est un peu exagéré, intervint Drech, à peine moins enthousiaste que Stein. En théorie, AubeMort peut totalement supprimer la lumière et l’air de toute une dimension. Cela ne prouve pas pour autant que cette magie puisse, mettons, faire instantanément pousser du blé.
— Comment ça ? dit Auum.
— C’est une question de perspective, dit Stein, en formant à l’intention de Drech un globe avec les doigts. Si vous considérez notre dimension comme une entité unique, alors un sort capable d’en supprimer la lumière, l’air et la vie doit pleinement maîtriser cette vie. Par conséquent, il doit potentiellement pouvoir donner naissance à n’importe quel sort qui vous viendrait à l’esprit.
— Quoi ?! s’écria Auum, espérant qu’il avait mal entendu mais sachant que tel n’était pas le cas.
— L’un n’implique pas l’autre, dit Drech. Si ma compréhension d’AubeMort est correcte, ce sort se contente, si j’ose dire, de supprimer l’air et donc la vie. Il n’est pas nécessaire de maîtriser sur le bout des doigts la genèse de la vie pour savoir comment l’ôter à un être vivant.
Auum abattit les mains sur la table avec une violence qui renversa les trois tasses et tira Drech et Stein de leur débat ridicule. Tous deux le considérèrent comme des écoliers pris en faute, l’humain prenant instantanément un air angoissé. Un silence de plomb s’imposa, si l’on excepte le bruit que faisait l’infusion en coulant de la table sur le sol.
— Et vous restez tous les deux tranquillement assis ! dit enfin Auum, le visage bouillant de rage. Vous énumérez des exemples illustrant combien la magie est dangereuse et pourquoi ceux qui la pratiquent doivent être considérés avec un maximum de méfiance. L’un des vôtres a développé un sort qui, sauf si je vous ai mal compris, est capable de tout détruire en un clin d’œil, et vous restez plantés là à débattre des détails de la théorie ?
» Comment avez-vous pu vous comporter de façon si… inconsidérée ? Qu’Yniss nous préserve, je croyais avoir tout entendu. Au cours de ces milliers d’années durant lesquelles j’ai eu le bonheur de jouir de la vie, jamais je n’ai été si stupéfait, si furieux qu’aujourd’hui, en prenant conscience qu’un autre être doué de raison a été capable de commettre quelque chose de si… de si stupide !
Incapable de rester assis plus longtemps, Auum se leva et fit quelques pas dans la cuisine, tâchant de mettre de l’ordre dans ses pensées, ce en quoi il échoua totalement.
— Pour être exact, ce n’est pas nous qui avons agi de façon inconsidérée, fit remarquer Drech.
— Vous êtes tous responsables, bande de malheureux ! cria Auum. Vous ne comprenez pas ? C’est cela, la malédiction de la magie. Elle met en danger des innocents sur Balaia et sur Calaius. Peu m’importe que vous vous considériez comme un mage ou comme un Il-Aryn, vous êtes tous complices, dans cette affaire. Ystormun et les seigneurs Wytch veulent s’emparer d’AubeMort, évidemment. Pourquoi, par tous les dieux des elfes et des humains ! avez-vous laissé ce Septern créer cette chose et, pis encore, pourquoi lui avez-vous permis de l’annoncer à toute la dimension ?
Auum se frotta le visage, comme si cela pouvait effacer cette réalité, mais, quand il reposa les yeux sur Drech et Stein, sa colère monta encore d’un cran.
— N’avez-vous vraiment rien à dire ?
Stein, dont le front luisait de sueur, se frotta nerveusement les mains.
— Le sort est caché. Les seigneurs Wytch ne mettront jamais la main dessus.
— C’est précisément dans ce dessein qu’ils ont déclenché une guerre, rappela Auum. Ils ne sont clairement pas de votre avis.
— Ils n’ont pas le choix, dit Drech. Ils doivent à tout prix s’emparer du sort avant n’importe lequel des collèges.
— Et vous autres ? Allez-vous vous battre pour le récupérer, vous aussi ? Y a-t-il parmi vous seulement une personne capable de résister à l’attrait d’un tel pouvoir ?
Stein ne répondit pas immédiatement et prit le temps de réfléchir à ses mots.
— Il est bien naturel que les collèges cherchent à se procurer ce sort. Non pas pour détruire mais à des fins d’analyse et de recherche, ainsi que pour le garder hors de portée de ceux qui voudraient s’en servir.
Stein n’avait manifestement pas assez réfléchi.
— Le mot « IDIOT » est-il tatoué sur mon front ?! cria Auum, se frappant l’endroit en question. Il faut que je répare cette erreur, si vous vous attendez à me voir avaler cette énormité. « Non pas pour détruire » ? Qu’Yniss me bénisse, mais Takaar envoie ses acolytes à Julatsa pour y apprendre la magie de combat. Car c’est bien celle-ci que vous pratiquez. Et vous espérez que je vais vous croire quand vous me dites que vous ne vous servirez pas de la puissance de ce sort capable d’anéantir vos ennemis, si vous le récupérez ?
— La question ne se pose pas, dit Stein, s’agitant nerveusement. Personne, parmi nous, ne sait où est caché AubeMort.
Auum ne put s’empêcher de lâcher un rire moqueur.
— Dans ce cas, gloire à tout ce qui nous est cher, nous sommes tous sauvés. Rappelez les armées, rentrez tous chez vous et dites à vos enfants qu’ils sont en sécurité jusqu’à la fin des temps ! (Auum se pencha par-dessus la table et se mit à crier droit sur le visage de Stein.) Comment pouvez-vous être certain que les seigneurs Wytch ne trouveront pas le sort si vous ne savez pas où il est caché ?! Au cas où vous ne l’auriez pas appris dans vos leçons d’histoire, nous avons eu cent soixante-dix ans pour nous rendre compte de la ténacité de ce foutu salopard d’Ystormun. Et aujourd’hui, ils sont six à la recherche de cette saleté ! Qu’importe si vos chers collèges ne trouvent pas le sort, eux le dénicheront ! Ils ne renonceront jamais, jamais ! À moins que vous ne les arrêtiez.
Auum se laissa tomber sur sa chaise, plus ou moins affalé, vidé de son énergie et de sa fureur.
— À moins que nous ne les arrêtions…, marmonna-t-il. Qu’Yniss nous sauve tous, car c’est un véritable cauchemar.
— Je suis navré, dit Stein. J’aurais aimé vous porter un autre message.
— Si Auum a raison (Auum laissa échapper un grognement et Drech afficha un vague sourire), et nous devons supposer que c’est le cas, pourquoi les seigneurs Wytch sont-ils si enthousiastes à l’idée d’envahir Calaius ? s’étonna Drech. Ils devraient plutôt se concentrer sur leurs recherches d’AubeMort, non ?
— Les choses ne sont pas si simples, expliqua Stein. Bien que forts de leurs effectifs ouestiens, les seigneurs Wytch ne sont en aucun cas certains de remporter les victoires qui leur permettraient de se lancer à la recherche du sort. Or voici qu’ils constatent que se noue une alliance entre Julatsa et Calaius. Ils vous considèrent comme une menace, qu’ils veulent donc écraser.
— Êtes-vous en train de nous dire que le fait d’envoyer des Il-Aryns à Julatsa a directement incité les seigneurs Wytch à projeter une nouvelle invasion ? demanda Drech.
Auum secoua la tête.
— En réalité, je crois que c’est beaucoup plus simple que ça, dit-il. Nous restons une terre riche en ressources, or les seigneurs Wytch ont besoin de financer leur effort de guerre. En outre, Ystormun éprouve à notre encontre une haine dont je suis certain qu’elle ne s’est pas atténuée avec les siècles. C’est une équation d’une simplicité absolue : vous autres, pauvres idiots, avec votre précieux AubeMort, lui avez fourni l’occasion qu’il guette depuis si longtemps.
Auum se saisit de sa tasse, qu’il vida du peu qu’elle contenait encore après avoir été renversée, puis il alla la remplir au chaudron.
— Merci à vous de faire courir un risque mortel à tout ce que j’ai accompli au prix d’un effort harassant au cours des sept cents dernières années, reprit-il. Et, au nom de tous les elfes et humains innocents, merci d’avoir créé un moyen de tous nous exterminer sur un coup de tête. À présent, j’ai besoin de réfléchir. Seul. Une dernière chose : de combien de temps disposons-nous ?
— Avant quoi ? demanda Stein.
Auum cligna des yeux.
— Est-il vraiment nécessaire que je précise ma pensée ?
— Non, pardon, dit Stein, le visage écarlate. Ils ont peut-être déjà pris la mer. Nous avons été attaqués alors que nous étions en route pour vous avertir qu’ils préparaient leurs navires et étaient déjà prêts à frapper. Cela fait trois jours que je suis ici, et j’en ai passé quatre en vol. Je pense qu’il y a tout lieu de penser qu’ils sont soit déjà partis soit sur le point de le faire.
Auum hocha la tête.
— Laissez-moi, dit-il.
Stein bondit de sa chaise avec la vivacité d’une panthère. Drech se leva à son tour, un peu moins rapidement.
— Tant qu’à réfléchir, il y a autre chose que vous devriez intégrer à votre programme, dit ce dernier.
— Ah oui ? Je t’en prie, donne-moi une raison de plus de vous honnir.
— Il est évident que nous allons devoir nous rendre à Balaia avec les Il-Aryns et les TaiGethen.
— En effet.
— Il faut prendre Takaar avec nous.
— C’est hors de question, assena Auum, de marbre. S’il le faut, je le tuerai moi-même avant qu’il n’embarque.
— Je sais ce que vous éprouvez à son égard, Auum, mais sans lui, vous ne parviendrez pas à convaincre la moitié des acolytes de vous suivre, sans compter que vous vous priverez de ses extraordinaires talents.
— Il sapera tout ce que nous tenterons d’accomplir. Il te sapera toi aussi, Drech, et tu le sais. Et parfois sans même le vouloir. Il n’est pas assez fort pour se battre sur Balaia, même si Yniss sait que je ne suis moi-même pas certain de l’être. Peu m’importe qu’il soit le plus doué d’entre nous ou votre chef spirituel. Nous allons nous jeter en plein dans un affrontement massif. Les conséquences pourraient être catastrophiques s’il se fige ou disparaît dans ses pensées au mauvais moment.
— Mais s’il ne nous accompagne pas, les rares acolytes qui accepteront d’embarquer avec nous le feront avec peu de confiance, voire aucune.
Auum se mordilla la lèvre supérieure. Malgré tous ces siècles de comportement étrange, et les épisodes étaient certainement plus nombreux que ceux dont il avait connaissance, ils lui vouaient encore une admiration mythique, presque digne d’une divinité. Drech était le seul d’entre eux à avoir vraiment discerné la vérité. La voie qu’il avait suivie n’inspirait que de la pitié à Auum : en théorie meneur des Il-Aryns, il n’était dans les faits que le misérable second de Takaar, qui faisait de lui ce qu’il voulait.
— Que sait-il à propos d’AubeMort ? s’enquit Auum.
— Autant que n’importe lequel d’entre nous, répondit Drech, qui tourna la tête vers Stein. Julatsa nous a permis de consulter le texte de la théorie, il l’a certainement lu.
— Et cela ne vous préoccupe pas ? Ne vous demandez-vous pas pourquoi il désire tant se rendre sur Balaia ?
— Il veut secourir les acolytes coincés à Julatsa, dit Drech.
— Il ne va pas se lancer à la recherche du sort, d’après vous ? dit Auum, cherchant un soutien du côté de Drech, qui malheureusement ne semblait pas voir l’évidence. Quelle occasion pour lui ! Balaia est sans doute en plein chaos, tous les yeux sont rivés sur les seigneurs Wytch et personne ne s’occupe de rechercher le sort. Pour quiconque doté des pouvoirs qui sont les siens, c’est le moment idéal pour discrètement progresser de ce côté-là. (Il laissa échapper un soupir.) Bon, écoute, Drech, je ne pense pas une seule seconde que Takaar voudrait lancer ce sort, même s’il en était capable, mais à mon avis, il tenterait de le bricoler, de le comprendre, or il n’a pas toute sa tête. Pis encore, il est suffisamment intelligent pour le dénicher et assez déséquilibré pour l’abandonner n’importe où, où n’importe qui pourra s’en emparer. J’ai beau retourner la situation dans tous les sens, c’est un risque que nous ne pouvons pas nous permettre de prendre.
Drech haussa les épaules.
— Désolé, Auum, mais il faut qu’il soit des nôtres.
— Dans ce cas, à toi de t’en charger, lança Auum, pointant Drech du doigt. Débrouille-toi pour qu’il reste loin de moi et qu’il ne pose pas les pieds sur le vaisseau sur lequel j’embarquerai. Et quand il sera pris d’un accès de folie, ce qui se produira, c’est une certitude, prie pour être capable de limiter les dégâts.