12 mars 1939
Max chéri,
Je t’écris de Paris. Anneliese et Pavel devaient me rejoindre hier. Ils ne sont pas venus. Pas de télégramme, rien. Je ne sais pas quoi faire.
Si seulement tu étais là pour me porter conseil.
Où es-tu, mon amour ? Plus de deux mois se sont écoulés depuis ton dernier courrier. Je suis malade d’inquiétude, je n’arrive ni à manger ni à dormir.
Est-ce que je dois mettre l’enveloppe à la poste maintenant ? J’ai peur que le temps vienne à manquer, que la porte se referme tout à fait si nous ne profitons pas de cette occasion. Mon instinct me dit d’agir.
Mais je vais tout de même attendre tes instructions.
La journée tire à sa fin ; tu es là, près de moi, dans ton cadre en argent, et ton sourire m’illumine. Comme j’ai envie de t’embrasser ! Quand je pense à toi, ça me donne du courage. Je te l’ai déjà dit et je ne veux pas que tu me trouves trop sentimentale, mais c’est la pure vérité. Je ne pourrais pas vivre sans toi.
Ta Bě
tka
(CLASSER SOUS : Stein, Alžběta. Morte à Auschwitz, 1943.)