Juin 1939
Pepík chéri,
Ta Maminka et moi t’envoyons des câlins et des bisous. Nous regardons ta photo tous les jours et prions Dieu pour que tu sois en sécurité. Mais pourquoi ne nous as-tu pas écrit, miláč
ku ? Nous attendons ardemment des nouvelles de toi. N’importe quoi.
Ta nounou Marta t’embrasse aussi bien fort.
J’espère que tu as bien reçu nos lettres et que Mme Milling a pu trouver quelqu’un pour te les traduire en tchèque. Désolé de ne pas avoir eu le temps de t’apprendre plus d’anglais avant ton départ. Je sais que les Milling vont te l’enseigner et t’aider à répondre à nos questions.
Dis-nous, s’il te plaît, quelle est ta vie de tous les jours et ce que tu manges. Parle-nous aussi de ton nouvel ami, Arthur. Nous sommes sûrs que tu es très gentil avec lui et que tu l’aides à se rétablir.
La maison est trop calme sans toi. Le bruit de ton train tournant sur ses rails nous manque beaucoup. J’ai presque envie de le faire rouler de nouveau.
Les trains me feront toujours penser à toi.
Je m’arrête ici pour l’instant, mais je te promets de t’écrire de nouveau sous peu. Toi aussi, j’espère. Ça nous ferait tellement plaisir à tous de recevoir des nouvelles de notre grand garçon chéri.
Je t’embrasse affectueusement,
Tatinek
(CLASSER SOUS : Bauer, Pavel. Mort à Auschwitz, 1944.)