Chapitre 14

– Oh mon Dieu, ce soufflé est incroyable. C’est comme goûter au paradis. Jimmy, tu m’écoutes ?

Je léchai ma cuillère pour en retirer le chocolat puis l’étudiai dans l’espoir d’en trouver encore. Fichue cuillère vide. Mieux valait vérifier de nouveau, histoire d’être sûre.

– Oui, je t’écoute.

Son regard suivit le mouvement de ma langue et il déglutit avec difficulté.

Étrange…

La rock star en question était assise en face de moi, son petit déjeuner depuis longtemps englouti. Il s’était probablement levé aux aurores pour s’entraîner dans la salle de muscu du sous-sol, étant donné que les paparazzis rôdaient dans les parages suite à la diffusion de l’interview que sa mère avait donnée hier soir. Quelques types de la sécurité montaient la garde. Interdiction de faire un jogging pour diverses raisons, mais je devais de toute façon rester au lit à cause de ma cheville.

Mon propre lit, malheureusement.

La veille, lorsque l’attelle avait été livrée, il m’avait chassée de sa chambre. Enfin, il m’avait aidée à clopiner jusqu’à la mienne. Quoi qu’il en soit, le résultat était le même : j’avais dormi seule.

Quand je lui avais envoyé un texto pour lui demander de m’aider à descendre l’escalier, il était déjà douché et habillé – jean et tee-shirt uni noir. À présent, je goûtais les restes abondants du dîner de la veille. Au diable les céréales au petit déj, les desserts étaient le nec plus ultra. Nous avions de quoi manger pendant des jours : pâtes faites maison aux champignons des bois et pancetta, poissons exotiques et le meilleur soufflé au chocolat et coulis de fruits rouges qu’il m’ait jamais été donné de goûter.

Le meilleur petit déjeuner de ma vie.

– Je veux porter les enfants de ce soufflé.

– Super, répondit-il en me regardant avaler l’innocent dessert avec beaucoup de zèle.

L’expression de son visage m’inquiétait car j’étais incapable de la déchiffrer. Son regard était comme d’habitude circonspect mais il y avait autre chose, quelque chose de plus. Une intensité avec laquelle je doutais pouvoir rivaliser si tôt le matin.

– Il faut qu’on parle, déclara-t-il.

Existait-il mots plus redoutés dans le langage humain ? Je ne pensais pas avoir fait quoi que ce soit mais quand même…

– De ta mère ? demandai-je avec espoir.

– Non. (Ses yeux s’assombrirent.) On ne peut rien faire pour ça. Elle a joué sa carte et je veux simplement l’oublier.

Ce qui semblait totalement justifié.

– O.K. De quoi veux-tu discuter ?

– Tu as décidé si tu allais continuer à sortir avec Dean ou non ?

Je m’attendais à pire. Je tapotai la cuillère contre mes lèvres en réfléchissant. Certes, notre premier rendez-vous avait été une réussite mais je l’avais laissé en plan la veille. Puis il y avait eu celui que j’avais oublié pendant que je mangeais une glace avec Jimmy. Il y avait donc de grandes chances qu’il n’ait plus jamais envie de me revoir.

– Je ne pense pas, répondis-je. C’est un mec super mais… peut-être dans d’autres circonstances, tu vois ? Dans une autre vie.

– Bref. On doit parler du point cinq sur ta liste. Vu que le numéro quatre ne fonctionne pas, laissons tomber tes rencards.

– Hmm. (Je reposai la cuillère dans mon assiette malheureusement toujours vide.) Il n’y a pas de point cinq sur ma liste. Il n’y en a que quatre : sortir avec d’autres gens, me concentrer sur tes défauts, arrêter d’être pathétique et avoir une vie, etc.

– Ouais, j’ai inventé le numéro cinq. Cette liste était vraiment merdique.

– Je commence à en arriver à la même conclusion.

Il y avait quelque chose de changé chez lui. Une étrange tension. Il se redressa, les coudes sur la table, le pied tapotant en rythme. Je l’entendais, ce bruit sourd à l’unisson des battements effrénés de mon cœur. Faisons comme si ça provenait du trop-plein de sucre du soufflé et non de la personne en face de moi.

– Et donc ? Vas-tu me dire en quoi consiste ce mystérieux point cinq ?

– On baise.

Le monde s’arrêta.

Jimmy me regardait, parfaitement calme.

Je devais certainement rêver. Quelque chose clochait.

– T’es bête ! m’exclamai-je en riant et en me renfonçant dans ma chaise. T’as bien failli m’avoir.

– Je suis sérieux.

– Ouais c’est ça, rétorquai-je en levant les yeux au ciel et en secouant la tête, sans m’arrêter de rire.

– Réfléchis deux secondes. Aller à des rendez-vous nous a déprimés tous les deux. Et pour être tout à fait honnête, je me sens un peu frustré sexuellement ces derniers temps. Sans vouloir entrer dans les détails, je ne me suis jamais autant branlé.

J’éclatai de rire.

Avant de m’arrêter car l’expression de Jimmy n’avait pas changé. Pas d’un iota. Il était simplement assis là, à me dévisager de ses yeux bleus, sa bouche une ligne dure et apparemment sincère.

– C’est une blague, dis-je d’une voix rauque.

– Non, c’est pas une blague. Baisons histoire de nous sortir ça de la tête une bonne fois pour tout.

– Pas une blague ? Mais c’est obligé. Merde, je ne peux plus respirer. J’ai besoin d’air. Maintenant.

Jimmy repoussa sa chaise dont les pieds raclèrent sur le marbre. Il fit le tour de la table et m’aida à me relever, ses mains sous mes bras.

– Respire, Lena. Tu es en train de devenir bleue.

À cet ordre, mes poumons se remplir d’oxygène. Remplissant leur rôle. Une main puissante me caressa la colonne vertébrale pour m’encourager. Il poussa ma chaise et se colla derrière moi, me réchauffant.

– Ça va ? demanda-t-il en se penchant par-dessus mon épaule.

Je hochai la tête.

Il ne bougea pas. Il n’arrêta pas de me caresser le dos. Comme c’était agréable.

– Tu, euh… Je ne m’attendais pas du tout à ça, déclarai-je.

– Hmm.

– Tu… tu veux vraiment…

Je n’y arrivais pas. Les mots s’emmêlaient, impossible de les sortir.

– Pourquoi pas ? On n’a rien à perdre. Ça me permettra de lâcher la vapeur et toi les sentiments qui t’embrouillent le cerveau. On baise, on se rend compte qu’il n’y a aucune alchimie entre nous, on passe à autre chose. Ou encore mieux : tout part en vrille comme d’habitude et tu seras soulagée de n’être que mon amie. Qu’est-ce que tu en dis ?

Coucher ou ne pas coucher avec Jimmy ? La question ne se posait même pas.

– Ouais, pourquoi pas.

Il se redressa et disparut de mon champ de vision. Sa présence restait néanmoins indéniable. Cet homme était magnétique : sa chaleur et sa peau musclée m’attiraient. La façon dont il s’était ouvert à moi, dont il m’avait offert sa confiance, tout ça me rapprochait encore un peu plus de lui. La tentation de me laisser aller contre lui était presque irrésistible. Délicatement, il défit ma queue-de-cheval et mes cheveux tombèrent en cascade sur mes épaules.

Il enroula une mèche autour de son doigt et la caressa de son pouce d’avant en arrière.

– J’adore tes cheveux.

– Merci.

Lentement, il déroula la mèche de son doigt. Sa main glissa vers la base de ma colonne vertébrale puis descendit, vers mes fesses, vers le bas de ma robe rouge en coton. La chair de poule envahit mon dos et ce n’était pas à cause du froid.

– Et j’aime quand tu portes du rouge, ajouta-t-il en effleurant le lobe de mon oreille de ses lèvres.

– Vraiment ?

Heureusement que je ne portais pas mon survêtement. L’attelle hyper-sexy – bleu électrique avec des bandes blanches sur le devant – était déjà assez horrible comme ça.

– Oh oui. (Ses doigts se dirigèrent vers l’arrière de ma jambe nue, me faisant frissonner.) Beaucoup.

Jimmy Ferris ne plaisantait pas.

– Tu veux faire ça m-maintenant ? bégayai-je.

– Pourquoi attendre ?

Son autre main s’enroula autour de ma poitrine, caressant le renflement de mes seins. Il pressa son corps musclé contre moi, écrasant son érection contre mes fesses, m’excitant.

– Ça ne te dérange pas, j’espère ?

– Non. Ce n’est pas comme si j’avais autre chose de prévu.

– Bien.

Son doigt traça le contour de ma petite culotte et se glissa dessous pour caresser ma hanche. C’était tellement agréable que mon estomac se crispa d’exaltation.

Sa proximité, sa chaleur contre mon dos et l’odeur subtile de savon et d’après-rasage étaient un délice. Jamais, même dans mes rêves les plus fous, je n’aurais pu imaginer ça, la chance d’être vraiment avec lui. Ma peau semblait brûlante, fiévreuse. Et mon cœur s’était mis à battre quelque part entre mes jambes. Mon Dieu, j’avais besoin qu’il me touche là.

– Il vaut mieux que tu te mettes sur le dos, déclara-t-il.

Ses paroles me parvinrent à peine, un vague bruit dénué de sens. Jusqu’à ce qu’il repousse l’assiette et la cuillère. Il me retourna, me souleva et me déposa sur la table.

– Allonge-toi.

Son regard, cette tension… il avait envie de moi. Incroyable. Un désir étroitement tenu en laisse, certes, mais quand même. Je n’avais jamais vu quelque chose d’aussi beau de toute ma vie.

– Allonge-toi, Lena.

Il posa la main sur mon épaule et me guida jusqu’à ce que je sois bien à plat sur le bois dur.

– On va vraiment faire ça ?

Je n’entendais rien que mon souffle lourd. Si lourd. Je n’aurais pas été étonnée que les voisins se plaignent du bruit.

– Jimmy ?

En guise de réponse, il glissa les mains sous ma robe et retira ma petite culotte noire en coton si confortable. L’éventualité de coucher avec mon patron sur la table de la cuisine ne m’avait pas vraiment traversé l’esprit lorsque je l’avais enfilée le matin. Et la voilà qui passait par-dessus l’épaule de ce dernier.

– Apparemment oui.

Il tira une chaise et s’assit, sans jamais me quitter des yeux. Un muscle tressaillit dans sa mâchoire. Dieu merci, je n’étais pas la seule à me sentir nerveuse.

Je me redressai sur un coude, la tête bourdonnant.

– Qu’est-ce que tu fais ?

– Ce que les gens font à table, répondit-il en écartant mes jambes de ses mains robustes. Je mange.

Mon estomac fit un vol plané.

– Oh mon Dieu.

Sa tête disparut sous ma robe.

Jimmy Ferris ne plaisantait vraiment pas.

Un souffle chaud effleura ma partie la plus intime. O.K., arrêtons la poésie, il s’agissait de mon vagin. Puis il promena sa langue le long de mon sexe, provoquant des éclairs dans ma colonne vertébrale.

– Oh merde.

Il fredonna. Le son le plus doux de la Création.

Je me tortillai pour essayer de me rapprocher.

– Jimmy…

Il suçota les lèvres de mon sexe, l’une après l’autre. Le sang se rua dans mes veines à la vitesse de la lumière et se dirigea droit vers mon vagin. Ça faisait tellement longtemps… Surtout avec quelqu’un de si motivé. Sa bouche me recouvrait, chaude et avide. Ses doigts s’enfoncèrent dans mes cuisses et sa langue donnait des petits coups, m’arrachant des gémissements. Impossible de dire quand mon dos heurta la table de nouveau ou quand mes paupières se fermèrent sur le plafond blanc et froid au-dessus de ma tête. Jimmy avait mon attention la plus totale ; chaque bruit humide, chaque sensation me faisait perdre la tête. Mes hanches tressautaient, ma tête se tournait de tous les côtés. C’était à la fois trop et pas assez. J’aurais voulu que ça ne s’arrête jamais.

Savoir qu’il s’agissait de Jimmy faisait remonter à la surface mon amour et mon désir. Tellement d’émotions… Je me sentais prête à m’embraser. J’étais à deux doigts de tout lui avouer, de tout lui offrir. Mais ça aurait été incroyablement stupide, n’est-ce pas ? Je me mordis les lèvres jusqu’au sang.

Il me dévorait comme un homme vorace, affamé.

Comme si j’étais son plat préféré.

Les chanteurs avaient apparemment une excellente maîtrise de leur langue. Bénis soient-ils. En réalité, cet homme excellait à l’oral au-delà de mes rêves les plus fous. Il faisait bouger sa bouche entre les lèvres de mon sexe, sa langue plongeait en moi, me goûtait. Puis il passa le bout de sa langue sur mon clitoris et me taquina jusqu’à ce que je pousse un cri. C’était divin. Les muscles de mes cuisses se resserrèrent. Il donnait de longs et puissants coups de langue de mes fesses à mon clitoris, suivis de doux baisers humides. Ma tête me tournait, tous mes sens en ébullition. Jamais mon sexe n’avait été aussi gâté.

Ce fut le moment que choisit cette foutue attelle pour le frapper sur le coin de la tête. Nous criâmes en chœur. De douleur.

– Merde. (Il se dégagea de sous mes vêtements en se frottant le crâne.) Ça va ?

– Oui. C’est juste que ta tête est vraiment très dure. (Il hocha ladite tête.) N’arrête pas, je t’en supplie.

Je me fichais de la douleur, seul jouir importait.

– Juste une seconde. (Délicatement, il étendit ma jambe blessée sur son épaule.) Voilà. Tu es sûre que ça va ?

– Très bien, répondis-je, pantelante.

– Tu es sûre ?

– Jimmy !

Oh, ce petit sourire narquois…

– O.K. Lena. Ne t’excite pas comme ça. Bon, où en étais-je ?

– Tu veux que je te redonne un coup sur la tête ? demandai-je d’une voix rageuse, l’esprit en proie à des pulsions meurtrières.

Je n’étais plus qu’une petite boule de nerfs en sueur et en chaleur, et il fallait qu’il commence à me prendre au sérieux, ainsi que mon orgasme. Et tout de suite.

– C’est ça que tu veux, Jimmy ? C’est bien ce que tu es en train de me dire ?

Il gloussa. Avant de retrousser de nouveau ma robe et de se remettre au travail, heureusement pour lui. Ses lèvres si talentueuses m’emmenèrent au septième ciel, jusqu’à des hauteurs encore jamais atteintes. Là où l’air est rare et les étoiles hors de portée. C’était tout simplement extraordinaire. La façon dont il m’excitait jusqu’à me rendre folle était tellement intense…

Il le ressentait forcément lui aussi.

Le bout de sa langue traça le contour de l’entrée de mon sexe, faisant se tendre chacun de mes muscles. J’étais si vide. Mes jambes tremblaient, mes fesses frottaient contre la surface lisse de la table. J’étais tellement humide, mon sexe enflé et douloureux. J’avais plus besoin de jouir que de continuer à respirer. Lorsque sa langue habile se concentra sur mon clitoris, je fus près de jouir. Il m’acheva d’un long dernier coup de langue qui me fit basculer. La chute fut magnifique. Le monde devint flou et le sang rugit dans mes oreilles. Une expérience quasi extrasensorielle. Ma bouche s’ouvrit en un cri silencieux. Quel plaisir, quel bonheur.

Il me fallut un bon moment pour redescendre sur terre. Lorsque je rouvris les yeux, Jimmy se tenait debout et déchirait un emballage de préservatif avec les dents.

Il n’était pas venu les mains vides.

– Ça va ? me demanda-t-il.

Mon souffle… je l’avais perdu dans la bataille. Aucune importance. J’allais simplement rester là, rayonnante, le sexe palpitant. Parfait.

– Lena ?

Son petit sourire était si satisfait… Fossettes et tout le tintouin. Mais bon, il avait fait de l’excellent travail. C’était amplement mérité.

Je hochai la tête pour lui donner une preuve de vie. Mon esprit redescendait péniblement du paradis. Mon Dieu. Jamais le sexe n’avait été aussi céleste. Et il n’avait fait que poser sa bouche sur moi. Je ne survivrais peut-être pas à plus.

Quoi qu’il en soit, je mourrais heureuse.

Il me regardait tout en déroulant le préservatif sur sa bite. Avant que je n’aie le temps de me redresser sur un coude pour l’observer, il se positionna devant moi. La légère pression de son gland me fit voir de nouveau des étoiles. De mini-feux d’artifice. Des frissons me parcoururent le corps. Il me caressa le ventre, posa sa paume contre ma peau moite, sur les courbes de mes cuisses potelées, si blanches et si grosses. Tous mes complexes remontèrent soudain à la surface malgré le désir manifeste dans ses yeux. Il était si grand et si beau, debout comme ça devant moi.

– Tu es magnifique, murmura-t-il d’une voix hachée.

Impossible de parler, ma gorge était sèche comme du papier de verre. Je hochai la tête. Il pouvait faire de moi ce qu’il voulait. Je restai là, décimée, humide et ouverte.

– Ça fait longtemps. (Une goutte de sueur perla sur ses tempes. Ses épaules se soulevaient violemment, il luttait pour se contrôler.) Je veux que tu prennes du plaisir.

Mon cœur se serra en entendant l’incertitude dans sa voix. Parfois, nous nous ressemblions plus qu’il ne le pensait.

– Jimmy. Je te veux en moi.

Ses yeux semblèrent s’apaiser et il hocha la tête.

– Je sais bien.

Surprise, j’éclatai de rire.

Avant de me taire. Des mains puissantes maintinrent mes jambes écartées et il se mit à pousser. Et à pousser. Les muscles de mon vagin se serrèrent autour de lui pour s’habituer à sa taille. Lentement mais sûrement, son sexe dur remplit des endroits dont je ne soupçonnais même pas l’existence. Mais, pour être honnête, ce n’était pas si agréable que ça. Certes, ça faisait des mois, mais là, ça frôlait le ridicule.

Je me tortillai et enveloppai ma jambe valide autour de lui pour essayer de trouver une meilleure position. J’aurais pourtant dû être assez mouillée après cet orgasme phénoménal.

– Quelle taille fais-tu, exactement ?

– Tu peux me prendre.

Il passa la langue sur sa lèvre inférieure charnue, le regard rivé sur nos sexes joints.

– Ça ne répond pas à ma question.

Il me lança un coup d’œil.

– Ce n’est pas comme si j’avais déjà mesuré.

– Ce n’est toujours pas une réponse.

– Putain ! On peut ne pas s’engueuler pendant qu’on baise ? S’il te plaît ?

– Très bien.

J’arrêtai de le regarder par-dessus ma poitrine toujours haletante et dirigeai mon regard vers le plafond. Malgré ses compétences excessives à l’oral, nous n’étions visiblement pas compatibles sous la ceinture. Quel dommage… Mais au moins, dans quelques années, lorsque je repenserais à ce moment, je saurais que nous avions essayé.

Son pouce dessina de petits cercles sur mon clitoris encore sensible et j’arquai le dos.

– Doucement, hoquetai-je.

Il hocha la tête sans pour autant lever les yeux vers moi. Manifestement, nos sexes joints étaient tout simplement trop fascinants. Il se recula avant de me pénétrer une fois encore. Puis se retira avant de rentrer une nouvelle fois en moi. Chaque fois, c’était un peu plus agréable, et il recommença encore et encore, avec un soin infini. L’homme bougeait comme une machine : aucune émotion, visage fermé et regard concentré. Seules ses mains le trahissaient, elles remontaient le long de mes cuisses et ses doigts s’enfonçaient assez fort en elles pour laisser des marques. Elles semblaient ne pas pouvoir rester immobiles, trop occupées à explorer ma peau. Il pressa mes genoux contre lui, nous maintenant aussi proches que possible. Des picotements envahirent tous mes endroits préférés et une sensation exquise monta en moi. Je n’avais quasiment jamais joui deux fois de suite. En fait, ce n’était jamais arrivé. Mais l’avoir en moi était à présent un plaisir, non une douleur.

– Jimmy, haletai-je lorsqu’il toucha un point particulièrement merveilleux.

Il ne leva pas les yeux.

– Ouais ?

– Encore.

Mes seins me semblaient lourds, mes tétons durcis cruellement serrés. Saleté de sous-vêtement. Il faudrait penser à brûler mon soutien-gorge.

– Quoi… ça ?

Son incroyable bite s’exécuta et me toucha exactement au bon endroit, m’électrisant.

– Oh mon Dieu. (Mes yeux se révulsèrent.) Oui, oui, oui.

– Je crois que tu aimes ma queue.

Il éclata d’un rire démoniaque en accélérant la cadence, se concentrant sur ma zone érogène jusqu’à me faire perdre la tête.

– Je crois bien que j’aime ta queue, haletai-je, mes fesses cognant la table.

– Oh putain, c’est trop bon.

Il me pilonna d’une manière qui frisait l’art pur. Nos corps se comprenaient à la perfection. Chacun de mes muscles se tendit jusqu’à me réduire à une pauvre petite chose frémissante. Je gémis de plaisir sous ses coups de boutoir de plus en plus rapides.

Bon sang, quel bon coup.

Jamais je n’avais rencontré quelqu’un comme lui. Je ne voulais pas fermer les yeux, il fallait que je le regarde. La peau moite de sueur et les yeux fermés, il me martelait avec une précision absolue. Il était si beau, si merveilleux, que c’en devenait effrayant. Je devais être en train de rêver. Lorsqu’il rouvrit les yeux, la noirceur de sa pupille semblait avoir avalé le bleu. Il baissa les yeux vers moi, m’ouvrant son cœur et son esprit.

Il la sentit, cette connexion entre nous. J’en étais sûre. C’était si évident, si dévorant, comment aurait-il pu ne pas s’en rendre compte ?

Cette fois, lorsque je jouis, le monde entier s’obscurcit. Mon corps fut envahi par une extase hors du commun. Ça paraît dingue mais c’est pourtant vrai. Mon sang bouillonnait et mon cerveau dérailla, chaque parcelle de mon être tremblant. Il avait fait de moi une espèce de créature avide de sexe connectée à lui. Et la récompense était sublime.

J’entendis un cri, puis son corps chaud s’écroula sur moi.

Nous étions tous les deux pantelants. Le bruit résonna et emplit la pièce, à l’unisson des battements frénétiques de mon cœur.

Je rouvris lentement les yeux. Le monde était toujours là. Les endorphines ramollirent mon corps. Donnez-moi cinq minutes et je serai prête pour un deuxième round. Mais, pour le moment, il avait bien mérité une petite pause.

– Hé…

Je caressai ses beaux cheveux bruns.

Il se redressa tout à coup et s’occupa du préservatif. Il en noua l’extrémité puis glissa son sexe dans son jean en refermant le bouton et en remontant sa fermeture Éclair. Sa chaleur me manqua aussitôt.

– Jimmy ?

Pas un regard.

L’intérieur de mes cuisses étaient délicieusement mouillé. La merveilleuse odeur musquée du sexe flottait dans l’air. Je devais certainement afficher un sourire idiot et énamouré. Mais je m’en fichais totalement. J’étais bien trop aux anges pour ça.

– Jimmy ?

– Ouais ?

Il jeta le préservatif usagé et croisa les mains au bord de l’évier, le regard perdu par la fenêtre de la cuisine.

– Un problème ?

– Non. Ça va.

– Tant mieux.

Il me jeta un regard par-dessus son épaule, ses sourcils ne formaient plus qu’une ligne soucieuse.

– Comment tu te sens ?

– Très bien. Merci.

Que tout cela était civilisé. Bientôt, nous prendrions le thé en discutant de la météo.

Les épaules tendues, il garda le silence pendant une éternité. Il me repoussait une fois encore. Les défenses en place. Il m’observa sans un mot et je sentis la distance s’infiltrer de nouveau entre nous. D’abord quelques centimètres, puis des mètres, jusqu’à ce que des océans nous séparent.

Je n’en pouvais plus : ce silence me rendait folle.

– Qu’est-ce qui ne va pas ?

– Tu ne devrais pas me regarder comme ça.

Nous y voilà.

Mon corps se refroidit sur-le-champ et tout mon bien-être s’évapora. Je restai allongée sur la table, les cheveux en bataille, avec l’envie irrésistible de prendre une douche. La créature avide de sexe avait disparu, congédiée. Je baissai ma robe sur mes parties intimes ravies avant de me relever. Ce n’était pas le genre de conversation que je voulais avoir allongée sur le dos, les jambes écartées. J’avais ma fierté.

– J’ai envie de te baiser partout et dans toutes les positions. Mais tu ne peux pas me regarder comme ça.

– Je vois.

– Je, euh… j’ai besoin d’air.

Il se dirigea d’un pas décidé vers la porte de la cuisine, sans un regard en arrière. Il disparut dans le froid matinal de Portland sans même enfiler de veste. Il allait crever de froid. Et pour être honnête, ça m’allait très bien.

Mes yeux me piquaient mais je ne pleurai pas. J’étais bien trop abasourdie pour ça. Je… je n’arrivais pas à croire qu’il se soit barré comme ça après ce moment magique. Je ne m’étais pas accrochée à lui, n’avais pas réclamé de bague. Jamais je n’avais évoqué les bébés. Du sexe sans prise de tête, en résumé.

Comme si je pouvais contrôler la façon dont je le regardais !

Aucun signe de Jimmy sur le patio. Dieu seul savait où il avait pu foutre le camp.

– Tu aurais au moins pu m’aider à descendre, espèce de connard, hurlai-je, même s’il y avait peu de chances qu’il m’entende. Mal avait raison : tu ne fais pas dans le service après-vente.

Pire post-coïtum de ma vie.