Chapitre 16

Il entra sur la pointe des pieds aux alentours de minuit. Je souris presque tant l’image de Jimmy se faufilant dans ma chambre après l’extinction des feux était amusante. J’avais l’impression d’avoir de nouveau seize ans.

– Lena ? chuchota-t-il en rampant sur le lit. Tu dors ?

Après la dispute, la réconciliation, une nouvelle dispute et la discussion avec David, j’étais lessivée. À bout de nerfs. Émotionnellement, j’avais simplement besoin d’un peu de répit, aussi décidai-je de feindre le sommeil. J’étais également curieuse de voir sa réaction si je ne répondais pas.

Plus tôt, après avoir répété dans le studio, il était allé courir avec Ben. Je m’étais quant à moi préparé un plateau-repas avant de battre en retraite dans ma chambre. Et j’aime autant vous dire que monter l’escalier une assiette à la main ne fut pas une mince affaire. Peut-être pas l’idée du siècle d’ailleurs. Mais il y avait du monde au rez-de-chaussée et j’avais besoin d’un peu de tranquillité : de la bonne nourriture, mon nouvel appareil photo et moi.

Quel plaisir de se poser un peu. Les choses avaient vraiment été intenses ces derniers jours.

Jimmy se glissa sous la couverture et le matelas ploya sous son poids. J’étais allongée sur le dos, le pied posé sur un coussin. Pendant un moment, il sembla se satisfaire d’être simplement couché là avec moi. Je tendis l’oreille, attentive au moindre de ses souffles, à chaque bruissement des draps. Que faisait-il ici ? Certainement l’appel du sexe… Je fronçai les sourcils dans l’obscurité dans l’attente d’une révélation. En vain. L’incompréhension semblait être le thème de l’année.

– Je me suis excusé auprès de Dean, dit-il doucement.

– Vraiment ?

– Ouais.

– Tant mieux. Ça me fait plaisir.

Soudain, je sentis ses doigts se promener sur ma hanche. Il tira sur ma chemise de nuit et inséra un doigt dans l’un des nombreux trous de l’ourlet.

– C’est mon vieux tee-shirt, pas vrai ?

Il se rapprocha encore. Le matelas bougea de nouveau lorsqu’il se pencha au-dessus de moi pour allumer la lampe sur la table de chevet. De petites lumières dansèrent devant mes yeux. Quand je recouvrai la vue, il était suspendu au-dessus de moi – silhouette floue car je ne portais pas mes lunettes.

– J’étais sûr que c’était toi qui l’avais pris.

– Je ne comprends pas comment il a pu se retrouver mélangé à mes affaires.

– Tu mens très mal.

Je réprimai un sourire. S’il croyait que j’allais le lui rendre, il se mettait le doigt dans l’œil.

– Ce n’est pas très gentil.

– Tu veux de la gentillesse ? demanda-t-il d’une voix sexy en diable. Je peux être gentil…

– Je n’en doute pas.

– Lorsque j’ai vu Dean tout à l’heure, je n’ai pas réfléchi. Tu avais raison : j’étais jaloux.

Il jura doucement sans cesser de tripoter le bas de mon tee-shirt. Il glissa son pouce dessous et caressa mon ventre nu. C’était la sensation la plus agréable au monde. Il était bien venu pour le sexe comme je l’avais soupçonné et, honte à moi, ça ne me dérangeait pas du tout. Quelle fille facile je faisais ! Ma mère serait vraiment très déçue.

– Parle-moi, fit-il d’une voix douce.

– De quoi ? demandai-je tout aussi doucement.

– De ce que tu veux.

Que dire ? Je me tournai vers lui. Sa tête reposait sur l’oreiller le plus proche, ni trop près ni trop loin : la distance idéale pour se toucher et discuter. J’aurais aimé qu’il soit la dernière chose que je voie avant de m’endormir, me réveiller à son côté chaque matin.

– Tu aimerais que je te refasse un cunni ?

Il traça de nouveau le contour de mon ventre du bout de ses doigts et mon bas-ventre se réveilla d’un seul coup. Encore un peu et l’état de ma petite culotte serait à déplorer.

Il se redressa sur un coude, un mouvement que je sentis plus que je ne le vis.

– Lena ? Tu m’en veux toujours pour Dean ?

– Non. Même si j’aurais préféré que tu ne ressentes pas le besoin de faire ça. Il faut qu’on arrête de se disputer tout le temps, ça m’épuise.

Sa main agrippa ma hanche.

– Tu veux dire qu’il faut que j’arrête de déconner.

– Je veux dire qu’il faut qu’on trouve un moyen de ne pas constamment se sauter à la gorge pour un oui ou pour un non.

– Hmm. (La paume de sa main glissa sur ma hanche et se faufila entre le lit et moi pour me pincer une fesse. Très subtil…) J’ai quelque chose qui va faire du bien à ton cul.

– D’après ce que j’ai pu voir, ça m’étonnerait fort.

Il ricana.

– Je ne plaisante pas, Jimmy. On doit apprendre à vivre dans une sorte de paix et d’harmonie avant que l’un de nous tue l’autre par un accident volontaire.

Je tendis la main pour lui toucher les cheveux. Comme à son habitude, il se raidit. Avant de se détendre et de me laisser faire. C’était comme avoir affaire à une bête sauvage, on ne sait jamais quand elle va montrer les dents. Ses doigts malaxèrent fermement ma fesse.

– On a tous les deux du caractère. Mais je te trouve particulièrement rancunière.

– Tu m’as laissée assise sans culotte sur la table de la cuisine. Et en descendre avec cette fichue attelle n’a pas été une partie de plaisir.

– Je suis désolé. J’ai vraiment été con sur ce coup-là.

Direct, sans hésitation. Peut-être n’était-il pas totalement irrécupérable.

– Merci, tu es excusé. Bon, qu’est-ce qui se passe ? Tu t’ennuyais seul dans ta chambre ?

– Quelque chose comme ça.

Son ombre imposante se pencha sur moi.

– Ou désirais-tu quelque chose en particulier ?

Ma main caressa sa nuque musclée. Sa peau était si agréable : douce et chaude. Peut-être retirerait-il son tee-shirt si je le lui demandais très gentiment ? Non, vilaine main ! Elle faisait naître des pensées totalement inappropriées.

– Je ne voulais pas me coucher sans avoir discuté avec toi. On n’a pas arrêté de la journée puis tu es allée au lit de bonne heure.

– Je te manquais ?

Il poussa un soupir et hocha vivement la tête.

– Tant mieux. Une fille aime être désirée.

La pulpe de mon pouce traça le contour de sa mâchoire que recouvrait une légère barbe. Il attrapa mon doigt entre ses dents et le pinça doucement, m’arrachant un petit cri de surprise. Je n’aurais jamais pensé que Jimmy puisse être joueur. Il ne desserra pas les dents. J’agitai ma main pour me libérer.

– Tu n’es qu’un animal, dis-je en riant avant de réussir à récupérer mon pouce.

Assez de ces pitreries, j’avais envie de sexe. Malgré ce que mon cerveau désirait, mon ventre était noué et les muscles de mes cuisses tendus. Je m’assis et Jimmy se décala, maintenant la même distance entre nous.

– Embrasse-moi.

Il me serra doucement la hanche.

– Écarte les jambes, laisse-moi te goûter.

– D’abord, je veux un baiser.

– Je vais embrasser ta belle chatte. (Une autre pression, cette fois sur ma cuisse.) Allez, Lena, écarte-les.

Et l’idée me plaisait, vous pouvez me croire, car il aurait fallu être complètement idiote pour ne pas en avoir envie. Mais quelque chose clochait. Je tâtonnai sur la table de nuit à la recherche de mes lunettes.

– Qu’est-ce qui ne va pas ?

– Tu ne m’as jamais embrassée.

Jimmy éclata de rire.

– On n’a couché qu’une fois ensemble.

– La plupart des gens s’embrassent avant. C’est une espèce de coutume. Même cet après-midi, quand tu as joué ton petit coq avec Dean, tu ne m’as pas embrassée. Tu as simplement posé ta joue sur mon front.

– Ce tee-shirt te va vraiment bien, déclara-t-il en lançant un petit regard à mes tétons tendus.

C’était gentil de sa part de le remarquer mais complètement hors sujet.

– Tu n’embrasses pas, c’est ça ? (Il regardait à droite, à gauche, partout sauf dans ma direction.) Tu tolères d’être touché mais tu as un vrai problème avec les baisers.

Il secoua la tête et retira sa main de ma jambe.

– Lena…

– Je dois reconnaître que plonger la tête sous la jupe d’une fille est une excellente méthode pour éviter sa bouche. Félicitations, Jimmy, quelle idée de génie ! (Il eut au moins la décence d’avoir l’air penaud.) C’est trop intime, c’est ça ?

– N’importe quoi ! Comment ça pourrait être trop intime ? J’adore lécher ta chatte alors pourquoi aurais-je peur de ton visage ?

– À toi de me le dire.

Apparemment, il en avait décidé autrement car ses lèvres restèrent résolument fermées.

– J’ai envie de t’embrasser, Jimmy. J’en ai envie depuis toujours. Tu veux bien ? (Il me regarda, les sourcils froncés.) Allez, laisse-toi faire. (Je l’attrapai par son tee-shirt et l’attirai à moi.) Ce n’est que moi.

Il avança de quelques malheureux centimètres.

– Ce n’est pas trop mon truc, c’est tout. Pas besoin d’en faire tout un plat, chacun a ses préférences, tu sais.

– Je sais. (Je l’attirai encore un peu plus.) J’ai… j’ai simplement besoin de savoir quel goût ont tes lèvres.

– Les autres filles ne m’ont jamais demandé ça. En même temps, je me suis toujours assuré qu’elles prennent leur pied, elles n’avaient pas de quoi se plaindre.

– Tant mieux.

Et encore un peu plus près.

– C’est juste que… enfin tu vois quoi. Je n’aime pas tellement cette proximité physique. J’ai déjà embrassé des nanas mais ça n’a jamais trop été mon truc.

– Je vois. (Lentement, je l’attirai à moi jusqu’à ce que nos nez se touchent presque. Il n’était pas fou de joie, vous pouvez me croire.) On va simplement s’embrasser un peu, ne t’inquiète pas.

– Je ne m’inquiète pas, rétorqua-t-il d’un air boudeur.

– Et si tu n’aimes vraiment pas, j’arrêterai.

Hochement de tête hésitant.

Doucement, lentement, je pressai mes lèvres contre le coin de sa bouche. Nous gardâmes tous les deux les yeux ouverts. Il s’humecta les lèvres et laissa échapper un soupir. Il ne semblait pas vouloir s’enfuir aussi déposai-je un petit baiser sur sa magnifique lèvre inférieure. Il tressaillit sans pour autant battre en retraite.

J’inclinai la tête et l’embrassai au même endroit, avec un peu plus de force cette fois.

– C’était comment ? demandai-je, sentant son souffle chaud réchauffer mes lèvres.

Haussement d’épaules.

– Pas trop mal.

– Tu veux essayer encore une fois ?

– O.K. Un dernier.

– Tu veux bien ouvrir un peu la bouche pour moi ?

Il s’exécuta, raide comme la justice, et me laissa prendre la tête des opérations. L’expression hésitante sur son visage se mua en curiosité et ses yeux se fermèrent progressivement.

– Merci. (J’effleurai délicatement ses lèvres.) Ta bouche est si belle, Jimmy, tes lèvres si chaudes, si douces.

Il émit un petit bruit. Je crois qu’il appréciait.

– Je mourais d’envie de t’embrasser.

Nos nez se percutèrent ; j’esquissai un sourire, changeai l’inclinaison de mon menton et revins à la charge. J’entrouvris les lèvres et embrassai sa lèvre supérieure encore et encore. La sensation de son souffle chaud sur mon visage, sa légère barbe contre ma peau… Je voulais me fondre en lui, le connaître tout entier. Le protéger et le chérir, l’encourager et l’aimer. Très lentement, il se pencha, se rapprocha, me rencontrant à mi-chemin. Lorsque j’effleurai sa lèvre inférieure du bout de ma langue, il inspira et ses yeux papillonnèrent.

– Tu préfères sans la langue ?

– Non, ça va.

Ses yeux étaient voilés, ses pupilles dilatées.

– Tu veux bien ouvrir un peu plus la bouche, s’il te plaît ?

Il hocha la tête et s’exécuta. Sa main remonta sur ma jambe, ses doigts puissants pétrirent ma cuisse. Cette fois, lorsque je me penchai vers lui, il vint à ma rencontre. Hourra ! Une douce euphorie m’envahit. Il en avait envie. J’inclinai la tête, couvris doucement sa bouche de la mienne et passai ma langue sur ses dents. Il expira et j’inspirai.

Timidement, sa langue chercha la mienne. Elle la toucha rapidement avant de disparaître aussitôt. Je continuai mon exploration, taquinant ses lèvres pour l’inciter à aller plus loin. Il avait un goût exquis. Puis sa langue rencontra de nouveau la mienne et se frotta contre elle, m’arrachant un gémissement. Notre baiser s’intensifia à mesure que Jimmy prenait de l’assurance, nos langues s’emmêlaient encore et encore. Lorsqu’il s’écarta, nous étions tous les deux pantelants.

– Alors, tes impressions ?

Son regard resta rivé sur mes lèvres à présent gonflées. Il se toucha prudemment la bouche.

– Avec toi, c’était pas si mal.

– Ah bon ?

– Encore un.

Il glissa sa main autour de mon cou et m’attira tandis que sa bouche rencontrait de nouveau la mienne. Nos lèvres, nos dents, nos langues cherchaient à dominer mais c’était la plus douce des batailles – une bataille que nous gagnâmes tous les deux à la fin.

Sans hésitation, il attrapa le bord de mon tee-shirt qu’il fit passer par-dessus ma tête. Puis ses mains prirent mes seins en coupe.

– J’en avais besoin.

– Vraiment ? demandai-je.

– Tu n’as pas idée. Tes nichons sont incroyables. Ça fait longtemps que j’ai envie de les toucher.

Ses pouces caressèrent mes tétons et en agacèrent les pointes tendues. Ma poitrine me semblait lourde, gonflée, mon bas-ventre en feu. J’étais tellement humide que c’en était même légèrement embarrassant. Voir combien mon corps lui plaisait reboostait ma confiance en moi. Il fit courir ses doigts sur la courbe de mes hanches et l’arrondi de mon ventre (hélas ! j’étais bien trop gourmande pour espérer avoir un jour un ventre plat). Aucune hésitation dans ses yeux, seulement du désir. Le sentir si près de moi, ses mains sur mon corps, me fit tout oublier. Seul comptait l’instant présent.

Il pinça légèrement mes tétons et je hoquetai.

– Sensible ?

– Oui.

– Tu veux que j’arrête ?

– Mon Dieu, non.

– Tu n’imagines même pas à quel point tu es excitante.

– Je ne m’étais pas rendu compte que tu pensais à moi de cette façon.

– Le contraire est impossible. Et pourtant crois-moi, j’ai essayé. Mais la première fois que je t’ai vue dans le bureau d’Adrian, tu portais ce petit chemisier blanc moulant en me regardant comme si tu étais prête à me mettre en pièces. Tu m’as totalement fait craquer.

– Tu te souviens de ma tenue ?

– Ouais. Pas de quoi en faire un plat.

Je n’en étais pas si sûre. Ou peut-être me faisais-je simplement des idées.

Il éclata d’un rire grave et salace.

– Et quand on court… putain. N’achète surtout pas de brassière de sport plus adaptée. Je pleurerais de ne plus voir rebondir tes seins chaque matin.

– Elle n’est pas si mal.

– Oh, non. Elle est parfaite.

– Qu’avez-vous remarqué d’autre, monsieur Ferris ?

Il me lança un sourire diabolique qui me fit fondre. Ses mains continuaient de jouer avec ma poitrine, la caressaient, me faisant perdre la tête. J’avais du mal à respirer tant j’étais excitée. Il semblait y avoir une terminaison nerveuse déchaînée entre mes tétons et mon sexe. Encore un peu et j’allais jouir.

– Quoi ? demandai-je, légèrement pantelante. Pourquoi me regardes-tu comme ça ?

– Ton cul quand tu montes l’escalier. Ça me tue de devoir me retenir de le toucher.

Mes lèvres s’entrouvrirent.

– Voilà pourquoi tu me laisses toujours monter en premier. Et moi qui prenais ça pour de la galanterie.

– Je sais. Mets-toi sur le dos.

Je m’allongeai, au comble de l’excitation. Ses larges mains me maintenaient immobile, ses doigts taquinaient les pointes durcies de mes tétons. Dieu que c’était bon… Une délicieuse douleur envahit mon corps. L’avoir si près, le sentir me toucher, c’était ça ma récompense, à l’intérieur comme à l’extérieur. J’avais l’impression de rayonner chaque fois qu’il s’approchait de moi. Oui, il avait cet effet sur moi.

Ses mains glissèrent sur mes hanches puis sous l’élastique de ma petite culotte. La chaleur dans ses yeux fit palpiter mon sexe.

– Je te veux nue, murmura-t-il en faisant déjà glisser mon sous-vêtement le long de mes jambes.

C’est vrai, j’étais un petit peu nerveuse de me retrouver totalement nue devant l’homme de mes rêves. Sur la table de la cuisine, ma robe m’avait plus ou moins dissimulée mais cette fois je n’avais rien, pas même ma culotte. Tout était là, exposé aux regards. Jimmy Ferris, le célèbre, talentueux et sublime chanteur me contemplait. Les papillons dans mon ventre devinrent complètement fous. Ses yeux brillaient d’une lueur lubrique et une onde de chaleur m’envahit. Il fallait vraiment qu’on s’y mette. Et tout de suite.

– Jimmy ?

– Hmm ?

Il souleva délicatement ma cheville blessée et retira le coussin. Il m’écarta les jambes jusqu’à pouvoir se glisser entre mes cuisses.

– Retire aussi tes vêtements, lui intimai-je. Je veux te voir.

Il se releva en arrachant son tee-shirt et en déboutonnant son jean à la hâte. Il s’arrêta quand même pour récupérer un préservatif d’une des poches avant de le jeter sur le lit à côté de moi.

Pas de sous-vêtements.

Rien, ni boxer ni slip. Merde. J’étais foutue. J’arrêtai de respirer et mon cœur se mit à battre la chamade. Comment pourrais-je encore travailler à ses côtés en sachant qu’il était totalement nu sous son unique couche de vêtements ? Je me connaissais : à son contact, mon esprit était assailli de pensées obscènes. Je serais incapable de me retenir de chercher le contour de son sexe à chacun de ses mouvements.

Foutue.

– Qu’est-ce qui ne va pas ? demanda-t-il en remontant sur le lit avant de s’agenouiller entre mes jambes.

Ma bouche s’ouvrit mais aucun mot n’en sortit. Sa longue bite dure pointait droit vers moi ; je mourais d’envie de la prendre en moi, de la serrer fort. Quelqu’un au paradis avait été très inspiré le jour de la création de cet homme. Les pénis ne m’avaient jamais semblé particulièrement gracieux, du moins jusqu’à aujourd’hui. Mais le sien semblait parfaitement proportionné, légèrement courbé vers la gauche. Il faisait bien une ou deux tailles de plus que la moyenne – il fallait toujours qu’il en rajoute. Une perle de sperme se forma au sommet de son gland et je salivai. Je l’observai, fascinée, alors qu’il enfilait le préservatif.

– Lena, un peu de concentration, s’il te plaît.

Je fixai sa bite, captivée. Même recouverte de caoutchouc, elle demeurait d’une beauté hors du commun. Si j’avais eu des talents d’écrivain, je lui aurais composé des poèmes. Un haïku, peut-être.

– Lena ?

J’étais hypnotisée. Impuissante. À sa merci.

Jimmy poussa un juron et se redressa au-dessus de moi sur ses mains et ses genoux.

– Hé ! Mes yeux sont ici.

– Qu…quoi ?

Manifestement, la maîtrise de moi-même et l’érection de Jimmy ne pouvaient coexister pacifiquement dans la même pièce.

– Tu es en train de me mater, lança-t-il d’un air accusateur, ses cheveux retombant sur son visage alors qu’il me regardait.

– J’y peux rien. Tu es nu.

– Tu aimes ça, hein ?

– Oui.

Il sourit à moitié et se rassit sur ses genoux.

– Ne pars pas. (Mes mains avides attrapèrent son poignet.) S’il te plaît. Viens, je te veux sur moi.

– Tu veux faire ça en missionnaire ? Vraiment ? C’est ça, ton fantasme ?

Il posa les mains sur ses hanches, sur ces lignes incroyables qui menaient à son aine et que seules possédaient les personnes très affûtées.

– Oui. Et la prochaine fois, on pourrait utiliser ces espèces de draps à trous, qu’est-ce que tu en dis ? Je les trouve vraiment excitants. (Je me fendis même d’une petite démonstration : un de mes doigts s’introduit dans le trou formé par mon autre main.) Tu vois de quoi je parle ?

Son regard était tout sauf amusé.

– Il nous faut une règle à propos des blagues ou des engueulades pendant le sexe.

– O.K. Désolée. C’était ma faute.

– On peut revenir à la baise, maintenant ?

– Oui, je… Viens là. S’il te plaît.

J’agitai les bras pour lui faire signe d’approcher.

– Juste cette fois, alors. Personne n’est plus censé faire le missionnaire de nos jours. C’est chiant.

– Tu as raison, je sais. Mon répertoire sexuel est un peu démodé et c’est très aimable à toi de te montrer si compréhensif.

La chaleur de son corps me recouvrit. J’enroulai ma jambe valide autour de sa hanche et passai mes bras autour de son cou, au cas où il tenterait de s’échapper. Son corps chaud et robuste me pressa contre le matelas et je m’envolai au paradis du sexe.

– Dis-moi si je t’écrase.

– Non, ça va.

Il se souleva néanmoins sur les avant-bras, mes seins contre son torse. Même la fine traînée de poils qui allait de ses pectoraux à son nombril était un délice sensoriel qui chatouillait ma peau et m’émoustillait. Je sentais son érection contre mon sexe, prête à entrer en action. Impossible de ne pas me frotter frénétiquement à lui. Je basculai mes hanches contre lui tout en essayant de ne pas forcer sur ma cheville foulée. Front plissé et sourcils froncés, il baissa les yeux sur moi. L’expression de son regard semblait presque intriguée. Comme s’il n’arrivait pas à se rappeler comment j’avais bien pu atterrir sous lui.

– Tout va bien ?

– Ouais.

Il marqua une pause comme s’il allait ajouter quelque chose, mais non. Au lieu de ça, il pencha la tête et pressa timidement ses lèvres sur les miennes. Une fois, deux fois, trois fois. Trop mignon. Sa langue traça le contour de ma lèvre inférieure et je laissai échapper un soupir.

– Je m’y prends bien ? s’enquit-il.

– Très bien.

J’entrouvris la bouche ; il saisit l’invitation et m’embrassa passionnément, me faisant chavirer. Il s’était peut-être mis tardivement aux baisers mais montrait tous les signes du type qui rattrapait vite le temps perdu. Vraiment très doué. Nous nous dévorâmes littéralement de baisers. Je ne dis pas que c’était beau à voir, mais c’était terriblement excitant. Nos langues se mêlaient et nos dents s’entrechoquaient ; nous ne prîmes même pas la peine de reprendre notre souffle. Respirer, c’était pour les mauviettes. Je retirai mes lunettes avant de les casser.

Il frotta sa bite contre mon sexe, faisant grésiller mes synapses. Mon bas-ventre était palpitant, humide, prêt à l’accueillir. La sensation de son corps sur le mien, son odeur, tout chez Jimmy m’excitait. Ce n’était pas la première fois que j’avais un rapport sexuel passionné, mais quand votre partenaire faisait vibrer votre cœur, c’était incomparable. Quand l’amour entrait en jeu, tout était transformé.

À un moment, il fit passer son poids sur un bras, laissant l’autre libre de se glisser entre nous. Son gland frôla l’entrée de mon sexe avant de s’introduire lentement en moi.

– Oh mon Dieu, soupirai-je dans sa bouche.

Ses hanches oscillèrent contre moi, poussant sa bite plus profondément. La perfection. La perfection absolue. Voilà à quoi ressemblait une partie de jambes en l’air avec Jimmy. D’un seul mouvement, il me fit chavirer, me remplissant et m’embrasant. J’adorais qu’il soit plus qu’assez gros pour faire ressentir sa présence. Avec lui en moi et sur moi, je comprenais enfin l’importance qu’on prêtait au sexe. Car chaque partie de mon être était prête à l’accueillir et nous transformer en un tout. Peut-être David avait-il eu raison, peut-être étais-je bel et bien la nouvelle drogue de Jimmy. En tout cas, il était la mienne.

Jimmy poussa en moi, encore et encore. Plus mes doigts s’enfonçaient dans sa peau moite, plus je quittais la terre ferme. Ses doigts se glissèrent dans mes cheveux et les tirèrent légèrement tandis que sa bouche cherchait la mienne. C’était un combat de domination sans fin d’où nous sortîmes tous les deux vainqueurs. Il me pilonna plus fort, plus vite. Une espèce de gémissement pitoyable s’échappa de ma gorge.

Et je m’en moquais totalement. Une seule chose importait : jouir.

Il promena sa bouche sur ma mâchoire, sa barbe naissante picotant délicieusement ma nuque. Il mordilla mon cou et mon sexe se resserra autour de lui. Jimmy gémit et accéléra, me martelant. J’allais certainement avoir des bleus de la tête aux pieds à la fin mais putain, ça valait le coup.

De longues minutes passèrent, je ne saurais dire combien exactement. L’épisode de la table de la cuisine avait dû n’être qu’un avant-goût. Allongée sur le dos dans un lit, il me faisait la totale.

Nous étions comme possédés.

Sa main maintint ma cuisse contre lui, gardant ma jambe valide enroulée autour de sa taille. J’étais captive de l’intensité de son regard qui me défiait de tout lui montrer, de lui prouver combien il m’excitait. C’est lui qui avait à présent le contrôle de mon corps. Les lignes et les angles de son visage semblaient comme gravés dans la roche, un masque de concentration. Je ne pouvais rien faire d’autre que me cramponner à lui, le maintenir aussi proche de moi que possible. Son bassin claqua contre le mien, enfonçant plus profondément sa bite, m’envoyant au septième ciel.

– Jimmy…, gémis-je.

Tout en moi frissonna et se tendit, chaque muscle tremblant, et je n’avais même pas encore commencé à jouir. Sa bite s’enfonça plus profondément, la base de son sexe frotta contre mon clitoris et boum ! Feux d’artifice. Un ciel tout entier. Mon corps n’était plus qu’une grosse explosion. Les étoiles qui se changeaient en supernova auraient fait preuve de plus de discrétion. Mes muscles intérieurs se resserrèrent autour de sa queue et mes ongles lui labourèrent le dos. Si ma gorge ne s’était pas refermée, j’aurais sans nul doute hurlé. Lorsque je retrouvai mes esprits, Jimmy se retirait délicatement.

– Hé…, murmurai-je.

Son corps puissant retomba sur le matelas, me faisant rebondir. La sueur recouvrait mon corps des pieds à la tête et une merveilleuse léthargie m’envahit. Je mis ce qui me parut une éternité à reprendre mon souffle.

– Jimmy ?

Couché sur le ventre, il était lui aussi hors d’haleine. C’était à cause de moi, de moi et de mon vagin. Ouais ! De temps à autre, un spasme secouait mes cuisses ou mon bas-ventre, doux vestiges orgasmiques. Mes jambes étaient comme de la gelée : tremblantes et flageolantes.

– Ça va ? demandai-je en osant tendre une main pour le toucher.

Mes doigts tracèrent le contour de son dos musclé jusqu’à sa main.

– Ouais, répondit-il en entremêlant ses doigts aux miens.

Il roula sur le dos et s’occupa du préservatif qu’il déposa soigneusement dans un mouchoir qu’il jetterait plus tard.

– Pourquoi ne pas remplacer le jogging par ça ? demandai-je.

Sourire.

– Bien meilleure façon de brûler des calories, si tu veux mon avis.

– On fera les deux, répondit-il en me serrant les doigts.

– D’accord.

Je pris une profonde inspiration et me rapprochai encore un peu plus de la chaleur de son corps. J’adorais l’odeur du sexe qui emplissait l’air. Dans un monde idéal, je la mettrais en bouteille pour l’emmener partout avec moi.

– Ça te dérange si je reste ici cette nuit ?

– Pas du tout, au contraire.

Je remontai les couvertures et éteignis la lumière. Ça semblait tellement agréable, tellement naturel. Il tenait toujours ma main serrée.

– Fatigué, marmonna-t-il.

– Dors.

Un hochement de tête.

Et nous nous endormîmes. Ma nuit fut peuplée de rêves merveilleux.