Ben : Hey, comment ça va ?
Ben : Tout va bien ? Les cours, tout ça… ?
Ben : Allez, Liz. Parle-moi. Je reste ton ami.
Ben : J’imagine que tu seras au mariage ?
– Il ne va quand même pas porter une de ces combinaisons d’Elvis en satin blanc, si ?
– Si ça lui fait plaisir, répondit ma sœur avec un haussement d’épaules.
– Oui, mais c’est ton mariage.
– Notre mariage, me corrigea-t-elle, appliquant une dernière couche de rouge à lèvres, qu’elle tamponna ensuite soigneusement à l’aide d’un mouchoir en papier.
– Anne, ouah ! Tu es magnifique !
Elle l’était vraiment : sa robe vintage en dentelle était sublime. Avec ses cheveux roux flamboyants joliment tirés en arrière pour dégager son visage, elle était d’une élégance folle. Les yeux humides, je dus cligner des paupières une ou deux fois pour contenir mes larmes. Je ne voulais surtout pas gâcher le travail de la maquilleuse, qui avait passé un temps fou sur mon visage.
– Merci, dit Anne en s’avançant pour m’effleurer la main. Tu es très belle aussi, birthday girl.
J’avais fêté mon anniversaire la veille. Anne avait tenu à attendre que j’aie atteint l’âge légal pour se marier, afin que je puisse profiter à fond des festivités à Las Vegas, décision qui m’avait agréablement surprise dans la mesure où me traiter comme une adulte à part entière n’était pas vraiment sa spécialité.
Ev, Lena, Anne et moi avions donc fêté mes vingt et un ans en nous prélassant dans le jacuzzi privé d’une des villas du Bellagio, grignotant mille choses délicieuses et sirotant des cocktails, le tout avec du personnel aux petits soins – la villa étant évidemment fournie avec son maître d’hôtel. Ah, et un feu crépitait dans la cheminée extérieure parce que figurez-vous que les soirées sont fraîches dans le désert. Enfin – et surtout –, nous dégustâmes plein de cake pops, car qu’y a-t-il de meilleur qu’un gâteau recouvert de sucre sur un bâtonnet ?
Je me damnerais pour des cake pops.
Je lissai la jupe de ma robe vintage, un modèle Dior bleu nuit à hauteur du genou que nous avions déniché quelques semaines plus tôt lors d’une session shopping. Elle était magnifique. Féminine sans trop de froufrous. Mes cheveux étaient ramenés en arrière dans un style simple mais chic.
Je me demandai comment Ben me trouverait.
Non pas que cela m’importât. Je me trouvais jolie, et c’était suffisant. Ma vie ne se réduisait pas à attendre la bénédiction de Ben, ni celle d’aucun autre homme. Quoi qu’il en soit, je ferais de mon mieux pour éviter Ben – ou en tout cas pour ne pas croiser son regard – jusqu’à ce que mes sentiments pour lui se tassent. Même un cœur buté comme le mien finirait bien par renoncer. J’avais eu pas mal de boulot jusqu’à présent, que ce soit à la fac ou à la librairie. Avec Anne accaparée par l’organisation de son mariage, Reece m’avait demandé de faire des heures supplémentaires, aussi avais-je eu largement de quoi m’occuper. Ben Nicholson n’avait été dans mon esprit qu’une lointaine préoccupation. Enfin, la plupart du temps. J’étais ravie à l’idée de pouvoir sortir, relâcher un peu de pression, et voir ce que Las Vegas avait à m’offrir.
Sam se leva, m’adressant un signe de tête. Nous y voilà. Toute pensée négative concernant Ben laissa la place à une vibrante excitation. Depuis le salon nous parvenaient de la musique et des conversations assourdies.
– Allons-y, future madame Ericson. Tout le monde est arrivé.
– Ma puce ! cria une voix bien familière. Ma puce, t’es où ?
Parfaite incarnation du calme, Anne pivota pour faire face à la porte et cria en retour :
– Je suis là !
Les portes s’ouvrirent et Mal apparut, vêtu d’un superbe costume noir, des Converse de la même couleur aux pieds. Il était sublime ! À la demande de la mariée, il avait laissé ses cheveux blonds lâchés, qui lui tombaient librement sur les épaules. J’avais beau considérer Mal comme un frère, je devais admettre qu’il était sacrément beau gosse.
– Tu n’es pas censé me voir avant la cérémonie, le sermonna Anne.
– Je n’aime pas les règles.
– J’avais remarqué.
Il se dirigea alors vers la future mariée, un léger sourire aux lèvres.
– Je suis super canon ce soir, lança-t-il. Mais toi, ma puce, tu es encore plus belle que ça.
– Merci, répondit ma sœur en lui souriant.
– Tu veux bien m’épouser ?
– J’y compte bien !
Il enfouit son visage dans le cou d’Anne, qui poussa un petit cri aigu et lui donna une tape dans le dos.
– Si tu me fais un suçon avant le mariage, je te tue, Mal.
Un rire démoniaque s’éleva dans la pièce.
– Je suis sérieuse !
– Je t’aime. Allez viens, on va se marier !
Dans une scène digne d’une comédie romantique, Mal souleva Anne dans ses bras et se dirigea vers le salon, marquant une pause à la porte.
– Tu n’es pas mal non plus, Lizzy, me lança-t-il. Allez, c’est parti !
Je récupérai le bouquet d’Anne ainsi que le mien, avant de leur emboîter le pas en souriant. Ce mariage allait être génial.
Dans l’élégant salon, les meubles avaient été poussés sur le côté afin de faire de la place pour la cérémonie – et pour le Elvis-Père Noël qui allait la conduire. Le grand type perruqué portait une ceinture ornée de tellement de fausses pierres précieuses que c’était un miracle que son pantalon tienne en place. Ce truc devait peser une tonne. Des vases garnis de roses rouges étaient posés sur chaque surface disponible, leurs effluves enivrants emplissant la pièce. Un feu crépitait dans un coin de la pièce. L’ambiance était absolument parfaite et de nombreux visages connus et réjouis étaient réunis, impatients de partager ce moment avec Anne et Mal. Anne avait enfin la famille qu’elle méritait.
Dans un coin, un quatuor à cordes commença à jouer tandis qu’Elvis-Père Noël entonnait une magnifique interprétation de Love Me Tender. C’est en tout cas ce qu’on m’apprit plus tard.
Sur le côté se tenaient Ben, Jimmy et David, tous trois vêtus de costumes foncés similaires. Seul Ben ne portait ni veste ni cravate. Il avait relevé les manches de sa chemise blanche, laissant apparaître les tatouages de ses bras musclés. Il était tout simplement à tomber. Tellement… viril – oui, bon, aucun meilleur adjectif ne me venait à l’esprit. Il était si beau que toutes les autres personnes présentes s’évanouirent au second plan. C’était éprouvant, et si ma langue n’avait pas été complètement paralysée, je le lui aurais volontiers dit en dépit de la colère qui m’habitait.
Lorsque Ben leva les yeux, il me surprit en train de l’observer. Je ne vis aucune trace de reproche dans son regard. Malgré tout, la gêne menaçait de m’envahir, et je piquai un fard. Mais il se mit à me dévisager lui aussi. Je n’aurais pas été surprise que nos souffles et nos battements de cœur soient calés sur le même rythme. C’était dingue. J’aurais dû le savoir.
Il n’y avait plus que lui et moi.
J’entendis des mots échangés, puis le rire de ma sœur.
Le regard de Ben détailla ma robe, avant de remonter vers mon visage. Des petites rides se dessinèrent au coin de ses yeux tandis que ses traits se crispaient. Quant à moi, ma mâchoire était douloureuse de tout ce que je retenais en moi, de tous les mots qui n’étaient pas dits. Ou peut-être du besoin pressant que j’éprouvais de le convaincre qu’il existait quelque chose de réel entre nous, quelque chose qui valait la peine que nous prenions des risques. Un mélange de sexe, d’amitié et de je ne sais quoi d’autre. Une connexion incontestable.
Selon toute vraisemblance, il n’aurait pas envie d’entendre ce que j’avais à lui dire. Ce mec me donnait mal au crâne et me brisait le cœur en mille morceaux.
– Non, tu ne fais pas ça comme il faut.
M’arrachant à ma rêverie, je reportai mon attention sur l’avant de la pièce. Il y avait un hic à Mariageville.
– Je vais le faire, affirma Mal à Elvis.
Le King se contenta de hausser les épaules. J’imagine qu’il était payé de toute façon.
– Bien sûr, toi, Anne, tu me prends moi, Mal, commença-t-il, ma sœur toujours dans ses bras. Tu es ma puce chérie, mon univers tout entier. Tu comprends ma musique et mes humeurs bizarres, et tu me trouves drôle quand les autres se demandent ce qui me prend en secouant la tête. Tu m’attendris quand tu piques tes petites colères, mais si tu me demandes de t’écouter et de te prendre au sérieux, je te promets que je le ferai. Dans les bons et les mauvais moments, tu es avec moi et je suis avec toi. Quoi qu’il arrive, on s’en sortira toujours, d’accord ?
– D’accord, répondit ma sœur, levant une main pour essuyer une larme sur sa joue.
– Tu es la seule femme que je désire, la seule dont j’aie besoin, et il est hors de question que tu tombes amoureuse d’un autre mec, parce que tu m’as moi et que je suis exceptionnel. On est bons ?
– On est bons.
– Parfait, dit Mal. On est mariés.
– Ils sont mariés ! s’écria Elvis en s’accompagnant d’un petit déhanché.
Tandis que la musique redémarrait, des applaudissements et des hourras s’élevèrent dans la pièce. Les bouches d’Anne et de Mal fusionnèrent. J’avais envie un jour de vivre ça, ce qu’ils partageaient, et je ne doutais pas une seconde que cela valait la peine d’attendre. Après sept années à être convaincue que l’amour, ce n’était que des conneries, je ne pouvais pas y renoncer à nouveau. Voilà la vérité. Un jour, je trouverais quelqu’un qui me procurerait les mêmes sentiments que Ben.
Il suffisait que je fasse preuve de patience.
Elvis-Père Noël commença à battre le rythme de Viva Las Vegas tandis que les invités se mettaient à danser. À l’exception de Ben et de moi. Merde. J’avais quasiment raté toute la cérémonie. Heureusement, le père de Mal avait tout filmé. J’étais vraiment la pire des sœurs au monde. J’allais me joindre aux applaudissements lorsque je me rappelai que je tenais toujours les petits bouquets de fleurs dans les mains. Oups, mieux valait éviter.
J’étais entourée de visages souriants et heureux – à l’exception d’un. Ah oui, ma mère était là. Elle se trouvait de l’autre côté de la pièce, la bouche pincée, les sourcils froncés. Manifestement, mon manque d’attention aux mariés en début de cérémonie n’avait pas échappé à tout le monde. Son regard passait de Ben à moi, tandis que sa moue s’accentuait. Sans doute serait-il préférable que j’évite ma chère mère pour le reste de la soirée. Peut-être même pour le reste de la décennie, juste au cas où. La dernière chose dont j’avais besoin était que Jan décide de fourrer son nez dans ma vie maintenant.
Non merci.
– Petite sœur ! appela Mal, fonçant vers moi les bras grands ouverts.
Il s’était manifestement décidé à relâcher Anne, puisque celle-ci était en pleine étreinte avec David et Ev. Mon nouveau beau-frère me serra de toutes ses forces dans ses bras en m’attrapant par la taille. Respirer, pour quoi faire ?
– Ça va être tellement génial. J’ai toujours voulu avoir une petite sœur, déclara-t-il. Les grandes sœurs c’est bien aussi, hein, mais les petites sœurs c’est vachement plus marrant, non ?
Je soufflai bruyamment.
– Et attends de voir le cadeau que je t’ai acheté pour ton anniversaire. Le meilleur cadeau au monde.
– Eh, mec, repose-la avant de la casser, lança Ben avec une pointe d’impatience dans la voix.
– Quoi ?
Mal me laissa retomber sur mes pieds. Merci mon Dieu. Je frottai mes côtes endolories tout en prenant de grandes inspirations.
– Il y avait un tout petit peu trop d’amour dans ce câlin, lui dis-je.
– Oups, désolé, petite sœur.
– Pas de problème, assurai-je avec un grand sourire en reprenant mon souffle. Félicitations.
– Oui. Félicitations, mec, renchérit Ben, après quoi ils échangèrent une poignée de mains vigoureuse suivie de plusieurs tapes sur l’épaule.
– Merci mec, répondit Mal.
Sans plus attendre, ce dernier se dirigea vers sa prochaine victime de câlin, me laissant seule avec Ben. Pas du tout gênant.
– Tu es magnifique, Lizzy.
– Merci, toi aussi.
Ne parvenant pas à soutenir son regard plus longtemps, j’entrepris de scruter ses chaussures – une sage décision. Ses grosses bottes noires produisaient un contraste saisissant avec le sol en marbre blanc cassé.
Il garda le silence.
Eh oui, j’en avais vraiment fini avec lui.
– Passe une bonne soirée, lui dis-je.
– Liz, attends…
– Je vais discuter un peu avec les invités.
Sa main s’accrocha à mon bras.
– Attends. Il faut que je te parle.
– Je ne crois pas que ce soit une bonne idée, objectai-je en libérant mon coude.
– S’il te plaît.
Ces simples mots me firent vaciller. Quelle mauviette !
– O.K. Peut-être tout à l’heure.
– À tout à l’heure alors.
C’était bon de vouloir certaines choses dans la vie. Cela ne signifiait pas nécessairement que vous alliez les obtenir. Déjà, pourtant, l’idée de ce qu’il pouvait avoir à me dire fit monter en moi un sentiment d’angoisse. Les demoiselles d’honneur étaient très demandées ; j’avais donc une tonne de choses à faire. Ben Nicholson pouvait attendre. Cette soirée n’était pas à propos de lui, de moi, ou des non-dits qui persistaient entre nous. Loin de là. Il y avait environ vingt-cinq invités présents, sans compter Elvis et le quatuor. La famille de Mal, son père et ses sœurs accompagnées de leurs maris et enfants. Notre mère, à Anne et moi – désormais plus connue sous le pseudonyme de Celle-Qu’il-Faut-Éviter. Les membres de Stage Dive avec leurs compagnes, et bien sûr Lauren et Nate. Plein de gens à aller saluer.
Mais je voulais d’abord serrer ma sœur dans mes bras, la tenir tout contre moi et me dire que des choses bien arrivaient aux gens bien, et qu’elle avait enfin trouvé le bonheur qu’elle méritait depuis toujours.
Alors c’est ce que je fis.
Après cinq heures passées à socialiser et à jouer à la parfaite petite demoiselle d’honneur, l’ambiance commença à s’essouffler. Honnêtement, j’avais bien mérité ma soirée de détente à Vegas. En ne restant jamais trop longtemps au même endroit, j’avais réussi à éviter à la fois Ben et ma mère, bien aidée dans cette entreprise par mes efforts pour garder sous contrôle la ribambelle de neveux et nièces de Mal.
Je pris note mentalement de ne jamais – jamais ! – avoir d’enfants. Travailler avec eux, d’accord, mais je voulais avoir la possibilité de décrocher à la fin de la journée, merci bien. S’ils étaient très mignons, ils pouvaient aussi se révéler de véritables petits démons. J’étais prête à parier que Mal allait se faire facturer par l’hôtel le remplacement d’au moins un des jolis fauteuils recouverts de jacquard. J’avais essayé – sans succès – de nettoyer les traces de doigts au foie gras, pendant que l’auteur du méfait en question était demeuré caché sous une table de l’entrée.
À la faveur de l’heure tardive, du buffet copieux et de l’alcool onéreux, certains couples commençaient à se montrer très démonstratifs. Quant à moi, j’étais prête à faire la fête.
– On ne va pas tarder à s’éclipser, m’informa Anne en me prenant par le coude, l’autre bras enroulé autour des épaules de son mari.
– J’avais deviné, ironisai-je. Le mec pendu à ton cou t’a trahie.
Mal ne se donna pas la peine de reprendre de l’air. À la place, il entreprit de grignoter l’oreille de ma sœur, tout en grommelant une suite de mots absolument incompréhensibles.
– Qu’est-ce qu’il a dit ? demandai-je.
– Qu’il fallait qu’on aille consommer notre mariage, m’éclaira Anne.
– Évidemment. Amusez-vous bien.
– Compte sur nous.
Je distinguai de nouveaux marmonnements provenant du type collé à son oreille.
– Je croyais que c’était censé être une surprise pour son retour ? s’étonna Anne.
Finalement, Mal refit surface.
– Oui, mais c’est tellement cool. Je suis tellement cool. Je crois qu’elle mérite de le savoir.
– C’est ton cadeau, c’est toi qui décides. Dis-le-lui si tu en as envie, affirma Anne en riant.
Mal m’adressa alors un sourire Ultra Brite, à la limite de l’aveuglement.
– Pour ton anniversaire, je t’ai acheté une Mustang GT 1967 bleu ciel ! m’annonça-t-il.
– C’est vrai ? criai-je, folle de joie.
– Bien sûr que c’est vrai. Je suis le meilleur, non ? Oh putain, qu’est-ce que je suis bon ! Je m’épate moi-même. High five, petite sœur, dit-il en brandissant une main, dans laquelle je tapai avec énergie.
– C’est génial, Mal ! m’écriai-je.
– N’est-ce pas ?
– Merci !
– Oh, c’est rien.
Il chassa ma gratitude d’un geste de main nonchalant. Seule Anne paraissait ne pas partager notre enthousiasme.
– Tu as acheté à Liz une grosse cylindrée ? s’exclama-t-elle. Moi, tu m’as offert une Prius.
Une petite moue sur les lèvres, Mal entoura le visage d’Anne de ses mains.
– Parce que tu es ma petite princesse Prius. Les filles comme toi ne conduisent pas des grosses cylindrées.
– Les filles comme moi ?
– Les filles belles, intelligentes et sages qui ont beaucoup de respect pour les feux rouges et tout ça. Et puis, tu m’as moi. Tu n’as besoin que d’une grosse cylindrée dans ta vie.
Je ne dirais pas que Mal réussit à calmer Anne, mais elle laissa tomber le sujet après un nouveau baiser prolongé.
– Qu’est-ce que tu as prévu ce soir ? me demanda-t-elle finalement.
– Je pensais aller danser, répondis-je. (Je me balançai sur mes talons sous l’effet de l’excitation : Vegas, me voilà !) Je compte bien profiter de ma majorité.
Le sourire d’Anne s’évanouit tout à coup.
– Ah oui, super. Écoute, Sam avait envie de sortir un peu lui aussi. Ça t’ennuie s’il vient avec toi ?
Ah… D’accord.
– Sam, le mec de la sécurité ? questionnai-je.
– Oui. (Pendant quelques instants, le regard d’Anne se promena dans la pièce, évitant le mien.) Il ne te dérangera pas, promis. C’est un type super et sortir seule à Las Vegas n’est sûrement pas la meilleure idée au monde. Ça ne te dérange pas, hein ? Je te promets qu’il ne t’embêtera pas.
– J’imagine que non.
– Parfait. (Elle se détendit ostensiblement, s’appuyant contre Mal.) Au fait, je crois qu’ils ont déjà amené tes affaires dans ta suite. Tu as bien la clé ?
– Oui, j’ai tout ce qu’il faut.
– Et si tu vas quelque part toute seule, ne te perds pas dans l’hôtel. Il est gigantesque.
– Ça ira. Va donc festoyer avec ton mari, lançai-je en déposant un rapide baiser sur sa joue. Félicitations. C’était une soirée magnifique. Et tu étais sublime.
– Et moi alors ? intervint Mal.
– Tu étais très beau aussi, le rassurai-je avec une petite caresse sur la tête. À plus tard !
J’avais maintenant un homme à oublier et une ville à explorer.