Chapitre 12

– Lizzy ! s’écria Mal en se dirigeant vers moi, tirant Anne par la main.

– Salut, vous deux, lançai-je depuis le bar de l’hôtel où j’étais en train de poireauter.

Mon chocolat glacé agrémenté de glace et de sirop avait disparu depuis longtemps du verre posé devant moi. Non pas qu’attendre Ben m’avait mise de mauvaise humeur. Tout allait bien. Il ne m’avait pas oubliée, quelque chose l’avait retenu, voilà tout. Je lui faisais confiance.

– Qu’est-ce que tu fais là toute seule ? m’interrogea Anne.

– Ben doit m’emmener acheter des vêtements de grossesse.

– Quand ?

– Bientôt, répondis-je en souriant faiblement.

– Tu ne devrais pas être avec Sam ou un de ses sbires ? s’inquiéta Mal, coinçant une mèche de cheveux blonds derrière son oreille.

– C’est inutile. Ben ne va pas tarder.

– Quand ?

– Bientôt.

– Tu n’arrêtes pas de dire ça, s’agaça Mal en fronçant les sourcils. Sois plus précise.

Je sentis mon téléphone vibrer dans mon sac.

– Ça doit être lui, dis-je.

Mais ça n’était pas lui. Contre toute attente, c’est le nom de Christy, mon ex-colocataire, qui s’afficha sur l’écran. Nous ne nous étions pas parlé depuis le soir où elle m’avait laissée tomber en boîte.

– Allô ?

– Je suis désolée. Est-ce que c’est vrai ? entendis-je une voix précipitée me demander.

– Est-ce que quoi est vrai ?

– Que tu es enceinte ? répliqua-t-elle. Je n’avais pas l’intention de leur donner la photo, mais Imelda m’a dit que ça ne poserait pas de problème, que tout le monde méritait son petit quart d’heure de gloire. Ils m’ont dit qu’ils écrivaient juste un article à propos de la vie sur le campus. J’ai pensé que ça ne te dérangerait pas. Je n’imaginais pas qu’ils l’utiliseraient comme ça.

– Qui ça, « ils » ? la questionnai-je, mon ventre se nouant tandis que mes craintes s’intensifiaient.

– Un journaliste du Daily.

– Va voir le site du Daily, ordonnai-je à Anne, qui s’empressa de sortir son téléphone portable. Christy, quelle photo tu leur as donnée ?

Après avoir marqué une pause, elle se justifia :

– Eh bien, ils m’ont juste demandé s’ils pouvaient consulter mes photos Facebook. Je n’avais pas vraiment réfléchi à ce que j’avais sur mon compte. J’espérais qu’ils choisiraient celle de nous à Crater Lake. J’ai toujours adoré cette photo, tu le sais. Mais au final ils en ont pris une de la soirée hawaïenne de l’année dernière, celle où tu discutes avec les mecs d’éco. Je suis vraiment désolée.

Je connaissais cette photo. Toutes les filles portaient des bikinis avec des jupes tahitiennes ou des sarongs, tandis que j’avais opté pour un short en jean, préférant me couvrir davantage parce que je me sentais plus à l’aise comme ça. Chacun son truc, comme on dit. Les gens sifflaient de la bière dans des gobelets rouges décorés de ces petits parasols ringards et agrémentés d’un petit morceau d’ananas. Une expérience gustative intéressante. À la suite d’un pari perdu, un membre de l’équipe de football américain avait enfilé un mankini jaune fluo. C’était à mourir de rire. La musique était excellente, la soirée aussi. J’avais bu quelques verres en compagnie de deux types avec qui j’avais discuté, et l’un d’eux avait passé un bras autour de mes épaules pour la photo. Nous profitions tous de la soirée, un large sourire aux lèvres. Qu’est-ce qui là-dedans pouvait bien susciter l’intérêt d’un journaliste ?

Anne fronça les sourcils et me tendit son téléphone portable.

 

UNE ÉTUDIANTE ENCEINTE D’UN MEMBRE DE STAGE DIVE. D’après nos informations, cette dernière a abandonné ses études et continue à mener une vie dissolue avec ses nombreux amis masculins, suscitant de graves inquiétudes au sujet de la santé du bébé. On peut d’ores et déjà s’attendre à une bataille acharnée pour la garde de l’enfant et une pension alimentaire s’élevant à plusieurs millions de dollars sera sans doute exigée. Selon une source proche du groupe, ces derniers sont sous le choc. Ben Nicholson refuse de faire le moindre commentaire pour le moment.

 

Les doigts paralysés, je raccrochai au nez de Christy qui continuait de déblatérer. « D’après nos informations. » « On peut s’attendre. » « Sans doute. » Les phrases étaient formulées avec une telle brutalité, le pire étant suggéré par la photo. Connards. Ils n’avaient aucune idée de la personne que j’étais. Pire, ils se fichaient complètement de le savoir. Du moment que leurs bobards se vendaient. Heureusement que je n’avais pas de casier judiciaire à déterrer. Malgré tout, s’ils questionnaient certaines personnes à propos de mon adolescence… Des pensées cauchemardesques envahirent mon esprit. Si Ben et moi nous séparions, si les choses se passaient mal entre nous, serait-ce suffisant pour qu’il obtienne la garde exclusive du haricot ?

Au secours…

Et que se passerait-il quand je chercherais un boulot ? Qui allait accepter de confier son enfant à une psychologue avec un passé comme le mien ?

Les gens autour de moi parlaient, sans que je parvienne à distinguer ce qu’ils disaient. J’avais l’impression d’être sous l’eau et que seul un lointain charabia me parvenait, les bulles qui envahissaient mes oreilles rendant impossible toute perception nette.

Des mains se posèrent sur mon visage. Ben m’adressa alors un regard déterminé.

– Ma belle ?

Les bulles éclatèrent et la réalité s’imposa à moi.

– Ben ?

– Montons dans la suite.

– Oui, approuvai-je en lui prenant la main, le laissant me guider, me protéger de son corps.

Je perçus des cris derrière nous, puis une bagarre et des flashs qui crépitaient. L’équipe de sécurité s’approcha. Tout arrivait si vite. Les paparazzis avaient dû suivre Ben, supposant qu’il les mènerait à moi – la fille enceinte fêtarde et assoiffée d’argent, la fille facile en bikini.

Mal et Anne, qui nous talonnaient, montèrent avec nous dans l’ascenseur. Nous demeurâmes silencieux. Le pire, c’était que personne ne semblait véritablement surpris. Enfin, à part moi, évidemment. Le blanc de mes yeux et la pâleur de mon visage se reflétaient parfaitement dans le métal brillant des portes de l’ascenseur, qui s’ouvrirent en glissant. Anne m’attrapa par le bras.

– Laisse-moi lui parler.

– Plus tard, riposta Ben. Là, il faut qu’elle s’allonge et se détende avant de s’évanouir.

– Je ne vais pas m’évanouir, dis-je en m’agrippant à son bras, au cas où. Ça va.

Anne relâcha sa prise sans faire d’autre commentaire. C’était mieux ainsi. Je ne pouvais pas me reposer entièrement sur elle. Elle était encore sur son petit nuage de jeune mariée ; je refusais de lui gâcher ces moments. Elle avait plus que rempli son rôle de grande sœur récemment, m’accompagnant lors de mes rendez-vous médicaux, restant à mes côtés à Portland avant notre départ sur la tournée.

La suite semblait étrangement calme en comparaison avec l’agitation qui régnait au rez-de-chaussée, même si les bruits et les idées continuaient de s’entrechoquer dans ma tête. Au-delà des baies vitrées, la ville continuait de vibrer. Mon Dieu… Je n’étais pas en train de rêver.

– Viens t’asseoir, m’ordonna Ben en m’accompagnant vers le canapé en daim.

Je détachai ma main de la sienne, tremblante d’émotion – laquelle, je n’en étais pas certaine.

– Non, je… Je n’ai pas envie de m’asseoir, affirmai-je.

Ben s’effondra sur le canapé et croisa les jambes, une cheville posée sur son genou. Il étala ses bras le long du dossier, m’observant faire les cent pas. Tant de mots s’agglutinaient en moi, luttant pour prendre forme. Si seulement je parvenais à y voir clair. Il ne servait à rien de prendre les choses personnellement, après tout les journalistes se contentaient de faire leur boulot. Ça n’en restait pas moins une bande de salopards de vendeurs de ragots, mais c’était ainsi.

– Je me sens tellement… impuissante.

– Je sais, dit Ben.

– En gros, ils me font passer pour une alcoolique qui passe sa vie à faire la fête.

Je frottai mes mains sur mon jean, qui ne tenait toujours que grâce à un élastique à cheveux. Cela dit, mes pantalons étaient le cadet de mes soucis à cet instant.

– Mais ils ont tort, me rassura Ben d’un ton très assuré.

– Mes nombreux amis masculins, ironisai-je.

– C’est des conneries.

– Pourquoi les médias ramènent-ils toujours tout au sexe avec les femmes ? Avec combien de filles as-tu couché ? l’interrogeai-je, les mains sur les hanches. Hein ?

Je vis sa langue remuer derrière sa joue.

– Je, euh… Je n’ai pas vraiment compté.

– Ils ne t’ont pas traité de salope, toi, alors que tu as sûrement eu dix fois plus d’aventures que moi.

Il eut un hochement de tête prudent.

– Une centaine ? hasardai-je.

Il s’éclaircit la gorge, détournant la tête tout en se grattant la barbe.

– Bien, repris-je. Et pourtant c’est moi la salope, parce que je suis une femme. Qui ça regarde avec combien de personnes on a couché ou si j’aime boire une bière de temps en temps ? Et puis je ne prends pas le volant en ayant bu. Je bois juste quelques verres avec des amis lors d’une soirée et je me fais raccompagner après. Et puis qu’est-ce que ça peut leur faire si je ramène un mec chez moi ? Ces gens qui me condamnent pour ça sont des putains d’hypocrites… Ce que des adultes majeurs font en privé ne devrait pas servir à divertir le public. Et cela ne détermine en aucun cas la personnalité de quelqu’un.

– Liz.

– Bande de salopards. (Je donnai une petite caresse à mon ventre en signe d’excuse.) Désolée, mon bébé.

– Liz.

– Cette différence de traitement entre hommes et femmes me rend dingue.

– Oui, je vois ça. (Il esquissa un faible sourire.) Tu veux que je les poursuive pour diffamation ? Je peux mettre les avocats sur le coup tout de suite si tu veux, leur demander quelles sont nos options. Mais ils ne pourront sans doute pas faire grand-chose. La presse a fait ses choux gras avec les frasques de Jimmy, pourtant on n’a jamais obtenu la moindre rétractation, même pour les trucs les plus délirants qu’ils ont écrits. Mais si c’est ce que tu veux…

Avec un soupir, je recommençai à faire les cent pas.

– Ça ne servirait pas à grand-chose maintenant que c’est publié.

– Tu as raison, ma belle, confirma-t-il en hochant la tête.

– C’est juste… Je ne pensais pas que ça aurait un tel impact sur mon avenir. Je me doutais que mes études allaient devoir passer après mon rôle de mère pendant quelque temps. (D’un geste ferme, je repoussai mes cheveux blonds en arrière.) Je savais que le bébé devrait être ma priorité, il faut être réaliste. Mais je pensais qu’un jour…

– Tu finiras tes études et tu deviendras psychologue. Il est hors de question que tu y renonces. (Ben se pencha vers l’avant, les coudes posés sur les genoux.) Il y aura toujours des connards pour faire des réflexions, pour raconter des conneries dans l’espoir de se faire un peu de fric ou juste parce que c’est facile. Parce que leurs vies à eux sont merdiques. Tu ne peux pas les laisser gagner.

– Leurs papiers s’adressent potentiellement à des millions de lecteurs sur Internet, Ben.

– Rien à foutre, s’emporta-t-il. Tu ne laisseras pas ces enfoirés t’atteindre. Tu vaux mieux que ça. Tu es forte.

Je le fixai, sidérée.

– Tu le penses vraiment ?

– Je le sais. Tu ne t’es pas laissée abattre en apprenant que tu étais enceinte. Tu as pris les choses en main, tu t’es organisée pour le bébé.

Je me redressai, tout en continuant à le dévisager. J’avais l’impression de me sentir plus forte simplement parce que Ben le pensait.

– Non ? demanda-t-il.

– Pour être honnête, j’étais fâchée après ton pénis et tes testicules pendant un moment. Il se peut que j’aie insulté ton sperme à plusieurs reprises.

Il gloussa.

– Ah oui ? Et tu es toujours dans le même état d’esprit vis-à-vis de mes organes reproducteurs ?

Un besoin soudain de faire exploser ma colère m’assaillit.

– À l’heure actuelle, mon état d’esprit serait plutôt d’avoir envie que tu me baises.

Il se renfonça dans le canapé, faisant reposer ses bras sur le dossier derrière lui. Oh, le sourire salace qui se déploya lentement sur ses lèvres…

– Et il se trouve que j’aimerais beaucoup te baiser.

– Langage moyen pour les oreilles du bébé. C’est très mal, dis-je en m’approchant doucement de lui, tout en me débarrassant de mes ballerines.

Puis je dénouai l’élastique à cheveux à ma taille pour pouvoir faire glisser mon pantalon. Mon tee-shirt et mon soutien-gorge disparurent en une fraction de seconde, laissant à ma culotte la place de bonne dernière.

Pendant tout ce temps-là, Ben m’observait, la bouche entrouverte en signe d’appréciation.

– Qu’est-ce que tu es belle, putain… Et j’adore quand tu te mets en colère.

– Mon beau barbu…

Il éclata de rire, tandis que ses mains glissaient vers mes hanches.

– À ton service, ma belle.

– Je pourrais te prendre au mot. (Je l’enfourchai, entièrement nue et ravie de l’être. Je lui accordais mon entière confiance en me donnant ainsi à lui entièrement, sans rien retenir.) Ras le bol de faire les choses en douceur.

Ses narines se dilatèrent tandis qu’il inspirait profondément.

– Tout ce que tu voudras, dit-il.

– Toi. Seulement toi.

Nos bouches se rencontrèrent. Nos baisers étaient à la fois doux et passionnés, tendres et avides. La perfection. Je glissai mes mains sous son tee-shirt, que je fis passer au-dessus de sa tête. Je trouvai très fâcheux de devoir quitter sa bouche ne serait-ce que quelques secondes, mais pour se retrouver peau contre peau il fallait bien consentir à quelques sacrifices. La peau de Ben, bon sang… Ses tatouages, ses muscles… Recouvrant mes seins de ses mains, il entreprit de les caresser doucement.

– Plus ou moins ? me demanda-t-il.

– Un peu plus.

Ses doigts se mirent à titiller mes tétons, me plongeant aussitôt dans un état d’intense excitation.

– Oui, comme ça…, soupirai-je.

Je frottai mon sexe nu contre le renflement de sa braguette. Qui était l’abruti qui avait inventé le concept de vêtement ? Mes hormones se déchaînèrent, ma peau prenant soudain vie de milliers de sensations. Les doigts calleux de Ben glissèrent sur mon ventre rond.

– Porter notre bébé te va merveilleusement bien.

– Ravie que tu le penses.

– Tu n’as pas idée, ma belle. Tu me rends complètement dingue, putain…

Sa main plongea dans mes cheveux, me maintenant en place. Il m’embrassa jusqu’à ce que la tête me tourne. Sa langue, séduisante et tentante, explorait ma bouche. J’aurais pu l’embrasser jusqu’à la fin de mes jours. Si seulement je n’avais pas tant envie de lui. Son pouce jouait avec mon clitoris, le caressant d’avant en arrière. Mon sexe était trempé – j’étais surexcitée. Comme si j’avais besoin qu’on me le rappelle. La seule chose qui occupait mon esprit à cet instant était d’avoir Ben en moi. Le frottement abrasif de son jean était… étrangement agréable. J’allais certainement y laisser une belle marque humide pour en attester. En attendant, j’avais sérieusement besoin d’atteindre ce qu’il y avait en dessous, et j’en avais besoin de manière urgente.

Je me surélevai aussi haut que possible sur mes genoux et tirai sur sa ceinture.

– Enlève-moi ça, ordonnai-je.

– Où sont passées tes bonnes manières, ma belle ? Quel genre d’exemple es-tu en train de donner à notre bébé, hein ?

Je grognai.

– S’il te plaît, Ben, aurais-tu l’obligeance d’ôter ton pantalon ? C’est assez urgent.

– Bien sûr, Liz. C’est demandé si gentiment.

Il se tortilla et défit sa ceinture, le bouton de son jean et sa braguette avec bien plus d’efficacité que je n’aurais pu le faire. L’extrémité de sa queue donna un petit coup dans mon vagin mouillé.

– Facile, ajouta-t-il. Ça fait un moment qu’on n’a pas fait ça.

– Je crois qu’on n’aura aucun problème cette fois.

Trempée comme je l’étais, ma seule inquiétude était de tacher le canapé en daim. Mais il était hors de question que je m’interrompe pour autant. Au diable les meubles hors de prix.

Doucement, je descendis sur lui. Les lèvres enflées de mon sexe s’écartèrent et tout mon corps s’ouvrit, permettant à sa queue longue et large d’entrer profondément en moi, là où était sa place.

– Oh mon Dieu, c’est tellement bon…, marmonnai-je.

– Ouais.

Les dents de Ben m’effleurèrent le cou, le mordillant, et un long frisson me parcourut l’échine. Je m’assis alors sur ses cuisses nues, le haut et la braguette de son jean m’éraflant légèrement les fesses. La prochaine fois, nous irions jusqu’à la chambre et nous nous mettrions complètement nus. Oui, la prochaine fois. Parce qu’il y en aurait plus, et très vite.

Je fis passer une main dans ses cheveux, dérangeant sa coiffure un peu trop soignée de rock star. Il ouvrit grande la bouche et me mordilla les lèvres en souriant.

– Tu as envie de jouer, Lizzy ?

– Avec toi ? Toujours.

– Tu me tues.

En dépit de ma mise au défi, il se mit à lécher et suçoter ma lèvre inférieure. Puis les mains robustes qui se trouvaient sous mes fesses passèrent à l’action et me soulevèrent avec délicatesse, avant de me laisser glisser à nouveau vers le bas. Nous poussâmes tous deux un gémissement à ce moment-là. Bon sang, tout était tellement bon ! Sa queue était pareille à une baguette magique. Il faisait naître des sensations incroyables dans la moindre parcelle de mon corps, et j’adorais ça. Je l’adorais, lui.

Il se montrait tellement attentionné. Délicat, même. Personne ne s’était jamais comporté ainsi avec moi, me donnant l’impression d’être un objet précieux. Il était le premier.

Je pris part à l’action, montant et descendant avec son aide, le chevauchant plus intensément. C’était bien gentil de faire les choses doucement, mais les femmes savaient ce dont elles avaient besoin. Et moi, j’avais besoin de lui. Il emplissait mon corps de toutes les façons possibles, me procurant un plaisir que jamais mes doigts n’avaient réussi à m’offrir. Et puis, en termes d’émotions, ma main était très loin derrière. Je n’avais pas le pouvoir de m’envelopper de chaleur comme lui le faisait. Ses doigts s’enfoncèrent dans mes fesses, son sexe prenant le pouvoir sur mon corps. J’enroulai mes bras autour de son cou et les maintins bien en place. Sa barbe frottait contre ma joue, puis sa bouche appuya au coin de mes lèvres.

– Tu es tellement près, je le sens, dit-il, son souffle réchauffant ma peau.

– Ben, haletai-je. (Ça m’ennuyait d’avoir l’air aussi facile à contenter, mais avec les hormones en folie, tout ça… J’en avais follement besoin, aucune excuse.) Il faut que je jouisse.

– Vas-y, ma belle. Montre-moi.

Il glissa un peu plus bas, me donnant davantage de place pour monter et descendre sur lui, me déplaçant dans une meilleure position sans exercer de pression sur mon ventre. Avec une main sur son épaule et l’autre entre mes jambes, j’étais bien occupée, d’autant que Ben continuait d’aller et venir en moi.

– Putain, murmura-t-il. C’est le truc le plus bandant au monde…

Sa façon de parler pendant l’amour était vraiment inacceptable. Plus tard, une fois que j’aurais eu mon orgasme, il faudrait que je lui en touche deux mots. En attendant…

– Plus fort, le suppliai-je – ou lui ordonnai-je ? difficile à dire vu la manière dont nous haletions.

L’immense sourire de Ben tenait lieu de récompense.

– Ah, je te reconnais bien là, dit-il.

Ses mains posées sur mes hanches m’écrasèrent brusquement sur sa queue. Je concentrai mes efforts autour de mon clitoris. J’étais tout près. Vraiment tout près. J’avais l’impression que mon corps était sur le point d’imploser. L’énergie s’accumula à la base de ma colonne vertébrale, autour de l’endroit où nous étions réunis. Je voulais ce pic de plaisir, tout en souhaitant que ce moment ne finisse jamais. Alors son sexe toucha un point merveilleux en moi et mon souffle se coupa. Un éclair de lumière vive m’aveugla et tout mon corps se contracta, avant de se relâcher complètement. Ma tête tomba en avant sur son épaule. Je tremblais de la tête aux pieds.

Ben me serra fort contre lui, le bassin arqué, me pénétrant aussi profondément que possible. C’était incroyable.

Puis, je mourus. Ou en tout cas en offris-je une excellente imitation, m’écroulant sur lui, totalement inerte. J’allais peut-être m’accorder une petite sieste, juste là, avec Ben encore en moi. Je n’avais pas la moindre envie de bouger. Avec un peu de chance, il n’y aurait pas de fuite de fluides corporels. Quoique, pour être honnête, ça m’était bien égal.

Ben me caressait le dos, ses mains naviguant entre les arêtes et les creux de ma colonne vertébrale, me massant les fesses puis les cuisses. Encore et encore. Ben, touchant le moindre millimètre de mon corps qu’il pouvait atteindre, dans le but de m’apaiser ou de me posséder, je n’aurais su le dire. Quoi qu’il en soit, j’adorais ça. Notre odeur flottant dans l’air, nos corps en sueur collés l’un contre l’autre. Si je me tenais bien de mon côté, il y avait largement la place pour mon gros ventre.

– Ça va ? s’inquiéta Ben. Tu as assez chaud ?

J’approuvai d’un hochement de tête.

– Je suis désolé qu’ils aient dit tous ces trucs sur toi.

– Pas grave, soupirai-je. Le jeu en vaut la chandelle.

– Ma belle…

Il embrassa le sommet de ma tête, puis le côté de mon visage. Les mots étaient superflus à cet instant. S’il ne le sentait pas alors que j’essayais quasiment de pénétrer sous sa peau, de m’approcher de lui le plus possible… alors c’était un crétin. Mes sentiments pour Ben Nicholson étaient immenses. Gigantesques. Quant aux siens, vu la façon dont il faisait courir ses mains sur mon corps, dont il me chérissait, ils devaient être réels et beaux. Forcément.

Bientôt, nous formerions une famille. Nous étions déjà incroyablement bien l’un avec l’autre.

Au final, Ben dut s’acquitter d’une note salée pour le canapé en daim, mais, que Dieu le bénisse, il jura que cela en valait la peine jusqu’au dernier centime.