Dans ce chapitre :
Avec Scrum, les mesures sont de puissants indicateurs numériques pour la planification, l’inspection, l’adaptation et la compréhension des progrès au fil du temps. Les taux de réussite ou d’échec permettent à une équipe Scrum de déterminer si elle doit apporter des changements ou de poursuivre le travail. Ces chiffres sur le temps et les coûts mettent en évidence les avantages des projets agiles et constituent une base pour les activités financières de l’entreprise. Quant aux mesures qui évaluent la satisfaction des gens, elles permettent à l’équipe Scrum d’identifier les domaines à améliorer avec les clients et avec l’équipe elle-même.
Le travail agile en double est une mauvaise pratique de gestion consistant à réclamer des rapports de situation traditionnelle et des réunions d’avancement en plus des documents, événements et mesures Scrum. C’est l’un des principaux pièges dans les projets Scrum. La direction recherche une chose, tandis que les équipes tentent d’en faire une autre. En conséquence, les décisions sont prises sur la base d’informations erronées, les équipes se surmènent à faire le travail deux fois et les avantages de Scrum sont diminués.
Ce chapitre décrit dix mesures clés pour guider les équipes Scrum.
Le taux de réussite de sprint est un des moyens pour mesurer la performance du projet Scrum. Le sprint peut ne pas avoir besoin que toutes les exigences et les tâches dans le backlog de sprint soient réalisées pour atteindre l’objectif minimum de sprint. Cependant, la réussite de sprint devrait avoir un incrément du produit fonctionnel qui remplit l’objectif du sprint et qui correspond à la définition de « terminé » de l’équipe Scrum : développé, testé, intégré et documenté.
Tout au long du projet, l’équipe Scrum peut suivre à quelle fréquence elle réussit à atteindre l’objectif de sprint et utiliser les taux de réussite pour voir si l’équipe arrive à maturité ou si elle doit corriger sa trajectoire. Les équipes devraient toujours se dépasser, donc 100 % du backlog de sprint ne constitue pas forcément l’objectif. Que les exigences individuelles parviennent à 100 % de « terminé » est important. Si le taux de réussite est inférieur à 100 % du backlog de sprint, ce sera l’occasion d’apprendre et d’améliorer. Le Scrum Master doit toujours être à la recherche de moyens pour réduire le retard de l’équipe afin qu’elle puisse atteindre des objectifs de plus en plus élevés. Les taux de réussite de sprint sont le point de départ de l’inspection et de l’adaptation.
La vélocité n’est pas un objectif ; elle se mesure juste après le sprint. Une vélocité accrue et le taux d’achèvement de l’objectif du sprint sont les deux principaux indicateurs qui mesurent en continu l’amélioration de l’efficacité de l’équipe Scrum.
Pour en savoir plus sur la définition des objectifs de sprint, reportez-vous au Chapitre 5 et sur la revue au Chapitre 6.
Pour être vraiment agiles, les équipes Scrum doivent mettre en œuvre des pratiques agiles comme le pilotage du codage par les tests TDD (Test Driven Development) et l’intégration continue (CI). (Reportez-vous au Chapitre 12 pour de plus amples informations sur les tests TDD et l’intégration continue.) Sans de telles pratiques de qualité, l’équipe Scrum aura du mal à livrer de la qualité plus vite que le marché l’exige, à cause de la surcharge de tests manuels avant chaque livraison, et de la quantité de défauts masqués (que l’automatisation pourrait facilement détecter).
Il est peu probable qu’il existe une équipe Scrum capable d’atteindre la perfection. Tout projet peut potentiellement présenter des défauts. Les techniques agiles combinées au cadre Scrum permettent à l’équipe de développement de minimiser de façon proactive ces défauts.
Faire le suivi des mesures des défauts permet à l’équipe de développement de savoir comment anticiper les problèmes et quand améliorer le processus. Pour faire le suivi des défauts, il suffit d’observer les chiffres suivants :
Le nombre de défauts, qu’il augmente, qu’il diminue ou qu’il se stabilise, est un bon indicateur pour susciter des discussions sur les processus de projet et sur les techniques de développement pendant les rétrospectives de sprint.
Le temps de mise sur le marché est la durée nécessaire à un projet pour incarner une valeur du point de vue des fonctionnalités utilisateurs. Les entreprises peuvent percevoir cette valeur de deux manières :
Pour mesurer le temps de mise sur le marché, tenez compte des valeurs suivantes :
Le temps de mise sur le marché permet aux entreprises de reconnaître et de quantifier la valeur des projets Scrum en continu. Cette mesure est particulièrement importante pour les entreprises ayant des produits qui génèrent des recettes, car elle aide à la budgétisation au long de l’année.
Le retour sur investissement (ROI) correspond aux recettes générées par le produit diminué du coût du projet : recettes moins dépenses. Dans un projet Scrum, le retour sur investissement est fondamentalement différent de celui des projets traditionnels. Les projets Scrum permettent de générer des recettes dès la première livraison (soit potentiellement dès la fin du premier sprint) et d’augmenter ces recettes à chaque nouvelle livraison.
Imaginez deux scénarios avec les mêmes coûts de projet et la même durée de production. Je ne connais pas le coût de la documentation supplémentaire, des réunions et les autres dépenses du projet dans sa version en cascade ; je suppose que tout est identique au projet Scrum pour simplifier. Les deux scénarios commencent le 1er janvier et ont le potentiel de générer 100 000 euros de recettes par mois, une fois que toutes les exigences seront remplies :
Ces recettes supplémentaires des cinq mois de février à juin donnent au projet 950 000 euros de revenus pour l’année, soit 350 000 euros de plus que le scénario A.
Comme le temps de mise sur le marché, les mesures du retour sur investissement sont un excellent moyen pour une entreprise d’apprécier la valeur instantanée d’un projet Scrum. Ces mesures permettent de rendre compte des projets dès le début, parce que les entreprises peuvent financer les projets en fonction de leur potentiel de retour sur investissement. Les entreprises peuvent suivre la rentabilité des projets individuels ainsi que celle de l’entreprise dans son ensemble.
Pour calculer le retour sur investissement, vous partez de la durée et du coût. Ces deux valeurs doivent faire partie des mesures fondamentales des projets Scrum.
Un retour sur investissement plus élevé grâce à la réduction des délais et des coûts est la preuve que les équipes Scrum essaiment davantage, réduisent les échecs et améliorent l’efficacité globale.
La capacité de générer rapidement un retour sur investissement plus élevé fournit aux entreprises utilisant Scrum l’opportunité de financer le développement de produits supplémentaires. Les nouvelles fonctionnalités du produit se traduisent souvent par des recettes plus élevées.
En conservant l’exemple précédent, supposons que l’équipe du projet ait identifié une nouvelle fonctionnalité début juin et que sa réalisation demanderait quatre sprints d’une semaine. Elle permettrait d’augmenter les revenus de 100 000 euros par mois à 120 000 euros par mois.
Dans le scénario B, si la nouvelle fonctionnalité est identifiée plus tôt, le retour sur investissement augmentera encore plus.
Si un projet génère déjà des revenus, il est intéressant pour l’entreprise de placer cet argent dans un nouveau développement pour augmenter ses revenus.
Suivre le retour sur investissement fournit les informations nécessaires pour prendre cette décision.
Lorsque le coût du futur développement est plus élevé que la valeur de ce développement, il est temps de mettre fin au projet.
Le propriétaire du produit priorise les exigences, notamment en évaluant la capacité de chacune à générer des recettes. Si seules les exigences à faible rentabilité restent à faire dans le backlog, on peut mettre fin au projet avant que l’équipe Scrum ait épuisé tout son budget. L’entreprise peut alors utiliser le reliquat de l’ancien projet pour en commencer un nouveau, plus rentable. La pratique consistant à transférer le budget d’un projet à un autre est appelée redéploiement du capital.
Pour déterminer la fin d’un projet, tenez compte des mesures suivantes :
Si V < CA + CO (ou CA + CO > V, comme expliqué au Chapitre 5), le projet doit être arrêté. Le coût de production de la fin du projet sera supérieur à la valeur que ces compléments vont apporter.
Le redéploiement du capital permet à l’entreprise d’investir efficacement dans un développement de produits viable et de maximiser le retour sur investissement global de l’entreprise.
La première priorité d’une équipe Scrum est de satisfaire le client, très tôt et souvent, en lui fournissant de la valeur. En même temps, l’équipe Scrum doit motiver ses membres et promouvoir des pratiques de développement durable.
Une équipe Scrum tire avantage des connaissances plus détaillées qu’elle a de sa clientèle et des expériences de membres de l’équipe. Une façon d’obtenir des informations mesurables sur la façon dont une équipe Scrum atteint ses objectifs sont les enquêtes de satisfaction :
Vous pouvez faire des enquêtes papier ou utiliser l’un des nombreux outils d’enquête en ligne. Certaines entreprises ont même un logiciel d’enquête disponible dans leur service des ressources humaines.
Les membres d’équipe qui travaillent sur des projets Scrum ont tendance à avoir un meilleur moral. Mesurer la rotation des membres de l’équipe permet de quantifier ce moral. Observez les chiffres suivants :
Les entreprises ayant des portefeuilles de projets de toute taille doivent suivre le taux des projets avortés. Le redéploiement du capital ne doit pas se confondre avec une surcharge de projets des équipes selon le bon vouloir des cadres supérieurs. Comparer le suivi de la durée des projets à l’analyse de redéploiement du capital permet de mettre en lumière des tendances : abandon prématuré de projets ou poursuite plus longtemps que nécessaire.
À partir de ces tendances, les gestionnaires de portefeuille peuvent se demander pourquoi ces projets ont avorté. Un taux d’abandon élevé peut révéler des problèmes de planification, de priorisation, d’obstacles, ou de polyvalence.
Pour en savoir plus sur la façon dont Scrum améliore la gestion de portefeuille, reportez-vous au Chapitre 12.
Les équipes Scrum fortes sont généralement les plus polyvalentes. En éliminant les points de défaillance dans une équipe Scrum, vous augmentez sa capacité de progresser plus rapidement et de mieux produire qualitativement. Faire le suivi de la polyvalence des compétences permet à l’équipe Scrum et aux managers de mesurer la croissance de la polyvalence.
Reportez-vous au Chapitre 13 pour en savoir plus sur la motivation et le développement des compétences des équipes Scrum.
Au début du projet, notez les compétences et les niveaux actuels contenus dans chacune des structures organisationnelles suivantes :
Au fil du temps, chaque personne augmente sa palette de compétences et son niveau. De même pour chaque équipe. Ce n’est pas le nombre de managers ou d’administrateurs par service qui doit déterminer la livraison de produits et de services de qualité. L’équipe Scrum doit être formée par des membres qui peuvent tous contribuer à l’objectif de sprint, chaque jour, sans risquer l’échec.
Généralement, plus l’entreprise est grande, plus la hiérarchie est importante. De nombreuses entreprises n’ont pas compris comment bien fonctionner sans managers pour gérer le personnel. Vous devez trouver le juste équilibre entre managers et personnel de production.
Chaque euro dépensé pour une personne qui gère le processus organisationnel est un euro non dépensé pour un créateur de produit.
Faites le suivi du ratio manager/créateur pour identifier le surnombre de managers et les façons de réduire les investissements en personnel d’encadrement (qui ne produisent pas directement).