PROLOGUE


J'ai beaucoup réfléchi à la manière de raconter l'histoire de cette année passée loin de chez moi.
Je me souviens qu'à mon arrivée au Canada, je n'étais que contradictions. Haut, bas, plaisir, chagrin, courage, peur. Ascension, descente, comme si j'étais dans des montagnes russes.
J'ai alors pensé écrire un journal pour desserrer tous ces noeuds d'émotions qui m'étranglaient. J'avais l'impression que mon coeur exploserait si je ne faisais rien. Mais j'ai vite délaissé l'idée du journal. Après une semaine, c'était déjà devenu une punition plutôt qu'une libération que de me pencher chaque soir sur une page blanche pour la noircir de mes anecdotes et de mes états d'âme bouillonnants du moment. Comme chaque fois que j'abandonne un projet, je me suis sentie coupable de mon manque de ténacité.
J'aime écrire mais les mots ne me viennent pas facilement. Les pensées doivent voyager librement dans ma tête avant de s'aligner de manière logique. Avant l'ordre, la pagaille. Une fois que tout est en place, les images apparaissent clairement et je peux les décrire avec les sentiments qui s'y rattachent.
Je suis très sensible. J'essaie de le cacher aux autres car je déteste qu'on me taquine sur ce point. Cependant, je crois que c'est essentiel pour toucher les gens lorsqu'on écrit.
Je ne sais pas si je réussirai à traduire parfaitement tous les bouleversements de ma vie. Suis-je heureuse ou triste de ces changements en moi ? Je ne peux pas le dire encore. Peut-être que narrer ce que j'ai vécu depuis juillet dernier me permettra de comprendre ce que je suis devenue.
Il y a un an, j'étais différente, ça, je peux l'affirmer. Voilà.