Chapitre 22

Chefs-d’œuvre en périple  : l’Asie

Dans ce chapitre :

  • triangle.jpg Du nord au sud, de la Chine et du Japon à l’Inde et l’Indochine
  • triangle.jpg Des milliers d’années et des milliards d’hommes
  • triangle.jpg Une philosophie devenue religion
  • triangle.jpg Des jeux de mains sans jeux de vilains

L’Asie est réputée pour sa grande finesse artistique et exerce depuis très longtemps une fascination sur les Occidentaux. Les codes culturels y sont un peu différents de ceux en vigueur dans nos civilisations, mais l’art de cette partie du monde ne nous est pas totalement inconnu pour autant. Les artistes de la fin du XIXe siècle, par exemple, ont remis au goût du jour l’Extrême-Orient, et plus spécialement le Japon.

 

Laissez-vous guider à travers le continent, nous allons emprunter les ponts japonais, fouiller le sol de Chine, étudier les positions du Bouddha, avant d’être accueillis en Inde à bras ouverts…

Soleil levant : l’architecture de la Chine et du Japon

i0289.jpgQuel est le seul monument visible depuis l’espace ? Si vous répondez – comme c’est l’usage – la Grande Muraille de Chine, vous avez perdu ! En effet, elle n’est pas plus visible que les grandes pyramides d’Égypte. Pour vous remettre d’une telle révélation, voici quelques éléments d’informations sur l’architecture et les pratiques artistiques d’Extrême-Orient.

Défense de faire le mur

La construction de la Grande Muraille de Chine s’étend de - 500 au XVIIe siècle. Mais en dehors de cette exception, l’architecture chinoise et extrême-orientale n’a pas connu – c’est le cas de le dire – de travaux pharaoniques. Et la Grande Muraille elle-même n’est, à bien des endroits, qu’un simple mur qui n’effraierait pas un cheval mongol court sur pattes. Elle sert généralement plutôt à concrétiser la frontière et fait office de barrière pour empêcher les troupeaux de divaguer, c’est-à-dire de trop se disperser et de se perdre, et ainsi de devenir un motif d’affrontement entre tribus nomades et empire chinois. C’est en somme une vaste clôture de fils barbelés sans fils barbelés…

 

Circulez, il n’y a rien à voir

i0290.jpgOn s’étonne parfois, et jusqu’à remettre en cause son séjour en Chine, que Marco Polo (1254-1324) n’en parle pas dans son Livre des merveilles. (Marco Polo, rappelons-le, est ce voyageur qui a quitté Venise pendant vingt-quatre ans en ne fermant pas le robinet de sa baignoire. On a vu le résultat…) Si le Vénitien ne parle pas du monument si prestigieux aux yeux de chaque Occidental, la raison est toute simple : la partie la plus spectaculaire de cette Grande Muraille, la plus visitée aujourd’hui et dont l’image est la plus popularisée (vaste escalier, hautes tours) est plus tardive, ne datant que de la dynastie Ming (1368-1644). À son époque, il n’y avait donc pas de quoi s’émerveiller.

 

Manque de pont

En dehors de ce monument utile, en Extrême-Orient, la pierre comme matériau n’a guère été utilisée que pour la construction de quelques ponts. Sur le Tokaido – la voie qui traversait tout le Japon – les bacs étaient souvent préférés aux édifices en dur, cela dans le but de pouvoir maîtriser les déplacements de population, les empêcher au besoin, comme dans le cas d’une troupe armée en route pour un coup d’État. À l’entrée d’Hiroshima par exemple, il n’y avait que trois ponts, dont l’étroitesse rendait impossible toute charge de cavalerie.

i0291.jpgEn architecture, c’est le bois qui prédominait. La fragilité de ce matériau a généré l’habitude de rebâtir à intervalles réguliers les monuments, à l’identique. Cela entraîne une perception différente de l’âge d’un bâtiment : un guide asiatique présente une pagode comme étant du XIVe siècle, même si un incendie l’a réduite en cendres il y a soixante ans et qu’elle a été entièrement refaite.

C’est stupafiant

Autrement dit, on n’envisage pas l’architecture de la même manière en Asie qu’en Occident. Un Viollet-le-Duc asiatique ne reconstitue, ni ne crée une copie, encore moins fait-il un faux, il réincarne. Il faut peut-être voir là une conception de l’univers et une attitude intellectuelle en accord avec le bouddhisme. D’ailleurs, la pagode dériverait du stupa indien, ce monument tumulus censé à l’origine abriter une relique du Bouddha. Et c’est là peut-être l’origine de toute l’architecture asiatique.

 

La forme du stupa est inspirée par deux des attributs traditionnels du moine bouddhiste :

  • coche.jpg le bol à aumônes retourné pour la forme du dôme ;
  • coche.jpg la robe de moine repliée pour les trois marches conduisant au stupa.

Tibet or not Tibet

Le stupa a abouti à d’innombrables variations en Asie depuis que l’empereur indien Ashoka au IIIe siècle a popularisé ce type de construction. Depuis le temps que le dalaï-lama se promène sur la planète et qu’on s’intéresse au bouddhisme, vous savez qu’au Tibet, cet édifice, avec sa forme caractéristique de bulbe, s’appelle un chorten. Les plus remarquables sont :

  • coche.jpg celui de Sanchi en Inde ;
  • coche.jpg celui de Bodnath à Katmandou, qui date du XIVe siècle ;
  • coche.jpg celui de la pagode Shwedagon à Rangoon, en Birmanie ;
  • coche.jpg et celui qui a le record de hauteur de 127 mètres à Nakhon Pathom, en Thaïlande.

Dieux à tous les étages

i0292.jpgCependant, une pagode n’est pas nécessairement bouddhiste, elle peut également être taoïste, voire les deux à la fois. Il n’y a qu’à songer au panthéon bouddhique qui intègre tous les cultes, un peu comme la religion romaine antique. Cela aboutit à ce mélange japonais de bouddhisme et de shintoïsme chez le même croyant. À l’heure actuelle, le terme de pagode est réservé aux constructions d’Extrême-Orient et d’Asie du Sud-Est. Ces monuments religieux en forme de tours polygonales sont divisés en plusieurs étages, parfois quinze, qui représentent les cieux superposés à la Terre, où les Bodhisattvas, les futurs Bouddhas, attendent l’heure de leur incarnation. Sans cesse rebâtis, ces monuments sont éternels, même s’ils sont transitoires pour une vision occidentale.

Une peinture au rouleau

La conception éphémère de l’architecture entraîne aussi d’autres habitudes de décoration. Les édifices destinés à être reconstruits une fois par génération ne sont donc pas décorés de fresques ou de peintures murales, ni de grands tableaux sur toile.

 

La peinture utilise trois sortes de supports :

  • coche.jpg les rouleaux verticaux, les kakemonos japonais ;
  • coche.jpg les rouleaux horizontaux, les makimonos ;
  • coche.jpg les paravents.

Présentez vos papiers !

i0293.jpgLes conditions matérielles induisent évidemment d’autres habitudes artistiques. Quel est le point commun entre rouleaux et paravents ? Tous les deux se referment et se replient. Le papier et la soie, matériaux privilégiés, ne supportent pas la lumière, alors qu’elle est indispensable pour mettre en valeur la peinture à l’huile occidentale. Ainsi, on n’expose pas en permanence les peintures au mur et on ne jouit de l’œuvre d’art qu’à des moments privilégiés. (De là découle l’expression qui invite à partager une intimité pas seulement esthétique : « Viens voir mes estampes japonaises. ») S’il n’y a que peu de portraits, le rouleau horizontal se prête bien en revanche à la forme narrative.

 

Prenons par exemple l’histoire du Bouddha. Elle est représentée avec des traits qui rappellent parfois nos occidentales tentations de saint Antoine. L’art du paysage atteint des sommets de raffinement. Certaines de ces peintures savent jouer de la blancheur de la feuille. Le trait suggère les contours et le vide devient paysage. L’abstraction est presque là, à portée de pinceau.

 

Le Japon aussi développe une pratique artistique qui doit beaucoup au bouddhisme et plus particulièrement à ce bouddhisme zen qui fait de l’art un aboutissement personnel et intérieur. L’art zen repose sur le dépouillement et l’admiration de la nature. Le « jardin » zen du temple de Ryon-ji en est un bon exemple, car il n’est pas véritablement un jardin mais une surface de graviers, savamment ratissée, avec quelques pierres qui émergent. Le tout tient à la fois du tableau, de la sculpture et de la performance.

Viens voir mes estampes japonaises

i0294.jpgLa peinture orientale qui a marqué l’imaginaire occidental est la peinture japonaise de l’ukiyo-e, apparue à la fin du XVIIe siècle mais florissante jusqu’à la fin du XIXe siècle. Traduite par « images du monde flottant » ou par « images du monde éphémère et mouvant », cette expression concerne un monde en dehors de la société respectable. Les modèles des peintres et graveurs sont ainsi des acteurs de kabuki, le théâtre japonais, ou des geishas, les courtisanes de plus ou moins haute volée. Le vocabulaire français familier a la même notion avec « zonard », celui qui vivait naguère dans la « zone » qui s’étendait aux limites de Paris après les fortifications.

 

Aux japonais absents

Le genre de l’ukiyo-e est constitué de peintures et d’estampes xylographiques, c’est-à-dire imprimées à partir de planches gravées en bois. La peinture japonaise ne suit pas les mêmes voies grandioses que la peinture occidentale. La souplesse du pinceau et la douceur de la gravure sur bois conviennent bien à l’expression des aspects fugaces de la nature ou au mouvement gracieux de l’animal. Les noms les plus marquants sont ceux d’Utamaro, de Hokusai et de Hiroshige.

 

Les mangas ne datent pas d’hier

Le peintre Kitagawa dit Utamaro (1753-1806) fait des prodiges en représentant des insectes et toutes sortes d’animaux, mais il est surtout célèbre pour sa série des Maisons vertes sur Yoshiwara, le Pigalle d’Edo (ancien nom de Tokyo).

 

Hokusai (1760-1869) laisse plus de 30000 dessins, dont on retient sa série de 15 volumes, Manga (sorte d’encyclopédie d’images). Et comme la mode des mangas ne date pas d’aujourd’hui, on remarque son importante influence sur des artistes occidentaux comme Degas ou Van Gogh. Dans son propre pays, l’artiste a pour successeur Utagawa Ichiyusai, dit Hiroshige (1797-1858). L’expression « images du monde éphémère » convient particulièrement à son œuvre qui dépeint la nature. À son tour, ce peintre influence des artistes occidentaux comme Whistler ou Toulouse-Lautrec.

Mise en terre… cuite : la sculpture

i0295.jpgLe 29 mars 1974, on fait en Extrême-Orient une découverte extraordinaire qui bouleverse nos idées sur la sculpture chinoise. Ce jour-là, des paysans qui creusent un puits dans la province du Shanxi, dans le nord de la Chine, mettent au jour une statue de guerrier de terre cuite. Les archéologues nous révèlent ensuite l’armée qui protège le dernier repos de Qin Shi Huangdi (mort en - 210, soit une centaine d’années après Alexandre le Grand). Cet empereur est celui qui a fondé la grande dynastie Qin, dont le pays tire son nom (devenu Chine en français).

De vraies fosses

Le tumulus qui renferme la sépulture a 50 mètres de haut et un périmètre de 6 kilomètres. Pour l’instant, les archéologues chinois n’ont pas encore pénétré dans le tombeau lui-même. Lorsqu’ils le feront, on pourra sans doute ajouter un chapitre assez étonnant à ce livre, un peu comme si on avait découvert la tombe inviolée d’un grand pharaon comme Ramsès II, alors que nous sommes déjà éberlués par celle d’un roitelet comme Toutankhamon ! Le plus inattendu, c’est que nous savons par un historien ce qu’il y a à l’intérieur.

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À tombeau ouvert

Historien, Sima Qian (- 145 à - 86) a la mauvaise idée de se faire l’avocat d’un officier accusé de trahison envers l’empereur Wu Di (vers - 100). Or ce dernier a une façon bien à lui de considérer les droits de la défense : il laisse à l’avocat improvisé le choix entre les bourses ou la vie, être castré ou être décapité. Sima Qian survit à l’opération et nous laisse une histoire de la Chine, où il raconte que 700000 hommes ont contribué à bâtir le tombeau. Ils creusent à travers trois niveaux d’eaux souterraines, coulent du bronze et installent les sarcophages. Des pièges sont évidemment installés pour prévenir toute intrusion.

 

Ce tombeau devait être à l’image de l’univers. Au plafond est représentée la voûte céleste et au sol une gigantesque carte de l’Empire est tracée ! Du mercure remplit les fleuves et des arbres et de la végétation sont plantés pour recréer un paysage. Pour représenter le pays, des artisans transportent des modèles de tous les bâtiments de l’Empire. Objets précieux et raretés accompagnent aussi l’empereur pour son dernier voyage. Les concubines sans enfants sont sacrifiées, ainsi que les bâtisseurs qui connaissaient les secrets des pièges.

La tête de l’emploi

Les archéologues mettent à jour cinq fosses dont une vide. De la première – la plus grande, 230 mètres de long, 62 de large et 5 de profondeur – ils dégagent plus de 1 000 guerriers, une trentaine de chevaux et des chars. On estime qu’il y a encore des milliers de statues enfouies qui attendent sans remuer un cil la suite des travaux. Les soldats debout font près de 2 mètres, ceux agenouillés environ 1,20 mètres. Chaque visage est un portrait individualisé et l’équipement est rendu avec un réalisme remarquable. La deuxième fosse contiendrait plus d’un millier de statues dont seule une centaine a été dégagée. Dans la troisième fosse se trouvent 68 guerriers et un char, peut-être l’état-major. La quatrième est vide, sans doute inachevée. Certains fouilleurs se sont demandés si elle n’avait pas été conçue pour des sacrifices humains. Dans la cinquième fosse, on a trouvé deux chars de bronze.

 

L’armée de terre

Découverte unique dans l’histoire de l’art, cette armée en terre cuite est la preuve d’une véritable industrie de la sculpture. On pourrait croire qu’ensuite elle a un développement extraordinaire, en particulier l’art du portrait comme le laisseraient supposer les visages, tous différents, de ces gardes. Il n’en est rien ! De façon générale, l’imitation de la nature n’est pas considérée comme le but de l’art oriental. Nous ne trouverons ensuite plus guère que des statuettes, comme celles d’animaux qui ont l’air si vivants ou de danseuses pleines de grâce, et une abondante production de bouddhas.

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Comme ça sanscrit

Après la conquête d’Alexandre, l’influence hellénistique perdure avec le royaume du Gandhara au nord de l’Inde (actuellement une partie de l’Afghanistan) florissant du Ier au VIIe siècle. Jusqu’à cette époque, le Bouddha n’est pas représenté avec un visage humain. Les sculpteurs du Gandhara sont les premiers à le faire en lui donnant les traits d’Alexandre le Grand dans des figurations inspirées des statues d’Apollon. Toutes les représentations actuelles du Bouddha, y compris au Japon, en dérivent. À l’opposé, nous connaissons en Occident un saint Josaphat qui n’est autre que Bouddha devenu saint, car le mot sanscrit Bodhisattva est devenu Boudasaff en arabe puis Iodasaf en géorgien, pour devenir finalement Josaphat.

Jeux de mains

Chaque Bouddha apparaissant sur Terre a des marques physiques particulières, 32 selon la tradition, par exemple la protubérance crânienne (ushnisha), une touffe de poils entre les sourcils (urna), la roue de la Loi sur la plante des pieds et sur la paume des mains, de longs bras dont les extrémités atteignent les genoux, ou bien encore la chevelure bouclée. Après un examen rapide dans le métro ce matin, nous sommes encore quelques-uns à devoir nous réincarner !

 

Les gestes du Bouddha correspondent à un code bien précis, un peu comme les attributs des saints dans le christianisme, la roue pour sainte Catherine ou le cochon pour saint Antoine.

Têtes d’hilare

Il ne faut pas oublier que le mystique connu en Occident sous le nom de Bouddha n’est que l’un d’entre eux, le Bouddha historique nommé Siddharta Gautama. Les récits traditionnels du Buddhavamsa (l’histoire du Bouddha) disent que 24 autres Bouddhas l’ont précédé. Après lui, il y aura le Bouddha de l’Avenir, Maitreya, très souvent représenté dans les pays d’Extrême-Orient sous un aspect ventripotent et hilare. Il montre ainsi son optimisme pour l’avenir, mais comme il doit naître 5 000 ans après la mort de Gautama, on a encore le temps de voir venir. D’ici là, il aura peut-être perdu sa bonne humeur en voyant ce que les hommes peuvent se faire entre eux !

 

Avec Maitreya, cinq de ces Bouddhas sont plus particulièrement vénérés. Ils ont une localisation géographique ou astronomique bien précise et sont abondamment représentés sous toutes les formes, sculptures ou peintures. Voici quelques indices pour les reconnaître sans regarder les étiquettes dans les vitrines :

  • cochegrise.jpg Celui de l’Ouest, le plus vénéré, est Amithaba, nommé Amida au Japon. Il correspond au soleil couchant et symbolise la sagesse, la miséricorde et la compassion, en consolant et délivrant les êtres de leur souffrance.
  • cochegrise.jpg Le Bouddha de l’Est, Akshobhya l’Inébranlable, subjugue les passions démoniaques et manifeste le pur esprit de l’éveil sans souillure. Il correspond au soleil levant et sa couleur est le bleu, son attribut le foudre et sa monture l’éléphant. On lui prête les vertus de la vacuité, c’est-à-dire du vide intérieur, une vertu pratiquée involontairement par de nombreuses personnes !
  • cochegrise.jpg Ratnasambhava, « issu du diamant », règne dans le Sud. Sa couleur est le jaune, son attribut le diamant et sa monture le cheval ou le lion.
  • cochegrise.jpg Amogasiddhi l’Incorruptible règne dans le Nord. Sa couleur est le vert, ses attributs sont l’épée ou un double foudre, sa monture est l’aigle.
  • cochegrise.jpg Au Zénith règne Vairocana, seigneur omniscient, lumière universelle. Sa couleur est le blanc, son attribut le disque solaire et sa monture le dragon. Il est souvent représenté assis sur un trône soutenu par des lions, avec un geste bien caractéristique qui n’appartient qu’à lui : il tient ses deux mains devant sa poitrine et la droite serre totalement l’index levé de la main gauche.

Des variantes

Certains pays ont développé une iconographie particulière. On trouve par exemple en Birmanie des représentations sculptées du Bouddha en train de marcher. Quelques représentations du Bouddha couché sont réputées, par exemple au Japon – la plupart du temps, il s’agit du Mahaparinirvana (qui n’est pas un retour du groupe de Kurt Cobain, mais une moins réjouissante extinction définitive). Plus couramment, on représente surtout le Bouddha debout ou assis.

 

On a pris l’habitude de considérer certains gestes et certaines attitudes comme caractéristiques de miracles précis ou de d’épisodes particuliers de la biographie du Bouddha, valables pour les différents arts asiatiques et aussi pour l’art classique indien. Mais attention, si le Bouddha historique est né en Inde, l’Inde n’est plus bouddhiste depuis le XIIe siècle. La religion a en effet quitté le pays qui l’a vu naître pour se répandre dans toute l’Asie et, d’une moindre façon, en Occident.

 

Du grain à mudrâ

i0298.jpgLes gestes codifiés des mains, mudrâ en sanscrit, qu’on traduit souvent par « sceau », permettent en effet de reconnaître les divers Bouddhas ou des épisodes de la vie de Gautama. Vous pouvez oublier les termes sanscrits et retenir les positions en français, afin d’impressionner les gosses la prochaine fois que vous irez au musée Guimet :

  • coche.jpg Dhyâna mudrâ, sceau de la méditation  : le Bouddha est assis à l’indienne, le buste droit, les deux mains à plat l’une sur l’autre. Les doigts allongés peuvent former avec les pouces un triangle mystique, symbole du feu spirituel.
  • coche.jpg Abhaya mudrâ, sceau de l’absence de crainte  : le bras est levé, la paume de la main droite est tournée vers l’avant (un peu comme on dirait « Halte-là »), la main gauche est tendue vers le sol. L’épisode de la vie de Bouddha auquel il se rapporte est l’attaque de l’éléphant Nalagiri envoyé contre lui par son cousin Devadatta. Dans la vie courante, pour tout un chacun, afin d’éviter une réincarnation prématurée, la fuite est conseillée.
  • coche.jpg Varadra mudrâ, sceau de la charité, du don, de la générosité  : le bras droit est pendant, la paume de la main ouverte, en symbole de la promesse du Bouddha de se consacrer au salut des hommes.
  • coche.jpg Vitarka mûdra, sceau du raisonnement, de l’argumentation ou de l’enseignement  : la main est à hauteur de la poitrine comme dans l’Abhaya mudrâ mais avec le pouce et l’index joints. Le rond formé par le pouce et l’index forme un 6 avec les autres doigts (comme pour dire : « C’est aux petits oignons, je ne vous dis que ça ! »). La main gauche tient le bord du vêtement. Toutefois, cela dépend des pays, car en Thaïlande les deux mains font le mudrâ. Au Japon, six significations sont possibles selon la disposition des doigts : que de chinoiseries !
  • coche.jpg Vairocana mudrâ, le sceau de la sagesse, caractéristique de Vairocana  : le Bouddha du Zénith tient ses deux mains devant sa poitrine et la main droite serre totalement l’index levé de la main gauche. Le « poing de la sagesse » représente la connaissance dissimulée sous les apparences.
  • coche.jpg Dharmachakra mudrâ, sceau de la roue de la Loi  : c’est le geste de l’imperturbabilité et du rejet des passions. Les deux mains sont ramenées devant la poitrine, la main droite fait un 6 avec les doigts, la gauche appuie l’extrémité des doigts contre la paume de la main droite.
  • coche.jpg Bhûmisparsa mudrâ, sceau de toucher la terre, dit aussi « de la prise de la terre à témoin », une position très fréquente  : le geste est toujours accompli par le Bouddha assis, la main droite est allongée sur la cuisse droite, les doigts tendus vers le sol, l’autre main posée sur les jambes repliées, la paume tournée vers le ciel. L’épisode en relation avec ce geste est la tentation du Bouddha par les trois filles de la démone Mara symbolisant la passion, le désir et le plaisir. La déesse Vasumdarhi vint à son secours et déclencha un tremblement de terre qui les fit fuir. Ce mudrâ « de prise de la terre à témoin » prouve qu’une prise de terre est indispensable dans toute situation électrique.

Lotus en position

i0299.jpgLes attitudes corporelles du Bouddha, les asanas, sont aussi codifiées que les gestes des mains. Debout, on parle le plus souvent de stanaka asana. Le Bouddha est de face, jambes légèrement écartées, faisant le geste de l’Abhaya. Bien connue de tous, la dhyana asana est la position du lotus. Souvent évoqué, le lotus est, à l’image de l’être humain, capable de s’épanouir en ayant ses racines dans la boue. La plante des pieds du Bouddha a la roue de la Loi comme marque de naissance. Ces attitudes se retrouvent aussi bien dans l’iconographie que dans la sculpture, de l’Inde à la Chine ou au Japon.

Spécialiste de l’universel : l’Inde

i0300.jpgL’art indien a quelque chose d’une vision totale du monde. Selon une légende très révélatrice, on dit qu’un roi indien voulut apprendre de son miniaturiste l’art de peindre. « Bien sûr, répondit le peintre, mais pour apprendre à peindre, il faut d’abord apprendre la sculpture afin de bien apprécier les volumes. » Le sculpteur sollicité expliqua, lui, au roi qu’il devait d’abord comprendre gestes, postures et mouvements et pour cela étudier la danse. Évidemment, comme vous pouvez vous en douter, la danse nécessite une bonne compréhension du rythme, donc de la musique. Et la musique tire son origine de la poésie … Le roi comprit alors que, pour pratiquer une discipline artistique, il fallait les connaître toutes. Cette histoire donne le ton de l’art indien.

i0301.jpgLa première civilisation de l’Indus date de - 3000. On a retrouvé à Mohenjo-Daro et à Harappa des statuettes de diverses pierres ou de bronze à cire perdue. Ce procédé consiste à faire d’abord une statue de cire. On l’entoure d’un moule dans lequel on verse le métal en fusion. Le métal prend la forme de la cire qui s’évapore sous l’effet de la chaleur : simple et génial. Il faut signaler les sceaux qui représentent des animaux d’origine indienne et quelques personnages dont un dieu que l’on croit parfois apparenté à Shiva. Sur ces sceaux qui rappellent ce genre d’objets mésopotamiens, figurent des inscriptions dans une écriture toujours pas déchiffrée à ce jour.

Hindoue en dur  : l’architecture

L’Inde n’est jamais celle que l’on croit. Le monument le plus visité de l’Inde, le Taj Mahal (voir Figure 60) n’est pas hindouiste comme on serait tenté de le croire, mais musulman. En effet son bâtisseur est un souverain moghol, descendant du fameux conquérant Tamerlan (1336-1405), resté célèbre pour ses pyramides bâties avec un matériau original : des têtes fraîchement coupées. Moghol est une autre façon de dire mongol, mais le terme s’applique particulièrement à la civilisation musulmane de l’Inde.

 

Jouer à Shah

i0302.jpgHomme de culture, mais n’aimant pas la concurrence (il fait tuer tous ses frères), Shah-Jahan (1592-1666) fait bâtir une merveille architecturale près d’Agra, en souvenir de sa femme la sultane Nour-Djihan. Morte en couches, elle lui avait demandé de lui bâtir un tombeau dont la beauté ferait passer son nom à la postérité. Placé sur un socle de 5,50 mètres de haut, le tombeau comporte deux étages. Coiffé de coupoles d’inspiration persane, il est en marbre blanc avec des incrustations de pierre qui dessinent des motifs floraux. Le tout aux proportions parfaites, à tel point qu’il est surnommé « le rêve de marbre ». À l’intérieur, on peut voir deux sarcophages, mais les corps reposent dans des caveaux en dessous. Shah-Jahan avait rêvé pour lui d’en bâtir un semblable de pierre noire. Il n’en a pas eu le temps car il fut renversé et emprisonné par son fils (qu’il avait omis de tuer : on ne peut pas penser à tout).

 

Un pilier très affranchi

i0303.jpgSi les archéologues savent que l’occupation humaine n’a jamais cessé, il faut attendre les IIe et IIIe siècles pour trouver des monuments de quelque importance comme les piliers commémoratifs isolés. Ashoka, l’empereur converti au bouddhisme vers - 300, en fait aussi élever, ornés de bas-reliefs et surmontés d’animaux sculptés. Le plus beau d’entre eux, conservé au musée de Sarnat près de Bénarès, est devenu le symbole de l’Union indienne, à tel point qu’il apparaît sur les timbres-poste.

 

Aux quatre points cardinaux

En grès merveilleusement poli, le plus bel exemple d’art maurya (de la dynastie du même nom, entre - 320 et - 185) représente quatre lions adossés qui, à l’origine, supportaient la roue de la Loi. Ils reposent sur un entablement rond où sont sculptés les animaux qui symbolisent les quatre points cardinaux : le lion, le buffle, le cheval et l’éléphant. Entre ces animaux, il y a la roue solaire, la même que l’on voit sur le drapeau de l’Union indienne.

 

De cette époque datent également les grottes bouddhiques décorées. La caractéristique en est l’imitation dans la pierre des charpentes de bois des maisons traditionnelles. Taillées dans le roc comme de véritables cathédrales troglodytes comportant même un stupa, ces grottes n’ont plus rien à voir avec les modestes ermitages des moines bouddhistes ou jaïnistes.

 

Une architecture en creux

Pour l’Inde, la période classique est celle qui s’étend du IVe au VIe siècle, sous l’empire gupta. La décoration des grottes atteint son apogée à Ajantha. L’architecture est là inversée : si d’habitude, pour faire un bâtiment, on entasse des matériaux, ici durant des siècles on creuse ! Toutes les parois ont été sculptées en ronde bosse d’animaux, de divinités et, ce qui étonne toujours les Occidentaux, de couples amoureux. Le site est constitué d’une trentaine de grottes et de monastères souterrains dont la décoration s’est étendue sur une dizaine de siècles.

 

Un lieu aux cultes

i0304.jpgAu siècle suivant, cette tradition se perpétue à Ellora. Les 34 grottes creusées dans la roche sont bouddhistes, hindouistes ou jaïnistes, un peu comme si dans une abbaye on avait installé aussi une mosquée et une synagogue ! La comparaison donne tout de suite une idée de la différence de civilisation.

La grotte la plus remarquable du site d’Ellora abrite le sanctuaire renommé de Kailasa. Il rappelle le mont Kailash dans l’Himalaya, la demeure de Shiva, la montagne sacrée des hindouistes qui, manque de chance, se trouve en territoire chinois ! Les fidèles ont voulu le recréer ici à partir d’un rocher. La superficie de ce temple de deux étages creusé dans une carrière fait deux fois celle du Parthénon d’Athènes !

Des mains du Bouddha aux bras de Ganesh : la sculpture

L’histoire de la sculpture indienne ne commence qu’avec le bouddhisme. Cette école donne une abondante production de statues du Bouddha et des événements de son passage sur Terre. Elle évolue ensuite vers cet art indien exubérant si caractéristique qui multiplie bras, jambes et têtes. L’art classique indien est l’art gupta dont l’apogée est le règne de Chandragupta II (prononcez  : Tchandragoupta), de 375 à 415.

 

Dans les territoires soumis à l’autorité des rois Kushana gréco-indiens à cheval sur le nord du Pakistan et l’est de l’Afghanistan (toutes régions où l’on ne trouve plus guère de bouddhistes, et encore moins de Grecs) un style particulier va naître, appelé gréco-bouddhique ou encore art du Gandhara, du nom de cette province qui vit son développement.

 

Gandhara

C’est un art bouddhique très particulier et profondément original, créé à partir d’apports successifs et inattendus : syriens, parthes, romains et indiens. L’influence grecque est évidente dans les visages au nez rectiligne dans le prolongement du front – le fameux profil grec –, les drapés à l’antique et les coiffures des Bodhisattvas. Dans la décoration, elle se manifeste par l’utilisation de la feuille d’acanthe et par les sujets mythologiques. L’art parthe qui privilégie la présentation frontale y transparaît dans les alignements des bouddhas et des donateurs eux-mêmes vêtus à la mode parthe, en bottes souples, pantalons et tuniques.

 

Défense d’y voir

Les magnifiques ivoires du Gandhara qui proviennent de Begram, conservés au musée de Kaboul, ont disparu dans les guerres récentes. On peut toujours espérer les voir revenir puisqu’on sait qu’ils n’ont pas été détruits. En attendant cette résurrection, il est possible d’en voir en France au musée Guimet. C’est dans cet art que pour la première fois apparaissent des figurations du Bouddha. Il faut insister sur cet art, car l’iconographie créée à ce moment-là va se transmettre en Chine et jusqu’au Japon le long de la route de la soie, qui unissait la Méditerranée à la Chine.

 

Plein les bras

Les scènes sculptées à Ellora et celles d’Elephanta (VIIe siècle) puisent dans le fonds mythologique du Ramayana et du Mahabharata, les grandes épopées indiennes toujours racontées sur la scène au cours de grandes fêtes apparentées aux mystères médiévaux. La représentation des divinités hindouistes est bien particulière avec leurs multiples bras. Ces membres répétés sont là pour indiquer les différents attributs du dieu, permettant de reconnaître l’être divin des multiples créatures humaines ou démoniaques qui l’entourent. Chacune de ses mains porte un attribut symbolisant l’un de ses pouvoirs.

 

Une mémoire d’éléphant

Prenons l’exemple de Ganesh, le populaire dieu à tête d’éléphant, maître et protecteur des arts et de la littérature. Le plus souvent, il a quatre bras, pouvant se multiplier jusqu’à seize (non, ce n’est pas pour mieux serrer les mains de ses adorateurs). Il a quatre bras car c’est lui qui créa les quatre sortes d’êtres, les quatre castes et dévoila les quatre vedas, c’est-à-dire les voies de la connaissance. Ces mains tiennent :

  • coche.jpg la massue qui exprime sa force ;
  • coche.jpg l’aiguillon à éléphant qui montre sa capacité à diriger les forces sauvages ;
  • coche.jpg une défense cassée qui lui a servi de stylet pour écrire la Bhagavad Gitâ ;
  • coche.jpg le gâteau en forme de boule, le gulab djamon, la récompense destinée à celui qui cherche la vérité, et le côté alléchant de l’hindouisme pour les amateurs de cuisine indienne.
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Notre position sur le yoga amoureux

Imprégnés de près de 2 000 ans d’une religion et d’une civilisation où le sexe est toujours dissimulé, les Européens sont frappés par les frises érotiques tantriques, dont les plus célèbres sont à Khajuraho. Le tantrisme propose diverses pratiques érotiques ou ésotériques pour atteindre la divinité, en une sorte de yoga amoureux. Il se retrouve dans les diverses religions, tels le bouddhisme, l’hindouisme ou le jaïnisme. On trouve des scènes sur les temples qui évoquent plus les réunions de travail avec stagiaire d’un ancien Président d’un grand pays ami que la façade d’un sanctuaire…

 

C’est une mystique de l’amour physique certes, mais certains scènes de zoophilie sont plutôt bizarres, même si on a voulu y voir des souvenirs d’antiques rites de fertilité. Certains fidèles pensent que c’est à cause de la déesse de la Foudre : comme elle est très pudique, elle détourne les yeux et manque sa cible. Excellent paratonnerre !

Des miniatures grandeur nature : la peinture

La peinture indienne a su utiliser tous les supports : fresques, feuilles de palme ou papier. Selon les sources littéraires, toute personne bien née pouvait peindre un portrait mais, de l’art pictural ancien, il ne nous reste que des fresques ou des miniatures.

 

Cet art indien extrêmement raffiné n’est pas un art réaliste aux yeux des Européens : les Anglais des XVIIIe et XIXe siècles reprochaient aux miniatures mogholes leur manque de perspectives ou trouvaient qu’une statue chola (de la dynastie du même nom) comme la très belle Parvati était trop déhanchée avec une taille trop mince et une poitrine trop grosse. Soit dit en passant, ces jeunes gens avec des plumes dans le dos qui volètent sur les nuages et qu’on appelle des anges sont-ils pour autant plus réalistes ?

 

Ajantha

Les grottes sculptées d’Ajantha sont aussi peintes avec des fresques. Elles ont été redécouvertes au début du XIXe siècle par des soldats anglais partis à la chasse au tigre. Quoique bien endommagés, les fragments restant montrent le raffinement de cette peinture. La scène la plus complète est celle qui présente un roi et sa suite se rendant avec des musiciens vers un arbre sacré, peut-être le figuier du Bouddha. La scène présente des visages parfaitement individualisés, dans un monde vivant et foisonnant. Les peintures sur les plafonds sont probablement faites à l’imitation de celles des palais, tant on a l’impression d’encadrements en trompe-l’œil, avec un bestiaire saisi sur le vif comme cet éléphant parmi les lotus.

 

Art total

i0306.jpgNous possédons encore des peintures sur feuilles de palmier qui illustrent des textes religieux. Par exemple, celle de l’école Gujarat, État de l’ouest de l’Inde. Dans celle-ci, une caractéristique est frappante : les personnages sont de profil mais les deux yeux sont apparents. Ce premier support en longueur explique aussi l’habitude persistante de disposer les scènes en long, l’une au-dessus de l’autre.

 

L’Inde a aussi développé en la peinture des râgamâlâ un art miniaturiste très particulier. Le raga est la forme musicale classique, mais on joue tel ou tel morceau selon l’humeur et l’heure de la journée. Le musicien doit en même temps s’inspirer non seulement du texte mais aussi de la miniature. L’Inde tente ainsi de créer un art où littérature, musique et peinture forment un tout.

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Vraiment cinghalais

L’influence de l’Inde, et plus particulièrement du bouddhisme cinghalais, s’est fait sentir sur la péninsule indochinoise. Cela transparaît bien dans cet art inattendu du royaume du Champa, en plein centre du Vietnam, qui nous a laissé de hautes tours en briques avec quelques sculptures figurant les divinités hindouistes et les danseuses apsara au musée de Da Nang. Elles sont curieusement encastrées dans les murs. Puis les Chams, qui étaient d’origine indonésienne, ont vu leur civilisation disparaître. À l’heure actuelle, leurs descendants vivent au Laos et sont convertis à l’islam. Il surent vers 850 créer un art original où se sont fondues les influences chinoises et indonésiennes.

 

Leurs adversaires khmers du Cambodge ont créé un des arts les plus prestigieux de l’Asie, dont les premiers monuments datent du début du VIIe siècle. L’apogée de l’architecture khmère est le site d’Angkor, bâti du IXe au XVe siècle, qui constitue un des plus grands ensembles monumentaux du monde. À l’origine, la ville est fondée autour du temple de Phnom Bakheng. La capitale terrestre est la réplique de la demeure céleste. Le temple est la montagne sacrée, le mont Meru, qui se dresse au centre du monde. Les grands réservoirs qui servent à l’irrigation, longs de 8 kilomètres et larges de 2, figurent l’Océan primordial. Cette invention du temple-montagne est une caractéristique khmère.

 

Cette capitale est en fait une addition de villes et de temples. Angkor Vat est un ensemble monumental de 850 mètres sur 1 kilomètre, dont l’édifice principal est une pyramide à trois étages aux galeries abondamment décorées et dominée par cinq tours en forme de lotus. Les Chams ayant conquis cette capitale vers 1180, Javayarman VII, parfois surnommé le Louis XIV khmer, fit bâtir Angkor Thom centré sur le temple du Bayon, avec ses énormes portraits de pierre le représentant. Au XVe siècle, les Khmers transfèrent leur capitale plus au sud. Les Français redécouvrent ces temples en 1860 avec, parmi eux, le fils de Carpeaux. Ce sont les archéologues de l’École française d’Extrême-Orient qui dégagent une partie du site. Interrompus par les guerres récentes, les travaux ont repris : pour l’instant, sur un total estimé de 600 temples, seule une centaine ont pu être dégagés.