Les statues grecques vous laissent de marbre ? La visite d’un musée vous arrache des bâillements d’ennui ? Les galeries d’art vous donnent de l’urticaire et vous ne comprenez pas pourquoi des personnes apparemment saines d’esprit sont prêtes à s’empoigner dans une salle de ventes pour acheter à prix d’or un tableau qui ressemble à un dessin d’enfant ? L’art, pensez-vous, c’est un peu comme le polo ou les échecs : pour s’y intéresser, il faut être ou très riche ou très intelligent.
Eh bien, rien n’est moins vrai : faisant d’abord appel à la sensibilité, l’art n’est pas réservé à une poignée d’élus ! Tout le monde peut apprécier la beauté d’un objet et le profane, armé de connaissances modestes, apprend vite à affiner son goût. Et si, devant une œuvre d’art, il vous est arrivé de penser : « Je ne vois pas ce que représente ce tableau et je n’en comprends pas le sens, mais pourtant je trouve ça beau », vous avez déjà franchi un grand pas, car le ravissement et le sentiment d’étrangeté constituent la base même du jugement esthétique.
Pour apprécier l’art, il faut donc se défaire une bonne fois pour toutes de deux préjugés tenaces :
En un mot, pour apprécier l’art, il est nécessaire de réapprendre à voir. C’est à cette salutaire « éducation du regard » que nous espérons contribuer ici.
Le modeste objectif poursuivi par les auteurs de ce livre est d’offrir une introduction à l’histoire de l’art afin d’inciter le lecteur à aller plus loin, par la visite de musées ou la consultation d’ouvrages plus pointus. Le recours à l’humour a ici pour but de désacraliser l’Art avec un grand A. Car nous ne répèterons jamais assez que ce dernier est accessible à toute personne capable d’éprouver des sensations : accompagnez des enfants dans un musée et vous verrez bien !
Comme son titre l’indique, L’Histoire de l’art pour les Nuls retrace les principales étapes de la création artistique de façon claire et accessible. Se tenant à l’écart des débats qui divisent les spécialistes, il se propose d’évoquer la diversité des époques et des styles sans préjugé d’aucune sorte. Des châteaux de la Loire à la muraille de Chine en passant par le Taj Mahal ou l’île de Pâques, il ne néglige rien et peut se concevoir comme le plus vaste musée du monde.
Ce sera aussi le musée le plus étendu dans le temps, car il parcourt toutes les époques durant lesquelles l’art a fleuri, de la préhistoire à nos jours en passant par l’Antiquité (ses temples et ses statues de marbre), le Moyen Âge (ses cathédrales et ses icônes), la Renaissance (lorsque les artistes réinventaient l’Antiquité), l’époque classique (au goût baroque, précieux et encyclopédique), le XIXe siècle (si riche en innovations), le XXe siècle (déjà le siècle passé !) sans oublier le siècle qui s’ouvre : l’aventure continue.
Au cours de votre « visite », vous rencontrerez de multiples génies : Léonard de Vinci (ingénieur et bricoleur génial qui trouvait modestement qu’il savait peindre comme tout le monde), le Caravage (un rénovateur de l’art qui dégainait sa rapière un peu trop vite, ce qui lui a valu quelques ennuis), Pierre Auguste Renoir (qui, pour continuer à peindre alors même qu’il était perclus de rhumatismes, se faisait attacher des pinceaux aux doigts) et bien d’autres encore !
Si les auteurs n’ont pas la prétention de tout expliquer, certains éclairages seront toutefois effectués pour éviter au lecteur de naviguer à vue. Ainsi seront définis les termes techniques, les courants esthétiques, etc. Des analyses et des interprétations succinctes seront aussi parfois faites. Mais quel que soit le parti pris, vous n’êtes en aucun cas obligé d’y souscrire, car, contrairement à l’adage, les goûts et les couleurs, ça se discute !
Au terme de ce voyage passionnant, nous espérons que vous aurez appris des choses intéressantes en y prenant du plaisir. Car en art comme en toute chose, comme dit le proverbe, il n’y a pas de mal à se faire du bien.
Dans un souci de simplicité, nous avons utilisé un certain nombre de conventions qui faciliteront votre lecture :
Après avoir hésité entre une présentation classique, cubiste ou même impressionniste, les auteurs de ce livre ont finalement opté pour le bon vieil ordre chronologique ! En l’espace de vingt-huit chapitres se déroule ainsi le fil de l’histoire de l’art occidental, de la préhistoire à nos jours. Mais attention, en choisissant de classer ainsi les œuvres, nous n’avons pas voulu tracer une hiérarchie qui placerait les œuvres les plus récentes au sommet de l’échelle des valeurs artistiques et les plus anciennes en bas. Dans le domaine de l’art plus qu’en tout autre, il n’y a guère de progrès. Le but poursuivi ici n’est que celui de la clarté.
Par commodité, les arts non européens ont été regroupés dans une partie unique. Là encore, attention au malentendu : s’ils proviennent d’autres cultures que la nôtre et font ici l’objet d’un traitement spécifique, il faut se garder de les dévaloriser, car ces arts ont produit des chefs-d’œuvre de tout premier plan comme nous allons le voir dans les quatre chapitres qui leur sont consacrés. Les fidèles de la collection retrouveront enfin « La partie des dix » qui clôt l’ouvrage sur une note insolite avec le portait de dix artistes français connus à l’étranger mais méconnus dans leur propre pays.
L’art, qui apparaît dès la préhistoire, revient de loin ! Contrairement à l’opinion commune, il est alors déjà très élaboré. En effet, les peintures rupestres ne sont pas de simples « tags » faits au hasard dans les grottes : elles prennent en compte l’inclinaison des parois. Dans la foulée, si l’on peut dire, la Mésopotamie invente l’Histoire et, avec elle, les beaux-arts, qui se déclineront tout au long de cet ouvrage autour de trois thèmes majeurs : la peinture, la sculpture et l’architecture.
Soucieux de laisser une trace ou de prolonger leur existence dans l’au-delà, les Égyptiens ont laissé derrière eux de magnifiques monuments qu’une foule de touristes se presse aujourd’hui de visiter, sur place ou dans les musées. Élaborant les règles de l’harmonie, les Grecs inventent le Beau idéal. Les Romains qui les suivent sont enfin d’excellents architectes, même si question peinture et sculpture, c’est zéro ! Ces conquérants font alors appel aux artistes étrangers, de gré ou de force, créant les premières importations d’œuvres d’art.
Gardez le sourire tout au long de cette partie notamment marquée par l’architecture ! Le Moyen Âge n’est pas une période si sombre que ça… Pour preuve, les architectes n’ont de cesse de faire entrer la lumière dans les cathédrales. L’art roman affronte le problème : comment faire grand et lumineux ? Ça ne tient pas debout ! Il y a là un problème de taille que l’art gothique résout grâce à la croisée d’ogives. Enfin, jusqu’à un certain point : les habitants de Beauvais vous le diront. À cette époque, des gratte-ciel de pierre et de verre sont élevés un peu partout en Europe à la gloire de Dieu. Mais la Renaissance se profile déjà, qui puise aux sources plus anciennes de l’Antiquité gréco-romaine.
Le baroque, né en Italie au tournant des XVIe et XVIIe siècles, y trouvera pendant cent cinquante ans un terrain privilégié. Si Florence est le berceau de la Renaissance, Rome est celui du baroque. Les papes, nostalgiques de la splendeur de la Rome impériale, encouragent ce nouveau style qui va bientôt gagner les principaux pays d’Europe. Dans cette partie, vous croiserez également quelques génies de l’art universel, comme l’Espagnol Vélasquez ou le Hollandais Rembrandt, et entrerez dans les ateliers d’artistes.
Le XIXe siècle : quelle époque riche en courants d’art ! Les artistes d’alors revendiquent pleinement leur appartenance à la modernité. Ainsi se succèdent néoclassicisme, romantisme, réalisme, académisme, impressionnisme, symbolisme… Que de noms en « isme », souvent donnés par une critique moqueuse ! L’histoire politique, également tumultueuse, alterne les régimes et entraîne les artistes à faire œuvre de propagande. La Révolution française, Napoléon ou Louis XVIII en ont bien besoin. Mais au vent de l’histoire, certains artistes s’enrhument, en exil comme David, ou disparaissent de nos mémoires. Cette partie a également pour ambition de faire redécouvrir Hébert, des pompiers trop longtemps éteints ou encore Gustave Moreau.
Pas de panique ! Vous entrez dans le XXe siècle parfaitement détendu, prêt à rencontrer tous les bouleversements de l’art et à adopter devant tant d’innovations un regard neutre – nous n’avons pas dit éteint ! L’art contemporain démarre fort avec le fauvisme, l’expressionnisme et le cubisme : laissez-vous porter par les courants, loin de tout ce que vous avez vu jusqu’à maintenant. Une particularité commune de ces mouvements est la redécouverte de l’art primitif. Cette rencontre n’est pas due au hasard, tant les œuvres considérées comme « primitives » dégagent une force d’expression qui semblait avoir déserté l’art occidental. Et encore, ce n’est qu’une transition vers l’abstraction qui, si elle ne ressemble parfois à rien, n’est pas à négliger du tout !
Au regard de l’Occidental habitué à la tradition des beaux-arts, les arts non européens peuvent apparaître bien grossiers… Ces œuvres d’abord baptisées « curiosités » ont longtemps été conservées par des collectionneurs dans des cabinets où défilaient des personnes prêtes à s’émerveiller devant un tapis persan ou à frissonner de crainte devant un masque africain. Le tout avec beaucoup de condescendance à l’égard de ces « bons sauvages » artisans. Cependant, les superbes réalisations présentes dans cette partie méritent toute votre attention : bienvenue aux pays des merveilles !
Ce rendez-vous traditionnel de la collection « Pour les Nuls » commence par un hommage aux lieux de conservation et de présentation des œuvres d’art : les musées. Dans ce mot, il ne faut pas oublier qu’on entend muser, comme s’amuser et musarder dans des lieux prestigieux et propices à s’instruire. Comme la peinture est certainement la discipline des beaux-arts la plus appréciée, des œuvres remarquables, comme l’incontournable Joconde, seront ensuite présentées en détail. La gloire est cependant capricieuse, et parfois localisée géographiquement, comme vous le découvrirez enfin avec dix créateurs français oubliés dans leur pays et encensés à l’étranger.
Des icônes placées dans la marge vous permettront tout au long de ce livre de repérer d’un coup d’œil le type d’informations proposées selon les passages, les encadrés, les tableaux… Elles peuvent ainsi guider votre lecture selon vos envies.
Ce symbole signale un problème délicat, une confusion possible. Soyez bien attentif.
Vous trouverez là l’explication d’un terme technique, la traduction d’un mot étranger ou l’origine d’un nom.
Vous aimez épater la galerie ? Guettez cette icône, elle signale un fait insolite, une anecdote méconnue ou un chiffre surprenant.
Pour une lecture facilitée et enrichissante, cette icône pointe les éléments à retenir. Vous aurez ainsi toutes les cartes en main pour comprendre les évolutions et les ruptures que connaît l’histoire de l’art.
L’art, c’est avant tout des hommes et des femmes vivants (parfois même turbulents). Vous trouverez là des éléments de biographie, des traits de personnalité, des anecdotes croustillantes concernant nos chers artistes.
Rien ne vaut parfois de rentrer dans le détail pour apprécier à sa juste mesure une œuvre ou un courant artistique. Cette icône signale un point technique, des chiffres ou des statistiques significatifs.
Nous l’avons dit, l’agencement de ce livre est essentiellement chronologique, mais qu’est-ce qui vous empêche de commencer par dada ou l’art africain ? Absolument rien. Considérez plutôt que vous êtes dans le plus grand musée du monde, qui rassemble les principaux chefs-d’œuvre de l’humanité. Vous pouvez suivre le parcours fléché et apprécier les évolutions de l’art au gré des périodes et des courants successifs, mais vous avez également le droit de vagabonder d’une époque ou d’un pays à l’autre. Aucun gardien ne viendra vous dire d’un air sévère : « Non, pas par là, veuillez suivre le sens de la visite. » Et même, profitez-en, car ici, pas d’escaliers ni de dédales de cloisons ! Le sommaire et l’index vous permettent d’aller directement chercher l’information qui vous manque. Bonne visite !