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RESPIRER

Quelque chose m’empêchait de bouger. J’ai voulu remuer les bras. Impossible. D’un coup, ma respiration s’est accélérée. Je ne pouvais respirer que par le nez. Ma bouche ne s’ouvrait pas. J’ai scruté frénétiquement la pénombre autour de moi. Où étais-je ?

Soudain, le noir. Quelque chose a recouvert mon visage et je n’ai plus rien vu. Difficile de respirer. Mon cœur s’est mis à cogner violemment dans ma poitrine. J’ai cru qu’elle allait exploser. J’ai tiré de nouveau sur mes bras, mais ils étaient attachés au-dessus de ma tête. Tandis que des bords acérés me cisaillaient les poignets, j’ai entendu le bruit métallique des menottes.

— Je ne vais pas perdre ma famille à cause de toi, a-t-elle sifflé entre ses dents.

La panique m’a submergée. J’ai commencé à m’agiter pour me dégager, en essayant de crier. Le coussin m’a étouffée davantage. Affolée, j’ai secoué la tête dans tous les sens pour m’en débarrasser. Pour trouver un peu d’air.

Un poids a pesé sur ma poitrine. Lourd, oppressant. Pour y échapper, je me suis contorsionnée comme je pouvais. C’est alors que ses mains froides ont serré mon cou. J’ai poussé un hurlement – en réalité, à cause du scotch sur ma bouche, ce ne fut qu’un pauvre gémissement. J’avais beau soulever mon corps de toutes mes forces, les menottes ne me laissaient aucune chance d’échapper à l’étreinte de plus en plus forte de ses mains sur mon cou.

C’était juste un cauchemar. Cela ne pouvait pas être vrai. S’il vous plaît, faites que quelqu’un m’entende.

Encore et encore, j’ai lutté pour me libérer, tirant comme une forcenée sur mes bras tandis que le fer des menottes pénétrait dans ma chair. Mais, tandis qu’elle était assise sur moi, l’étau se resserrait, implacable, sur ma gorge. L’air se faisait de plus en plus rare et ma respiration devenait difficile. Poussant sur mes pieds et usant de toute la puissance de mes muscles, je me suis arc-boutée sur le lit pour la déséquilibrer. Immédiatement, j’ai entendu un bruit mat et une vive douleur a irradié dans mon épaule.

Par miracle, une de ses mains a relâché son étreinte. J’ai aussitôt pris une longue inspiration. Si forte que l’air m’a brûlé le nez et la gorge. À peine ai-je eu le temps d’en profiter que j’ai poussé un long gémissement : l’os de ma cheville venait d’émettre un craquement sinistre après avoir reçu un coup. Je suis retombée sur le dos, la respiration saccadée. La tête me tournait, j’étais terrassée par une douleur insoutenable. Épuisée, je me suis concentrée sur mes ultimes ressources pour résister.

Ne pas succomber. Tenir.

Les mains glaciales sont revenues se poser sur ma gorge. Toujours plus froides. Toujours plus dures. Serrant de plus en plus fort. J’ai tressailli, essayé de respirer, cherché désespérément ne serait-ce qu’une bouffée d’air. Un filet d’oxygène.

Il fallait que quelqu’un m’entende. Rassemblant mes dernières forces, oubliant la douleur, j’ai donné un grand coup de pied dans le mur.

La pression montait sous mon crâne. Les poumons me brûlaient. Autour de ma gorge, les doigts continuaient à serrer.

J’ai donné un nouveau coup dans le mur. Faites que quelqu’un m’entende, s’il vous plaît.

J’ai senti cette force me tirer vers le fond. Je ne pouvais plus me battre. La brûlure était trop vive.

J’ai cédé. J’ai succombé à ses mains et plongé dans l’obscurité.