Abbassides – Dynastie de califes (750-1258) descendante d’Abbas, oncle du prophète Mahomet, qui a pris la tête du Califat, à Bagdad (Irak), entre 750 et 1258. C’est pourquoi le Califat islamique de Daech sera proclamé en avril 2014 en Irak près de Bagdad.
Aqida : en arabe ou certitude. Concept qui désigne les articles de la foi islamique, et qui fonde une adhésion de fidélité du musulman à ses dogmes aux termes d’un contrat moral. Cette expression est très prisée par les islamistes radicaux. Les six principaux articles de foi issus des hadith sont : Allah (Dieu), Tawhid (unicité), mala’ika (« les régisseurs »), koutoub (les écrits, surtout le Coran), ses prophètes (nabi ) et émissaires (roussoul ) ; le qiyama , ou jour du rétablissement, le jugement ; puis le qadar , bon ou mauvais. L’ouvrage de référence est Al Aqida al wasitiyya de Ibn Taimyya, référence suprème de l’école hanbalite et du salafisme. Pour les jihadistes modernes, l’aqida désigne le dogme de référence qui fonde leur action et leur engagement.
Al wala wa’l bara ( « loyauté et désaveu », en arabe), expression chère aux salafistes qui signifie qu’un bon musulman. Il se réfère à un principe qui postule que les musulmans devraient rester loyaux seulement envers leurs coreligionnaires et activement haïr les non musulmans.
Anashid : pluriel de nashid, chants religieux islamiques médiévaux, tantôt sociétaux, mortuaires ou belliqueux, qui furent réhabilités par les Frères musulmans, sont très prisés par les jihadistes ». Ils servent traditionnellement évoquer des batailles historiques et sont chantés sans instruments de musique, de façon polyphonique. Les anashid jihadistes souvent inspirés par ceux de la péninsule arabique revêtent une connotation très militaire et jihadiste au sein d’Al-Qaïda et Daech a su en faire un élément central de propagande de recrutement sur le Net. Les deux plus populaires anashid sont « Salami ‘ala ad-Dawla », littéralement « passe ma salutation à l’État » (État désignant ici l’État islamique), et « Oummati qad lama fajroun » (« ma communauté, l’aube s’est levée »).
Associationnisme (« shurk ») : fait d’associer à Dieu d’autres divinités : Pire des formes d’impiété dans l’islam. L’associationnisme désigne tantôt (et surtout) les Polythéistes (associateurs, mushrikun ), tantôt les Chrétiens, souvent accusés d’adorer plusieurs dieux en raison du dogme et du mystère de la Trinité et des cultes des saints et de la vierge Marie.
Ayatollah : Litt « Signe de Dieu », du terme arabe ayât, signe, employé pour désigner les versets du Coran. Ayatollah est devenu un titre hiérarchique utilisé chez les Chiites duodécimains (qui croient en l’existence d’une lignée de douze imams) établis surtout en Iran. Second dans la hiérarchie, l’Ayatollah exerce un pouvoir à la fois administratif et religieux.
Bay’a : terme très prisé dans la mouvance islamiste et jihadiste qui désigne le serment d’allégeance au souverain (émir, calife, etc.) dans le monde islamique à l’époque médiévale ou dans la jihadosphère actuelle.
Califat (Al-Khilafa, « succession », en arabe) : Système théocratique qui organisa la « succession » du pouvoir instauré à Médine par Mahomet et qui régit la Oumma, la communauté des musulmans. La chute définitive de l’Empire ottoman et l’abolition consécutive du Califat par Atatürk en 1924, ont été les points de départ du mouvement panislamiste moderne, qui, à partir des Frères musulmans (1928), réclame le rétablissement du Califat dont un hadith a « prévu » la disparition ainsi que la restauration à la fin des temps. Prenant ce hadith à la lettre, les mouvements jihadistes-salafistes comme Daech ont fait leur la représentation d’un « califat suivant la voie prophétique » (« Khilafa à la minhaj an-nubuwa »).
Chahâda : Profession de foi musulmane : « Il n’y a de divinité que Dieu et Mahomet est son Envoyé ». L’énoncé de cette formule devant témoin est la seule condition requise pour devenir musulman.
Charià : Litt, en arabe, « voie » tracée par la loi divine. Loi canonique de l’islam tirée du Coran et des ahadith . Dans certains États musulmans, comme le Soudan ou l’Arabie Saoudite, la charià est la norme de droit exclusive.
Chiites : Litt « scission, section, partie (shià) ». Partisans d’Ali et de ses descendants, les chiites récusent la légitimité de tous les Khalifes instaurés après l’assassinat d’Ali (661).
Chiisme : Le Prophète étant décédé sans avoir laissé d’instructions précises concernant sa succession, un groupe minoritaire se regroupa autour de la personne de Ali, cousin et gendre de Mahomet. Ce groupe de partisans (Shiàtu Ali = Parti d’Ali), estimait que les qualités personnelles d’Ali (piété, justice) et son étroite parenté avec le Prophète en faisaient le meilleur successeur ou calife. Mais il fut rapidement écarté par ses rivaux après avoir brièvement accédé au Califat et fut assassiné en 661 par ses propres partisans, les Kharidjites qui lui reprochaient d’avoir accepté la conciliation avec son rival Moàwiyya, lequel devint calife. Les partisans de Moàwiyya firent également assassiner les deux fils d’Ali : Hassan et Hussayn (669-680). C’est véritablement à partir de la mort de Hussayn que le Chiisme se développa à travers le culte des martyrs et la constitution d’un Clergé et d’une « école » propre, laquelle se divisera elle-même en plusieurs branches (Duodécimains, Ismaéliens, Druzes, Alaouites, etc.).
Coran : De la racine arabe qr’ , réciter, lire. Texte sacré de la révélation islamique, transmise par l’ange Gabriel à Mahomet. Les rationnalistes (mutazilites) et les chiites pensent que le Coran est d’inspiration divine mais créé, et donc en partie humaine et interprétable, tandis que les sunnites-orthodoxes estiment qu’il est « incréé », « Dieu fait texte », pur miracle divin, donc ininterprétable, parfait, complet, intouchable (« kamil wal chamil »).
Dar al-harb : Litt « demeure ou zone de la guerre ». Espace géographique, juridique, et politico-spirituel avec lequel les Musulmans habitant le territoire de l’islam ne peuvent entretenir que des rapports de guerre du fait que le dar al-harb refuse d’embrasser l’islam.
Dar al-islam : Litt « demeure de l’islam ». Territoire à l’intérieur duquel la souveraineté et le pouvoir politique sont directement exercés par des Musulmans. Dans le dar al-islam , les minorités religieuses non-païennes peuvent être tolérées moyennant une soumission au pouvoir temporel islamique et le paiement du Tribut.
Dar al-sulh : Litt « demeure de la conciliation ou de la vérité ». Territoire du dar al-harb à l’intérieur duquel les autorités impies, encore trop fortes pour être anéanties et islamisées par la guerre, permettent aux Musulmans de venir prêcher l’islam en toute liberté. Dans ce cas, l’islam pouvant progresser pacifiquement, et dar al-harb étant encore trop puissant pour être soumis par la force, une sorte de trêve (sulh , aman ), qui ne signifie pas la paix (salam ), est accordée momentanément aux Harbiyyûn , habitants du dar al-harb . Pour Tariq Ramadan , pour les islamistes « modérés », le Dar al Sulh est devenu Dar al Shahada ou Dar al Dawaà , c’est-à-dire terre de la propagande et de l’annonce » ou du « témoignage » (Shahada ), donc zone d’extension pacifique de l’islam.
Dawla : (État en arabe). Ce terme est utilisé par les jihadistes comme l’abréviation de Daech , anagramme de quatre mots arabes désignant (D de dawla , A de al-islamiyya ; ‘Ei de ‘Irak et Sh de Sham = synonyme de Syrie) : État islamique en Irak et en Syrie). Plusieurs médias arabes dont Al-Jazira préfèrent appeler Daech « Tanzim al-Dawlat » (« organisation de l’État », sous-entendu islamique), afin de ne pas assumer l’expression de l’EI et de ne pas qualifier explicitement l’organisation d’islamique.
Dhimmi : Terme forgé à partir de l’expression arabe « Ahl al-dhimma » qui signifie littéralement les « gens du pacte ». Les Dhimmis sont en fait les Juifs et les chrétiens (parfois d’autres confessions bien que les monothéistes soient théoriquement reconnus) vivant en terre d’islam (dar al-islam ) et qui acceptent de se soumettre aux lois islamiques. En échange de cette soumission, ainsi que moyennant le paiement d’un impôt spécial, le tribut, (jiziya ), le tributaire judéo-chrétien ou sabéen se voit reconnaître le droit de pratiquer son culte. Mais il n’est pas considéré comme un citoyen : il ne peut en aucun cas commander un « vrai Croyant » ; il ne peut porter les armes ; il doit enfin accepter la supériorité du musulman ainsi que son prosélytisme sans avoir quant à lui le droit de manifester sa foi non-musulmane. Termes proches sous l’empire ottoman : Rayas et Millet .
Ghazi : Du terme arabe « Ghazwa-Ghazya », d’où vient le français razzia. Combattants de la foi, organisés en ordre militaire dans l’empire ottoman. Les grands leaders musulmans peuvent l’emprunter, comme ce fut le cas des grands conquérants du passé, mais aussi du président turc Erdogan aujourd’hui.
Hadith (pl, ahadith ) : Litt « dits ». Faits, gestes, propos et même silences, de Mahomet consignés sous forme de récits dont l’ensemble constitue une « coutume » ou une « tradition » (sunna ). Le hadith a surtout une fonction pédagogique. Il constitue l’exemple de la perfection que le musulman doit s’efforcer d’atteindre.
Hanbalite : Disciple de l’imam Ahmed Ibn Hanbal (m ; 855). Le hanbalisme forme la quatrième école juridique sunnite, qui constitue aujourd’hui la doctrine officielle des Wahhabites (Arabie Séoudite). Selon leur doctrine, les déclarations du Coran ou de la Tradition doivent être reçues comme telles, sans interprétation ni allégorique ni spéculative (ce qui les conduit à rejeter les droits de la raison).
Hanif (pl Hounafa ) : Croyant en l’unicité de Dieu.
Haramain * : Deux lieux sacrés des musulmans (La Mecque et Médine) ou interdits aux Infidèles.
Harrafa : « falsificateur », terme désignant les juifs accusés dans le Coran et la tradition islamique (Hadith de la Sunna ) d’avoir opéré une « falsification » (tahrif ) des écritures saintes originelles juives qui auraient « annoncé » l’islam.
Hégire (Hijra ) : Litt « rupture, émigration » en arabe. Exil du Prophète à Médine (622). Début de l’ère musulmane et donc du calendrier musulman.
Ijtihâd : Même racine que jihad . Effort d’interprétation des textes sacrés. Dans les quatre écoles du sunnisme officiel (hanbalisme ; hanafisme ; shaféisme et malikisme), les « portes de l’Ijtihad ont été « fermées », c’est-à-dire tout exégèse close, depuis le X e siècle avec le durcissement ultra-orthodoxe et anti-mutazilite voulu par Abou Mohammed Al-Ghazali .
(Al-)Hisba : précepte islamique de conformité intégrale avec les lois divines et donc chariàtiques. Elle est basée sur le principe coranique inscrit dans la Sourate III, 103 : « Commandez ce qui est Bien (ou ce qui est “licite”) et interdisez ce qui est Mal (illicite) ». C’est également le nom de l’Institution de contrôle qui vérifie la bonne application de la charià. Fondée au VII e siècle sous le calife Omar, elle désigne aujourd’hui dans les États islamiques qui appliquent intégralement la charià (Arabie saoudite, etc.) une police qui arrête les récalcitrants, les juge et les punit avec des châtiments corporels ou même la peine de mort.
Imam : Celui qui se tient devant, donc celui qui est chargé de diriger la prière dans la mosquée. Les Sunnites l’emploient comme synonyme de Calife, tandis que les Chiites l’emploient pour désigner le chef de leur communauté dans la descendance de Mahomet et d’Ali.
Jâhiliyya : Période d’ignorance, de barbarie et d’impiété précédant la révélation islamique
Jihad : Effort, combat personnel en vue du perfectionnement moral et religieux (jihad majeur). Il peut conduire au « combat sur la voie de Dieu » (« fi sabil’illah »), guerre religieuse légale contre les Apostats, les dissidents, les Infidèles et les Païens refusant de se convertir à la « vraie foi ».
Jiziya : Impôt de capitation frappant les non-Musulmans juifs, chrétiens ou sabéens, autorisés en contrepartie à conserver leur culte. Voir Dhimmi.
Mortaddin : « apostats » en islam. Désigne soit les musulmans qui ont renié leur religion ou l’ont publiquement abjuré au profit d’une autre ou de l’athéïsme, soit les sectes de l’islam hétérodoxe (voir chapitre III , alaouïtes, druzes, ismaéliens, et parfois chiites duodécimains pour les salafistes, coupables d’être des « associateurs » et d’être donc des faux musulmans ».
Mûshrikûn : ceux qui associent à dieu d’autres divinités, coupables du pêché et de l’erreur de Shurk polythéistes, mais aussi selon certaines interprétations du Coran, trinitaires chrétiens qui ne précisent pas leur stricte allégeance au monothéisme.
Oumma (ou « Communauté-mâtrie ») : terme arabe dérivé de « Oum » (la « mère ») désignant, par extension, la Communauté politico-religieuse, culturelle et juridique des Croyants musulmans du monde entier, habitant aussi bien le dar al-Islam que le dar al-Harb . La « Oumma al-islamiyya » (« communauté islamique ») est universelle et intemporelle. Elle ne connaît aucune limite de temps ou d’espace. Là où se trouvent les « Croyants » – y compris dans un État majoritairement non-musulman – la Oumma est présente en tant que communauté religieuse distincte et surtout en tant que nation et État (Islam Din wa Dounya : « l’Islam est religion et société »). La Oumma constitue donc une extra-territorialité politico-juridique et civilisationnelle de fait lorsqu’elle se développe dans un État « infidèle » dont elle conteste la légitimité du « pouvoir impie ».
Raïa : terme de mépris signifiant originellement « bétail », que les Ottomans donnaient aux sujets chrétiens, également appelés gavours (« infidèles »). A certaines époques, les maîtres musulmans avaient un droit de vie et de mort sur les raïas .
Soufisme : de l’arabe tasawwuf ou souf (laine), désigne au départ l’islam mystique des sages. Dans le monde turcophone ou en Afghanistan, l’expression consacrée est derviche, empreinté à l’arabe darwiche (littéralement « pauvre type »), en mémoire du dépouillement des premiers mystiques. Mais les soufis ne sont pas représentés uniquement par les grands mystiques isolés ou les légendaires hétérodoxies « tolérantes » du type « derviches tourneurs » chers aux touristes occidentaux. Depuis la fermeture des « portes de l’Ijtihad » (interprétation) au XI e siècle, le soufisme est également incarné par des confréries fondamentalistes orthodoxes. En Turquie et dans les anciennes zones d’influence ottomane (Balkans, Asie centrale, Caucase), ces ordres sont les Naqshbandi, les Suleymanci, les Nurgiu, les Qadiri, les Bektachis, à l’origine de rebellions anti-colonialistes ou anti-kémalistes et à l’origine de formations politiques islamistes.
Sunnite : Branche « orthodoxe » majoritaire de l’islam (90 %). Système politico-religieux (théocratie) s’opposant au chiisme pour des raisons théologico-juridiques (conceptions différentes du droit et du monothéisme) et politico-historiques (succession de Mahomet). Les Sunnites se subdivisent en quatre écoles juridiques : malikite, hanbalite, hanafite, chafi’ite, dont les doctrines et interprétations des textes sacrés demeurent inchangées depuis le XI e siècle.
Taghout (ou al-Taghout ), de l’expression arabe al-Taghiyya, « force destructrice absolue », ou « tyrannie ». Dans le Coran, al-taghout désigne le diable, celui qui appelle à l’athéisme et à la « mécréance », celui qui « prétend connaître le destin », celui qui « veut être adoré » (idolâtré), et « celui qui croit aux jugements qui ne sont pas de Dieu ». Il désigne pour les salafistes tous les gouvernements des pays arabes et / ou musulmans dirigés par des « tyrans » qui n’appliquent pas la charià, qui collaborent avec les « croisés » ennemis de l’islam ou en guerre avec des musulmans, ou qui répriment les mouvements islamistes radicaux / salafistes.
Tawhid : « Unicité » en arabe. Concept théologique islamique qui se distingue de l’unité, chère aux Chrétiens, en ce sens qu’il exclut catégoriquement l’idée de trinité.
Ulema ou Ouléma (sing àlim ) : Litt « savants ». Exégètes, juristes et théologiens musulmans possédant les textes sacrés, habilités à les commenter.
Ummayyades : Première dynastie khalifienne, qui régna de 660 à 750 à Damas sur l’ensemble du monde arabe et de l’islam. Une de ses branches instaura un Califat à Cordoue (756-1031), dans l’Espagne islamisée conquise par les derniers Ommeyades et qui deviendra Al-Andalus.
Wahhabisme : Mouvement politico-religieux puritain et ultra-orthodoxe d’origine hanbalite (4e école juridique traditionnelle du sunnisme) né au XVIII e siècle en Arabie. Il constitue la doctrine officielle de l’Arabie Séoudite et est la source officielle du salafisme avec le hanbalisme dont il est une « réforme » fondée sur le culte du « tawhid » (« unicité ») et la lutte contre toute ou « associationnisme » (shurk ).