PETITE ANTHOLOGIE

Absolu

On n’est bien que dans l’Absolu. Tenons-nous-y. Grimpons-y. (1853)

Il faut imiter les fakirs qui passent leur vie la tête levée vers le soleil, tandis que la vermine leur parcourt le corps. (1861)

Académie

Plusieurs [de mes amis] me prêchent pour que je me présente à l’Académie ! Mais j’ai des principes, moi, et je ne m’exposerai pas à un pareil ridicule. (1875)

Quand on est quelqu’un pourquoi vouloir être quelque chose ? (1878)

[À propos de Maxime Du Camp, candidat :] Mais pourquoi avoir donné dans une niaiserie pareille ? Le bel honneur que d’être proclamé l’égal de MM. Camille Doucet, Camille Rousset, Mézières, Viel-Castel, etc. ! (1880)

Admiration

Comme ça fait du bien d’admirer ! (1873)

Ailleurs

Quand je suis quelque part, je tâche d’être ailleurs. (1851)

Amour

Toutes les petites étoiles de mon cœur convergent autour de ta planète, ô mon bel astre. (1846)

Autant j’aime dans l’art les amours désordonnées, et les passions hurlantes, autant me plaisent dans la pratique les amitiés voluptueuses et les galanteries sentimentales. (1847)

L’union légitime, qui est l’antilégitime, celle qui est hors nature et contre le cœur, suffit par sa légitimité même pour chasser l’amour. (1846)

Arabe

J’aime ce peuple âpre, persistant, vivace, dernier type des sociétés primitives et qui, aux haltes de midi, couché à l’ombre, sous le ventre de ses chamelles, raille en fumant son chibouk notre brave civilisation qui en frémit de rage. (1846)

Art

Le culte de l’Art donne de l’orgueil ; on n’en a jamais trop. Telle est ma morale. (1873)

Où sont-ils, ceux qui trouvent du plaisir à déguster une belle phrase ? Cette volupté d’aristocrate est de l’archéologie. (1878)

Attila

[Rouen] a de belles églises et des habitants stupides, je l’exècre, je la hais, j’attire sur elle toutes les imprécations du ciel parce qu’elle m’a vu naître. […] Ô Attila quand reviendras-tu, aimable humanitaire, avec 400 mille cavaliers, pour incendier cette belle France pays des dessous de pieds et des bretelles ? et commence je te prie par Paris d’abord et par Rouen en même temps. (1843)

Avenir

L’avenir est ce qu’il y a de pire, dans le présent. (1839)

Beau

Je ne suis rien qu’un lézard littéraire qui se chauffe toute la journée au grand soleil du beau. (1846)

Ce qui est beau est moral, voilà tout et rien de plus. (1880)

Le mépris de la gloriole et du gain est la première marche pour atteindre au Beau. (1880)

Bêtise

La bêtise est quelque chose d’inébranlable ; rien ne l’attaque sans se briser contre elle. Elle est de la nature du granit, dure et résistante. (1850)

Il y a un fond de bêtise dans l’humanité qui est aussi éternel que l’humanité elle-même. (1866)

Je suis, pour mon compte, effrayé par la Bêtise universelle ! Cela me fait l’effet du déluge, et j’éprouve la terreur que devaient subir les contemporains de Noé, quand ils voyaient l’inondation envahir successivement tous les sommets. Les gens d’esprit devraient construire quelque chose d’analogue à l’Arche, s’y enfermer et vivre ensemble. (1874)

La Bêtise humaine me suffoque de plus en plus ! ce qui est imbécile — car autant vaut s’indigner contre la pluie ! (1880)

Bonheur

Le bonheur est une monstruosité ! punis sont ceux qui le cherchent ! (1846)

Être bête, égoïste, et avoir une bonne santé, voilà les trois conditions voulues pour être heureux. (1846)

Il ne faut jamais penser au bonheur ; cela attire le diable, car c’est lui qui a inventé cette idée-là pour faire enrager le genre humain. (1853)

Le bonheur n’étant pas de ce monde, il faut tâcher d’avoir la tranquillité. (1872)

Bouffonnerie

Il n’est pas de choses, faits, sentiments ou gens, sur lesquels je n’aie passé naïvement ma bouffonnerie, comme un rouleau de fer à lustrer les pièces d’étoffes. (1852)

Bourgeois

Il faut avant tout : défendre la Justice, engueuler l’Autorité, — et ahurir le Bourgeois. (1867)

Soyez réglé dans votre vie et ordinaire comme un bourgeois, afin d’être violent et original dans vos œuvres. (1876)

Deux choses me soutiennent : l’amour de la Littérature et la Haine du Bourgeois, — résumé, condensé maintenant dans ce qu’on appelle le Grand Parti de l’Ordre. (1877)

Causalité

La recherche de la cause est antiphilosophique, antiscientifique, et les Religions en cela me déplaisent encore plus que les philosophies, puisqu’elles affirment le contraire. Que ce soit un besoin du cœur, d’accord. C’est ce besoin-là qui est respectable, et non des dogmes éphémères. (1864)

Chameau

Si vous tenez à savoir ma passion secrète et incessante, je vais vous la dire : ce sont les chameaux. Rien n’est beau comme ces grandes bêtes mélancoliques avec leur col d’autruche et leur démarche lente, surtout lorsqu’on les voit dans le désert s’avancer devant vous alignés sur un seul rang. (1850)

Cheval

Alexandrie m’emmerde. C’est plein d’Européens, on ne voit que bottes et chapeaux, il me semble que je suis à la porte de Paris, moins Paris. Enfin dans quelques jours la Syrie, et là, nous allons nous foutre sur la selle pour longtemps ! Nous serons enfourchés dans les grandes bottes et nous galoperons poitrine au vent. (1850)

Quant au cheval, c’est un talent que j’ai considérablement augmenté ; je suis capable, je crois, de rester plusieurs jours en selle sans m’en apercevoir et jusqu’à présent, de toutes les rosses que j’ai montées, aucune ne m’a jeté bas ; je suis devenu un cavalier solide sinon savant. (1850)

Conclure

La rage de vouloir conclure est une des manies les plus funestes et les plus stériles qui appartiennent à l’humanité. (1863)

Désolation

Je veux qu’il y ait une amertume à tout, un éternel coup de sifflet au milieu de nos triomphes, et que la désolation même soit dans l’enthousiasme. (1853)

Quand je vois ma solitude et mes angoisses, je me demande si je suis un idiot ou un saint. (1864)

Chacun de nous porte en soi sa nécropole. (1866)

Je suis gorgé de cercueils, comme un vieux cimetière. (1870)

Dieu

La manière dont parlent de Dieu toutes les religions me révolte, tant elles le traitent avec certitude, légèreté et familiarité. Les prêtres surtout, qui ont toujours ce nom-là à la bouche, m’agacent. C’est une espèce d’éternuement qui leur est habituel : La bonté de Dieu, la colère de Dieu, offenser Dieu, voilà leurs mots. C’est le considérer comme un homme et, qui est pis, comme un bourgeois. (1859)

Quand on veut prouver Dieu, c’est alors que la bêtise commence. (1879)

Écoles

Je n’aime les doctrinaires d’aucune espèce. À bas les Pions ! Loin de moi ceux qui se prétendent réalistes, naturalistes, impressionnistes. Tas de farceurs, moins de paroles et plus d’œuvres ! (1878)

Encre

L’encre est mon élément naturel. (1853)

Enfin ! étourdissons-nous avec le bruit de la plume et buvons de l’encre. Ça grise mieux que le vin. (1861)

Excès

L’excès m’a toujours attiré, quel qu’il soit. (1846)

Je n’aime les confessions que lorsqu’elles sont excessives. Pour qu’un monsieur vous intéresse en parlant de sa personne, il faut que cette personne soit exorbitante en bien ou en mal. Donner au public des détails sur soi-même est une tentation de bourgeois à laquelle j’ai toujours résisté. (1879)

Farce

Voir les choses en farce est le seul moyen de ne pas les voir en noir. (1852)

Femmes

Les femmes se défient trop des hommes en général et pas assez en particulier. (1852)

Un seul poète, selon moi, a compris ces charmants animaux, à savoir le maître des maîtres, l’omniscient Shakespeare. Les femmes sont pires ou meilleures que les hommes. Il en fait des êtres extra-exaltés, mais jamais raisonnables. C’est pour cela que ses figures de femmes sont à la fois si idéales et si vraies. (1859)

Quant à l’amour, je n’ai jamais trouvé dans ce suprême bonheur que troubles, orages et désespoirs ! La femme me semble une chose impossible. Et plus je l’étudie, et moins je la comprends. Je m’en suis toujours écarté le plus que j’ai pu. C’est un abîme qui attire et qui me fait peur. (1859)

Se griser avec de l’encre vaut mieux que se griser avec de l’eau-de-vie. La Muse, si revêche qu’elle soit, donne moins de chagrins que la Femme ! je ne peux accorder l’une avec l’autre. Il faut opter. Mon choix est fait depuis longtemps ! (1869)

[À Maupassant :] Vous vous plaignez du cul des femmes qui est « monotone ». Il y a un remède bien simple, c’est de ne pas vous en servir. (1878)

Gens de lettres

Les gens de lettres sont des putains qui finissent par ne plus jouir. (1852)

Grands hommes

Il n’y a jamais eu de grands hommes, vivants. C’est la postérité qui les fait. (1870)

Haine

La Haine est une vertu. (1872)

Histoire

Chacun est libre de regarder l’histoire à sa façon, puisque l’histoire n’est que la réflexion du présent sur le passé, et voilà pourquoi elle est toujours à refaire. (1864)

Honneurs

Les honneurs déshonorent, le titre dégrade, la fonction abrutit. (1878)

Sérieusement, je regrette d’avoir l’étoile. Ce qui me sauve c’est que je ne la porte pas. (1879)

Humain trop humain

Mensonge pendant la journée et songe pendant la nuit, voilà l’homme. (1852)

Comme ils sont rares les mortels tolérables ! (1867)

Pour moi, voici le principe : on a toujours affaire à des canailles. — On est toujours trompé, dupé, calomnié, bafoué. Mais il faut s’y attendre. Et quand l’exception se présente, remercier le Ciel. (1869)

Plus que jamais, je sens le besoin de vivre dans un monde à part, au haut d’une tour d’ivoire, bien au-dessus de la fange où barbote le commun des hommes. (1871)

Impartialité

Quand est-ce donc que l’on fera de l’histoire comme on doit faire du roman, sans amour ni haine d’aucun des personnages ? (1852)

Je crois que jusqu’à présent on a fort peu parlé des autres. Le roman n’a été que l’exposition de la personnalité de l’auteur et, je dirais plus, toute la littérature en général, sauf deux ou trois hommes peut-être. Il faut pourtant que les sciences morales prennent une autre route et qu’elles procèdent comme les sciences physiques, par l’impartialité. (1857)

Incertitude

À moins d’être un crétin, on meurt toujours dans l’incertitude de sa propre valeur et de celle de ses œuvres. (1852)

Individu

La volonté individuelle de qui que ce soit n’a pas plus d’influence sur l’existence ou la destruction de la civilisation, qu’elle n’en a sur la pousse des arbres ou la composition de l’atmosphère. (1852)

Rien de ce qui est de ma personne ne me tente. […] Un homme n’est pas plus qu’une puce. (1853)

[À Taine :] Je vous sais gré d’exalter l’individu si rabaissé de nos jours par la démocrasserie. (1866)

Ironie

L’ironie n’enlève rien au pathétique. Elle l’outre au contraire. (1852)

Journaux

Je me suis creusé mon trou et j’y reste ayant soin qu’il y fasse toujours la même température. Qu’est-ce que m’apprendraient ces fameux journaux que tu désires tant me voir prendre le matin avec une tartine de beurre et une tasse de café au lait ? Qu’est-ce que tout ce qu’ils disent m’importe ? Je suis peu curieux des nouvelles, la politique m’assomme, le feuilleton m’empeste. Tout cela m’abrutit ou m’irrite. (1846)

Liberté

Il y a de par le monde une conjuration générale et permanente contre deux choses, à savoir, la poésie et la liberté. (1852)

Luxe

Plus on met de conscience dans son travail, moins on en tire profit. Je maintiens cet axiome la tête sous la guillotine. Nous sommes des ouvriers de luxe ; or personne n’est assez riche pour nous payer. (1866)

Mélancolie

Je porte en moi la mélancolie des races barbares, avec ses instincts de migrations et ses dégoûts innés de la vie, qui leur faisait quitter leur pays comme pour se quitter eux-mêmes. (1846)

Je finirai par ressembler au chanoine de Poitiers, dont parle Montaigne, et qui n’était pas sorti de sa chambre depuis trente ans « par l’incommodité de sa mélancolie ». (1879)

Mission sociale

Faire tout bonnement des vers, écrire un roman, creuser du marbre, ah ! fi donc ! C’était bon autrefois, quand on n’avait pas la mission sociale du poète. Il faut que chaque œuvre maintenant ait sa signification morale, son enseignement gradué ; il faut donner une portée philosophique à un sonnet, qu’un drame tape sur les doigts aux monarques et qu’une aquarelle adoucisse les mœurs. (1846)

Nuances

Observez donc les nuances ! Dans les nuances seules est la vérité. (1871)

Ordre

Est-ce bête, l’ordre ! c’est-à-dire le désordre, car c’est presque toujours ainsi qu’il se nomme. (1851)

Organe génital

Ce brave organe génital est le fond des tendresses humaines ; ce n’est pas la tendresse, mais c’en est le substratum comme diraient les philosophes. Jamais aucune femme n’a aimé un eunuque et si les mères chérissent les enfants plus que les pères, c’est qu’ils leur sont sortis du ventre, et le cordon ombilical de leur amour leur reste au cœur sans être coupé. (1852)

Orgueil

L’Orgueil est une bête féroce qui vit dans les cavernes et dans les déserts. La Vanité au contraire, comme un perroquet, saute de branche en branche et bavarde en pleine lumière. (1852)

Ce qui m’a soutenu dans toutes les tempêtes, c’est l’Orgueil, l’estime de soi. (1879)

Pas d’illusion

Apprenez une bonne fois pour toutes qu’il ne faut pas demander des oranges aux pommiers, du soleil à la France, de l’amour à la femme, du bonheur à la vie. (1842)

Il ne faut rien regretter, car n’est-ce pas reconnaître qu’il y a au monde quelque chose de bon ? (1854)

Partout où l’on regarde, on ne voit que pleurs, malheurs, misère, ou bien bêtise, infamie ! lâchetés ! canailleries et autres menus suffraige comme dirait Rabelays.

Poésie

À travers les hideurs de l’existence, contemplons toujours le grand bleu de la poésie, qui est au-dessus et qui reste en place, tandis que tout change et tout passe. (1853)

Pouvoir

[À l’occasion d’un incendie :] Pour « maintenir l’ordre », on a appelé des soldats qui croisaient la baïonnette contre les travailleurs, et des cavaliers qui obstruaient toutes les ruelles du village. On n’imagine pas l’élément de trouble que jette partout le Pouvoir. Je suis rentré chez moi bassement démocrate. (1866)

Quelle belle chose que la Censure ! Axiome : tous les gouvernements exècrent la Littérature. Le Pouvoir n’aime pas un autre Pouvoir. (1873)

Religion

Quand le peuple ne croira plus à l’Immaculée Conception, il croira aux tables tournantes. (1866)

Ce qui m’attire avant tout, c’est la religion. (1857)

Le XIXe siècle est destiné à voir périr toutes les religions. Amen ! Je n’en pleure aucune. (1875)

Pie IX — le martyr du Vatican — aura été funeste au catholicisme. Les dévotions qu’il a patronnées sont hideuses : Sacré-Cœur, Saint-Joseph, entrailles de Marie, Salette, etc. Cela ressemble au culte d’Isis et de Bellone dans les derniers jours du paganisme. (1879)

Il y a en moi un fond d’ecclésiastique qu’on ne connaît pas. (1872)

Eh bien oui ! tout dogmatisme m’exaspère. Bref le matérialisme et le spiritualisme me semblent deux impertinences. (1879)

Résistance

Il faut par tous les moyens possibles faire barre au flot de merde qui nous envahit. (1854)

Roman

Un romancier, selon moi, n’a pas le droit de dire son avis sur les choses de ce monde. — Il doit, dans sa création, imiter Dieu dans la sienne, c’est-à-dire faire et se taire. (1866)

Science

Pour que la France se relève, il faut qu’elle passe de l’inspiration à la Science, qu’elle abandonne toute métaphysique, qu’elle entre dans la critique, c’est-à-dire dans l’examen des choses. (1871)

Socialisme

Le néo-catholicisme d’une part et le Socialisme de l’autre ont abêti la France. Tout se meut entre l’Immaculée Conception et les gamelles ouvrières. (1868)

Style

Le style, qui est une chose que je prends à cœur m’agite les nerfs horriblement, je me dépite, je me ronge. Il y a des jours où j’en suis malade et où la nuit j’en ai la fièvre. […] Quelle drôle de manie que celle de passer sa vie à s’user sur des mots, et à suer tout le jour pour arrondir des périodes. — Il y a des fois, il est vrai, où l’on jouit démesurément, mais par combien de découragements et d’amertumes n’achète-t-on pas ce plaisir ! (1847)

Que je crève comme un chien plutôt que de hâter d’une seconde ma phrase qui n’est pas mûre. (1852)

Il en est en style comme en musique : ce qu’il y a de plus beau et de plus rare c’est la pureté du son. (1852)

Le style à moi, qui m’est naturel, c’est le style dithyrambique et enflé. (1853)

Le style c’est la vie ! c’est le sang même de la pensée ! (1853)

Ah ! je les aurai connues, les Affres du Style ! (1866)

Le style théâtral commence à m’agacer. Ces petites phrases courtes, ce pétillement continu m’irrite à la manière de l’eau de Seltz qui d’abord fait plaisir, et qui ne tarde pas à vous sembler de l’eau pourrie. (1873)

La nuit, les périodes qui roulent dans ma cervelle, comme des chars d’empereur romain, me réveillent en sursaut — par leurs cahots et leur grondement continu. (1876)

Succès

Le succès est une conséquence et ne doit pas être un but. (1876)

Du moment qu’une chose serait profitable à mes intérêts pécuniaires, elle me révolte comme si c’était une bassesse. (1876)

Tête

C’est avec la tête qu’on écrit. Si le cœur le chauffe, tant mieux, mais il ne faut pas le dire. Ce doit être un four invisible. (1852)

Ce qu’il nous faut avant tout, c’est une aristocratie naturelle, c’est-à-dire légitime. On ne peut rien faire sans tête, et le suffrage universel, tel qu’il existe, est plus stupide que le droit divin. Vous en verrez de belles, si on le laisse vivre. La masse, le nombre, est toujours idiot. Je n’ai pas beaucoup de convictions, mais j’ai celle-là fortement. Cependant, il faut respecter la masse, si inepte qu’elle soit, parce qu’elle contient des germes d’une fécondité incalculable. Donnez-lui la liberté, mais non le pouvoir. (1871)

Vie

La vie est une chose tellement hideuse que le seul moyen de la supporter, c’est de l’éviter. Et on l’évite en vivant dans l’Art, dans la recherche incessante du Vrai rendu par le Beau. (1857)

La vie n’est tolérable qu’avec une marotte, un travail quelconque. Dès qu’on abandonne sa chimère, on meurt de tristesse. Il faut se cramponner dessus et souhaiter qu’elle nous emporte. (1863)