FRIEDRICH VON HAYEK

L’un des moments les plus déterminants de la montée au pouvoir de Margaret Thatcher eut lieu au cours de l’été 1975, quelques mois après son accession à la tête du Parti conservateur. Invitée à mener une conférence sur le centrisme, elle fouilla dans son sac et en sortit un livre qu’elle claqua sur la table en lâchant : « Voilà ce en quoi nous croyons. » L’ouvrage était Constitution de la liberté de Friedrich von Hayek. Neuf ans plus tard, ayant inspiré une demi-décennie de thatchérisme, Hayek reçut L’Ordre des Compagnons d’honneur des mains de la reine Elizabeth II, suivi de la Médaille présidentielle de la liberté, l’une des plus hautes distinctions civiles aux États-Unis, décernée par George Bush en 1991. C’était un triomphe inattendu et tardif pour l’homme dont les idées semblaient avoir été totalement réfutées par John Maynard Keynes un demi-siècle plus tôt. Hayek naquit en 1899 à Vienne, en Autriche, dans une célèbre famille d’intellectuels. Ses parents étaient tous deux membres de la noblesse autrichienne et il était cousin au deuxième degré avec le philosophe Ludwig Wittgenstein. Hayek commença sa carrière en étudiant l’anatomie du cerveau en parallèle avec le droit, les sciences politiques, la philosophie, la psychologie et l’économie. Dans les années 1920, il fonda en partenariat l’Institut autrichien de recherches sur la conjoncture et fut ultérieurement recruté par la London School of Economics, où il resta dix-huit ans, pour devenir sujet britannique en 1938. Cependant, le pays étaient alors sous le charme du keynésianisme et il dut combattre pour faire passer son message. La solution fut son livre, La route de la servitude, dans lequel il soutient que l’intervention gouvernementale mène à une diminution de la liberté, et préconise une approche libérale de l’économie. L’ouvrage connut un succès modéré en Grande-Bretagne, mais une seconde publication reçut un meilleur accueil aux États-Unis, où il vécut à partir de 1950. Il revint plus tard en Allemagne puis en Autriche et continua de publier des critiques virulentes sur le socialisme jusqu’à quatre-vingts ans passés.

1899

Naît à Vienne