L’expérience de la Grande Dépression des années 1930 et l’impact du travail de Keynes ont eu une influence de longue durée sur les théories économiques. Dès 1937, John Hicks, économiste de Cambridge, tenta de présenter une version mathématique des arguments de Keynes, laquelle devint alors la base de la « synthèse néoclassique », ainsi qu’elle fut nommée, entre le keynésianisme et l’économie classique. Prix Nobel et professeur à l’Institut de technologie du Massachusetts, Paul Samuelson fut le plus célèbre « néokeynésien ». La synthèse disait en substance que, sur le court terme, les marchés pouvaient être imparfaits et par conséquent ne pas s’ajuster ou se tirer d’affaire comme le prévoyaient les modèles classiques. Ce problème est dû principalement à la rigidité des salaires et à l’impact déformant qu’ont les monopoles sur la concurrence. Le gouvernement peut donc intervenir pour s’occuper de ces imperfections, en dépensant davantage par exemple en temps de crise afin de ramener l’économie vers le plein emploi. Mais, une fois l’opération effectuée, il n’y a pas de raison de renoncer au concept clé selon lequel l’économie se purifie et atteint son équilibre, ni au fait que, sur le long terme, c’est l’expansion de la capacité productive qui détermine la croissance. Si les gouvernements intervenaient correctement, une fois les imperfections corrigées, la main invisible du marché fonctionnerait de nouveau à merveille.
CONDENSÉ EN 3 SECONDES
Keynes avait raison sur le court terme, mais les classiques l’emportent sur le long terme. L’intervention gouvernementale devrait se limiter au court terme.
RÉFLEXION EN 3 MINUTES
La plupart des étudiants de Keynes à l’université de Cambridge se sont opposés à la « synthèse néoclassique », affirmant qu’elle réhabilitait l’idée principale rejetée par Keynes – que les marchés se régulent eux-mêmes. À cause de ce concept, les néokeynésiens avaient adopté l’idée datant d’avant 1930 selon laquelle le chômage était dû à de trop hauts salaires, alors même que Keynes avait tenté de prouver qu’elle était erronée, puisqu’une baisse des salaires avait précipité l’effondrement au lieu de résoudre le problème.
THÉORIES LIÉES
L’ÉCONOMIE KEYNÉSIENNE (POSITIVE)
BIOGRAPHIES EN 3 SECONDES
JOHN HICKS
1904–1989
PAUL SAMUELSON
1915–
TEXTE EN 30 SECONDES
Christakis Georgiou
« Voici quelques années, les économistes voyaient la concurrence parfaite comme un idéal… Aujourd’hui, nous comprenons que le monde entier lui fait exception. Si nous devions couper la tête de tous les concurrents imparfaits, il n’en resterait plus beaucoup. »
PAUL SAMUELSON
> Il est bon que les gouvernements fassent des ajustements et interviennent pour ramener la stabilité, mais, une fois l’équilibre revenu, qu’ils laissent le marché se réguler lui-même.