Arthur prend l’enveloppe. Il l’examine, la retourne plusieurs fois dans ses mains, passe ses doigts sur les coins.
Arthur
Je comprends pas
Je comprends pas
Je fais quoi avec ça
Je l’ouvre pis quoi
Tout à coup
Tout à coup juste comme ça
J’ai toutes les réponses qui vont m’aider à comprendre
À remplir
Le temps perdu
Le temps vécu
Les silences
Le vide
Quoi
C’est maintenant
Finalement
Maintenant là que tu décides de me parler
À travers ce qui est écrit là-dedans
Maintenant
Que je suis ici devant toi
Que j’ai pas le choix
D’être ici
Devant toi
Toi
T’es là
Parfaitement silencieuse pis immobile dans ce lit d’hôpital
Entourée de toutes ces maudites machines qui beepent sans cesse
Qui te tiennent en vie
Pis c’est seulement maintenant que tu décides
De me parler
Mais penses-tu vraiment qu’après toutes ces années
Penses-tu vraiment
Que ces mots-ci
Sur ces quelques pages
Vont suffire
Là
Maintenant
Silence. Arthur écoute les machines.
Ouais
Ben
Euh
Je sais pas
Je sais pas
Je suis censé dire quoi
Merci là
Merci
J’imagine que c’est ça que je devrais dire
Ben c’est euh
Trop généreux de ta part
Ouais
Vraiment
Trop
Il regarde autour de la pièce. Il n’ouvre pas l’enveloppe. Long moment de malaise.