XV
Il ne pouvait être utile aux conspirateurs de jeter la panique

Voici la copie d’un rapport adressé à l’État-major versaillais par le commandant Jarriait :

« Le mot d’ordre a été escamoté les 17, 18 et 19.

Nous avions celui de Versailles (corps du général Douay).

La cartoucherie Rapp a fait explosion, ainsi que je vous en ai déjà rendu compte. Il y a des morts et beaucoup de blessés.

Un commissaire de police de la sûreté a fait une quarantaine d’arrestations. On évalue celles qui ont été faites à propos de l’explosion à 125.

Le sergent Toussaint (3e batterie, 2e escadron) a été arrêté par la Commune. On dit ce brave sous-officier fusillé.

Les malades, d’après nos avis, avaient été évacués la veille ou le matin du jour de la catastrophe, sur l’hôtel des Invalides. Les ouvrières, et non les ouvriers, ont été renvoyées ce jour-là de meilleure heure.

L’officier d’administration comptable de l’hôpital du Gros-Caillou, M. Bernard, s’est bien conduit.

Je recommande à la bienveillance de M. le ministre les sieurs Janvier, Bertalon, Mauduit, Morelli, Sigismond, hommes jouissant d’une haute considération.

Ils désirent la croix ou une perception importante.

Des services signalés nous ont été rendus par Me Brosset et par la demoiselle Gigaud. C’est chez cette dernière que je me suis caché pendant huit jours lorsque les gens de Rigault étaient à ma poursuite.

Cette femme est très dévouée ; elle habite le quartier du Gros-Caillou rue Dominique-Saint-Germain. C’est la fille d’un ancien officier ; elle serait heureuse d’avoir un bureau de tabac. »