L’affaire du Mexique

L’Espagne et l’Angleterre avaient des créances à revendiquer. Jecker aussi, un Suisse, un aventurier de haut vol, créancier usuraire du gouvernement clérical de Miramon qui avait fui devant le gouvernement légal de Juarez. Jecker s’aboucha avec le frère de l’Empereur, Morny, président du Corps législatif, l’élégant imprésario du 2 Décembre, prince des grands fricoteurs enrichis dans les innombrables entreprises des dernières années. Le second fils d’Hortense fit prix avec Jecker et se chargea de faire recouvrer sa créance par l’armée française, souillée déjà dans cette expédition de Chine, où le général Cousin-Montauban la conduisit au pillage et préleva un collier offert à l’impératrice qui l’affubla du titre de duc de Palikao.

Cette femme, – elle n’était pas Française, comme toutes les souveraines qui ont marqué dans nos désastres – habilement travaillée par Morny, l’archevêque de Mexico, Almonte, Mira-mon, fut vite acquise à une expédition pour le clergé et les royalistes mexicains. Son mari rêvasseur sourit à l’idée d’impérialiser le Mexique, d’autant plus que la guerre sécessionnait les États-Unis. En janvier 62, les forces françaises et anglaises débarquent à Vera-Cruz où les Espagnols les avaient précédées. L’Angleterre et l’Espagne s’aperçoivent bientôt qu’elles sont appelées pour le jeu de Jecker et d’une monarchie quelconque, se retirent laissant les troupes françaises commandées par Lorencey. Ne dit-on pas qu’Almonte négocie pour la couronne du Mexique auprès de Maximilien, frère de l’empereur d’Autriche, d’accord avec les Tuileries ? Le ministre Billault nie effrontément ; un mois après, Lorencey se prononce pour Almonte, déclare la guerre à la République mexicaine. Le général Forey arrive au Mexique avec des renforts ; l’opinion s’alarme. La Gauche, Émile Ollivier, Picard, Jules Favre, parlent pour la France ; Billault répond par un dithyrambe.