Les élections de 63

Le public répliqua. Les clous de la soupape commençaient à jouer, l’enfant du coup d’État était devenu un jeune homme. On se remuait à Paris ; des journaux de pamphlet poussaient au Quartier latin ; des étudiants, des ouvriers manifestaient contre les massacres de la : Pologne héroïquement levée contre la Russie. La petite boutique était plus que frondeuse ; tous les candidats officiels furent battus aux élections parisiennes de mai 63. En place, des coalisés : Jules Favre, Émile Ollivier, Picard, Darimon, les députés sortants ; Eugène Pelletan, lamartinien attardé, Jules. Simon philosophe éclectique, refusant le serment en 51, le prêtant en 63, Guéroult, césarien libéral, Havin, bourgeois voltairianisant, et l’ancien ministre de Louis-Philippe, le chef des coalisés contre la République de 48, le dupé de Louis Bonaparte, M. Thiers, qu’on nomma pour le mal qu’il pouvait faire à l’Empire.

Un ouvrier typographe, Blanc, s’était présenté contre le directeur du Siècle, Havin, alléguant que les ouvriers avaient aussi des droits. Il fut trouvé fort outrecuidant et on lâcha sur lui plusieurs ateliers. Les ouvriers n’en étaient encore qu’à la politique. « Trognon de pomme ou trognon de chou, je m’en fous ! disait l’un d’eux, devant lequel on discutait les titres de Pelletan, pourvu que le projectile que je flanquerai dans la boîte dise opposition ». Mais il lui fallait un projectile connu.