Mac-Mahon obéit ; pour parer la Révolution, il découvre la France. Le 25, on connaît au Corps législatif cette marche insensée qui achemine l’armée incohérente à travers deux cent mille Allemands victorieux. Thiers, revenu en faveur depuis les désastres, dit, démontre dans les couloirs que c’est folie. Personne ne monte à la tribune. Stupides, ils attendent l’inévitable ; l’impératrice continue d’expédier ses malles à l’étranger.
Le 30 au matin, nous sommes surpris, écrasés à Beaumont et pendant la nuit Mac-Mahon pousse l’armée débandée dans le creux de Sedan. Le 1er septembre au matin, elle est cernée par deux cent mille Allemands, sept cents canons qui couronnent toutes les hauteurs. Napoléon III ne sait tirer son épée que pour la remettre au roi de Prusse. Le 2, toute l’armée est prisonnière. L’Europe entière le sut le soir même. Les députés ne bougèrent pas. Dans la journée du 3, quelques hommes énergiques essayèrent de soulever les boulevards ; ils furent repoussés par les sergents de ville ; le soir, une foule immense se pressait aux grilles du Corps législatif. À minuit seulement, la Gauche se décide. Jules Favre demande une commission de défense, la déchéance de Napoléon III, point celle des députés. Au dehors, on crie : Vive la République ! Gambetta accourt aux grilles et dit : « Vous avez tort, il faut rester unis, ne pas faire de révolution. » Jules Favre, entouré à sa sortie, s’efforça de calmer le peuple.