Le Comité Central se constitue

La Révolution, n’ayant plus de journaux, parlait maintenant par affiches, de toutes les couleurs, de toutes les idées. Flourens, Blanqui, condamnés par contumace, placardaient des protestations. Des groupes modérés protestaient ainsi contre les décrets sur les échéances. Des comités s’organisaient dans les arrondissements populaires. Celui du XIIIe avait pour chef le fondeur Duval, d’une énergie froide et dominatrice. Tous ces comités annulaient les ordres de d’Aurelles, disposaient en réalité de la garde nationale.

Vinoy disait comme Vautrain : « Arrêtons le Comité Central », et rien ne semblait plus facile, tous les membres du Comité inscrivant leur adresse sur les affiches ; Picard lui répondait : « Je n’ai pas de police, arrêtez vous-même. » Vinoy rétorquait : « Cela ne me regarde pas. » On lui adjoignit le général Valentin, homme à poigne. Le Comité Central, tranquillement ; se présenta le 15 à la troisième assemblée générale du Vauxhall. Deux cent quinze bataillons étaient représentés. Garibaldi fut acclamé général en chef de la garde nationale. Un orateur transporta l’assemblée, Lullier, ancien officier de marine, avec une apparence d’instruction militaire, et, quand il n’était pas brûlé par l’alcool, des moments de lucidité à faire illusion. Il se fit nommer commandant de l’artillerie. On proclama ensuite les noms des-élus au Comité Central – une trentaine environ ; plusieurs arrondissements n’avaient pas encore voté. C’est le Comité Central régulier, celui qui entrera dans l’Hôtel de Ville. Beaucoup des élus appartenaient à la précédente commission. Les autres tout aussi obscurs, de toutes les couches du peuple, connus seulement des conseils de famille ou de leur bataillon. Les hommes en vedette n’avaient pas brigué les suffrages. La Corderie, les blanquistes aussi, ne voulaient pas admettre que cette Fédération, ce Comité ; ces inconnus fussent une force.

Ils ne marcheront-pas, il est vrai, pour un programme quelconque. Le Comité Central n’est pas la tête de colonne d’un parti ; il n’a pas d’idéal à produire. Une idée très simple, se défendre de la monarchie, a seule pu grouper tant de bataillons. La garde nationale se constitue en compagnie d’assurance contre un coup d’État ; le Comité Central est la sentinelle, voilà tout.

L’air est lourd ; nul ne sait où l’on va. Le petit groupe de l’internationale convoque naïvement les députés socialistes pour se faire expliquer la situation. Personne ne pense à l’attaque. Le Comité Central a d’ailleurs déclaré que le premier coup de feu ne sera jamais tiré par le peuple, qu’on se défendra seulement en cas d’agression.