Langlois à l’Hôtel de Ville

À deux heures du matin, Langlois s’annonce. Il avait envoyé sa proclamation à l’Officiel. - « Qui êtes-vous ? » disent les sentinelles. – « Général de la garde nationale », répond le brave colonel. Le Comité Central veut bien le recevoir. « Qui vous a nommé ? » – « L’Assemblée ! mon nom, ajouta-t-il, est un gage de concorde. » Mais Édouard Moreau : « La Garde nationale entend nommer son chef elle-même ; votre investiture par une Assemblée qui vient d’attaquer Paris n’est nullement un gage de concorde. » Langlois jure qu’il n’a accepté que pour faire cesser un malentendu. « Entendu, dit le Comité, mais nous prétendons nommer nos chefs, faire des élections municipales, prendre des garanties contre les monarchistes. Si vous êtes avec nous, soumettez-vous à l’élection populaire. » Langlois, Lockroy soutiennent qu’il n’y a qu’un seul pouvoir légitime : l’Assemblée ; qu’elle n’accordera rien à un comité issu d’une insurrection. Ce plaidoyer pour les ruraux lasse les patiences. « Reconnaissez-vous, oui ou non, le Comité Central ? – Non », dit Langlois. Il détala, courut après sa proclamation.

La nuit fut calme, d’un calme mortel pour la liberté. Par les portes du sud, Vinoy emmenait à Versailles régiments, artillerie, bagages. Les soldats se traînaient, insultaient les gendarmes. L’état-major, suivant ses traditions, avait perdu la tête, oubliait dans Paris trois régiments, six batteries, toutes les canonnières qu’il eût suffi d’abandonner au cours de l’eau. La moindre démonstration des fédérés eût arrêté cet exode. Loin de fermer les portes, le nouveau commandant de la garde nationale, Lullier, laissa – il s’en est vanté devant le conseil de guerre – toutes les issues à l’armée.