La délégation de l’Enseignement était tenue d’écrire une des plus belles pages de la Commune. Après tant d’années d’études et d’expérimentations, cette question devait sortir tout armée d’un cerveau vraiment révolutionnaire. La délégation n’a rien laissé pour témoigner devant l’avenir. Le délégué était pourtant un homme des plus instruits. Il se contenta de supprimer les crucifix des salles d’école et de faire appel à tous ceux qui avaient étudié les questions d’enseignement. Une commission fut chargée d’organiser l’enseignement primaire et professionnel ; tout son travail fut d’annoncer, le 6 mai, l’ouverture d’une école. Une autre commission pour l’enseignement des femmes fut nommée le jour de l’entrée des Versaillais.
Le rôle administratif de cette délégation se réduisit à des arrêtés peu exécutables et à quelques nominations. Deux hommes dévoués et de talent, Élie Reclus et Benjamin Gastineau, furent chargés de réorganiser la Bibliothèque nationale. Ils interdirent le prêt des livres, mettant un terme au scandale de privilégiés qui se taillaient une bibliothèque dans les collections publiques. La Fédération des artistes, qui avait pour président Courbet, nommé le 16 avril membre de la Commune, et parmi ses membres le sculpteur Dalou, s’occupa de rouvrir et de surveiller les musées.
On ne saurait rien de cette révolution en matière d’enseignement sans les circulaires des municipalités. Plusieurs avaient rouvert les écoles abandonnées par les congréganistes et les instituteurs de la ville, ou expulsé les frères qui étaient restés. Celle du XXe habilla et nourrit les enfants, jetant ainsi les premières bases de ces caisses des écoles, si prospères depuis. La délégation du IVe disait : « Apprendre à l’enfant à aimer et à respecter ses semblables, lui inspirer l’amour de la justice, lui enseigner qu’il doit s’instruire en vue de l’intérêt de tous, tels sont les principes de morale sur lesquels reposera désormais l’éducation communale. » – « Les instituteurs des écoles et salles d’asile, prescrivait la délégation du XVIIe, emploieront exclusivement la méthode expérimentale et scientifique, celle qui part toujours de l’exposition des faits physiques, moraux, intellectuels. » On était encore loin d’un programme complet.