La mairie du XIe évacuée

La mort de Delescluze avait été si simple et si rapide qu’elle fut mise en doute même à la mairie du XIe, où l’on avait transporté Vermorel. Quelques-uns de ses collègues l’entourent. Ferré l’embrasse, et Vermorel lui dit : « Vous voyez que la minorité sait se faire tuer pour la cause révolutionnaire. » Vers minuit, quelques membres de la Commune décident d’évacuer la mairie. Quoi ! toujours fuir devant le plomb ! La Bastille est-elle prise ? Le boulevard Voltaire ne tient-il pas encore ? Toute la stratégie du Comité de salut public, tout son plan de bataille est donc de se replier ! À deux heures du matin, quand on cherche un membre de la Commune pour soutenir la barricade du Château-d’Eau, il n’y a plus que Gambon endormi dans un coin. Un officier le réveille et s’excuse. Le vieux républicain répond : « Autant vaut que ce soit moi qu’un autre ; moi j’ai vécu », et il part. Mais les balles ont fait désert le boulevard Voltaire jusqu’à l’église Saint-Ambroise. La barricade de Delescluze est abandonnée.