Tout est fini

À une heure, tout était fini. La place de la Concorde avait tenu deux jours ; la Butte-aux-Cailles, deux ; la Villette, trois ; le boulevard Voltaire, trois jours et demi. Sur les 79 membres de la Commune en fonctions le 21 mai, un était mort aux barricades, Delescluze ; deux, Jacques Durand, Raoul Rigault, avaient été fusillés. Deux étaient grièvement blessés, Brunel et Vermorel ; trois atteints, Protot, Oudet et Frankel. Les Versaillais avaient perdu peu de monde ; les fédérés 3 000 tués ou blessés. Les pertes de l’armée en Juin 48 et la résistance des insurgés avaient été relativement plus sérieuses. Mais les insurgés de Juin n’eurent en face d’eux que trente mille hommes ; ceux de Mai luttèrent contre cent trente mille. L’effort de Juin ne dura que trois jours, celui des fédérés persista sept semaines. La veille de Juin, l’armée révolutionnaire était intacte ; le 20 mai, elle était décimée. Ses défenseurs les plus aguerris avaient péri aux avant-postes. Que n’eussent fait dans Paris, à Montmartre, au Panthéon, les quinze mille braves de Neuilly, d’Asnières, d’Issy, de Vanves et de Cachan ?