On comprend l’idée que pouvaient avoir de la Commune les messieurs parlementaires. Le peuple, quoique sans histoire, sentait d’instinct que ce mouvement était à lui et ne se lassait pas de manifester pour les vaincus. À l’élection législative du 21 avril 79, Bordeaux donna une majorité de 4 000 voix à Blanqui. La Chambre annula l’élection et Blanqui ne fut gracié qu’après l’expiration des trois mois où il aurait pu être amnistié, c’est-à-dire éligible. Pendant ces trois mois, la clémence grévyste avait gracié-amnistié trois mille trois cents condamnés. Douze cents au moins, exclus par la haine ou la peur, restaient en Calédonie ou en exil.
Les premiers convois de Calédoniens arrivèrent en septembre 79 à Port-Vendres, où ils furent reçus avec enthousiasme par les comités républicains de la région. Louis Blanc, qui faisait une tournée dans le Midi, leur ouvrit les petits bras dont il les menaçait jadis. « Soyez les bienvenus ! s’écria-t-il ; si l’on avait eu le sentiment de la justice, vous ne seriez point partis ! » Et comme une loge maçonnique lui offrait une couronne : « Laissez-moi partager cet hommage avec ceux qui ont plus combattu que moi et plus souffert » – il eût pu ajouter « par moi ».