Arec et Lia s’étaient arrêtés pour souffler une heure ou deux. Ils marchaient depuis une éternité et, s’ils n’avaient pas encore quitté la zone urbaine, ils s’étaient néanmoins considérablement éloignés du centre souterrain, comme en témoignait la nette simplification du réseau de couloirs.
Ici, les architectes ne s’étaient pas torturé les méninges pour égarer d’éventuels intrus, et Arec trouvait l’aspect rectiligne de la plupart des conduits quelque peu oppressant. La sophistication lui manquait, de même que les mosaïques minimalistes sur les parois ; le béton nu était inhospitalier.
Lia, elle, semblait très à l’aise. De temps à autre, elle s’immobilisait face à un pan de mur ou une perspective qu’Arec jugeait sans intérêt particulier, et s’attardait quelques instants, absorbée. Comme imaginant ce qu’elle pourrait bien lui associer. Arec patientait, se taisait. Lia parlait pour deux.
Elle lui avait déjà raconté, dans le désordre, l’équivalent de deux ou trois épopées intimistes, sans toutefois livrer quoi que ce fût de réellement personnel. Il ne savait toujours pas pourquoi elle s’accrochait ainsi à ses basques et, à vrai dire, s’en moquait. Elle était plutôt jolie, possédait une voix agréable, et meublait joliment sa fuite.
Elle avait tout de suite compris qu’il gagnait le large et que ce n’était pas pour le simple plaisir de la promenade, mais n’avait posé aucune question à ce sujet. Elle s’amusait et, libre comme l’air, adaptait son existence à ses caprices successifs.
Arec était son dernier caprice en date. Quoique renfermé, peu souriant et assez peu porté sur le babillage, il écoutait sans protester. Pour Lia, c’était là une caractéristique appréciable ; elle trouvait rarement un auditoire aussi indulgent.
Les épisodes de la Triste et Édifiante Histoire de la Vie de Lia ponctuèrent donc la progression souterraine des deux comparses. Pour chaque village ou commune qui existait là-haut, il y avait un chapitre.
Sous l’Horloge, l’entrée en matière révéla que Lia répondait à un matricule familial en X-X. Jamais elle ne connaîtrait le nom de ses parents biologiques ou synthétiques. L’orpheline avait poussé quelque part en Europe septentrionale, dans une contrée manifestement trop pauvre pour pouvoir s’offrir de la terre en quantité suffisante, puisqu’il y avait de l’eau partout, sous forme de lacs, de bras de mer ou de rivières. D’où une aversion profonde pour tout ce qui faisait floc-floc, plic-plic ou autre.
Sous le Musée, trois ans, la famille d’accueil, normale, c’est-à-dire pauvre mais honnête. La mère nourrissait, en vrac, les gamins, les chiens et les phoques. Contre tous ces aliments et la majeure partie des vêtements, le père troquait de vieux modèles d’Ânes à des lumpens qui se souciaient fort peu de ne posséder que des écrans cathodiques, et pour cause : les Ânes de « Dada » ne fonctionnaient jamais, et les lumpens ne les installaient dans leurs foyers stables ou flottants que pour décorer et feindre une certaine réussite sociale…
Sous le Fleuve et les Arts, Lia (six ans) découvrit l’entrepôt de Dada, les alignements d’Ânes de toutes espèces. Formes, dimensions, couleurs, un panorama hétéroclite et changeant, un hangar bricolé en-dessous du niveau de l’indésirable mer, promenades clandestines parmi les antiquités.
Sous la Bibliothèque, elle éprouva le besoin de donner vie à ces fenêtres aveugles. Subtilisa un modèle portable, le planqua dans sa chambre, sous la couchette, habillé d’une couverture miteuse. Se procura des couleurs, d’abord les primaires, puis des argents, des ors, des fluos… Des solvants. Des pinceaux, des chiffons.
Aux heures rares de tranquillité, Lia se mit à faire parler son Âne mort. Et même si elle ne possédait elle-même que des rudiments d’écriture, elle était douée d’un sens esthétique suffisant pour lui permettre de recopier chiffres et lettres, ce qu’elle s’empressa de faire sur la surface triste et grise de la machine définitivement éteinte. Ça avait commencé par un traditionnel Goddam d’accueil, qu’elle avait ensuite eu toutes les peines du monde à effacer pour poursuivre. Le non moins traditionnel Identifikation ? ultérieur fut un peu flou – Lia avait lésiné sur le solvant, ou utilisé un chiffon inapproprié – mais la simulation de dialogue s’engageait, et la fillette respecta les usages, pianota ses réponses dans les formes…
Malgré les multiples pérégrinations auxquelles, comme n’importe quel adulte, elle avait dû se livrer, et malgré l’abondance des idiomes et langues constituées qu’elle avait dû apprendre et désapprendre, Lia n’avait jamais oublié les formules employées alors, les mots truffés de « æ » et de « ø » brindezingues qu’elle avait calligraphiés des heures durant dans le fragile secret de sa chambre.
Arec l’imagina, mioche consciencieuse et furtive, à croupetons sous l’auvent précaire d’une couverture à carreaux, langue pointant entre les lèvres tirées, qui touillait ses mixtures de couleurs, choisissait un pinceau, badigeonnait cette pauvre carcasse de machine innocente…
Sous la Tour MP, alors qu’elle courait gaillardement sur ses huit ans, Lia croyait dur comme fer que l’esprit de l’Âne s’exprimait pour de bon à travers elle, et que le fait qu’elle dût elle-même rédiger les interventions de celui-ci ne signifiait rien de spécial ; la machine était paresseuse, ou chinoise, voilà tout. Ça arrivait. Pas sous cette forme, d’accord, mais ça arrivait !
L’habitude aidant, elle ne se voyait plus peindre, ne remarquait plus les à-côtés prosaïques de ses dialogues avec l’Âne, oubliait qu’elle effaçait les répliques ou demandes de celui-ci au fur et à mesure.
Elle n’avait plus conscience d’intervenir.
Sous le Port Sec de Plaisance, elle allait jusqu’à imaginer que Djævel – son Âne – agissait en tant que représentant de ses innocents congénères claquemurés dans l’entrepôt de Dada à la suite d’elle ne savait quelle injustice commise par celui-ci. D’ailleurs, Djævel tenait désormais des propos véhéments, affichait des tableaux aux teintes convulsives, bref, ruait dans les brancards. Il protestait au nom de ses camarades emprisonnés. Dada était un tyran. Libérez les Ânes !
Ses sœurs, ses frères et les autres mistons de la commune, habitués aux minuscules exils de Lia, participaient tous, bien sûr, à la conspiration qui débouchait sur l’ostracisme anti-machines que dénonçait Djævel. Elle ne les fréquentait plus que le strict minimum, et ils avaient la décence de ne pas insister. (À vrai dire, leurs invectives répétées semblaient même indiquer qu’ils l’évitaient volontiers.)
Le dernier message en date sur l’écran de l’Âne mort, elle ne l’avait pas effacé. Dans son esprit, c’était Djævel qui insistait pour cracher cette horde de squelettes sur fond d’incendie – elle ne se rappelait pas l’avoir dessinée la veille.
Sous Cronstadt, Dada…
Arec l’avait interrompue.
*
Ils se trouvaient dans une grande salle de service éclairée a giorno, à la différence de leurs dernières dizaines de mètres de corridors, où ne restaient allumées que de pauvres veilleuses. Arec venait de remarquer un grand placard encastré à la porte entrebâillée. Rien d’anormal en soi si ce n’était une sorte de petit gémissement plaintif qui cessa aussitôt.
— Probablement un acouphène, se dit-il à voix basse.
— Qu’est-ce que tu dis ?
— Rien… rien… j’ai cru entendre un bruit.
— On va passer la nuit ici ? demanda-t-elle.
— S’il fait nuit, répondit Arec.
— Ah.
Elle regarda autour d’elle, l’air de chercher quelque chose. Arec fit encore quelques pas, s’arrêta.
Malgré ses vastes dimensions et son caractère dénudé, la pièce n’avait rien d’inhospitalier. Pas d’écho intempestif, pas d’odeurs de renfermé. Pas de poussière.
Quand Arec se dirigea comme par hasard vers le placard qu’il avait remarqué, Lia feignit de se désintéresser de lui. L’avait-il froissée en l’empêchant de poursuivre le récit de ses aventures enfantines ? Sans doute pas : têtue comme elle l’était, elle saisirait la première occasion de reprendre son odyssée !
Il allait ouvrir le panneau métallique lorsqu’il entendit à nouveau un gémissement, puis quelques mots à moitié mâchouillés…
— Pas ça… non… grilaoutan… les autres… ne pouvez pas… brrr… l’eau rouge… flammes… brrr… tnolkap…
Comme si quelqu’un parlait du fond d’un rêve… ou plutôt d’un cauchemar…
Arec déglutit. Il chercha Lia du regard. Elle avait disparu.
Le placard était redevenu silencieux. Il avança la main lentement, sans faire de bruit, pour ouvrir délicatement la porte.
— Tu fais quoi là, un numéro de mime ?
Arec sursauta.
— Tais-toi. Il y a quelque chose dans le placard…
— Quelque chose… dans le placard ?
— Oui. Qui gémit et qui parle.
Arec parlait à voix basse et faisait des signes à Lia pour qu’elle baisse également le ton.
— Alors il n’y a pas quelque chose, mais quelqu’un.
Arec était sidéré.
— Et c’est tout ce que ça te fait ? ! s’emporta-t-il avec de grands gestes et une toute petite voix à la limite de l’étranglement.
Lia lui fit signe de baisser le ton en affichant un sourire moqueur.
— Tu te fous de moi, là ?
Il remarqua alors qu’elle transportait une brassée de couvertures grises et épaisses.
— T’as trouvé ça où ?
Elle n’eut pas le temps de répondre. Il y eut comme un raclement de gorge, puis…
— Verbleuté… ntuon… grilaoutan… brrr… molle… écule… flamboin… brrr… tnolkap… tnolkap… radouiiiine…
Lia lâcha les couvertures pour porter les mains à ses lèvres, puis elle chuchota comme une petite fille qui croit entendre le père Noël descendre par la cheminée.
— Y a quelqu’un dans le placard…
Elle tendit aussitôt le bras pour ouvrir la porte métallique.
Arec l’en empêcha.
— Non… Attends…
Il sortit l’effaceur de la poche gauche de son manteau.
Lia en resta bouche bée.
— C’est quoi ça ?
— Un Dodge 54 à dislocation moléculaire.
— Saint Âne ! Mais tu es malade ! Qu’est-ce que tu veux faire de ce truc ?
— On ne sait jamais… Et maintenant, ouvre la porte.
— C’est hors de question. Je ne veux pas avoir un mort sur la conscience. Ouvre-la toi-même.
La moue d’Arec en dit long sur les insultes qui passèrent en rafales dans sa tête.
Il s’exécuta du bout des doigts. D’un coup sec. Et recula aussitôt en pointant son arme vers l’intérieur du placard.
Il se sentit instantanément ridicule. Lia fit des yeux ronds puis éclata de rire.
— Ah oui… Effectivement… Mieux valait se méfier… Cette bête a l’air particulièrement agressive !
Dans le réduit, un animal était suspendu par les pieds à une tringle autrefois prévue pour accrocher des cintres. Deux pattes graciles, un petit ventre bedonnant, rose et gris, tièdement lové entre de longues ailes noires. Ses yeux cillèrent devant l’irruption de la lumière. Deux braises rougeoyantes plantées dans un ravissant minois de rat au poil velouté, légèrement dénaturé par un museau en forme de groin. L’animal venait de se réveiller et mit quelques secondes à s’extirper du sommeil.
Il se mit alors à hurler.
Arec faillit lâcher son arme.
Les ailes de la chauve-souris flappaient, comme si l’animal évaluait les chances de pouvoir s’envoler sans se faire cribler de balles.
— Ne tirez pas ! hurla-t-elle. Je me rends. Je ferai tout ce que vous voulez. Même retourner à la ferme. Mais surtout ne tirez pas !
Lia regarda Arec d’un air courroucé.
— Eh bien… Qu’est-ce que tu attends pour lâcher ton flingue ? Tu vois bien que cet animal est totalement inoffensif ?
Arec garda son arme pointée sur la bête.
— Tu as déjà vu une chauve-souris qui parle, toi ?
Lia haussa les épaules.
— Elle a peut-être des ancêtres perroquets, ou mainates.
— Ou bien elle est contaminée par les autres…
L’animal se raccrocha à cette réflexion comme un naufragé à son destin.
— Ouf ! J’ai cru que vous étiez là pour m’éliminer. Il ne s’agit en fait que d’une vulgaire méprise…
Arec avait du mal à suivre les propos du chiroptère porcin.
— Qu’est-ce que c’est que ces élucubrations ?
— Je suis une chicherie.
— Non, tu es une chauve-souris, dit Lia. Une chau-ve-sou-ris…
— Descends de là, ordonna Arec.
— Quoi ?
— Descends de ton perchoir.
— Je ne peux pas.
— Et pourquoi ça ?
— Parce que la nature ne m’a pas donné les attributs nécessaires pour marcher.
— Logiquement, elle ne t’en a pas non plus donné pour parler. Alors descends.
La chauve-souris jeta un coup d’œil vers le bas et esquissa ce qui pouvait s’apparenter à une grimace, fines babines retroussées sur son groin.
— Je suis trop près du sol pour amortir ma chute en battant des ailes… Vous ne voudriez pas mettre une de ces couvertures sur le plancher du placard ?
— Non.
Lia soupira, l’air excédé.
— Arec, un peu ça va, mais là tu dépasses les bornes.
Elle prit une couverture et la posa en boule juste en dessous de la chauve-souris.
— L’amortisseur de Madame est servi.
— Je ne suis pas une dame, s’offusqua le chiroptère.
— Excuse-moi, je n’avais pas… Enfin… Je…
— Assez mégoté ! hurla Arec. Et toi, tu vas descendre gentiment. Au moindre geste douteux, je te bute.
— Dans le rôle de l’arsouille teigneux, tu es remarquable, constata Lia.
La chauve-souris profita de cette prise de bec pour se laisser choir de son perchoir.
— Ne vous excitez pas, les tourtereaux. Je me rends.
Lia le regarda, l’air abasourdi.
— Qu’est-ce que tu as dit ?
— J’essaie de me mettre au diapason.
— En attendant, avance un peu, insista Arec qui pointait toujours son arme telle une idée fixe.
— Ce n’est pas une bonne idée.
— Ce n’est pas à toi d’en décider.
La chauve-souris soupira et se mit en branle. Une expression, pour le coup, particulièrement bien adaptée. De grandes et larges ailes, c’est pratique pour voler, moins pour marcher. Il est dur de se redresser pour laisser travailler les pattes arrière.
Le visage d’Arec passa par toute une série d’expressions qu’il libéra en pouffant de rire.
— Et voilà… s’indigna la chauve-souris. C’était couru d’avance.
Arec baissa enfin son arme.
— En tout cas, toi, tu ne risques pas de courir.
Lia prit un air indigné.
— Ce n’est pas très gentil de se moquer d’un handicapé. Enfin… ce n’est pas tout à fait ce que je voulais dire, mais…
Le chiroptère se dressa sur ses ailes en essayant d’adopter une attitude indignée.
Le fou rire gagna bêtement les deux humains. Lorsqu’ils réussirent enfin à se calmer, ils se sentirent un peu honteux.
— C’est quoi, une chicherie ? demanda alors Lia.
— Ça y est ? Les moqueries sont terminées ? Alors raccrochez-moi à mon perchoir et je vous répondrai.
Arec remit son arme dans sa poche et s’exécuta. La chauve-souris était douce et tiède. Elle ne devait pas mesurer plus de dix centimètres de long et, de près, avec son ventre rose et gris, bien renflé, et son museau écrasé, elle ressemblait encore plus à un petit porc ailé.
— Tu t’appelles comment ? lui demanda Arec.
— Vesper.
— Joli nom, fit remarquer Lia.
— Merci. C’est l’équivalent romain du dieu grec Hespéros, le génie de l’étoile du soir.
— Rien que ça…
— Non, les auteurs grecs l’identifient à l’astre Phosphoros, que les Romains appelaient Lucifer.
— Tout un programme.
— Ouais… à moins qu’on ne m’ait baptisé ainsi en référence aux vespertilions.
— Qui sont… ?
— Une espèce de chauve-souris.
— C’est moins glorieux.
— Je trouve votre réflexion raciste.
— Absolument pas. Mais la référence à Lucifer est plus excitante que… Oh et puis merde, tu me fatigues avec tes remarques. En fait, je n’ai pas l’habitude de discuter avec des animaux. Et encore moins avec des bestioles dans ton genre.
— Encore une remarque raciste. Avec un chat ou un chien, ça n’aurait pas été pareil, n’est-ce pas ?
— Vesper a raison, Arec. C’est du délit de faciès.
— Bon, j’en ai marre. J’ai besoin de me reposer. Je crois que je vais aller dormir.
Il se baissa pour ramasser les couvertures éparses. Le tissu en était un peu rêche, mais paraissait chaud et confortable. Il s’imaginait déjà couché, tout habillé, dans un cocon à la fois douillet et dur, à même le sol. Soudain, la fatigue accumulée depuis sa mission à Houlgate lui tomba dessus, et il n’eut effectivement plus qu’une envie, celle de dormir, dormir, dormir…
Lia fit un sourire à Vesper.
— On reprendra cette conversation un peu plus tard, d’accord ? Désolée de t’avoir réveillé.
Elle repoussa la porte du placard pour la laisser juste entrebâillée.
— Vous allez vraiment dormir ?
Pas de réponse.
— Bonne nuit quand même, grommela Vesper.
*
Lia avait rejoint Arec.
— Tu nous bâtis le nid ? demanda-t-elle.
— Dès que j’aurai trouvé la bibliothèque.
Il feignit de chercher autour de lui. L’épuisement, peut-être, le rendait plus conciliant, plus enclin à la plaisanterie – plus conscient du fait qu’une certaine complicité devait s’établir entre lui et sa camarade de route.
— Là-bas, dit celle-ci en désignant un pied de mur qui n’avait rien de particulier. Tu la vois ?
Dans son geste, la manche droite de son vêtement se releva et, fait exprès ou non, dévoila le ∞ rouge sur son poignet ; elle n’était donc porteuse d’aucune bestiole sexuellement transmissible. Dans le cas contraire, Arec le savait pour avoir malgré tout fréquenté « ceux du dehors », le symbole aurait viré au noir ou au bleu vif – cela dépendait des communes.
— Je la vois, fit-il.
Il entreprit d’aller bâtir le nid à côté de la bibliothèque imaginaire. Pour un peu, il aurait vraiment eu envie de débarrasser Lia de cette avalanche de couleurs qui couvrait sa peau et manquait faire passer inaperçu le rouge violent du ∞ sécurisant…