Le départ de Lilith est difficile pour Délila qui se sent perdre sa seule véritable amie dans cette histoire, son seul soutien... Mais la démone ne peut rester davantage, elle pense même avoir assez retardé son retour en Transylvanie.
– Prends bien soin de vous deux, dit-elle en serrant les mains de Délila dans les siennes.
L'humaine acquiesce d'un hochement de tête.
– Tu n'es pas seule. Wayne veillera sur toi et Bastian aussi.
Pas Sulli.
La jeune femme aurait aimé qu'il ne parte pas. Pourquoi s'en est-il allé d'ailleurs ?
À cause d'elle et de ses mensonges, sans compter son acharnement à mettre de la distance entre eux.
Elle regrette ses actes.
Mais c'est trop tard.
– Ne t'en fais pas, ça ira, promet l'humaine.
Lilith esquisse un sourire qui se veut réconfortant avant d'aller saluer Sullivan. Elle se contente de l'embrasser sur le front et de lui faire promettre d'être un enfant bien sage.
– Wayne, veillez bien sur eux, réclame-t-elle ensuite en se tournant vers le chasseur.
– Aussi longtemps que je le peux, assure-t-il.
Rassurée, la démone lui sourit avant de prendre l'une de ses mains dans les siennes.
Wayne est un homme qui dégage une certaine animosité, les gens qui le croisent dans la rue n'ont pas très envie de l'approcher, préférant garder leur distance. Néanmoins, Lilith a tout de suite été attirée par lui qui représente l'homme fort et viril. Peut-être que si elle était restée davantage de temps, il se serait passé autre chose entre eux que le baiser qu'ils ont partagé. Elle en avait envie.
– Peut-être nous reverrons nous, souffle-t-elle.
– Je l'espère, répond le chasseur avant de lui faire un baisemain sans la quitter des yeux. Prenez soin de vous, Lilith.
Elle dépose un rapide baiser sur les lèvres du jeune homme avant de quitter la maison après un dernier sourire.
Wayne soupire à la suite de son départ, il aurait aimé qu'elle reste plus longtemps. Il commençait seulement à la connaître et l'apprécier. Il fait partie des hommes qui n'ont pas de préjugés. Il chasse les vampires parce que c'est son métier, mais rien ne l'empêche de s'entendre avec l'un d'eux. La preuve avec Bastian et Sulli. Sans compter Lilith qui est aussi à moitié démone.
– Tu vas jouer avec Sparky, suggère Délila à son enfant.
Il hoche la tête et, dès que sa mère a ouvert la porte-fenêtre, il suit le chien qui court au jardin.
La jeune femme se sent bien seule soudainement.
C'est samedi matin, elle aurait aimé autre chose pour son week-end. Décidément, c'est le moment des départs. D'abord Sulli, maintenant Lilith, ensuite Drew.
Toutes les personnes qu'elles aiment s'en vont.
– Ne vous inquiétez pas, tout ira bien, promet Wayne en posant sa main affectueusement sur son épaule.
– Oui, répond-elle en se forçant à sourire.
Comment ça pourrait aller ?
Elle n'a plus que Wayne et Bastian pour veiller sur elle.
Le premier partira bientôt à cause de son travail, même si pour le moment il n'y a aucune date précise. Quant au second, elle doute qu'il la protège nuit après nuit. Il a une vie. Autre chose à faire.
Alors qu'adviendra-t-il d'elle quand il s'en ira ?
Elle se retrouvera à la merci de celui qui souhaite sa mort. Et il la tuera avec une facilité déconcertante.
Elle pourrait faire rester Bastian. Avoir une relation avec lui. Après tout, elle ne vieillira jamais, c'est techniquement possible.
Sauf que ce n'est pas avec lui qu'elle désire un avenir.
Décidément, il n'y a aucune solution.
À moins que... Elle pourrait s'en aller également.
Fuir celui qui la traque.
Recommencer sa vie ailleurs.
Loin de tout et de tous.
***
Comme promis, Bastian vient chez Délila dès la tombée de la nuit. Il est ravi d'apprendre le départ de Lilith, même s'il pensait qu'elle ne partirait pas si tôt. Pourquoi a-t-elle laissé sa protégée alors qu'elle est encore en danger ?
Décidément, il ne comprendra jamais les démons !
– Comment fait-on ? s'enquiert aussitôt le vampire. Tu restes et je mène mon enquête, propose-t-il au chasseur.
– Nos recherches n'aboutissent pas, c'est un pro, soupire-t-il. Je n'ai jamais vu ça.
– Ah non ?
– Je termine mes missions en deux ou trois jours habituellement.
– C'est fâcheux ! Tu as trouvé plus fort que toi !
Délila suit l'échange des deux hommes, sachant déjà qu'il ne mènera nulle part.
Comment trouver celui qui en veut à sa vie ?
En découvrant son motif peut-être. Mais quel est-il ?
– On pourrait rester là et discuter, suggère la jeune femme.
– Bien sûr, mon cœur, de quoi veux-tu parler ?
– Du taré qui en a après moi. Si on découvre son mobile alors on pourra établir une liste.
– Possible, reconnaît Bastian. Quel est le mobile ?
– Je pense à une vengeance pour la mort de Jose ou alors c'est lié à ma condition.
– Ta condition ? s'étonne Bastian. Tu peux être plus claire.
– Je ne vieillis pas.
– Tout le monde s'en fout ! assure-t-il.
– Tu crois ? s'étonne-t-elle.
La jeune femme pensait pourtant que cela pouvait être lié.
– Quant à la mort de Jose, c'était y'a quatre ans. Je pense que l'autre s'en fout également.
– Non ! Le temps ne s'écoule pas pareil pour les vampires.
– Je suis un vampire, mon cœur, je sais mieux que toi ce que les miens pensent. Tu veux qu'on cause de Jose, alors allons-y. Qui voudrait la venger ? Mmm ?
– Narcisse et Rosalie. C'est pour ça qu'ils s'en seraient pris à moi.
– Plausible. Ensuite ?
– Ensuite quoi ?
Elle le fixe en attendant la réponse, pensant que sa théorie est bonne.
– Ils ont monté une mise en scène pour me faire peur et m'ont attaquée, explique-t-elle.
– Sulli t'a sauvée en tuant Rosalie. Narcisse est parti. Je connais ce passage. Mais si on en croit ta copine la démone, Narcisse est mort. La question est donc : qui l'a tué ?
Délila ne répond pas.
– Ta théorie tombe à l'eau, conclut-il.
La jeune femme soupire.
– Sauf si la démone a menti, précise Bastian. Narcisse pourrait être en vie.
– Pourquoi mentir ?
– Mmm... Pour t'amadouer. Durant sa présence ici, il ne s'est rien passé, et si maintenant qu'elle est partie, Narcisse refaisait surface ?
– Tu dis n'importe quoi ! peste l'humaine.
– C'est toi qui as voulu discuter, lui rappelle Bastian, rieur.
Wayne ne dit rien, suivant leur échange avec attention.
– On en revient alors à ce qu'ont dit les vampires, Lilith est la commendataire.
– Pff ! Et pour quelle raison ?
– La même qu'à chaque fois : Sulli.
Elle sait pertinemment que cela pourrait s'avérer exact, mais elle ne le conçoit pas. Pas après ce qu'elle a fait pour que Lilith soit ressuscitée, pas après la promesse d'Illeana. Pourquoi lui donner l'éternité si c'est pour que sa fille la lui arrache ? Cela n'a aucun sens. Son intuition lui dit de ne pas chercher dans cette direction. Dans ce cas, il n'y en a qu'une autre.
– Et si on parlait du fait que je ne vieillis pas, suggère-t-elle.
Bastian hausse les épaules, indifférent.
– Cela n'a aucune espèce d'importance. Toi tu y gagnes, les autres s'en moquent royalement.
Elle prend un instant pour y réfléchir. Bastian peut-il être dans le vrai ? Si tel est le cas, cela signifie qu'elle n'a pas l'ombre d'une idée sur le mobile de son assaillant.
Alors que cela peut-il signifier ?
Elle pâlit.
Bastian s'approche d'elle et pose ses mains sur ses épaules.
– Qui que ce soit, on le trouvera, promet-il. Je ne te laisserai pas tomber.
Il fait ensuite glisser sa main dans ses longs cheveux blonds, respirant son parfum en même temps.
Il n'a pas cessé de penser à elle depuis qu'il a quitté la ville.
Il laisse retomber sa main et recule pour regarder Wayne.
– Que fait-on ?
– À quoi bon chercher puisque nous ne trouvons rien. Restons ici.
Bastian hoche la tête, il pense la même chose que le chasseur. Enquêter ne sert absolument à rien, autant s'installer confortablement dans le canapé et regarder un bon film. D'ailleurs, il s'empare aussitôt de la télécommande et allume la télévision.
– T'avais une envie spéciale pour ce soir ? interroge-t-il l'humaine.
– Euh... non, répond-elle, surprise par son attitude.
Le vampire fait défiler la liste des programmes de la soirée avant de suggérer un film d'horreur, expliquant que c'est son genre préféré, surtout quand les Sangs Froids sont mis en scène. Ainsi, il peut se moquer du scénario et du réalisateur.
La jeune femme comprend alors que c'est un amusement et qu'il n'aime pas réellement ce genre. Elle le savait pour avoir vécu avec lui durant quelques semaines.
Quand il a découvert la télévision, il était comme un enfant devant un nouveau jouet.
– Tu maîtrises le truc maintenant, se moque-t-elle en constatant que le téléviseur n'a plus de secret pour lui.
– Grâce à toi, rétorque-t-il en haussant les sourcils.
La jeune femme sourit.
– Viens t'asseoir, mon cœur, réclame-t-il en s'installant sur le canapé.
Elle le rejoint.
– Amène tes fesses, le chasseur ! exige le vampire.
Wayne roule des yeux avant d'obéir en riant.
Ce soir, pas de chasse, pas de prise de tête.
Juste trois amis devant un film d'horreur qui les fait rire, surtout quand Bastian leur démontre à quel point les scènes manquent de réalisme.
Un bon moment de détente et de décompression pour eux.
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