Sulli pose ses yeux sur l'enfant de Délila alors que cette dernière va le prendre dans ses bras.
Il est temps de dire la vérité...
Elle l'assoit sur le canapé, entre elle et le vampire qui le fixe intensément, c'est la première fois qu'il le voit vraiment. Le petit a des cheveux noirs magnifiques ainsi que les yeux de sa mère. Son visage d'ange lui ferait obtenir le Bon Dieu sans confession !
– Papa, articule l'enfant émerveillé en fixant le vampire.
– Je crois que tu fais erreur, mon garçon... commence-t-il en posant son regard perdu sur la jeune femme.
Elle se force à sourire en essuyant une larme qui roule sur sa joue. Elle espère de tout son cœur ne pas le perdre après l'aveu qu'elle s'apprête à lui faire. Après tout, ce n'est pas sa journée !
– Il a raison, confirme-t-elle.
Sulli fronce les sourcils en reportant son attention sur le garçonnet. Il lui ressemble, c'est vrai, mais comment cela pourrait-il être possible ?
– Je te présente Sullivan. Je lui ai donné ton prénom.
Le vampire caresse lentement le visage de l'enfant souriant.
– Papa, dit-il à nouveau avant de se jeter dans les bras du vampire qui l'enlace.
Il n'arrive toujours pas à comprendre comment cela est possible et fixe Délila qui promet de tout lui expliquer. Il serre alors le petit contre lui. Son enfant.
Sullivan, qui n'a aucune envie de dormir, reste entre ses parents et ne cesse de discuter avec son père, lui racontant un tas de choses avant de finalement s'assoupir.
– Je vais le recoucher, informe la jeune femme en prenant son fils dans ses bras.
Sulli la regarde faire, ne réalisant toujours pas, ne comprenant pas... Comment cela pourrait-il être possible ? Il est stérile de par sa nature de vampire.
Quand la jeune femme revient, elle s'assoit à côté de lui et prend sa main dans la sienne, ressentant le besoin de le toucher.
– En rendant la vie à mon corps, Illeana a aussi fait revivre ce qui s'y trouvait, dit-elle en guise d'explication.
– Toi et moi venions de...
Il hoche la tête, comprenant enfin le fin mot de l'histoire.
Un autre père que lui est impossible, il a bien vu que l'enfant lui ressemblait.
Il a donc un fils avec la femme qu'il aime. Bonne nouvelle. Sauf qu'il aurait aimé le savoir avant. Ne pas être privé de voir grandir l'unique descendance qu'il n’aura jamais.
– Il a deviné seul que tu étais son père. Il dit qu'il le sait, tout comme le fait que tu sois un vampire, l'informe-t-elle.
– C'est à cause de ça que tu fais confiance à son intuition ?
– Oui.
– Tu avais raison pour Lilith. Elle n'était pas responsable. Mais Bastian... Le petit ne t'avait rien dit ?
Elle secoue la tête, serrant davantage la main de Sulli dans la sienne.
– Il se réveille en pleurs toutes les nuits en te réclamant... il ne pensait qu'à ça depuis la première fois où tu es venu ici.
Il se souvient de l'instant dont elle parle. Cette fois où il a aperçu l'enfant qui appelait son père. Lui.
– Pourquoi tu ne m'as rien dit ? demande-t-il en retirant sa main des siennes.
Son geste a sur elle l'effet d'un coup de poignard en plein cœur. Elle le vit comme un rejet et a terriblement mal.
– Ne me rejette pas, supplie-t-elle.
La voir si triste et les yeux rouges menaçant de pleurer à nouveau lui brise le cœur, mais que peut-il faire d'autre ? Il a besoin de temps pour digérer l'information, accepter sa paternité et par là même le mensonge de la femme qu'il aime.
– Tu comptais me le dire un jour ou c'est le petit qui t'a forcé la main ?
– J'avais décidé de te le dire. Sulli, je...
Il la fait taire d'un signe de la main.
– J'ai besoin de réfléchir, déclare-t-il en se levant du canapé.
– Ne me laisse pas, supplie-t-elle, les larmes aux yeux.
– Tu ne risques plus rien.
– Sulli ! tente-t-elle de le retenir quand elle le voit marcher vers la porte, mais le vampire n'arrête pas sa course et sort de la maison avec hâte, laissant Délila en pleurs derrière lui.
La jeune femme s'effondre, terrifiée à l'idée de le perdre, pour de bon cette fois.
Elle tente de se consoler, maintenant il connait la vérité, mais la lui reprochera-t-il éternellement ?
Pourra-t-il lui pardonner d'avoir mis autant de temps à la lui révéler ?
***
Délila a une mine affreuse quand elle ouvre la porte de chez elle. C'est mardi, mais comme elle n'a quasiment pas dormi de la nuit, à cause de la tentative de meurtre de Bastian, puis de la révélation qu'elle a faite à Sulli, elle a donc prévenu le Journal qu'elle ne viendrait pas travailler de la journée. Elle a besoin de dormir, de faire le point sur son avenir et surtout de trouver les mots pour convaincre Sulli quand il reviendra. S'il revient !
Alors qu'elle avale le café dont elle a cruellement besoin, on frappe discrètement contre la porte.
En l'ouvrant, elle se retrouve face à Drew. Aucun mot ne franchit la barrière de ses lèvres. Elle sait qu'il quitte la ville ce jour, peut-être a-t-il décidé de lui dire au revoir, de lui pardonner...
Peut-elle y croire ?
– Bonjour, dit-il.
– Bonjour, réplique-t-elle à son tour, interloquée par sa présence.
– Tu as mauvaise mine, commente-t-il.
– C'est un peu le résultat quand on ne dort pas de la nuit.
Il ne répond rien, elle l'invite alors à entrer, imaginant qu'il n'est pas venu pour bavarder sur le seuil de la maisonnette.
– Je suis venu dire au revoir à Sullivan.
Bien sûr ! Pas à elle, elle en est certaine maintenant.
– Sullivan ?
Le garçon sort de sa chambre en courant pour retrouver Drew au salon. Il lui saute dans les bras, ravi de le voir, et commence à lui raconter qu'il a vu son père la nuit dernière.
Surpris, Drew lance un coup d'œil à Délila qui le confirme tristement, ne désirant pas lui faire davantage de mal.
Bon joueur, le jeune homme écoute tout ce que lui raconte l'enfant avant de lui offrir un cadeau d'adieu, de l'argent, ce qui étonne la journaliste, bien qu'elle n'intervienne pas. Il explique à Sullivan qu'il déménage et va s'installer à Paris, puis l'embrasse. Il aime tellement cet enfant... Il pensait naïvement pouvoir l'élever, comme il le fait depuis sa naissance, mais c'était sans compter le retour du vampire.
Il le maudit.
Sullivan accourt à l'extérieur pour retrouver son fidèle compagnon, alors que Drew s'approche de Délila.
– J'aurais aimé être présent pour lui, mais comme ce sera impossible, je subviendrai à ses besoins financiers, dit-il en lui tendant un livret d'épargne. Je te donnerai mon nouveau numéro de téléphone si jamais il veut m'appeler.
Elle hoche la tête.
– Ça y est, le vampire est revenu dans ta vie ! Remarque... je m'en doutais.
– Wayne et Lilith sont partis. S'il n'était pas venu hier soir, je serais morte.
Il la regarde avec étonnement, c'est alors qu'elle lui explique que Sulli ne voulait plus la voir et qu'elle n'avait plus que Bastian, le commanditaire de son meurtre.
Ahuri, le journaliste ne trouve pas les mots. Il sait qu'elle avait confiance en ce vampire et que jamais elle ne se serait méfiée de lui, finalement, il bénit l'intervention de Sulli.
– Pourquoi ? demande-t-il une fois la stupeur passée.
– Il n'a pas supporté que je le repousse, il y a quatre ans.
Les vampires ont une bien étrange façon de raisonner, pense-t-il.
Finalement, elle est en vie, elle va bien, c'est tout ce qui importe.
Il lui en veut également, et pour beaucoup de choses, mais jamais il n’aurait pu envisager de la tuer pour se venger. C'est toute la différence entre un humain et un vampire, lui, il a une conscience.
– Où est-il maintenant ?
– Bastian ? Sulli l'a tué.
Il acquiesce d'un hochement de tête, rassuré.
– Tu ne risques plus rien, c'est bien.
C'est aussi son avis.
– Prends soin de toi et de Sullivan.
– Pourras-tu un jour me pardonner ?
– Je l'ignore, mais je ne t'enverrai pas de tueur à gages, s'amuse-t-il.
Elle esquisse un sourire.
Drew lui fait un signe de la main avant de s'en aller.
La jeune femme le regarde marcher dans le couloir, puis passer la porte, avant qu'il ne disparaisse à jamais.
Elle ressent un pincement au cœur, elle aurait tellement voulu ne pas faire souffrir son ami.
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