Pologne

 

Quel contraste entre le pavillon des Pays-Bas et celui de la Pologne ! Autant le premier était grave, près du sol, autant le second était svelte, brillant, aérien. Souvenirs et nouveautés s’y mêlaient avec esprit. Ses murs rappelaient la blancheur des petites églises polonaises du XVIIe et du XVIIIe siècle. Sa flèche de verre et de fer, égayée de panaches de ferronnerie, n’était pas sans analogie avec les clochers et les tours qu’on rencontre en pays slave. On ne sait ce qui survivait d’oriental dans ses frontons. Mais ce pavillon qui faisait le plus grand honneur à la science et au talent de Joseph Czajkowski n’était la copie d’aucun modèle. Il était né librement sur le rectangle allongé concédé à la Pologne. Son plan et ses élévations correspondaient à un programme très franchement exprimé. Les angles vifs de ses façades et de sa flèche, les facettes géométriques de son décor reflétaient, sans outrance, le goût du pur.

On traversait un atrium entouré sur trois côtés par des galeries couvertes où les armoiries des grandes villes polonaises se détachaient en blanc sur un champ noir. Venait ensuite un vestibule flanqué de deux petites salles colorées par des vitraux. Et voici qu’une pluie de rayons, tombant d’une coupole vitrée, accueillait le visiteur. C’était la joyeuse surprise préparée par l’architecte sous les scintillements de sa flèche. Cette coupole couronnait le salon d’honneur, construit selon un plan octogonal. Elle reposait sur huit colonnes de chêne foncé à décor géométrique. Aux murs, mêlant familièrement les paysans et les dieux slaves, Mme Sophie Stryjenska avait représenté avec une intensité de couleur une verve toute populaire, la vie des roturiers et des seigneurs au cours des douze mois de l’année. Charmante suite d’images qui traduites en tapisseries, comme l’ont été d’autres compositions du même peintre, n’auraient rien perdu de leur saveur. D’un style bien moins spontané était la statue de marbre dressée par Henri Kuna au milieu de l’atrium. La recherche de l’expression par l’attitude et les gestes pouvait nous paraître excessive et le symbole assez obscur. Mais une harmonie musicale liait la souple draperie à l’arabesque du corps. De plus, aucune statue n’était placée dans un cadre qui la mît mieux en valeur. L’atrium, aux lignes rigides, eût paru froid et désert sans les vivants profils de cette figure féminine jaillissant là comme un jet d’eau. La clarté, la fantaisie, la bonne humeur, qualités de l’art polonais, puisées aux sources populaires, se retrouvaient dans les salles des Invalides et du Grand Palais organisées par Adalbert Jastrzebowski. D’autre part, les nombreux dessins exposés par les soins du ministère des Travaux publics et de la Société des architectes de Varsovie montraient que, malgré son attachement à ses traditions nationales, la Pologne n’est pas étrangère aux recherches actuelles qui tendent à renouveler l’architecture en Europe.