Gérard Sandoz, Étui à allumettes, vers 1924.
Argent gravé et niellé, 6 x 5,3 cm.
Collection Jacques Sitbon.
Cette même perfection apparaît dans l’agencement ou dans l’ornementation de certains objets précieux qui sont vraiment de notre temps. Tels sont ces étuis à cigarettes pour dames, ou même ces petits nécessaires que l’anglais appelle joliment vanity-cases, et qui contiennent tout ce qu’il faut pour aviver, en un moment, le teint, le regard et la bouche. C’est aux mœurs actuelles que répondent ces gracieux bibelots, dans lesquels s’est multipliée l’invention des joailliers comme celle des orfèvres du XVIIIe siècle dans la fabrication des boîtes et des tabatières. Ils y marient l’émail, le laque, le jade, l’ambre, l’or, le diamant et déploient une fantaisie, sinon toujours originale, du moins toujours élégante. On ne saurait s’étonner qu’une influence exotique s’exerçât sur la bijouterie française, alors que dans les anciennes colonies, d’habiles ciseleurs entretenaient d’anciennes traditions d’art, et que les pays concernés envoyaient la variété de leurs gemmes précieuses.
À côté des joyaux de prix, l’Exposition en présentait d’autres infiniment plus modestes, en or, en argent, ciselés ou rehaussés d’émail. Quelques-uns se rattachaient d’une façon encore étroite au goût déjà démodé des dix premières années du siècle. Beaucoup d’autres dénotaient, avec des moyens plus économiques, les mêmes tendances générales : formes simples et robustes, lignes nettes, couleurs franches, heureusement harmonisées.
Quant à la bijouterie de fantaisie, on peut la diviser en deux catégories : la première, formée d’ornements destinés à rehausser les robes et les chapeaux, agrafes, boucles, épingles, se rattache à la bijouterie simple ; on y voit d’excellentes réussites. Mais elle dépend du couturier, de la modiste, au même titre que la broderie, puisqu’elle travaille exclusivement pour eux. La deuxième catégorie comprend les bijoux d’imitation. Ils suivent, avec plus ou moins de goût, les styles en faveur rue de la Paix. Nous n’avons donc rien à en dire du point de vue de l’invention décorative. Nous citerons seulement la perfection toujours plus grande de l’exécution et le développement qu’a pris cette branche de l’industrie joaillière. Les circonstances économiques ont favorisé jusqu’alors le commerce des vrais bijoux, constituant très souvent un placement commode et sûr. Elles ont servi également la fabrication des bijoux de fantaisie, en répandant le goût du luxe dans toutes les classes sociales.
En joaillerie comme dans les autres branches de la mode, Paris donne le ton aux élégantes d’Europe et d’Amérique. C’est là qu’elles viennent chercher « ce qui se porte ». Quelques-uns des principaux bijoutiers parisiens ont d’ailleurs établi d’importantes succursales dans des villes étrangères ou dans des stations balnéaires fréquentées par la clientèle de luxe des deux mondes. La diffusion de nos bijoux à l’étranger est très étendue et constitue un des agents les plus importants de la pénétration du goût français.