Après le départ de Limbo, Claudia téléphona immédiatement à Bamboo. Puis, faisant un effort pour se maîtriser, elle entreprit de fouiller l’appartement.
Dans sa tête, une partie d’elle-même voulait hurler. Mais il y avait une autre partie, plus importante, qui était résolue à se venger, à prendre les moyens pour en finir au plus vite avec toutes ces horreurs.
Plus tard, elle aurait du temps. Plus tard, elle pourrait laisser libre cours à ses cris. À ses larmes. Pour l’instant, il y avait peut-être, à portée de la main, des indices qui permettraient de coincer Leppert et les autres.
Dans un calepin qui traînait au fond d’un tiroir, elle découvrit le nom de Pardiac. Suivaient une adresse et un numéro de téléphone à Paris. Elle eut beau le feuilleter, il n’y avait rien d’autre.
Elle le mit dans sa bourse, qu’elle venait de récupérer, et poursuivit ses recherches.
Douze minutes plus tard, « l’indigne conseiller » la rejoignait, accompagné par deux « honorables assistants ». Pendant que ces derniers s’occupaient du cadavre, Bamboo et Claudia achevèrent la fouille de l’appartement. Ils mirent la main sur plusieurs documents ainsi que sur une petite valise contenant vingt et une éprouvettes soigneusement encastrées dans des écrins de velours.
Lorsqu’il vit de quoi il s’agissait, Bamboo se dépêcha de la refermer et demanda aux autres de ne pas sortir de la maison. Il se dirigea ensuite vers le téléphone.
— Les honorables spécialistes se précipitent avec acharnement en notre humble direction, dit-il après avoir raccroché.
— Quels spécialistes ?
— Nettoyage et décontaminations variées.
Quelques heures plus tard, ils étaient déclarés parfaitement sains et la mallette prenait la direction de Washington à bord d’un avion affrété spécialement pour la circonstance.
Par la même occasion, un des spécialistes avait ouvert l’aspirateur pour examiner les insectes. À son avis, ceux-ci ne pouvaient pas inoculer de larves. Toute l’histoire lui semblait un bluff monté par Daran. Les traces de piqûres disparaîtraient dans les prochains jours, si Claudia réussissait à ne pas trop se gratter. Il lui recommanda une crème pour calmer les démangeaisons et il lui conseilla de consulter un spécialiste des maladies tropicales par mesure de sécurité.
Le lendemain matin, Bamboo recevait un appel en provenance de New York. Compte tenu des derniers événements et de ce qui avait été saisi chez Daran, F avait décidé de jouer le tout pour le tout. Ils allaient essayer de casser Leppert sans attendre.
Simultanément, elle déclencherait ce qu’elle avait préparé contre Pardiac le jour même de la mort de Klaus. Pour ce qui était de Drozhkin, les choses étaient déjà en cours : elle venait d’en recevoir la confirmation.
Ce que F souhaitait le plus, c’était de découvrir dans le laboratoire de Leppert ce dont elle avait besoin pour contrer le fameux plan B. Si cela lui échappait, le moindre survivant de l’organisation criminelle aurait entre les mains un pouvoir de négociation auquel elle préférait ne pas penser. Comparées à l’arme que le groupe qui finançait Leppert était en train de mettre au point, les histoires de chantage auprès des multinationales paraîtraient bientôt anodines.
Et dire qu’elle ne savait pas encore s’il y avait d’autres personnes derrière les cinq que Klaus avait identifiées. Si tel était le cas, l’opération complète pourrait s’avérer un immense coup d’épée dans l’eau : une répétition à grande échelle de ce qui s’était passé à New York. Ils auraient coupé leurs dernières pistes et il faudrait compter des années avant de pouvoir les infiltrer de nouveau. Il serait alors probablement trop tard…
*
Bamboo, accompagné d’une demi-douzaine « d’honorables assistants », débarqua au centre de recherches BioGen à vingt heures dix-neuf.
Malgré ses réticences, Claudia avait tenu à les accompagner.
Leppert commença par protester violemment contre l’intrusion. Puis, lorsqu’il aperçut Claudia, son visage accusa le coup.
— Que faites-vous ici ?
— Vous me croyiez ailleurs, peut-être ?
— Non… oui… Enfin, je veux dire…
— Comme vous pouvez le voir, j’ai réussi à m’échapper.
— Vous échapper ? reprit Leppert, manifestement surpris. Ils avaient dit que…
— Qu’est-ce qu’ils vous avaient dit ? Qu’ils m’élimineraient ?
— Non !… Ils avaient dit que…
Il arrêta brusquement sa phrase, comme s’il avait tout à coup repris contenance.
— Mais de quel droit êtes-vous ici ? demanda-t-il brusquement à Bamboo.
— Il y avait une petite valise dans la maison de Daran, fit Claudia. Une petite valise avec des éprouvettes à l’intérieur. Vingt et une éprouvettes. Cela vous dit quelque chose ? Les premiers rapports d’analyse sont arrivés de Washington, ce matin.
Leppert ne répondit pas, mais la défaite se lisait sur son visage.
— L’honorable investigateur des mystères de la vie est-il sûr de ne pas connaître ces éprouvettes ?
— Vous n’avez rien contre moi, finit par laisser tomber le directeur du Centre. Et vous n’avez pas de mandat de perquisition.
Le ton avait cependant perdu de son assurance.
— À mon vaste regret, je dois relever une minuscule erreur dans les propos du très savant suspect, fit alors Bamboo. Comment pourrait-il y avoir un mandat alors qu’il n’y aura jamais eu de perquisition ? D’un point de vue officiel, bien entendu.
— Pas de perquisition ?
— Votre honorable santé va subitement devenir très préoccupante. Au point que vous allez devoir abandonner vos précieuses fonctions. D’ici quelques minutes, je dirais. Un directeur intérimaire est déjà en route pour assurer votre honorable relève et faciliter la transition. Les recherches seront réorientées vers des buts plus conformes aux intérêts de l’estimable population…
— Vous savez pourtant de quelle manière cela va finir ! fit Leppert en se tournant vers Claudia. Trouvez-vous plus rassurant de mettre les résultats de ces recherches dans les mains des généraux ? Des politiciens ?… Pensez-vous sérieusement que les vieillards qui dirigent le monde et qui ont seulement quelques années à vivre ont intérêt à penser à l’avenir ? Sont-ils seulement capables de le faire ? Ils se foutent de ce qui va arriver après eux : ils ne seront pas là !… C’est ça que vous voulez ?
La voix de Leppert était désespérée. Pas de doute qu’il était sincère. Il croyait réellement à sa théorie d’un groupe restreint qui tiendrait en échec la folie des gouvernements en faisant peser sur eux une menace sans précédent jusqu’à ce jour.
C’était le même argument que la dissuasion nucléaire, songea Claudia, mais greffé au fantasme d’un gouvernement mondial dirigé par un petit groupe de sages.
Toujours la même image de l’autorité forte et rassurante, seule capable de rétablir l’ordre. Leppert n’était pas radicalement différent de ceux qui avaient jadis confié à un führer ou un messie le soin de remettre de l’ordre dans leur monde.
Elle releva sa robe jusqu’à la hauteur des cuisses.
— Regardez !
Ses jambes étaient couvertes d’enflures et de petites bosses, comme si elle avait été dévorée par une nuée de moustiques. Leppert ne pouvait pas en détacher son regard.
— Qu’est-ce que c’est ? finit-il par demander.
— Si Daran était encore vivant, il pourrait vous expliquer…
— C’est lui… qui…
Claudia confirma d’un hochement de tête.
— Il est mort ?
Le visage de Leppert acquit une étrange fixité. Son univers, dont il avait eu tant de peine à maintenir jusque-là la cohérence, acheva de s’écrouler.
— Je m’excuse pour tout, dit-il lentement à Claudia. Vous ne pouvez pas comprendre… plus tard…
Il s’enfuit subitement par la petite porte située derrière son bureau. Bamboo se précipita pour essayer de le rattraper.
Claudia eut à peine le temps de réaliser ce qui se passait. Elle entendit des bruits de lutte puis toute une série de cris et de chocs en cascade.
Elle se précipita à son tour vers la porte.
Au bas de l’escalier, les deux corps gisaient dans des positions grotesques. Elle dévala les marches sans s’en rendre compte et se pencha sur Bamboo.
Il respirait encore.
Elle l’allongea sur le sol le plus délicatement qu’elle put et lui mit son manteau sous la tête en guise d’oreiller.
Les « honorables assistants », qui faisaient le guet dans la salle d’attente, arrivèrent à leur tour. L’un d’eux se dépêcha de transmettre un état de la situation par radio pendant qu’un autre examinait Leppert.
— Mort, conclut-il après un bref examen.
— L’ambulance est en route, fit celui qui avait la radio.
Bamboo leur fit un léger signe d’assentiment avec les yeux, puis il demanda à Claudia de se pencher vers lui.
— Il faut rejoindre F, dit-il. L’honorable ordinatrice…
Claudia le regarda avec appréhension.
Il reprit, en faisant manifestement un effort.
— Téléphoner… New York. Manhattan… Votre numéro… d’assurance sociale… sept derniers chiffres…
— Bamboo, vous n’avez pas le droit ! cria la jeune femme, en lui prenant la main.
Elle la relâcha aussitôt.
La main était molle et flasque, comme si le corps de l’homme n’avait plus de force.
— Mon honorable grand-mère… avait raison.
— Quoi ?
— Les forces du karma… indigne existence… ironie…
— Bamboo !
— … victime d’une attaque d’escalier !
— Arrêtez de dire des bêtises, le supplia la jeune femme, les larmes aux yeux.
— Leçon numéro 3, parvint à murmurer Bamboo.
Claudia comprit immédiatement ce que ça voulait dire : il n’y avait jamais plus de trois leçons. Bamboo lui signifiait, avec son humour toujours aussi inattendu, que c’était la fin.
Au bout d’un moment, il ouvrit de nouveau les yeux et lui demanda d’approcher. Elle se pencha vers lui. La voix de Bamboo n’était plus qu’un souffle.
— Passer sa vie… à débiter des conneries délicates… et exquises… n’empêche pas de… crever.
— Vous n’avez pas le droit ! se mit à l’engueuler Claudia. Vous ne pouvez pas me faire ça !
Une vague de douleur sembla crisper le visage de Bamboo puis ses traits se détendirent. Il ferma les yeux. Une esquisse de sourire s’immobilisa sur ses lèvres, comme s’il était satisfait de sa dernière boutade.
Claudia se pencha vers lui. Sa respiration, quoique faible, était encore perceptible.
— Vite ! cria-t-elle en direction des « honorables assistants ». Faites quelque chose !
Ceux-ci s’exécutèrent avec une efficacité toute professionnelle. L’un d’eux se dépêcha de stabiliser la position de Bamboo en attendant l’ambulance qui le conduirait à la clinique de l’Agence. Il fit ensuite évacuer discrètement le corps de Leppert. Un autre arrangea les choses avec les principaux collaborateurs de Leppert pour que le Centre de recherche continue de fonctionner sans trop de heurts. Deux autres encore entreprirent une fouille systématique du bureau de Leppert. Le dernier raccompagna Claudia à l’appartement de Bamboo.
*
Drozhkin arriva en trombe chez Pardiac.
— Ils ont eu Daran.
— Quoi ?
— Ils ont eu Daran, répéta le Russe. Il avait enlevé la fille.
— L’imbécile ! Le stupide imbécile !
— Ils ont également eu Leppert.
— Quoi !
— Je viens tout juste de l’apprendre. Par un de nos agents infiltrés au Centre. Le Chinois est sérieusement amoché, lui aussi.
— Au moins une bonne nouvelle…
— Ils sont tombés tous les deux dans un escalier.
— Et Daran ?
— On ne sait pas exactement ce qui est arrivé. Ça s’est passé la veille. En milieu de soirée. Quand le Chinois est arrivé sur place, avec son équipe, tout était fini.
— Qui vous a renseigné ? Les « ombres brunes » ?
Par dérision, Pardiac avait ainsi surnommé les agents russes utilisés par Drozhkin.
Celui-ci poursuivit, sans s’occuper de la remarque.
— Si vous voulez mon avis, c’est Limbo qui a fait le travail.
— Toujours votre même obsession ?
— Je veux une partie de ce qui me revient. Tout de suite. Si on réussit à se tirer de ce bordel-là, on pourra peut-être reprendre notre petit commerce avec les multinationales plus tard. Pour l’instant, je me mets à l’abri. Il me faut dix millions.
— Vous dramatisez !
— Vous trouvez que je dramatise ? Vous trouvez que je dramatise !… Cornforth est mort. Daran est mort. Leppert est mort. Le Centre est bousillé. Tout le secteur nord-américain est rayé de la carte. Ah, j’oubliais : d’ici deux semaines, je vais avoir les hommes de Pronnikov sur le dos ! Et avec la disparition du Centre, il n’y a plus aucun moyen de m’en tirer.
— D’accord, d’accord ! fit Pardiac pour l’apaiser. Je vais voir ce que je peux faire.
— Je ne veux pas voir ce que vous pouvez faire, je veux voir dix millions ! hurla Drozhkin.
— Entendu.
— Demain matin. À la première heure.
— Vous les aurez demain matin, acquiesça Pardiac, conciliant. Mais il faut quand même prévoir ce que nous allons faire.
— C’est simple, ce que nous allons faire ! Nous allons foutre le camp au plus vite avant qu’ils décident de s’en prendre à nous. Au cas où vous ne l’auriez pas compris, nous sommes les prochains sur leur liste.
— Bien sûr, bien sûr. Mais ils ne nous ont pas encore.
— En tout cas, moi, je pars. Je veux mon argent demain matin. À ma banque de New York.
Il indiqua à Pardiac dans quelle institution bancaire faire virer la somme.
— Très bien, répondit ce dernier. L’argent y sera.
— S’il n’y est pas, je mets un contrat sur votre misérable carcasse ! menaça le Russe avant de sortir. Même si c’est la dernière chose que je dois faire avant de crever !
— Je vous promets que l’argent y sera, le rassura Pardiac.
Puis, quand l’autre fut parti, il ajouta :
— Et comment, qu’il y sera !
Il fit alors deux appels à New York. Un premier pour faire effectuer le virement de fonds, l’autre pour prendre des dispositions concernant un problème qu’il ne voulait pas laisser traîner plus longtemps.
*
Claudia prit le remède que l’un des assistants de Bamboo lui tendait et s’allongea sur un divan, dans le salon. Elle s’endormit en quelques minutes.
À son réveil, elle se demanda d’abord ce qu’elle faisait là.
— Vous avez dormi douze heures, fit l’homme qui lui avait administré le somnifère.
Il avait déposé une couverture sur elle pendant son sommeil.
Claudia fit un vague signe de la tête. Puis l’image de Bamboo gisant au bas de l’escalier lui revint.
— Vous avez des nouvelles de Bamboo ? s’enquit-elle d’une voix hésitante.
— Il n’a toujours pas repris conscience.
— Est-ce qu’il va… ?
— Mourir ? Non. Pour ça, il est hors de danger.
— Mais…
— Tant qu’il est dans le coma, c’est difficile de savoir. Les médecins ont peur qu’il reste handicapé.
— C’est… c’est injuste !
« L’honorable assistant » la prit dans ses bras, le temps que ses sanglots s’apaisent.
— Tout ce que Bamboo nous avait demandé de faire a été fait, reprit-il, lorsqu’elle se fut calmée. Nous attendons maintenant vos instructions.
— Mes instructions ?
— Bamboo nous avait dit que, s’il lui arrivait quelque chose, vous sauriez quoi faire.
— Mais…
Claudia se souvint alors de ce que Bamboo lui avait murmuré à l’oreille avant de perdre conscience. Il lui avait dit de téléphoner. À quel numéro, déjà ?… Il ne lui avait pas donné de numéro. Non, il lui avait parlé de chiffres. Les sept derniers chiffres de son numéro d’assurance sociale.
Elle se dirigea vers le téléphone.
Après qu’elle eut composé les sept chiffres, une voix lui répondit qu’il n’y avait pas de service au numéro qu’elle avait composé.
Elle raccrocha.
Le message de Bamboo était pourtant clair…
— Est-ce que nous allons bientôt retourner à New York ? lui demanda l’homme.
New York ! Bamboo avait également dit New York !
— Vous connaissez l’indicatif régional de New York ? lui demanda Claudia, ignorant sa question.
— Il y en a plusieurs, répondit l’autre, surpris. 212 pour Manhattan. 718 pour…
Claudia reprit l’appareil.
Cette fois encore, un enregistrement lui répondit. Mais différent. On lui demandait de laisser son nom et son numéro de téléphone : on allait la rappeler dans les minutes suivantes.
L’appel de Claudia déclencha un signal qui parvint en quelques secondes au bureau de F. Le temps que la directrice fasse les vérifications d’usage et qu’elle dispose d’une ligne sûre, elle composa le numéro que lui avait laissé Claudia.
— Je suis F, dit-elle simplement. Puisque vous appelez, quelque chose doit être arrivé à Bamboo.
— Il a eu un accident. Il est dans le coma.
Après une brève hésitation, la voix de la femme reprit, à peine altérée.
— Vous pouvez me donner des précisions ?
Claudia s’exécuta en termes concis. Lorsqu’elle eut achevé, F lui dit simplement :
— Vous êtes maintenant responsable de l’opération. Si vous êtes d’accord, bien sûr.
— Je veux vous voir.
— Entendu. Demain soir, à vingt heures. À New York. Dans le hall de l’hôtel Pierre. Je vous trouverai.
— J’ai des questions à vous poser, insista Claudia.
— Vous aurez des réponses à toutes vos questions, se contenta de répondre la femme avant de raccrocher.
Claudia se gratta nerveusement une jambe. L’enflure avait beaucoup diminué, mais les démangeaisons revenaient à intervalles, comme par vagues.
Elle prit deux autres comprimés pour atténuer les réactions allergiques, puis elle demanda aux « honorables assistants » de lui dire où ils en étaient dans leurs recherches. Elle fut impressionnée par les résultats qu’ils avaient obtenus.
Un : Pardiac avait quitté la ville. On avait retrouvé sa trace sur un vol en direction de Francfort.
Deux : tout ce qui s’était passé au Centre serait étouffé. Officiellement, il y aurait eu un accident qui aurait fait une seule victime, le directeur du Centre.
Trois : le Centre effectuait réellement le genre de travail dont Leppert lui avait parlé la première fois. Ils étudiaient la résistance des céréales à certaines souches particulièrement virulentes de micro-organismes.
Quatre : Drozhkin était reparti pour New York, mais on ne l’avait toujours pas vu là-bas. Ni chez lui, ni à l’ambassade.
Cinq : aucun papier compromettant relié aux affaires d’extorsion n’avait été retrouvé dans le coffre de Leppert. Par contre, l’ampleur de la documentation scientifique exigerait plusieurs journées de travail avant que l’on puisse avoir une idée globale de l’état des recherches en cours.
Claudia prit les dispositions nécessaires pour se rendre à New York. Comme il fallait que quelqu’un s’occupe de régler les éventuels problèmes avec les autorités locales, elle demanda à un des « honorables assistants » de rester sur place pour s’en charger. Elle demanda également que toute l’information pertinente lui soit expédiée, à New York.
— À vous personnellement ? s’informa l’homme.
— Oui. Vous me donnez tout de suite ce que vous avez de disponible et vous m’expédiez le reste là-bas.
— Entendu.
— Et maintenant, si vous n’avez pas d’objections, je vais monter chez moi.
— Il y aura des gardes toute la nuit. Nous continuons de surveiller les entrées de l’édifice avec les moniteurs. Normalement, il ne devrait plus y avoir de danger, mais compte tenu des circonstances…
— Faites pour le mieux.
Elle monta chez elle, laissa tomber ses vêtements par terre, ouvrit la douche et, pendant que le bruit de l’eau enterrait sa voix et l’enveloppait dans un cocon de chaleur, elle cessa de retenir ses larmes.