Chapitre 15

Au poste de police, l’agent Ion Pop remplissait les formalités pour remettre les cadavres des trois victimes trouvées dans l’escalier des Écoliers.

— Tu es sûr que c’est ce qu’on doit faire ? On ne va pas s’attirer des ennuis ? demanda le commissaire en se grattant la tête.

Il avait tenté de convaincre son confrère d’attendre le lendemain matin, mais sans succès.

— Si on tarde encore, les corps vont carrément se décomposer. Ils doivent être envoyés à Bucarest, à l’Institut médico-légal. Et de toute façon, vous n’aurez pas de problème puisque c’est le SRI qui a repris la main.

— Je ne comprends pas pourquoi ils n’ont pas envoyé un hélico. Faire toute cette route, seul, en pleine nuit. Et avec ce chargement.

L’agent continuait sa paperasse et dit en souriant :

— Ben quoi, vous ne croyez tout de même pas qu’ils pourraient se réveiller, ces trois-là ?

Le commissaire se grattait la tête avec insistance, du bout de son Bic, et l’expression de son visage laissait penser que cette idée l’avait effleuré. L’agent eut un rire sonore, se leva et donna une tape amicale sur l’épaule du commissaire. Christa entra alors, vêtue d’une robe de soirée rouge, cintrée à la taille et généreusement fendue. Elle portait des talons hauts qui mettaient en valeur la ligne parfaite de ses jambes. La robe avait un col montant et le dos était totalement couvert, comme pour cacher quelque chose. Elle tenait à la main une pochette qui ne contenait que le pistolet dont elle ne se séparait jamais.

— La fente est censée compenser l’absence de décolleté ? demanda l’agent.

Christa ne s’offusqua pas et le prit à part.

— Vous croyez que vous pourriez m’attendre un moment ? J’ai l’impression que la situation pourrait se compliquer.

Les deux discutèrent encore un instant puis Christa remit à l’agent un sac à dos et se dirigea vers l’hôtel.