L’homme dans le parc attendit un peu que le bar s’anime, après que Christa et Charles eurent quitté les lieux. Les éminents invités entraient avec bonne humeur, parlant et riant fort. La fête s’annonçait mémorable. Le barman mit de la musique, plutôt fort, si bien que les convives devaient hausser la voix ou s’éloigner dans le hall de l’hôtel, à la réception ou sur la terrasse à l’arrière. Presque tout le monde était descendu, l’homme décida alors que c’était le moment d’agir.
Il se leva de son banc et se dirigea d’un bon pas vers l’hôtel, mais il aperçut du coin de l’œil un homme qui venait de surgir de derrière un arbre. Il eut un mauvais pressentiment. Se faisait-il des idées ? Il voulut vérifier. Il s’arrêta et l’homme derrière lui fit de même. Au lieu de se diriger vers l’hôtel, il tourna à gauche, s’arrêta au feu et vérifia une fois encore s’il avait vu juste. Celui qui le filait s’arrêta également. Alors il traversa au rouge et tourna brusquement au coin du premier bâtiment. La rue était déserte et sombre. Une faible ampoule jetait une lumière sale. Il avisa quelques bennes à ordures en métal et se cacha derrière. À peine une minute plus tard, celui qui le surveillait apparut à son tour, l’air pressé. Il s’immobilisa devant les bennes, paniqué d’avoir perdu sa trace. Il tourna sur lui-même, avança, revint sur ses pas. Jusqu’au moment où il eut l’idée de regarder derrière les bennes. Entre-temps, l’homme au dossier marron avait cherché de quoi se défendre, en saisissant une brique tombée du bâtiment vétuste. Il choisit le moment où son poursuivant se glissait entre les poubelles pour jaillir dans son dos et le frapper à la tête. Le poursuivant s’affaissa sur le bitume, l’homme lâcha la brique et se pressa de rejoindre l’entrée de service de l’hôtel, à l’arrière, près de la terrasse.
Il fut soulagé de voir toute cette foule sur la terrasse. Il savait que c’était sa chance pour passer inaperçu. Il se fraya un chemin jusqu’à la réception. L’employé, occupé, ne le remarqua pas, alors il grimpa l’escalier. Entre-temps, l’homme qui le poursuivait était revenu à lui. Il avait appelé Bella qui à son tour avait téléphoné au flic montant la garde devant la chambre de Charles. Ce dernier se tenait en haut de l’escalier. Il venait à peine de raccrocher quand l’homme au pardessus apparut près de lui. Pris de panique, l’obèse porta la main à son arme. L’homme réagit comme l’éclair et se jeta sur lui.