Le signal vert sur la carte restait fixe depuis quelques minutes. Bella fixait l’écran d’un air inquiet.
— On y sera quand ?
Julius Henry appuya sur l’accélérateur. On voyait des gens rassemblés au prochain feu. Quelques voitures étaient arrêtées sur le côté avec les warnings. La Porsche s’approcha autant que possible, mais le ciel commençait à se colorer de gyrophares de police qui la dépassaient. Un autre véhicule de police apparut en sens inverse. Bella dit au chauffeur de continuer. Il dépassa par la droite, lentement. Quelques curieux commentaient l’incident. La portière droite du camion frigorifique était grande ouverte. À gauche, la vitre était brisée, le chauffeur reposait tête sur le volant. Bella savait qu’ils ne pouvaient pas s’arrêter. L’inquiétude la saisit. Julius Henry entra dans l’ordinateur de bord et activa le numéro de Charles. Aucune diode ne s’alluma. Le mobile de Charles, déchargé, gisait au fond du sac à dos de Christa.
Christa et Charles étaient sortis précipitamment et couraient à toutes jambes vers le centre de la ville. Ils vérifiaient par moments qu’on ne les suivait pas. Personne. Devant un immeuble, un homme sortait promener son chien. Ils s’arrêtèrent à l’angle d’une rue, patientèrent quelques minutes, le temps de retrouver leur souffle et de s’assurer que le tireur ne surgissait pas. Quelques mètres plus loin, à une station de taxis, quatre voitures jaunes attendaient leurs clients matinaux. Les chauffeurs étaient en grande conversation autour d’un café. Christa et Charles se dirigèrent vers eux.
Bella ne savait plus quoi faire et elle composa le numéro de Werner. Il ne répondait pas. Alors elle abattit sa dernière carte et appela le numéro enregistré au nom de Martin, tandis que la Porsche roulait lentement, ses trois passagers fouillant les rues des yeux. C’est alors qu’ils virent Charles et Christa montant à bord d’un taxi.