Le premier réflexe du chef de la police fut de hurler sur son interlocuteur et de le menacer. Ce dernier l’interrompit. Il lui dit qu’il n’avait aucun intérêt à faire du mal à sa femme ou à ses enfants. Et que, s’il faisait ce qu’on lui demandait, c’est-à-dire trois fois rien, les quatre hommes masqués qui se trouvaient chez lui disparaîtraient comme ils étaient apparus. Il ajouta que sa femme avait avalé un léger somnifère, qu’elle dormirait le temps que le problème soit résolu et que l’infirmière avait eu un peu peur, mais que c’était une femme forte, elle surmonterait cette épreuve et prendrait soin des petits.
La voix attira son attention sur le fait que le bâtiment de la douane était entièrement surveillé, comme tous les moyens de communication à sa disposition. Pour s’assurer qu’il ne jouerait pas au héros, une jeune femme sympathique allait arriver et le suivrait comme son ombre le temps que tout soit terminé. À cet instant précis il entendit des coups à la porte.
Allongée sur sa couchette, Bella feuilletait le passeport de Charles. Elle savait que Charles en aurait besoin, et qu’il lui serait impossible de retourner le chercher. Si bien que, après le départ précipité de Charles et Christa, elle s’était rendue à l’hôtel où le réceptionniste, déjà grassement payé pour la chambre, avait été heureux de recevoir une nouvelle gratification. Les papiers, ça va, ça vient, ça se perd si facilement…
Bella avait averti Martin qu’elle l’avait récupéré, et il lui avait dit de le conserver ; si Charles en avait absolument besoin, alors elle trouverait un moyen pour le lui transmettre. Elle n’avait rien raconté à Werner, espérant que Martin finirait par lui demander de se débarrasser de ce dernier. Elle devait s’armer de patience. Ce serait un ordre agréable à exécuter, cette fois-ci. Elle connaissait ce proverbe des Peaux-Rouges disant que si l’on reste suffisamment longtemps au bord de la rivière, tôt ou tard, on voit passer le cadavre de son ennemi.