Werner préparait le petit déjeuner pendant que Beata paressait encore au lit.
Il avait été réveillé par le coup de fil d’Eastwood lui annonçant une nouvelle qu’il ne savait comment interpréter. Il ne misait pas deux sous sur la subtilité de Martin, alors il choisit de la prendre au premier degré. Le grand chef lui avait officiellement annoncé qu’une place s’était libérée. Werner le savait déjà. Il avait suivi la réunion entière depuis le sous-sol de sa maison. Il était content que l’on propose son nom pour occuper le siège vacant. Cela se ferait, mais à une condition, avait précisé Eastwood : qu’il trouve et détruise la liste et tout ce qui s’y rapportait, y compris sa source principale. Werner attendait cette occasion depuis très longtemps. Combien de temps investi et combien de sacrifices pour en arriver là ! Le plus dur avait été d’identifier les membres du Conseil, et il n’y était parvenu que pour trois d’entre eux puis les avait éliminés un par un, dans l’espoir que Martin le recommanderait comme il le lui avait promis. Il sortit sur la terrasse en emportant le petit déjeuner. Puis il prit le temps d’admirer la vue à couper le souffle. Il songea que sous peu, il ferait partie de l’élite invisible qui dirige le monde. Il serait l’un des douze maîtres du destin de la planète. Il ferait partie du Conseil.
Il était tellement absorbé par ses pensées qu’il n’entendit pas Beata arriver. Elle se pendit à son cou, charmée par l’odeur des croissants frais et par le rouge éclatant d’énormes fraises dans une coupe de chantilly à la vanille.