Werner fut réveillé par un bip continu provenant de l’ordinateur. Tandis que Beata dormait à poings fermés, il se leva et vit le traceur du téléphone de Charles s’éloigner à toute vitesse de l’hôtel et s’arrêter près de l’ambassade des États-Unis. Il devina que c’était lié à la conversation interceptée la veille au soir, mais que les brouilleurs l’avaient empêché de comprendre. Il craignait que Baker, se sachant à deux doigts d’être arrêté, n’y cherche refuge pour être exfiltré d’urgence par les autorités américaines. Il se demanda si les problèmes de santé de son père n’avaient pas accéléré sa décision de quitter le pays. Lorsqu’il vit le signal se rapprocher de nouveau de l’hôtel, il sourit, admiratif, en comprenant que Charles s’était débrouillé pour que le sabre voyage dans la valise diplomatique.
Il descendit à la cuisine, mais une autre alerte le fit en revenir très vite. En l’espace de seulement quatre minutes, plus de vingt demandes d’autorisation d’arrestation du professeur avaient été envoyées, y compris sur la boîte e-mail personnelle des personnes détenant un pouvoir de décision dans la police et au gouvernement. C’était un dimanche et la plupart de ces messages ne seraient lus que le lendemain matin. Pour être sûr, il attacha un virus à tous les messages et détruisit les requêtes. Il n’était pas certain de les avoir toutes interceptées.
Comme il ne parvenait pas à mettre la main sur son autre agent, il décida qu’il enverrait Beata installer un micro dans le bureau de Ledvina. En attendant, il devait déjà la réveiller, alors il mit tout son talent culinaire pour lui préparer un fabuleux petit déjeuner.
Ayant totalement perdu patience, Ledvina qui ne connaissait pas la gueule de bois tournait en rond dans son bureau. II se rendait compte que rien ne bougerait jusqu’au lendemain matin. Il avait fait remarquer à Honza que, si un terroriste voulait attaquer Prague, il valait mieux pour le bien des Tchèques qu’il ne le fasse pas le week-end. Puis il l’avait renvoyé chez lui, car Honza n’avait pas dormi de la nuit et somnolait sur sa chaise. Ensuite il s’était changé, il était monté en voiture et avait démarré en direction de l’hôtel Boscolo.
Il aurait voulu faire irruption dans la chambre de Charles, mais il craignait de trop tirer sur la corde et de perdre l’infime chance qu’il avait encore de lui mettre la main dessus. Il devait attendre un mandat qui viendrait d’en haut et le forcer à commettre une erreur. Alors il s’arma de patience et resta sagement dans sa voiture, à une distance considérable de l’hôtel, mais avec vue sur l’entrée. Malheureusement pour lui, Charles avait déjà retrouvé Christa, et ils étaient repartis en direction du château.