À l’entendre, il vit dans la solitude, et la pensée de Dieu occupe seule son âme contemplative.
Il a renoncé au monde, à ses jeux et à ses fêtes ; pécheur repenti, il est venu se retremper à la source des grandeurs du catholicisme ; son vaisseau, battu par la tempête des passions, a enfin trouvé un port bienfaisant où il se repose des fatigues de la traversée.
Poète cénobitique, il ne lui faut plus maintenant que le repos et le débit de sa marchandise religieuse ; il aime à se promener, par les beaux clairs de lune, dans les allées sombres, et à écouter les étranges harmonies que produisent les brises en soulevant les feuilles desséchées ; c’est alors que son âme s’anime dans la contemplation des beautés extérieures ; elle livre à tous les vents de mystiques soupirs, qui s’échappent en notes harmonieuses, et forment, à la longue, ces petits volumes étalés le long des quais et évités du flâneur. – Le poète Catholique cultive indifféremment tous les rythmes ; ses pièces de vers sont intitulées : le Jour des Morts, le Jour de Pâques, la Fête-Dieu, l’Ascension, l’Assomption, etc. Il s’est constitué le chantre obligé de toutes les solennités ecclésiastiques, et il puise ses inspirations lyriques dans les cantiques de Saint-Sulpice. Il fait aussi dans le genre personnel ; mais sa poésie porte toujours l’empreinte du cachet spiritualiste et religieux. C’est un chérubin déplumé, qui, dans son triste pèlerinage terrestre, se souvient toujours du ciel, sa première patrie. S’il prend sa lyre suspendue aux saules du rivage, c’est pour entonner une plaintive psalmodie sur les profanations de Babylone et les tristesses de Sion, super flumina Babylonis. Quelquefois aussi, l’œil animé d’une sainte ivresse, il se pose en inspiré, et s’écrie :
Voilà le poète Catholique tel qu’il se peint dans ses livres. Maintenant, si vous voulez son portrait véritable, le voici :
C’est un gros garçon joufflu, qui va plus souvent nu cale qu’à l’église, et qui pratique plus volontiers le doublé et le bloc fumant, que les Commandements de Dieu. Il ne sait peut-être pas très bien ses prières, qu’il ne dit jamais ; mais, en revanche, il manie agréablement la plaisanterie voltairienne, et il fait une grande consommation de calembours. – À l’époque des bals masqués, il se déguise en Chicard, en Balochard, en Sauvage civilisé ou en Général étranger. – C’est lui qui est l’auteur de presque tous les couplets des larifla, qui faisaient fureur il y a deux ans dans les soupers du Café anglais. – Lorsque le poète catholique a publié cinq ou six mille vers apostoliques et peu français, il attrape la croix-d’honneur et une place d’inspecteur des hospices.