Jai frotta son front douloureux et poussa un soupir de soulagement. Il était de repos pour les huit prochaines heures. Il voulait un endroit tranquille pour se détendre, un verre d’alcool fort et un lit confortable. Il était déterminé à trouver un lieu où il n’y aurait aucune femelle humaine. Pour le moment, il ne leur trouvait absolument rien de plaisant. On l’avait appelé pour remplacer un guerrier qui s’était blessé à l’entraînement, sans quoi, il aurait été heureux de rester à la salle des machines.
Malheureusement, le guerrier était en poste dans la zone de détention où était retenue une Humaine. Kev Mul Kar, le chef de la sécurité du Seeker, lui avait dit qu’elle était une « journaliste », une personne qui posait des questions et écrivait des informations pour son peuple.
— Elle pose des questions ? marmonna Jai en entrant dans l’ascenseur.
Il ferma les yeux et appuya sa tête contre le mur avec lassitude.
— Elle la ferme jamais ! Si j’avais entendu le mot « pourquoi » une fois de plus, je jure que je l’aurais assommée.
— Qui est-ce que tu allais assommer ? demanda Petre en le suivant dans l’ascenseur.
— La journaliste.
Jai jeta un coup d’œil à son ami et secoua la tête, résigné.
— Dame Jo est venue et a fini par emmener la femelle dans la soute où se trouvent les autres Humains.
— Que les dieux soient loués, grogna Petre. J’étais coincé avec elle pendant mon dernier quart. Elle m’a rendu dingue à me poser des questions, à chanter une chanson qui parle de rhum, de pirates et des trucs du genre.
— J’espère seulement que je n’aurai pas à m’occuper d’autres Humaines si elles sont comme celle-là. Dame Jo est gentille, mais c’est peut-être une perle rare parmi son espèce, dit Jai avec une grimace.
Il était reconnaissant d’avoir enfin un moment de répit. Dame Jo était venue et avait exigé que la femelle lui soit confiée. Jai avait appelé Kev pour lui demander l’autorisation. Une fois cela fait, il avait désactivé aussi vite que possible le bouclier qui retenait la femelle agaçante. Elle s’était contentée de lui sourire et de lever son majeur en s’éloignant. Jai ne savait pas exactement ce que signifiait ce geste, mais il se doutai qu’il s’agissait d’une insulte. Il était content d’avoir la paix.
Petre et lui parlèrent d’autres choses qui se passaient à bord du vaisseau de guerre avant que l’ascenseur ne ralentisse. Petre sortit le premier. Il tomba contre Jai lorsqu’une créature rayée chevauchée par une bête aux membres poilus les dépassa en trottant, une femme rousse à la peau pâle courant à côté. Les yeux de Petre s’écarquillèrent à la vue des longues jambes nues de la femelle et de son petit sourire taquin quand elle les salua. Marmonnant un juron, il s’apprêtait à la suivre lorsque Kev l’appela. Petre lança un regard en direction de la silhouette qui s’éloignait avant de soupirer avec résignation.
— Je veux cette femelle ! Essaye de découvrir où elle va, demanda-t-il à Jai avant d’aller rejoindre Kev.
Jai était tellement perdu dans ses pensées qu’il avait suivi Petre sans réfléchir. Il mit un moment à se rendre compte qu’il était au mauvais niveau. Il jura, de l’agacement brillant dans ses yeux, au moment où un deuxième groupe de créatures étranges passa en courant dans le couloir.
Ces animaux-là étaient plus petits et de différentes tailles, formes et couleurs. Il porta son regard vers la silhouette qui les suivait. De la chaleur l’envahit, chassant immédiatement la fatigue et l’irritation. Une petite femelle aux courbes délicieuses passa près de lui en courant. Leurs regards se rencontrèrent une fraction de seconde avant qu’elle ne se détourne. Ses joues lisses et mates prirent une légère teinte rose. Sa peau était plus foncée que celle de Dame Jo, comme un café crémeux. Ses cheveux brun foncé étaient coupés court. Elle les avait hérissés et les pointes de différentes couleurs qui faisaient ressortir sa belle carnation. Ses yeux étaient d’un doux marron sombre qui lui donnait envie de se noyer dans leurs profondeurs intenses.
Jai la regarda s’éloigner à toute allure, son derrière rebondi moulé dans un caleçon long bleu marine qui mettait sa silhouette en valeur. Elle portait également un haut bleu, mais il ne dissimulait nullement sa poitrine généreuse. L’idée de goûter ses mamelons roses le tira brusquement de sa rêverie. Il n’avait jamais réagi aussi intensément à une femelle, y compris celles qui avaient cherché à le séduire pour lui faire dépenser ses crédits.
Paniqué à l’idée de la perdre de vue, il s’élança. Il fut saisi de peur en pensant qu’un autre guerrier pourrait la voir et la revendiquer avant qu’il en ait l’occasion. Il tourna au bout du couloir et marmonna un juron silencieux lorsqu’il percuta son commandant.
— Veuillez m’excuser, mon Seigneur.
Il regarda derrière Manota dans l’espoir d’apercevoir la femelle. Il perdit un temps précieux à répondre aux questions du prince kassisan et à lui demander s’il avait vu dans quelle direction était partie l’Humaine. Il avait craint que Manota le réprimande et lui ordonne de ne pas s’approcher d’elle. Au fond de lui, il savait qu’il aurait encouru de gros problèmes pour avoir désobéi à un ordre direct, car il ne doutait pas un seul instant qu’il aurait ignoré tout ordre de laisser la femelle tranquille.
Un grand sourire étira les lèvres de Manota alors qu’il lui indiquait que la femelle était partie à droite. Il se sentit soulagé et amusé en voyant l’air légèrement résigné de son commandant. De toute évidence, Manota comprenait l’impact des Humaines sur les guerriers. Après un rapide « merci », Jai s’élança dans le couloir et tourna dans la direction opposée à celle qu’il prévoyait de prendre à l’origine.
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Rassuré, il soupira en voyant la femelle insolite s’agenouiller à côté de l’une des créatures dont elle s’occupait. Il ralentit le pas pour ne pas l’effrayer. C’était la femelle la plus belle et la plus exotique qu’il ait jamais vu.
Un petit sourire flotta sur ses lèvres quand elle le regarda avec une expression choquée en s’apercevant qu’il était devant elle. Elle était encore plus charmante de près. Du sang vint engorger sa verge lorsque ses lèvres formèrent un petit « O » surpris. Il observa sa bouche et se demanda quel goût elle aurait. La simple image de ses lèvres sur les siennes lui fit faire un pas de plus en avant.
— Bonjour, femelle.
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Il la suivit du regard alors qu’elle se levait et glissait ses mains dans les poches arrière de son caleçon bleu. Le mouvement tendit son t-shirt bleu trop grand contre sa poitrine opulente, révélant ses mamelons qui gonflèrent tandis qu’il la regardait.
Mattie se sentait nerveuse, et pas qu’un peu, devant l’homme immense qui se tenait à moins d’un mètre d’elle.
— Salut, répondit-elle.
Elle dut pencher la tête en arrière pour le regarder dans les yeux. Il était grand comme tous les autres mâles extraterrestres, et son propre mètre soixante-cinq avec des chaussures ... rendait le contraste encore plus saisissant. Il portait ses cheveux courts dans un style militaire. Sa peau était basanée, légèrement plus claire que la sienne.
Le teint de Mattie lui venait de ses parents : sa mère était sud-africaine et son père caucasien. Ses parents s’étaient mariés après s’être rencontrés à l’université d’État de Columbia, mais ils avaient divorcé quatre ans plus tard.
Elle recula lorsque l’homme s’approcha encore d’un pas. Elle pouvait sentir la chaleur qui émanait de son corps, ainsi que son odeur… Mattie ferma brièvement les yeux et inspira. Son parfum déclenchait en elle des réactions qu’elle ne pensait pas possibles. Elle avait lu dans des livres que les femmes pouvaient fondre, mais c’était ridicule !
Comment est-ce que l’odeur de quelqu’un pourrait être excitante ? se demanda-t-elle silencieusement.
— Comment t’appelles-tu ?
La douce voix grave de Jai lui donna la chair de poule. Elle secoua la tête dans l’espoir de reprendre le contrôle d’elle-même. Elle pencha la tête sur le côté et lui lança un regard noir lorsque l’homme fit un nouveau pas en avant. Il était pratiquement collé à elle, maintenant ! Bien qu’elle en ait envie, elle refusait de reculer.
Pour qui se prenait-il ?! Elle avait parfaitement le droit d’être là. Elle jeta un autre coup d’œil au mâle. Il était intimidant dans son uniforme. À ses yeux, le gilet en cuir noir, le pantalon noir et les bottes mi-mollet donnaient l’impression qu’il était encore plus grand et dangereux.
J’aurais peut-être mieux fait de rester faire mon jogging dans la soute, pensa-t-elle en se rendant soudain compte qu’ils étaient complètement seuls. Elle se demanda si quelqu’un pourrait l’entendre crier.
— Mattie. Et toi ?
Cédant à son instinct, elle recula et se mordit la lèvres inférieure avec nervosité. Elle se figea quand il tendit la main et toucha délicatement sa bouche de son pouce.
— Jai, répondit-il d’un ton rocailleux. Que fais-tu hors de votre zone ?
Il étudia la petite femelle qui lui arrivait à peine à la poitrine. Ce détail lui plaisait. Il appréciait également sa douce silhouette pulpeuse. Elle lui donnait envie de la prendre dans ses bras et de la serrer tout contre lui.
Mattie dansa d’un pied sur l’autre, mal à l’aise.
— Personne n’a dit qu’on n’avait pas le droit d’explorer, rétorqua-t-elle. On avait besoin de faire de l’exercice, les chiens et moi. Pourquoi ? Ce n’est pas comme si c’était dangereux de se balader dans les couloirs, si ?
— Ça peut l’être, répondit Jai avec un sourire malicieux.
Il contempla le désir qu’il ressentait pour elle. Le besoin primitif de la pourchasser, de la capturer et de la revendiquer l’avait envahi dès qu’elle était passée devant lui. À présent, être près d’elle et la découvrir si délicate et féminine ne faisait qu’empirer les choses. L’idée que quelqu’un puisse la trouver avant lui le poussa à faire le dernier pas pour la rejoindre. Il devait la revendiquer comme sienne.
Mattie poussa un petit cri et recula légèrement, manquant de trébucher sur Peewee, qui était allongé à ses pieds. Elle commença à protester, mais les paroles moururent sur ses lèvres quand Jai la prit par les bras et l’attira près de lui. Elle trembla et plaqua ses mains contre son torse.
— Tu sais, tu empiètes sur mon espace vital, murmura-t-elle. Je… Tu… peux me lâcher.
— Je ne crois pas, dit Jai en l’étreignant. Je te revendique comme mienne, femelle.
— Revendique…
La réponse surprise de Mattie fut interrompue lorsqu’il pencha la tête et posséda sa bouche dans un baiser passionné, ses protestations étouffées par ses lèvres avant qu’il ne l’embrasse de plus belle. Elle sentit ses pieds quitter le sol quand il passa un bras sous ses fesses et la tira contre lui. Elle laissa échapper un hoquet en sentant son érection contre son ventre. Il en profita pour glisser sa langue dans sa bouche afin de la goûter. Sa saveur était encore plus délicieuse qu’il l’aurait cru.
Jai poussa un petit gémissement quand il s’éloigna enfin.
— Tu as encore meilleur goût que ce que je croyais. Je te veux, souffla-t-il en déposant des baisers sur sa mâchoire et dans son cou. Tu es mienne, Mattie.
Elle sursauta quand il colla ses lèvres dans son cou et tira sur la chair tendre. La soudaine morsure la fit s’arquer contre lui. Il sentit le pouls de l’Humaine palpiter rapidement sous l’attaque de sa bouche. Sa réaction enflammait tant son sang qu’il avait l’impression d’être sur le point d’exploser. Aucune femelle ne lui avait provoqué de telles réactions. Il n’avait jamais désiré une personne si éperdument qu’il était incapable de penser à autre chose que la prendre, la revendiquer, l’aimer.
— Qu’est-ce que… tu fais ? gémit Mattie, sa tête retombant en arrière.
— Je m’assure que tout le monde sait que tu es prise, grogna-t-il en se collant à elle.
La panique crût en elle tandis que la peur la submergeait. Elle ne connaissait pas cet homme. Peut-être se jouait-il d’elle ? Il la prenait sans doute pour une fille facile, à la façon dont elle réagissait. Elle poussa contre ses épaules alors qu’il continuait d’essayer de l’embrasser. Finalement, elle ordonna brusquement en allemand à Poppers, le grand caniche, de mordre le pantalon de l’homme.
Le chien se leva immédiatement et saisit l’arrière du pantalon de Jai. Le grand guerrier poussa un cri perçant lorsque le caniche attrapa un peu de chair avec. Refusant de lâcher, Poppers gronda d’un air menaçant.
Jai jura et relâcha Mattie, la faisant glisser avec précaution le long de son corps, tout en serrant la mâchoire à cause de la douleur provoquée par les dents pointues qui lui pinçaient les fesses. Il lança un regard noir par-dessus son épaule au caniche, qui grognait toujours et secouait la tête, le faisant jurer une nouvelle fois dans sa barbe. Il se retourna vers Mattie, adossée au mur, et elle s’éloigna de lui.
— Poppers, lâche-le, murmura-t-elle. Je dois y aller.
Sans jamais quitter des yeux le visage furieux de Jai, elle revint sur ses pas et partit en courant tout en ordonnant en allemand :
— On rentre à la maison, les garçons.
Jai regarda Mattie et ses compagnons poilus disparaître au coin du couloir, manquant de renverser Petre. Il attendit de l’avoir perdue de vue pour frotter sa fesse blessée. Un petit rire lui échappa à l’idée qu’il porterait sa marque pendant plusieurs jours, sur son cul. Malheureusement, ce n’était pas la marque qu’il espérait.
— Qu’est-ce qui te fait rire ? Je n’ai pas réussi à trouver la femelle que je cherchais et on dirait que la tienne avait une dizaine de mercenaires killians aux trousses, dit sombrement Petre.
— La mienne a ordonné à une de ses créatures de me mordre le cul pour s’éloigner de moi, répondit Jai avec un sourire.
— Et pourquoi tu trouves ça drôle ? demanda Petre, déconcerté.
Jai regarda son ami.
— Parce que j’ai laissé ma marque dans son cou. Elle est mienne, Petre. Allons boire un verre. On dirait que tu as en besoin.
Jai se sentit soudain bien mieux. Au moins, la douleur à sa fesse lui permettait d’oublier celle à sa tête. Quelques verres d’alcool fort et aucune des deux n’aurait plus d’importance. Il devait parler à son ami, de toute façon.
Jai avait remarqué un guerrier qu’il n’avait encore jamais vu à la salle des machines. Il voulait découvrir si Petre savait quoi que ce soit à son sujet. Il avait un drôle de pressentiment concernant le mâle nommé Mullox. La veille, il l’avait trouvé en train d’ouvrir le panneau du système de refroidissement des moteurs alors qu’il n’était pas affecté à cette zone. Petre supervisait les affectations, il saurait donc si Mullox avait changé de poste. En tant que second de Banner, le chef mécanicien, Jai aurait dû être prévenu. À moins que Banner lui-même ne soit pas au courant ?