Au cours de la semaine qui suivit, Mattie ne vit que très peu le monde extérieur. Elle passait ses nuits blottie dans les bras de Jai. Il avait réorganisé son emploi du temps afin d’être auprès d’elle pendant son sommeil. Elle avait eu de nombreux visiteurs, cependant Jai n’avait laissé entrer que ses animaux. Il avait calmement dit aux autres qu’elle allait bien, mais qu’elle avait besoin de plus de temps pour se reposer.
Mattie esquissa un sourire au souvenir de Jai refusant à Manota de venir la voir. Quand elle lui avait dit qu’elle ne voulait voir personne, il l’avait pris au pied de la lettre. Mattie savait que cela ne pouvait pas continuer indéfiniment. À vrai dire, la situation devrait prendre fin le jour même, parce qu’ils avaient enfin atteint Kassis. Cette perspective ne lui plaisait pas pour autant. La semaine passée avait été incroyable. Jai faisait toujours passer ses besoins en premier.
Il avait fait venir Shavic dans ses quartiers pour la soigner après qu’il l’avait sauvée des pirates. Une fois le guérisseur parti, il avait tendrement lavé son corps las, rinçant le sang de sa plaie à présent guérie. Elle rougissait encore en se rappelant qu’il l’avait déshabillée et s’était occupé d’elle.
Mattie ne s’était jamais sentie aussi aimée de sa vie. La porte lorsqu’elle s’ouvrit et Jai, qui avait terminé son dernier quart, entra. Elle avait mis ses propres vêtements ce jour-là, après avoir passé une semaine à ne porter que les chemises de Jai.
— Bonjour, les filles et les garçons, murmura-t-il doucement quand les chiens se rassemblèrent autour de lui.
Il leur donna les friandises qu’il gardait toujours pour eux, mais ses yeux étaient rivés sur Mattie.
— Bonjour, Mattie.
Elle se frotta la joue et sourit timidement.
— Salut, comment s’est passée ta journée ?
Jai déglutit en considérant la femelle qu’il avait serrée dans ses bras toutes les nuits et avec qui il avait passé chaque instant où il ne travaillait pas. L’étreindre sans la toucher comme il le désirait le torturait ; il sentait sa peau délicate, mais ne pouvait assouvir son besoin de la revendiquer.
— Bien. Je dois travailler pendant les semaines à venir, mais après, j’aurai plusieurs mois de repos. J’ai prévu de rentrer à la ferme familiale pour donner un coup de main.
— Oh, souffla Mattie en se détournant.
— Je n’ai pas de quartiers où tu pourrais rester avec moi dans la maison est.
Lorsqu’il s’approcha, la jeune femme leva les yeux vers lui avant de se concentrer sur la pièce dans laquelle ils se trouvaient. Elle était petite, en particulier avec tous les animaux, mais elle s’y sentait bien. Vivre dans une caravane n’était pas vraiment différent.
— Bon, j’imagine que ça règle le problème, répondit-elle d’une voix rauque. Je… Merci de m’avoir aidée cette semaine.
— Mattie…
Il attendit qu’elle le regarde et lui sourit tendrement.
— J’aimerais rester avec toi, si ça ne te dérange pas. En attendant d’obtenir l’autorisation pour avoir des quartiers plus grands.
— Oh, murmura-t-elle avant de hocher la tête. J’ai plein de place. Enfin, pas vraiment, mais plus qu’ici.
— C’est parfait. Mais sache une chose : je ne vais plus me contenter de te serrer dans mes bras. J’ai besoin de toi, Mattie.
Elle écarquilla les yeux en entendant la supplication désespérée. Elle sourit et lui toucha la joue. Elle l’aimait tant. La semaine passée en sa compagnie le lui avait prouvé.
— Moi aussi, j’ai besoin de toi, chuchota-t-elle en rougissant.
Jai ferma les yeux. Il respira profondément avant de les rouvrir et de secouer la tête, étonné.
— J’aurais vraiment aimé que tu me dises ça hier soir. C’était une véritable torture, dit-il avec un petit rire.
Le sourire de Mattie s’élargit.
— Ce soir, ce sera du plaisir à l’état pur, le taquina-t-elle avant d’effleurer ses lèvres d’un baiser. Je t’aime, Jai.
— Je t’aime depuis que tu es passée près de moi en courant, Mattie. Par les dieux, j’espère seulement que je tiendrai jusqu’à ce soir, marmonna-t-il.
Il l’embrassa de nouveau sur la bouche. Aucun d’eux n’entendit les chiens gémir alors qu’ils se rallongeaient pour attendre leur maîtresse.