En 1967, ce sont les trois coups. Trois livres forts, chez trois éditeurs : La voix et le phénomène, De la grammatologie, L’écriture et la différence. Cette année-là, Derrida commence à exister publiquement. Il a 37 ans ; il est au milieu exact de sa vie.
Une première période me semble s’achever avec les trois volumes de 1972 : Marges, La dissémination, Positions. Même s’ils réservent bien des surprises, les livres de Derrida, jusque-là, gardent quelque chose de classique ou disons d’acceptable. Avec Glas, en 1974, puis La Carte postale, en 1980, on se situe clairement ailleurs. Nietzsche et Kierkegaard mis à part, aucun philosophe ne s’était adressé à nous sur ce mode, sur ce ton.
Ça y est, avec l’an neuf, le projet a définitivement pris et commence à m’habiter. Le voici qui occupe de plus en plus de place dans mes conversations : avec Valérie il y a deux jours, avec mon fils Archibald aujourd’hui. Voici que j’ai hâte de régler les autres dossiers en cours (mission impossible) pour entrer pleinement dans celui-ci. 2008 et 2009 seront pour moi des années derridiennes.